1-The World at War 4.07
2-A New Day 1.21
3-A Matter of Months 0.55
4-Melbourne Decays 1.45
5-Decommission 1.38
6-Nordstrom's Theory 1.07
7-Through the Darkness 2.25
8-Moira and Towers Meet 2.34
9-Christmas Memory 1.16
10-On the Jetty 1.43
11-The Great Ocean Road 4.02
12-The Beginning of the End 1.00
13-Prepare to Dive 1.28
14-Voyage North 3.13
15-Anchorage 5.45
16-Alien Landscape 4.51
17-Swain Returns Home 3.23
18-The Vote 2.29
19-At the Taj Mahal 0.47
20-Homecoming 0.47
21-Hirsch 3.50
22-Flight Through the Apostles
and Elegy 5.56
23-Final Farewells 4.53
24-Lacrimosa 2.52
25-Lux Perpetua 2.23
26-From the Beach,
Silently Weeping 6.34

Musique  composée par:

Christopher Gordon

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 153 2

Produit par:
Christopher Gordon
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique montée par:
Simon Leadley
Préparation de la musique:
Peter Mapleson, Laura Bishop


Note: ****
ON THE BEACH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Gordon
Remake du ‘On The Beach’ (Le dernier rivage) de Stanley Kramer, avec Gregory Peck, Ava Gardner et Fred Astaire, ce très long téléfilm réalisé par le versatile Russell Mulcahy évoque la bouleversante histoire de la fin du monde au lendemain d’un cataclysme nucléaire déclenché à la suite d’un grave conflit entre les Etats-Unis et la Chine. L’Amérique a été entièrement rayée de la carte et le nuage radioactif a déjà contaminé l’ensemble de l’hémisphère nord. Seuls quelques américains ont réussis à survivre à bord du sous-marin USS Charleston, qui était en plongée au cours de l’explosion nucléaire qui ravagea le monde à tout jamais. Après des mois d’attente sous l’eau, l’équipage regagne enfin la surface alors que le taux de radioactivité semble avoir baissé. Dwight Towers (Armand Assante), le commandant du USS Charleston, ordonne alors de se rendre en Australie où le continent n’a pas encore été touché par le nuage nucléaire. En cours de route, il reçoit un message de l’état-major australien l’informant qu’il doit récupérer sur son chemin un certain professeur Julian Osborne (Bryan Brown) retiré sur une île au large de l’Australie, que le commandant emmène par la force, le scientifique refusant d’obtempérer, croyant aveuglement à l’inexorable fin du monde. A Melbourne, le commandant Towers est invité par le lieutenant Peter Holmes (Grant Bowler) à séjourner chez lui quelques jours, histoire de se remettre de la mort de sa famille qui a périt dans l’explosion nucléaire. Il y fait la connaissance de sa femme Mary (Jacqueline McKenzie) et de sa soeur Moira (Rachel Ward), qui ne voit pas d’un très bon oeil la présence d’un américain sous son toit. Mais Dwight et Moira finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Quelques jours après, le commandant Towers, le lieutenant Holmes et le professeur Osborne assistent à une réunion militaire secrète les informant d’une ultime mission à accomplir. Selon les calculs d’un scientifique, il semblerait qu’il soit encore possible de survivre à la radioactivité dans une partie du Grand Nord. L’ultime mission du USS Charleston consistera donc à emmener le plus de monde à leur bord pour tenter de survivre ensemble à l’holocauste et de faire perdurer l’humanité sur terre. Mais Osborne conteste les calculs du scientifique et pense que toute la planète est définitivement atteinte par la radioactivité. En route pour sa mission, le USS Charleston intercepte un bref message d’espoir envoyé par un PC depuis Anchorette en Alaska et qui dit ‘ne désespérez pas’. Ils reçoivent chaque jour le même message énigmatique les informant que ‘les baleines ont survécus’. Pour le commandant Dwight Towers et son équipage, il ne fait aucun doute: des hommes ont encore survécus à la catastrophe dans le Grand Nord. C’est la dernière chance pour l’humanité. Si la radioactivité a aussi atteint l’Alaska, tout est fini. L’humanité disparaîtra définitivement de la surface de la planète.

