1-Dinotopia Main Theme 3.29
2-Chandara Bus Station 3.00
3-T-Rex Attacks 6.02
4-The Codes of Dinotopia 4.13
5-Swampland Mosasaurs 3.13
6-Waterfall City 6.15
7-The World Beneath 7.57
8-Pteranodons 5.31
9-Academy for Young Mammals 6.00
10-Letter from Matriarch 7.28
11-The Skybax Dawn Flight 3.42
12-Ceremony of the Sunstones 4.24

Musique  composée par:

Trevor Jones

Editeur:

Contemporary Media Recordings
CMR-2002-2

Album produit par:
Trevor Jones, Simon Rhodes

Artwork and pictures (c) 2002 Hallmark Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
DINOTOPIA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Jones
Les producteurs de chez Hallmark Entertainment se sont spécialisés depuis quelques années dans les téléfilms à gros budget. ‘Dinotopia’ est sans aucun doute l’une de leurs productions les plus somptueuses et les plus spectaculaires qu’ils aient pu nous offrir à ce jour pour la télévision. Adapté du livre d’illustration de James Gurney et réalisé par l’italien Marco Brambilla (qui semblait avoir disparu de la scène depuis ‘Demolition Man’ en 1993 et ‘Excess Baggage’ en 1997, ses deux précédents films), ‘Dinotopia’ évoque l’aventure de deux frères, Karl (Tyron Leitso) et David Scott (Wentworth Miller), qui, lors d’un voyage en avion au dessus de la mer avec leur père Frank (Stuart Wilson), sont pris par une tempête et s’écrasent en plein milieu de l’océan avant de rejoindre les côtes de la mystérieuse île de Dinotopia, alors que leur père semble s’être noyé au cours de l’accident. Karl et David découvrent alors un monde étrange et insolite où vivent en harmonie hommes et dinosaures qui ont apparemment survécus au crash d’une gigantesque météorite à la fin de l’ère jurassique. Les humains ont construits une grande cité baptisée ‘Waterfall City’, gouvernée par le maire Waldo (Jim Carter), individu pacifiste qui respecte le code d’honneur de Dinotopia et ses croyances. La ville est alimentée par les précieuses pierres solaires, qui offrent à Waterfall City toute la puissance dont elle a besoin. Marion (Katie Carr), la fille du maire, possède quand à elle le pouvoir de communiquer aisément avec les dinosaures et de comprendre leurs pensées. Dans un premier temps, Karl et David sont accueillis en héros à Waterfall City, mais ils nourrissent très vite l’espoir de trouver un moyen de transport pour quitter l’île et retourner chez eux. Mais les jours passent, et ils finissent par s’intégrer à la population Dinotopienne et à leur nouveau mode de vie. Ils sont assistés par Zippo, un dinosaure professeur d’université qui parle le langage humain et s’occupe de la bibliothèque de Waterfall City. David suit alors les cours de langage saurien que dispense Marion et apprend très vite, tandis que Karl se montre plus rebelle et non réceptif à ce nouvel univers, où les hommes ont réussit à bannir la violence et les armes. Il n’a qu’une hâte, c’est de retrouver son père et rentrer chez lui, alors qu’il commence à se sentir de plus en plus mal dans ce monde qui n’est pas le notre. Au cours de leur aventure, les frères vont découvrir qu’ils sont finalement très différents de caractère et qu’ils n’ont pas les mêmes buts dans leur vie. Mais un jour, le pouvoir des pierres solaires commence à diminuer dangereusement, menaçant l’équilibre et l’harmonie de cet univers utopiste. Les deux frères vont alors vivre une série d’aventures palpitantes qui les amèneront à devenir membre d’un escadron de Skybats (l’équivalent des ptérodactyles préhistoriques transformés en avion de combat), à visiter le dangereux et mythique monde de l’obscur où se trouvent les pierres solaires, à s’occupe d’un bébé dinosaure baptisé ‘26’ ou à affronter une pluie de ptéranodons enragés qui attaquent la ville avec frénésie.

