1-Imhotep 4.19
2-The Sarcophagus 2.17
3-Tuareg Attack 2.23
4-Giza Port 2.01
5-Night Boarders 4.08
6-The Caravan 2.52
7-Camel Race 3.26
8-The Crypt 2.26
9-Mumia Attack 2.20
10-Discoveries 3.41
11-My Favorite Plague 3.59
12-Crowd Control 3.13
13-Rebirth 8.33
14-The Mummy 6.19
15-The Sand Volcano 5.42

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Decca Records 466 458-2

Producteurs exécutif de l'album:
Sean Daniel, Jim Jacks,
Stephen Sommers

Directeur en charge de la musique pour Universal Classics Group:
Nacy Zannini
Directeur en charge de la musique pour Universal Pictures:
Harry Garfield
Musique montée par:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 1999 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE MUMMY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Avec 'The Mummy' (La Momie), remake du film horrifique de Karl Freund datant de 1932 avec Boris Karloff dans le rôle de la momie, Stephen Sommers nous prouve une fois encore son goût pour les grands spectacles hollywoodiens populaires, où l'intelligence et la finesse semblent définitivement ne pas avoir leur place. L'histoire commence à l'ère de l'Egypte antique, lorsque le grand prêtre de Thèbes, Imhotep (Arnold Vosloo), défia le pharaon Seti I (Aharon Ipalé) en volant sa jeune maîtresse, Anck Su Namun (Patricia Velasquez), puis en assassinant le pharaon avec l'aide de son amante. Capturé par les gardes, Imhotep fut momifié et enseveli dans une crypte secrète d'Hamunaptra, la cité des morts, tandis qu'Anck Su Namun préféra se donner la mort plutôt que de continuer à appartenir au pharaon. Dans son sarcophage, Imhotep eut le temps de lancer une malédiction contre quiconque ouvrirait et atteindrait son corps momifié. En 1923, au cours d'une fouille archéologique, l'aventurier américain Rick O'Connell (Brendan Frasner), aidé de l'égyptologue anglaise Evelyn Carnahan (Rachel Weisz) et de son frère Jonathan (John Hannah), découvrent les vestiges d'Hamunaptra, enfouis dans le sable du désert égyptien depuis des siècles. Ils découvrent alors que d'autres aventuriers américains les ont rejoints et entreprennent de piller les trésors de la cité des morts. Lorsque l'un d'entre eux ouvre le sarcophage d'Imothep, la malédiction s'abat sur les aventuriers qui réveillent la momie en quête d'un nouveau corps et de nouveaux pouvoirs. Réunissant une nouvelle armée grâce à ses pouvoirs maléfiques, Imothep se met en tête de faire ressusciter sa bien-aimée, en utilisant le corps d'Evelyn. Nos héros vont donc devoir tout faire pour contre-carrer les plans maléfiques d'Imothep et mettre un terme à son règne de terreur.

'The Mummy' se veut ainsi comme un hommage aux grands classiques du genre, que ce soit le 'Mummy' de 1932 ou des grands films d'aventure hollywoodiens dont s'inspire ici Stephen Sommers, à commencer par la trilogie des 'Indiana Jones' de Steven Spielberg. Mais Sommers n'est pas Spielberg, et ce qui faisait la magie des 'Indiana Jones' ne se retrouve nullement dans ce nouveau long-métrage où tout est fait pour distraire le public durant près de 124 minutes: grands décors, effets spéciaux numériques énormes (scène de la tempête de sable, scène de l'énorme affrontement final dans la crypte, etc.), casting de qualité et mise en scène simple mais efficace. Pourtant, la sauce ne prend jamais, la faute à un humour maladroit (le personnage de John Hannah est tout bonnement insupportable!), à un scénario vide, à une pluie de stéréotypes en tout genre, à une mise en scène artisanale sans imagination et à des protagonistes totalement dénués de personnalité - la palme revenant à Brendan Fraser, dont la bonne performance ne parvient même pas à sauver le film d'un certain ennui. Voilà donc un film d'aventure à l'ancienne, stupide et grotesque, à réserver aux amateurs du genre et à ceux qui ont du temps à perdre devant un divertissement hollywoodien sans grand intérêt!