Rare sont les films à avoir évoqué avec une telle intensité les méfaits d’une guerre nucléaire à l’échelle mondiale. Le film d’origine réalisé par Stanley Kramer en 1959 évoquait déjà ce sujet en pleine période de la guerre froide. L’australien Russell Mulcahy a décidé de réaliser sa propre version en s’inspirant du script d’origine de John Paxton et du roman de Nevil Shute pour nous livrer ce brillant téléfilm qui s’éloigne des stéréotypes hollywoodiens habituels pour nous offrir un long-métrage poignant, humain et profondément pessimiste, un film sur la bêtise de l’homme, sur la connerie de la guerre. Certes, le casting du film paraît bien moins prestigieux que la version d’origine de 1959, mais le résultat est quand même là. Affirmant sa position clairement anti-militariste, ‘On the Beach’ nous propose une réflexion bouleversante sur les méfaits du nucléaire et sur la dangerosité de ces armes de destruction massive, qui, jusqu’ici, ont servis à maintenir le fameux équilibre de la terreur entre les pays (sauf à Hiroshima et Nagasaki en 1945). Bien après la première version de Stanley Kramer en 1959, le cinéma U.S. s’intéressa de nouveau au sujet de la guerre nucléaire dans le bouleversant ‘Testament’ de Lynne Littman où il était question d’une petite communauté américaine qui mourrait lentement à la suite de radiations nucléaires. Le téléfilm ‘Threads’ de Mick Jackson évoquait aussi le même sujet sur un ton encore plus douloureux et horrifiant, sans oublier le fameux et dérangeant téléfilm ‘The Day After’ de Nicholas Meyer. Certes, le téléfilm de Russell Mulcahy n’apporte pas grand chose de nouveau au sujet, mais à la différence des films précédemment cités qui évoquaient essentiellement les méfaits de la radioactivité sur une petite communauté isolée, ‘On the Beach’ montre les désastres de la guerre nucléaire à l’échelle mondiale. Alors que l’on croit voir dans un premier temps un énième film de sous-marin (dont l’engin est ici clairement emprunté au ‘Hunt for the Red October’ de John McTiernan), le réalisateur nous plonge très vite dans une véritable atmosphère de drame en suivant dans un premier temps une histoire d’amour fragile puis une inexorable descente dans le désespoir absolu et une ambiance de fin du monde poignante, sans aucun effet artificiel ou hollywoodien, la dernière demi heure basculant dans l’horreur et la tragédie qui ne pourra laisser personne indifférent, à moins d’être un monstre! Seule ombre au tableau, le téléfilm est parsemé de quelques invraisemblances techniques concernant les nuages radioactifs, un fait qui n’a rien d’étonnant quand on sait que le roman d’origine date de 1957, et que nos connaissances sur ce sujet n’étaient pas aussi évoluées à l’époque comme elles le sont aujourd’hui, Russell Mulcahy ayant décidé de rester assez fidèle au roman d’origine, qui l’a visiblement très inspiré. Au final, ‘On the Beach’ reste sans aucun l’un des plus beaux films jamais réalisé sur les conséquences catastrophiques d’une guerre nucléaire à l’échelle mondiale, un film très dur, poignant, bouleversant et pessimiste, qui ne laissera personne indifférent!

