1-The Harshest Place on Earth 3.56
2-Walk Not Alone 0.41
3-The March 5.22
4-Found Love 3.59
5-The Egg Arrives 2.27
6-The Mother's Second Journey 2.01
7-Arrival at the Sea 3.12
8-Walk Through Darkness 6.19
9-First Steps 3.19
10-The Dangers Remain 3.15
11-Reunited 2.17
12-Going Home for the First Time 4.43

Musique  composée par:

Alex Wurman

Editeur:

Milan Records M2-36131

Score produit par:
Alex Wurman
Montage musique:
Ellen Segal
Assistant du compositeur:
Laura McLean
Producteurs exécutifs
pour Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Ian Hierons

Directeurs de la musique
pour Warner Bros Pictures Inc:
Keith Zajic, Suzi Civita
Milan Business Affairs
& Legal Affairs:
Roya R. Hekmat, Esq.

American Federation of Musicians

--------------

Je tiens à remercier plus
particulièrement Tom Kidd de chez
Ray Costa Communications pour
m'avoir gentiment envoyé un
exemplaire de la bande originale
d'Alex Wurman.

Artwork and pictures (c) 2005 Warner Bros Entertainment Inc. All rights reserved/Photography (c) 2004 Bonne Pioche/APC (c) 2005 Milan Entertainment, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
MARCH OF THE PENGUINS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alex Wurman
‘March of the Penguins’ est en réalité la version américaine du fameux ‘La marche de l’empereur’ de Luc Jacquet, évoquant la vie et le cycle de reproduction des manchots empereurs dans l’Antarctique. Comme d’habitude, les américains aiment récupérer les films qui ont cartonnés au box-office européen pour en faire leur propre version accommodé à la sauce hollywoodienne. Dans ‘March of the Penguins’, les deux différences fondamentales avec la version française proviennent d’un changement de narrateur, les 3 voix off d’origine ayant été remplacées ici par le monologue de l’acteur Morgan Freeman, la seconde différence provenant de la musique du film, la partition électro/pop/orchestrale d’Emilie Simon ayant été ici remplacé par un score plus conventionnel du compositeur Alex Wurman, à qui l’on doit les récentes partitions de ‘Hollywood Homicide’, ‘Criminal’ ou bien encore ‘Confessions of a Dangerous Mind’. Pour ‘March of the Penguins’, le compositeur a choisi de faire appel au Hollywood Studio Symphony pour une formation instrumentale restreinte incluant vents, cordes et piano avec l’apport habituel des inévitables synthétiseurs qui représentent ici le froid et les décors glaciaux de l’Antarctique. Dans le livret de l’album de la musique, Alex Wurman explique qu’il avait réussi à trouver facilement l’inspiration dans les images magnifiques du documentaire de Luc Jacquet et que ces images l’incitaient à trouver ce qu’il y avait de plus beau en elles à retranscrire en musique.

Avec ‘The Harshest Place on Earth’, Wurman pose d’emblée le ton de sa partition introduite par une flûte solitaire (associée aux manchots) et très vite rejointe par des cordes et quelques éléments électroniques aux sonorités cristallines/new-age qui représentent les décors glaciaux. A 1.46, la musique dévoile le sympathique thème principal du score au piano soutenu par les cordes, la flûte et une très légère rythmique électronique pour l’introduction du film, thème évidemment associé ici aux manchots empereurs. On ressent dans la musique d’Alex Wurman une très grande quiétude, que l’on retrouvait déjà dans la composition d’origine d’Emilie Simon, mais que le compositeur accentue ici à travers l’utilisation d’une petite formation instrumentale, agrémenté au passage d’une flûte exotique associée à la beauté des décors du film. ‘Walk not Alone’ prolonge l’ambiance sereine et intime du début à l’aide d’un mélange entre cordes/piano/vibraphone plus chaleureux alors que la saison des amours commence et que les manchots entament leur première marche dans ‘The March’, soutenu par une petite rythmique légère et tranquille à l’image de la roublardise et de la sérénité apparente des manchots. Le thème est ici repris par un basson et une flûte sur fond de cordes, piano et petites percussions légères avec, comme toujours, une certaine émotion sous-jacente, une poésie légère toute en retenue, sans aucun envolée orchestrale et autres artifices du même genre. Ce sont les petites percussions en bois et le piano qui donnent ici le rythme de la marche, la seconde partie du morceau s’avérant plus enjouée et plus entraînante avec une utilisation plus accentuée des cordes et des autres instruments (on appréciera au passage la qualité des orchestrations et de l’écriture orchestrale intimiste du compositeur).