Jerry Goldsmith nous livre sur 'The Mummy' une partition symphonique mêlant action et aventure comme au bon vieux temps, un score qui permet enfin de réconcilier le maestro avec tout ceux qui regrettaient de voir le compositeur perdre son temps sur des partitions d'action quelconques au milieu des années 90. Avec 'The Mummy', Goldsmith prouve qu'il n'a rien perdu de son imagination et nous livre un score rythmé, excitant et entraînant, même si l'ensemble demeure une fois encore particulièrement peu original. Utilisant l'orchestre avec ses touches électroniques habituelles et des instruments ethniques évoquant les décors égyptiens du film, Goldsmith utilise plusieurs thèmes forts autour desquels s'articule sa partition. Ainsi, 'Imhotep' nous introduit au film avec l'exposition du premier thème, motif égyptien aux consonances orientales (utilisation très caractéristique de l'intervalle de la seconde augmentée bannie dans tous les traités d'harmonie 'classique' occidentale) développé ici par des cuivres massifs, des percussions orientales et des choeurs alors que l'on découvre la gigantesque cité du pharaon Seti I dans l'Egypte antique. A noter l'utilisation d'une guitare orientale qui évoquera tout au long du film le monde de l'Egypte et de ses mystères. Le second thème, très brièvement suggéré, est associé quand à lui à Imhotep, évoquant son aspect dangereux et menaçant. Pour finir, le thème principal est suggéré à son tour, mélodie plus romantique et majestueuse confié ici à des vents et des cordes, et qui accompagne ici la scène intime entre Imhotep et Anck Su Namum, et qui sera attribué tout au long du film à Rick et Evelyn, faisant office de traditionnel 'Love Theme'. A noter que ce prologue se conclut de manière plus sombre et brutale sur la momification d'Imhotep et le début de sa malédiction, Goldsmith lâchant une fois de plus l'artillerie lourde en nous rappelant, et ce dès le spectaculaire début du film, qu'il est décidément le maître incontesté des musiques d'action à Hollywood.

'The Sarcophagus' annonce quand à lui la malédiction d'Imhotep qui s'abat sur ceux qui ont ouverts son sarcophage. Sombre, 'The Sarcophagus' installe une véritable ambiance de terreur à l'aide de cordes dissonantes, de cuivres menaçants et agressifs et d'un choeur qui semble suggérer une atmosphère de procession inquiétante, toute à l'image de la résurrection de la momie. Plus massif, 'Tuareg Attack' nous permet de découvrir le premier morceau d'action du score, un superbe déchaînement orchestral particulièrement excitant où l'on retrouve toute la science d'écriture du compositeur, avec ses traditionnels changements de mesure et ses rythmes syncopés du plus bel effet, soutenus par des orchestrations toujours aussi soignées (assurées par Alexander Courage) et une utilisation remarquable des percussions orientales. Goldsmith en profite ici pour développer un thème d'aventure qui sera associé par la suite aux exploits de Rick. Le morceau accompagne la scène du début où Rick et ses complices affrontent les guerriers Touaregs qui protègent les trésors de l'Egypte antique enfouis dans le sable du désert. Désireux d'installer une ambiance ancrée dans l'univers égyptien du film, Goldsmith développe ses atmosphères arabes/orientales comme 'Giza Port' avec sa guitare orientale et ses darboukas égyptiennes, des sonorités évidemment très stéréotypées mais que l'on retrouvera malgré tout tout au long de la partition de 'The Mummy'.

Si vous doutez encore que Jerry Goldsmith n'est pas le génie de la musique d'action hollywoodienne, vous devriez alors jeter une oreille sur l'excitant 'Night Boarders' où, après une nouvelle utilisation du thème principal romantique confié à une flûte, le morceau se lance dans un nouveau déchaînement orchestral saisissant sur fond d'ostinato de percussions - à noter ici une ligne mélodique particulièrement virtuose du xylophone et de parties de cuivres à la Bartok, le tout sur fond de rythmes de tambours/tambourins qui rappellent par moment certains passages de la musique de scène pour le 'Aladdin' de Carl Nielsen, et qui rappelle aussi ce que Goldsmith avait écrit sur le monumental 'The Wind and The Lion' en 1975. Le morceau accompagne la scène de la bagarre avec les guerriers égyptiens à bord du bateau vers le début du film, l'occasion pour le compositeur de développer son excellent thème d'aventure héroïque et entraînant, apportant un punch indispensable à cette scène d'action. A l'instar de 'Giza Port', 'The Caravan' développe les sonorités arabes/orientales à l'aide d'un ostinato de tambourin et de la guitare, sur fond de cuivres, cordes et choeur alors que Rick et ses compagnons traversent le désert égyptien, une ambiance qui n'est pas sans rappeler ce que David Arnold a fait sur 'Stargate', qui contenait à son tour des ambiances orientales sur fond de décors égyptiens.