La partition symphonique de Christopher Gordon (auteur d’une musique mémorable pour un autre téléfilm, ‘Moby Dick’ – 1998) est sans aucun doute l’un des meilleurs éléments du téléfilm de Russell Mulcahy. Grâce à un budget relativement élevé pour un téléfilm de cette envergure, Christopher Gordon a eu l’occasion de faire appel à un orchestre symphonique pour interpréter sa magnifique partition qui apporter au film son lot d’émotion et de sensibilité. Elégiaque autant que mélancolique, plaintive et résignée, la musique de ‘On the Beach’ nous montre un compositeur profondément inspiré par son sujet (qui ne le serait pas?), qui joue principalement sur une certaine retenue à l’aide de très belles parties solistes incluant violon, violoncelle, alto, trompette, harpe, piano et même garçon soprano. A côté de ces quelques passages intimistes, Gordon nous propose aussi quelques passages plus martiaux et cuivrés rappelant le contexte de guerre de ‘On the Beach’ (même si la guerre à proprement parler n’est pas montrée dans le film), sans oublier tous ces magnifiques passages élégiaques faisant intervenir un choeur quasi religieux. Tous les éléments musicaux sont ici mis en oeuvre pour transcender les différentes émotions du film avec une sensibilité constante. Le film est introduit au son du féroce et brutal ‘The World at War’ qui évoque le plongeon du monde dans la guerre nucléaire alors que l’on voit à l’écran une série d’images documentaires montrant des scènes de conflit en tous genres. Gordon utilise ici un orchestre large agrémenté d’un puissant pupitre de cuivres et de percussions martiales, le morceau s’avérant à la fois pesant, chaotique et dissonant, véritablement terrifiant dans ce qu’il cherche à représenter. La seconde partie du morceau débute sur un thème plus héroïque d’esprit avec des cuivres majestueux alors que l’on voit les premiers plans du USS Charleston, le morceau symbolisant ici avec force l’espoir représenté par le sous-marin américain. La partie intimiste du score débute avec le délicat ‘A New Day’ et son très joli thème de piano romantique sur fond de cordes tandis que ‘A Matter Months’ nous dévoile une belle partie de violoncelle soliste aux sonorités plus funèbres, évoquant la menace imminente du nuage nucléaire. Quand à ‘Melbourne Decays’, il s’agit ici du premier morceau véritablement poignant de la partition alors que l’on aperçoit les premiers plans de la ville de Melbourne après l’attaque nucléaire lors de l’arrivée de Towers, Osborne et Holmes en Australie. Le choeur religieux fait ici son apparition, chantant à la manière d’un Requiem funèbre poignant tandis qu’un cor soliste évoque la désolation sur fond de cordes sombres.

En l’espace de quatre morceaux, Christopher Gordon pose les bases solides de sa partition et construit une atmosphère à la fois désespérée et intimiste qui sied à merveille à l’ambiance du téléfilm de Russell Mulcahy. Les quelques passages martiaux comme le début de ‘Decommission’ et son solo de caisse claire militaire permettent au compositeur d’apporter un peu de relief et de diversité à sa partition, le morceau se finissant d’ailleurs ici sur un duo de trompettes plutôt solennel et funèbre, annonçant clairement le côté désespéré de l’ultime mission du USS Charleston. On retrouve un côté funèbre dans le sombre ‘Nordstrom’s Theory’ qui fait planer l’ombre d’un doute sur la théorie du scientifique affirmant qu’une partie du Grand Nord est encore viable sur terre. C’est avec ‘Through the Darkness’ que l’on découvre l’un des plus beaux passages du score de ‘On the Beach’, introduit par une harpe solo suivi de cordes amples et romantiques du plus bel effet accompagnant un alto soliste. Ce sont ces passages qui traduisent magnifiquement à l’écran tout le côté humain du film. Gordon dévoile enfin son thème principal dans ‘Moira & Towers Meet’ accompagné par des cordes rythmées et une seconde partie qui apporte une certaine jovialité inattendue dans la scène où Moira et Towers font la course en voile (à noter au passage les orchestrations de qualité assurées par le compositeur lui-même!), un bref moment de joie et de bonne humeur dans un contexte sombre et noir. On retrouve ensuite dans ‘A Christmas Memory’ le thème intimiste de ‘A New Day’ joué ici par une harpe et des cordes alors que Dwight se souvient de sa famille au temps de Noël, la musique évoquant ici avec retenue la mémoire, la nostalgie et la tristesse d’une famille perdue à jamais, de la même façon que ‘On The Jetty’ évoque les regrets de Towers à l’aide d’une très belle reprise du magnifique thème principal joué par un violoncelle et quelques cordes, thème que l’on retrouve dans une très belle version pour hautbois dans ‘The Great Ocean Road’ (qui débute sur un morceau d’action utilisant les percussions de façon assez inventive alors que le sous-marin se met en route vers le Grand Nord), avec cette même écriture orchestrale toujours passionnée et résolument romantique, le morceau se concluant d’ailleurs sur une touche plus sombre, débouchant sur le sombre ‘The Beginning of the End’ avec son violoncelle désolé et langoureux qui évoque, comme le titre du morceau l’indique, le début de la fin.