L’émotion se veut nettement plus perceptible dans le très beau ‘Find Love’ où l’on sent par moment l’influence qu’exerce Ennio Morricone sur le compositeur, Alex Wurman ayant toujours considéré Morricone comme l’un de ses compositeurs fétiches. La scène des amours est accompagnée par un ‘Find Love’ de toute beauté, d’une retenue quasi poignante, avec des nappes de synthé new-age, des cordes douces et une flûte chaleureuse (à noter que la dernière minute du morceau est absolument magnifique avec sa très belle partie de flûte et de cordes), apportant une sensibilité évidente aux images du film. L’arrivée des oeufs (‘The Egg Arrives’) est accompagnée à son tour par une musique d’une grande beauté, toute en retenue, dévoilant ici un nouveau thème associé aux oeufs, avec une chaleur qui nous ferait presque oublier les décors glaciaux et inhospitaliers du film, évoquant ici le commencement d’un nouveau cycle de vie.

‘The Mothers’ Second Journey’ accompagne la seconde marche des femelles parties chercher de la nourriture pour leurs petits. Le thème principal reste toujours présent, entonné ici par le basson sur fond de cordes, synthé, piano et petites percussions légères, débouchant sur la scène de pêche sous-marine dans un ‘Arrival at the Sea’ plus rythmé, mais avec ce minimalisme et cette légèreté constante (on pense par moment à du Thomas Newman ou du Mark Isham dans le genre). La scène de la couvaison des oeufs (‘Walk through Darkness’) met à nouveau en avant les sonorités new-age du synthétiseur avec un mélange cordes/piano/flûte plus atmosphérique, évoquant la difficulté des mâles à protéger les oeufs dans des températures extrêmes et difficiles. A noter l’utilisation des percussions dans la seconde partie du morceau qui apportent un certain relief à la pièce. La naissance des petits dans ‘First Step’ reste dans le même ordre d’idée, avec son mélange cordes/flûte/piano du plus bel effet et des synthétiseurs new-age rêveurs. Alex Wurman accompagne les premiers pas des poussins avec une légèreté et une naïveté touchante sans jamais tomber dans la niaiserie, ‘First Step’ étant sans aucun doute l’un des passages les plus légers du score de ‘March of the Penguins’ avec au passage le retour du joli thème des oeufs joué par la flûte. Quand à ‘The Danger Remains’, il s’agit sans aucun doute du seul véritable passage sombre du score, pour la scène où des oiseaux prédateurs s’en prennent aux jeunes poussins. Wurman utilise ici la flûte exotique sur fond de petites percussions et de synthétiseurs plus sombres pour évoquer le danger qui pèse sur les petits, la seconde partie du morceau devenant nettement plus grave et désolée.

Finalement, ‘Reunited’ marque le retour des femelles et la réunion des couples dans une nouvelle ambiance sereine et chaleureuse avec synthé, piano et cordes, nous permettant au passage de retrouver le magnifique thème romantique et intimiste du poignant ‘Find Love’ pour ce nouvel hymne serein à l’amour. ‘Going Home for the First Time’ marque la fin d’une belle aventure et le commencement d’un nouveau cycle, les manchots perpétrant ainsi la survie de leur espèce en donnant systématique la vie même dans des conditions très difficiles. Alex Wurman reprend ici l’esprit de ‘The Harshest Place on Earth’ marqué par le retour du joli thème des oeufs, des petites percussions, et du mélange piano/synthé/cordes. A travers cet ultime morceau, le compositeur nous fait comprendre que la boucle est bouclée, qu’un cycle vient de se terminer et qu’un nouveau cycle est sur le point de se préparer, alors que les jeunes manchots vont pouvoir prendre la relève et perpétrer à leur tour la grande aventure de la vie. Certes, la composition d’Alex Wurman pour la version U.S. du documentaire de Luc Jacquet manque cruellement d’originalité et de surprise. Alors qu’Emilie Simon avait justement sut apporter un certain relief à sa musique en utilisant les voix, les instruments ou les sonorités électro/pop, Wurman choisit une approche plus conventionnelle et plus en adéquation avec le public américain. Néanmoins, il serait fort injuste de bouder cette très belle partition minimaliste pleine de poésie et d’émotion, une émotion toute en retenue qui apporter une sensibilité et une sérénité exemplaire aux images du film de Luc Jacquet. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Alex Wurman, ‘March of the Penguins’ paraît constituer une bonne première approche de l’univers musical d’un compositeur éclectique oeuvrant plus généralement pour le cinéma américain indépendant, un très joli score empreint d’une poésie et d’une émotion toute en finesse à découvrir en parallèle du solide travail effectué par Emilie Simon sur la version française et originale du film!


---Quentin Billard