Favorisant une atmosphère d'aventure entraînante, la musique de Goldsmith nous offre de bons moments tels que 'Camel Race' pour la scène où Rick défie les explorateurs américains à la course en chameau jusqu'au lieu où se trouve Hamunaptra, l'occasion pour lui de rappeler une fois encore son excellent thème principal majestueux, que le compositeur utilise et adapte suivant le contexte, soit en tant que thème romantique pour Rick et Evelyn, soit en tant que thème d'aventure dans les morceaux de bravoure du film. On entre alors dans la seconde partie du film, avec la résurrection d'Imhotep et ses méfaits diaboliques. 'The Crypt' nous propose ainsi une excursion plutôt inquiétante et sinistre dans la crypte d'Imhotep. Goldsmith nous plonge alors dans une atmosphère atonale glaciale et glauque, à l'aide de glissendi de trombones graves et de cordes stridentes. A noter ici l'utilisation d'effets électroniques imitant vaguement le son de gouttes d'eau résonnant au fond d'une caverne, accentuant le côté sinistre et claustrophobique de la scène de la crypte. Les méfaits de la momie sont alors suggérés par des sursauts orchestraux de terreur pure, où le compositeur s'en donne une fois de plus à coeur joie. Idem pour 'Discoveries', qui prolonge l'atmosphère de 'The Crypt' en utilisant les mêmes recettes musicales.

De l'action, Goldsmith nous en offre avec l'excitant 'Mummia Attack' évoquant les puissants pouvoirs d'Imhotep. On retrouve ici les rythmes excitants de percussions orientales hérités de 'Night Boarders', tandis que 'My Favorite Plague' nous propose un nouveau déchaînement orchestral pour la scène de l'immense tempête du désert, toujours dominé par un imposant et spectaculaire travail de percussions et de rythmes orchestraux, témoignant de tout le savoir-faire du maestro. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de développer le thème d'Imhotep, motif lourd et menaçant principalement confié aux cuivres, et qui évoque les pouvoirs diaboliques du personnage. 'Crowd Control' s'affiche dans la lignée de 'My Favorite Plagues', véhiculant une puissance orchestrale d'une grande richesse, à l'aide des percussions, des quelques effets électroniques et d'un choeur lié aux pouvoirs d'Imhotep (dont le thème continue de résonner dans un habile contrepoint de cordes). On regrettera une fois de plus le côté très répétitif et assez bruyant de la musique dans le film, bien qu'une fois encore, on ne peut rester indifférent à la richesse orchestral et à l'immense savoir-faire d'un compositeur septuagénaire à l'époque où il compose cette partition d'action colossale. 'Rebirth' accompagne ainsi avec fracas et fureur la scène où Imhotep tente de ramener sa bien-aimée à la vie, le maestro utilisant ici les choeurs dans un style plus sombre et cérémonieux, avec de larges parties d'action pour l'affrontement final débouchant sur l'excitant 'The Mummy'.

L'aventure touche à sa fin avec le superbe 'The Sand Volcano', qui après un bref passage d'action lorsque les héros quittent la citée sur le point de s'effondrer, nous propose un superbe récapitulatif du thème principal et du thème d'aventure, tout deux développés de manière ample et majestueuse, une superbe coda pour un opus monumental qui, bien que très loin d'atteindre le génie de certaines anciennes partitions d'action du compositeur (on préfèrera ici la virtuosité et la brillance nuancée de 'The Wind and The Lion'), n'en demeure pas moins une nouvelle grande réussite de la part d'un compositeur qui avoue pourtant avoir trouvé le film de Stephen Sommers particulièrement mauvais. On en vient même à se demander comment le compositeur a put trouver toute cette inspiration pour écrire la musique d'un navet de ce genre, dépassant une fois encore le simple cadre des images en évoquant le récit dans sa profondeur et ses différents enjeux dramatiques. Fidèle à sa réputation de grand compositeur de musique d'action, Jerry Goldsmith nous livre un nouveau tour de force orchestral grandement maîtrisé pour 'The Mummy', une partition d'aventure qui fleure bon les rythmes égyptiens et les déchaînements orchestraux riches en virtuosité et en volume sonore. Malgré le manque d'originalité de l'ensemble, la partition apporte un 'plus' indéniable au film de Stephen Sommers, un 'punch' qui nous incite même à nous laisser prendre au jeu, et ce malgré la médiocrité de ce long-métrage insipide. Sans être le nouveau chef-d'oeuvre de l'année, 'The Mummy' confirme néanmoins que Jerry Goldsmith est toujours au sommet de son art, et qu'à 70 ans, il n'a rien perdu de sa forme!


---Quentin Billard