1-Arrival 2.59
2-The Visitor Revealed 3.21
3-Check the Ship/Dim the Lights 1.57
4-He's on the Car 1.50
5-Jarvis 2.56
6-Motorcade 3.11
7-Why Are You Here? 3.10
8-Quit Smoking 2.55
9-The Shower 1.40
10-Using the Children 3.16
11-Can't Hurt Her Can You? 5.25
12-Danny 2.10
13-The Hive 5.40
14-Here Kitty Kitty 4.18
15-A Million Voices 5.13

Musique  composée par:

Colin Towns

Editeur:

Citadel Records 77104

Album produit par:
Colin Towns

Artwork and pictures (c) 1994 Hollywood Pictures/Buena Vista Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE PUPPET MASTERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Colin Towns
Décidément, les extra-terrestres font le bonheur des artisans du cinéma horrifique/fantastique/science-fiction à Hollywood! Le cinéma américain a une très longue tradition dans le genre des films d’extra-terrestre, que ce soit les bonnes vieilles séries-B des années 50 comme ‘The War of the Worlds’, ‘Plan 9 from Outer Space’, ‘The Day The Earth Stood Still’, ‘Invaders from Mars’ ou ‘The Thing from Another World’ sans oublier la série des grands classiques du genre des années 70 jusqu’à nos jours, incluant ‘The Andromeda Strain’ (1971), ‘Close Encounters of the Third Kind’ (1977), ‘Invasion of the Body Snatchers’ (1978), ‘Alien’ (1979), ‘E.T.’ (1982), ‘The Thing’ (1982), ‘V’ (célèbre série TV de 1984), ‘Predator’ (1987), ‘The Abyss’ (1989), ‘X-Files’ (1993), ‘Independence Day’ (1996) et bien d’autres encore. Il faut dire que les années 70 ont très largement contribué à répandre la mythologie extra-terrestre dans la culture populaire, mythologie déjà très présente depuis les années 50 (ce qui explique la multiplication incroyable de films d’extra-terrestres tout au long des années 50). On se souvient ainsi qu’en 1978 apparaissait l’un des tous premiers jeux vidéos de l’histoire, ‘Space Invaders’, où il était question d’un petit vaisseau spatial détruisant une horde d’extra-terrestres en pixels disposés en étages de lignes horizontales. C’était aussi l’époque où les récits d’enlèvement extra-terrestre se multiplièrent à une vitesse phénoménale, sans oublier la fameuse histoire de l’alien de Roswell, récit qui date de la fin des années 40 et qui a traversé les époques et très nettement influencé bon nombre de films d’extra-terrestre des années 80/90 (à commencer par la série ‘X-Files’ et le film ‘Fire in the Sky’). Parmi le lot des films d’extra-terrestres se trouvent aussi bon nombre de séries-B nanars ou totalement méconnus (on pense par exemple à ‘Without Warning’ aka ‘Terreur extra-terrestre’ de Greydon Clark – 1980 – qui a très fortement inspiré les scénaristes de ‘Predator’ de John McTiernan). ‘The Puppet Masters’ (Les maîtres de l’univers) fait partie de cette catégorie de série-B tombé dans l’oubli, même si le film est généralement assez apprécié par les fans du genre. Cette modeste mais néanmoins sympathique série-B adaptée d’un roman de l’écrivain de science-fiction Robert A. Heinlein nous conte l’histoire d’une énième invasion extra-terrestre sur la terre.