Composé de trois parties avoisinant chacune les 90 minutes (soit une durée totale d’environ 4 heures!), ‘Dinotopia’ est une grosse production d’aventure agréable et très divertissante, portée par une photographie riche en couleur et en lumière (à noter ce halo lumineux autour des personnages qui semblent évoquer un univers onirique), des acteurs sympathiques (à noter un excellent David Thewlis dans le rôle du méchant manipulateur) et une série d’aventures palpitantes qui s’adressent autant aux petits comme aux grands. Malgré sa longueur démesurée, ‘Dinotopia’ possède au moins l’avantage de présenter une galerie de protagonistes principaux que le réalisateur et le scénariste peuvent développer à loisir tout au long de ces trois épisodes. Si l’ambiance au départ tend parfois à rappeler ‘Jurassic Park’ de Spielberg (la scène de la poursuite avec le tyrannosaure au début du film est quasiment calqué sur ‘Jurassic Park’!), ‘Dinotopia’ s’éloigne très vite de cette référence évidente et inévitable pour s’imposer par un certain charme et une magie qui évoque par moment les grands films d’aventure/fantastique à l’ancienne. Les effets spéciaux sont quand à eux assez remarquables pour un téléfilm de cette envergure, même si l’on sent clairement l’utilisation d’effets numériques qui, dans quelques décennies, paraîtront certainement dépassés (on appréciera néanmoins le personnage de Zippo, le dinosaure parlant, entièrement réalisé et animé par ordinateur). Evidemment, le scénario et l’histoire paraissent un peu gros et invraisemblables: faire croire à un monde où les hommes et les dinosaures vivent ensemble paraît assez grotesque, et pourtant, c’est bel et bien le défi qu’ont tenus à relever les concepteurs de ‘Dinotopia’ en s’inspirant du livre d’origine de James Gurney. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les producteurs de chez Hallmark Entertainment s’intéressent à ce type d’univers magique et fantastique puisqu’on se souvient qu’ils avaient déjà produits auparavant des mini-séries aux ambiances similaires tels que ‘Merlin’ ou ‘The 10th Kingdom’. Seul reproche que l’on pourra formuler à l’égard de ‘Dinotopia’, c’est la qualité finalement très quelconque du scénario, qui aurait mérité à être un peu plus approfondi et moins superficiel, et une longueur somme toute très démesurée pour une histoire qui, au final, n’a pas grand chose à nous raconter en dehors des aventures de deux frangins sur une île où vivent ensemble hommes et dinosaures. Un divertissement à réserver en priorité aux fans des films d’aventure magiques et fantaisistes!

La partition symphonique de Trevor Jones contribue très largement à cette atmosphère de magie et d’aventure, le compositeur ayant écrit pas moins de 4 heures 30 de musique pour cette mini-série de luxe. Jones (qui avait déjà composé la musique de ‘Merlin’) s’est évertué à faire ressortir la magie et la grandeur de cette mini-série, utilisant une série de thèmes qu’il développe à loisir tout au long des trois parties de cette grande aventure, la musique étant interprétée comme d’habitude par le London Symphony Orchestra. Le thème principal associé à Dinotopia est entendu dès le début du film dans ‘Dinotopia Main Theme’, illustrant la grandeur et la magie de cette île perdue au milieu de l’océan. Le thème de ‘Dinotopia’ est typique des grands thèmes majestueux de Trevor Jones, confié ici à des cordes amples doublés, comme toujours, par des trompettes (un tic d’orchestration typique du compositeur). Le thème possède donc une certaine grandeur d’âme associé à Dinotopia et ses règles de vie, une sorte de peinture musicale quasi idyllique de ce monde utopique. Ne vous attendez pas ici à un thème épique et cuivré dans le style de ‘Cliffhanger’, ‘Merlin’ ou ‘The Last of the Mohicans’, le thème de ‘Dinotopia’ fonctionne plus sur un registre émotionnel qui n’est cependant pas dénué d’une certaine grandeur. Son omniprésence tout au long des 4 heures 30 du film ne peut d’ailleurs que renforcer l’impact de cette très belle mélodie sur l’auditeur/spectateur et sur l’ambiance et les images du film, duquel le thème devient très vite indissociable et porteur d’une ambiance particulière propre à cette mini-série. Avec ‘Chandara Bus Station’, Jones nous invite à découvrir la vie et les coutumes de Dinotopia pour la scène de la station de bus, accompagnée par un petit motif de hautbois sautillant sur un petit rythme léger et insouciant, avant un bref élan orchestral pour la scène du dinosaure enragé que ne tarde pas à venir apaiser Marion. Entre temps, Jones nous aura offert un premier petit morceau d’action percutant pour la scène du crash de l’avion au début du film (absent de l’album, malheureusement, qui n’inclut évidemment qu’une soixantaine de minutes de musique sur les quelques 270 minutes composées par Trevor Jones).

Dans le même ordre d’idée, la scène de l’attaque des deux tyrannosaures dans ‘T-Rex Attacks’ nous permet de retrouver le Trevor Jones des grosses musiques d’action héritées de ‘Dark City’ ou ‘Desperate Measures’, avec son lot de percussions agressives, de cordes frénétiques et de cuivres massifs et imposants, illustrant ici l’immensité et le danger des tyrannosaures. Jones nous dévoile aussi un thème d’aventure plus aérien et majestueux qui n’est pas sans rappeler le ‘Stargate’ de David Arnold. La seconde partie du morceau se veut plus douce et apaisée, Jones nous dévoilant un nouveau thème (à partir de 4.13), confié à un basson, des cordes graves et une harpe, motif sombre et calme associé dans le film à Cyber Crabb, et qui évoque à merveille le côté vicieux, manipulateur et malfaisant du personnage interprété par David Thewlis, et que l’on retrouvera tout au long du film, côtoyant les autres thèmes avec, à leur tête, l’incontournable thème principal. A ce sujet, on notera une très belle reprise du thème au début de ‘The Codes of Dinotopia’ exposé avec majestuosité par les cordes lors de la scène de la découverte des codes et de la grandeur de Dinotopia, suivi d’un nouveau morceau d’action particulièrement puissant et enlevant, preuve du savoir-faire orchestral de Trevor Jones. La traversée des marécages aux mosasaures (ancêtres préhistoriques des crocodiles) est accompagnée à son tour par un nouveau morceau d’action sombre, ‘Swampland Mosasaurs’, illustrant le danger qui pèse sur les héros lors de la traversée du marécage les conduisant à l’entrée du monde obscur. On regrettera néanmoins le côté souvent atmosphérique de la partition, qui provoque parfois un certain ennui à l’écoute, même si, fort heureusement, la sélection des morceaux sur l’album s’avère assez judicieuse et intéressante pour maintenir suffisamment d’intérêt d’un bout à l’autre de l’album - on s’imagine fort ce que donnerait l’écoute d’un enregistrement intégral qui serait inévitablement fatigant, étant donné le manque de relief de nombreux morceaux de la très longue partition de Trevor Jones.