On entre alors dans la partie centrale du score avec un nouveau rappel du thème héroïque et cuivré du USS Charleston dans ‘Prepare to Dive’ qui tente d’apporter un peu d’espoir et d’entrain à la partition, comme dans ‘Voyage North’ et ses variations majestueuses sur le thème du USS Charleston. Mais on déchante très vite avec ‘Anchorage’ et son atmosphère de désolation et de tristesse débouchant sur l’un des plus sombres morceaux du score de ‘On the Beach’, ‘Alien Landscape’, lorsque Towers et son second Hirsch débarquent à Anchorage et découvrent que tout a été ravagé. Le morceau plonge ici dans une atmosphère atonale angoissante à l’aide de cordes dissonantes et graves, de percussions agressives et de clusters de cuivres à la Penderecki. Christopher Gordon traduit à l’écran toute l’horreur de la scène à l’aide d’une ambiance musicale quasi déshumanisée et résolument violente et sinistre, un morceau particulièrement intense et fort à l’écran dans ce qu’il cherche à évoquer. On retrouve très vite le côté mélancolique et émotionnel dans ‘Swain Returns Home’ et ‘The Vote’ alors que l’on entre finalement dans la dernière partie du score et du film (‘The Burial Cloud’) avec le chaleureux ‘Homecoming’ (scène où Holmes revient chez lui et retrouve sa femme et sa fille) tandis que ‘Hirsch’ évoque de façon plaintive et retenue la lente agonie du second de Towers, atteint par les radiations. Dans le même ordre d’idée, ‘Elegy’ reprend le très beau thème principal au violoncelle et aux cordes en renforçant clairement ici le désespoir et la désolation alors que les quelques survivants agonisent à leur tour dans une atmosphère d’élégie funèbre extrêmement noire. Le film se conclut sur les adieux finaux dans le sombre et poignant ‘Final Farewells’, suivi de l’émouvant ‘Lacrimosa’ chanté par un choeur religieux dans le style d’un Requiem alors que certains choisissent de se suicider ensemble plutôt que d’agoniser lentement et douloureusement. On appréciera ici aussi la retenue poignante avec laquelle le choeur chante durant cette scène en évitant tout écueil mélodramatique mais en renforçant par l’apport des voix l’idée bouleversante de l’humanité sur le déclin (à noter un crescendo final du choeur puissant et terrifiant), suivi de l’élégiaque et funèbre ‘Lux Perpetua’ chanté par un garçon soprano solo sur des paroles latines extraits de la traditionnelle messe de Requiem (la messe des morts). La voix solitaire du jeune garçon suffit à accompagner avec une grande émotion la scène du suicide de la famille Holmes, Gordon ayant heureusement évité ici aussi toute envolée orchestrale qui aurait forcément nuit à l’extrême gravité bouleversante de cette séquence aussi horrible que poignante. Finalement, le score et le film se concluent sur le très beau ‘From the Beach, Silently Weeping’ qui apporte un peu d’émotion et de romantisme au final résolument pessimiste de ‘On the Beach’.

Vous l’aurez très certainement compris, ‘On the Beach’ est une partition remarquable menée de main de maître par un Christopher Gordon visiblement très inspiré par son sujet bien que sans réelle surprise ici. Mais le manque d’originalité de la partition est très vite compensé par une variété d’ambiance et de relief et une émotion indiscutablement puissante, ancrée au plus profond des images du téléfilm de Russell Mulcahy. A vrai dire, on a même du mal à croire que cette musique ait put être écrite pour un téléfilm, preuve qu’il existe aussi des musiques de téléfilm d’une très grande richesse qui n’ont rien à envier aux partitions pour le grand écran. Christopher Gordon a parfaitement sut représenter en musique cette atmosphère de fin du monde et d’humanité sur le déclin avec une grande sensibilité et quelques thèmes mémorables, le tout enveloppé dans un grand savoir-faire orchestral et une grande maîtrise des différents pupitres de l’orchestre et des choeurs. Au final, voici sans aucun doute la plus belle partition écrite à ce jour par Christopher Gordon pour un téléfilm, une musique d’une grande sensibilité qui, à l’instar du film, ne laissera certainement personne indifférent, surtout lorsque l’on connaît le sujet de la musique!


---Quentin Billard