Cette fois-ci, les aliens ont l’apparence de sangsues qui contrôlent le cerveau de leurs victimes en se collant dans leur dos par le biais d’un appendice qui se plante dans la moelle épinière. Toutes les victimes deviennent les jouets des extra-terrestres, les manipulant à volonté comme des poupées (d’où le titre du film) afin d’accomplir leurs ignobles desseins. Andrew Nivens (Donald Sutherland) est un mystérieux vieil homme à la tête d’une agence secrète rattachée à la CIA. Lorsqu’une mystérieuse soucoupe volante s’écrase dans un petit village de l’Iowa, Nivens décide de mener son enquête en compagnie de l’agent Sam Nivens (Eric Thal), son propre fils, et du Dr. Mary Sefton (Julie Warner), une scientifique de la NASA spécialisée en xénobiologie. Ils découvrent que ces créatures à l’apparence de petites sangsues gluantes ont déjà contrôlés l’esprit de nombreux humains et se préparent à envahir notre monde. En unissant leurs talents, ils vont tout faire pour combattre les envahisseurs et trouver le moyen de les détruire. Seul problème et non des moindres, les aliens ont déjà réussis à contrôler l’esprit de personnes de leur entourage et risquent fort des les atteindre à leur tour. Dans un climat de paranoïa et de méfiance constante, Nivens et ses deux compères auront fort à faire pour mettre un terme à cette invasion extrêmement rapide et féroce. Le film est mené tambour battant à la manière d’un film d’action sans grande prétention, la dimension horrifique étant finalement extrêmement pauvre et quasi absente du film à part deux ou trois scènes sans grand intérêt. Le réalisateur Stuart Orme filme son récit sans y apporter la moindre touche d’originalité ou de personnalité, d’autant qu’il semble curieusement plus intéressé par les scènes d’action que par l’intrigue de l’invasion extra-terrestre qui reste somme toute très largement sous-développée et mal amenée (on rentre trop vite dans l’intrigue des sangsues aliens, quasiment sans une introduction!), d’autant que le scénario s’inspire très nettement d’un autre grand classique du genre, ‘Invasion of the Body Snatchers’. Reste les bonnes performances de Donald Sutherland, Eric Thal et Julie Warner dans un trio de héros déterminés à stopper cette terrible invasion devenue quasi incontrôlable. Pour le reste, on oubliera très vite cette série-B de science-fiction médiocre pour se rabattre sur le roman d’origine de Robert A. Heinlein.

Le score du compositeur anglais Colin Towns pour ‘The Puppet Masters’ est de loin l’une de ses meilleures partitions écrites pour une grosse production hollywoodienne de ce genre. Le compositeur –qui est aussi un spécialiste du jazz, et qui a monté en 1994 son propre orchestre, le ‘Colin Towns Mask Orchestra’- nous livre là un gros score d’action/horrifique dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre. Dès ‘Arrival’, on ressent les qualités d’écriture du compositeur, privilégiant tous les pupitres de l’orchestre (cordes, cuivres, vents, etc.) sans omettre son instrument de prédilection, le piano, qui occupe une place majeure au début du film et plus particulièrement lors du mystérieux générique de début, qui dévoile le thème principal du score, motif intrigant et sombre de 5 notes associé tout au long du film à la menace de l’invasion extra-terrestre. Le calme apparent et minimaliste du piano dans le générique de début installe une ambiance particulière, preuve que Colin Towns semble avoir plus d’un tour dans son sac (dommage qu’il soit aussi méconnu et sous-estimé). On pourra néanmoins apprécier un premier sursaut orchestral terrifiant dans le sombre ‘The Visitor Revealed’ pour la première rencontre avec une créature alien vers le début du film. C’est aussi le premier passage où Towns dévoile son écriture action massive, chaotique et atonale, renforcé par une férocité orchestrale qui fait tout le charme de cette partition horrifique/action qui semble avoir été quelque peu influencée par Christopher Young. Le thème, toujours présent, est repris dans ‘Check the Ship/Dim the Lights’ pour la visite de l’OVNI échoué dans la forêt. Towns installe ici une ambiance sombre et mystérieuse qui crée une certaine tension dès le début du film. On appréciera les reprises de l’entêtant motif de 5 notes qui apportent une certaine cohésion thématique à la partition de ‘The Puppet Masters’.