‘Waterfall City’ nous permet de retrouver le thème associé à la cité aux chutes d’eaux pour un nouveau morceau atmosphérique un peu longuet qui n’apporte pas grand chose à la partition hormis de proposer un sympathique développement orchestral du thème, avec, comme toujours, des orchestrations très soignées. Idem pour ‘The World Beneath’ qui évoque le monde de l’obscur mais qui conserve là aussi un côté atmosphérique un peu monotone et pas toujours très enthousiasmant à l’écoute, d’autant que le film est un peu trop présente dans le film (bien que mixée assez bas comme d’habitude) et qu’elle finit par devenir particulièrement lassante, même si on appréciera ici aussi une série de développements autour des principaux thèmes de la partition de ‘Dinotopia’ (thème de Waterfall City, thème principal, etc.). C’est pourquoi on appréciera ‘Pteranodons’ avec son rythme plus soutenu et excitant pour la scène où les ptéranodons s’élèvent de l’entrée du monde obscur et se dirigent massivement vers Waterfall City, attaquant et détruisant tout sur leur passage. Trevor Jones met en place au début du morceau une formule rythmique aux cuivres et aux cordes évoquant la férocité des gardiens du monde obscur, rythme qui sert aussi à faire monter la tension et à suggérer un danger qui se rapproche inexorablement de Waterfall City. A noter que la longueur des morceaux permet à Jones de développer plus densément ses principaux thèmes, ce qui rend l’écoute assez riche bien qu’un peu fastidieuse par moment, comme c’est le cas dans l’atmosphérique ‘Academy for Young Mammals’ par exemple. ‘Letter from Matriarch’ apporte quand à lui un certain espoir avec un début tout en douceur et assez émouvant, suggérant une certaine nostalgie touchante, lié à l’histoire avec les deux frangins et Marion, lors de la séquence de l’exploration du monde obscur en sous-marin, jusqu’à la pièce des minerais de pierres solaires, ce qui explique le côté plus sombre du morceau et ses quelques passages orchestraux plus massifs, le morceau se concluant sur un superbe passage d’action frénétique à souhait pour l’affrontement contre Cyber Crabb, tandis que ‘The Skybax Dawn Flight’ accompagne la scène du retour de David à Waterfall City sur le dos de son Skybax, durant l’attaque finale des ptéranodons qui permet à Jones de débuter son morceau sur une superbe reprise héroïque et aérienne du thème d’aventure, aboutissant à un superbe morceau d’action massif et intense, typique du compositeur (à noter le côté imposant du pupitre des cuivres ici), aboutissant finalement au grand final, ‘Ceremony of the Sunstones’, qui conclut l’aventure sur une dernière touche d’espoir et d’optimisme en reprenant le thème principal dans toute sa splendeur.

‘Dinotopia’ est assurément un score qui ravira les fans de Trevor Jones et tout ceux qui apprécient ses partitions d’aventure dans la lignée de ‘Merlin’. Sans posséder le brio et l’inspiration de ce précédent score (on reste bien souvent ici dans un registre plus majestueux et atmosphérique finalement peu orienté sur les musiques d'action), ‘Dinotopia’ n’en demeure pas moins un solide travail de très bonne facture, mené de main de maître par un excellent compositeur toujours trop sous-estimé, travaillant bien souvent dans l’ombre de ses paires. On regrettera ici le côté souvent trop atmosphérique et monotone de la partition qui semble s’éterniser pendant des minutes et des minutes entières sans qu’il ne se passe pas grand chose. Mais la mollesse et la banalité de certains passages est très nettement compensé par la qualité des thèmes du score et de quelques passages d’action/aventure du plus bel effet. Dommage cependant que l’ensemble souffre par moment d’un certain manque d’idée et d’originalité, la partition apportant néanmoins sont lot de grandeur, d’aventure et d’émotion au film de Marco Brambilla, transformant ce périple sur l’île de Dinotopia en une grande et belle aventure, apportant une certaine magie au film, servie par un thème principal mémorable et de très beaux passages orchestraux, comme toujours chez Trevor Jones. Reste que ‘Dinotopia’ est à réserver en priorité aux puristes et aux aficionados du compositeur!


---Quentin Billard