Mais si les passages atmosphériques de style suspense n’apportent pas grand chose à l’écoute, même s’ils demeurent parfaitement écrits, ce sont les morceaux d’action qui attirent ici toute notre attention. Colin Towns laisse son orchestre se déchaîner véritablement dans ‘He’s on the Car’ où percussions, cuivres frénétiques, cordes dissonantes et piano s’entremêlent pour élaborer ensemble une atmosphère brutale, excitante et chaotique du plus bel effet. Colin Towns se montre aussi particulièrement à l’aise dans l’utilisation des percussions qui évoquent là aussi certains effets percussifs chers à Christopher Young. ‘He’s on the Car’ accompagne une première scène de poursuite du film, poursuite qui s’intensifie sur le massif ‘Motorcade’ avec son lot de cuivres agressifs, de vents/cordes dissonantes et de notes de piano qui apportent un peu de piment aux morceaux d’action du score. Une fois encore, il se dégage à l’écran une certaine férocité orchestrale certes guère originale mais néanmoins de très bonne facture, qui apporte un ‘plus’ indéniable au film et renforce la tension et la terreur de certaines scènes – terreur qui ne se ferait pas aussi ressentir sans la musique de Colin Towns!

De tension, il est justement question dans ‘Why are You Here?’ avec son atmosphère pesante et l’agité ‘Quit Smoking’ pour la poursuite avec Jarvis, l’un des membres de l’équipe contaminé par une créature alien. La puissance et la qualité du jeu de l’orchestre apportent une crédibilité appréciable pour certaines scènes pourtant filmées avec une banalité déplorable, preuve qu’une bonne musique peut, à défaut de sauver un mauvais film, remonter le niveau et rendre le spectacle bien plus appréciable. On notera au passage la qualité des orchestrations qui apportent à leur tour un ‘plus’ indéniable au score de ‘The Puppet Masters’, comme en témoigne un morceau comme ‘Using the Children’ (scène où les aliens utilisent des enfants pour mettre les militaires en déroute) où Towns nous propose même un contrepoint rythmique de qualité entre la ligne de piano et des hautbois, le tout baignant dans une atmosphère dissonante/atonale de grande qualité, personnifiant l’invasion extra-terrestre et ses ravages sur les Etats-Unis. Towns s’autorise même un bref passage intimiste et doux dans ‘Can’t Hurt Her Can You?’ pour la scène où Sam et Mary sont sur le point de faire l’amour, le compositeur utilisant une fois de plus son instrument de prédilection, le piano, dans un style plus retenu et atmosphérique, qui nous fait clairement comprendre que, malgré la douceur de la scène, quelque chose de grave est sur le point d’arriver.

La tension s’accentue dans ‘Danny’ lorsque Sam, contrôlé par un extra-terrestre, s’est adjoint les services d’un nouveau ‘collègue’ contrôlé lui aussi par une créature alien. Le sentiment de menace et de danger de ‘Danny’ trouve finalement un écho favorable dans ‘The Hive’ où Towns installe une atmosphère pesante et suffocante pour la scène à l’intérieur du nid-cerveau des extra-terrestres, à l’aide de percussions agressives et de nappes électroniques étranges et particulièrement sinistres, personnifiant le côté cauchemardesque de la scène (même si on se serait attendu à un nid au look moins ‘cheap’ genre ‘fromage fondu étiré sur une pizza pour faire croire à une texture organique extra-terrestre’!). De la même façon, ‘Here Kitty Kitty’ accompagne l’affrontement final avec l’une des dernières créatures dans l’hélicoptère avec son lot de sonorités électroniques et d’orchestre déchaîné pour le dernier gros morceau d’action du score. L’histoire touche alors à sa fin dans la conclusion plus paisible de ‘A Million Voices’ qui conserve une légère touche de mystère sous-jacent.

Voici un score agréable et de très bonne facture pour se familiariser avec Colin Towns qui signe pour ‘The Puppet Masters’ un score d’action/thriller très inspiré de Christopher Young et de Bernard Herrmann (notamment dans la manière d’utiliser certains pupitres de l’orchestre). Avec son motif principal entêtant et ses morceaux d’action d’une force redoutable, Colin Towns révèle posséder un certain talent dans le genre des grosses partitions orchestrales massives horrifiques et des déchaînements orchestraux en règle. Sans être d’une très grande originalité, le score de ‘The Puppet Masters’ fait néanmoins partie des meilleures oeuvres du compositeur anglais qui s’est fait remarquer plus récemment en écrivant la musique de ‘Les Rivières Pourpres 2’ d’Olivier Dahan. Voilà un bon score d’action/horreur qui ravira très certainement les fans du genre et tout ceux qui apprécient les travaux de Christopher Young!


---Quentin Billard