Volume 1

1-The Ceremony 2.42
2-Failed Knight 3.18
3-Robert and Blanche 3.49
4-Children in Bondage 5.02
5-The Banner 5.58
6-The Lake 3.37
7-Mathilda 5.57
8-The Wrong Flag 3.16
9-King Richard 8.34

Volume 2

1-The Castle 1.26
2-The Circus 3.07
3-Gates of Paris 2.09
4-The Plague 5.33
5-Final Fight 3.13
6-The Road from Paris 2.04
7-The Dress 2.23
8-Forest Hunt 7.45
9-Paris Underground 4.09
10-Bring Him Back 2.39
11-The Future 5.45

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD-47282

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Producteurs exécutifs:
Robert Townson, Tom Null,
Richard Kraft

Référence CD Volume 2:
Varèse Sarabande VCD-47288

Artwork and pictures (c) 1987 Orion Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ****
LIONHEART
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
La carrière de Franklin J. Schaffner a été marquée par quelques grands chef-d’oeuvres comme ‘Patton’, ‘Planet of the Apes’ ou ‘Papillon’. Mais le réalisateur a aussi tourné quelques long-métrages qui n’ont pas acquis la même notoriété que les grands classiques cités précédemment, comme ‘The Best Man’, ‘Nicholas and Alexandra’ ou ‘Sphinx’, sans oublier l’échec de ‘Yes, Giorgio’, expérience ratée dans laquelle Schaffner confia le rôle principal du film au célèbre ténor Luciano Pavarotti. Hélas, ‘Lionheart’ (Coeur de lion, la croisade des enfants) fait partie de cette catégorie de films quelconques et passables que tourna Schaffner à la fin de sa vie, ‘Lionheart’ étant en fait son avant-dernier film avant ‘Welcome Home’ tourné en 1989, l’année de son décès. En regardant cette modeste série-B d’aventure moyenâgeuse et tout juste divertissante, on se demande vraiment si Schaffner avait envie de faire ce film tant la réalisation et le jeu des acteurs sont d’une platitude exécrable. L’histoire se déroule en France au 12ème siècle, à l’époque où le roi d’Angleterre Richard Coeur de Lion mène ses croisades vers Jérusalem. Robert Nerra (Eric Stoltz) est le jeune fils d’un seigneur français qui ne rêve que d’une chose: rejoindre la croisade de Richard Cœur de Lion. Mais son père le lui interdit formellement, car en tant que jeune chevalier, il ne doit servir qu’un seul et unique roi. Le jeune chevalier s’entête, provoquant la colère de son père, et il entame un long voyage à la recherche de son destin. Sur le chemin, il croise des enfants vagabonds livrés à eux-mêmes, pourchassés par le terrible Prince Noir (Gabriel Byrne), un être sans scrupule qui kidnappe les enfants pour les revendre aux musulmans qui en font des esclaves. Touché par leur triste sort et n’écoutant que son courage et sa bravoure, Robert décide de devenir le protecteur des enfants et entame sa propre croisade pour rejoindre ensemble les troupes de Richard Cœur de Lion. Mais le Prince Noir et ses sbires sont à leurs trousses. Avec l’aide de Blanche (Nicola Cowper) et Michael (Dexter Fletcher), ils vont tenter d’échapper au sinistre Prince Noir et de rejoindre le plus vite possible les troupes du roi Richard.

Le scénario de Menno Meyjes (scénariste de ‘The Color Purple’ de Spielberg) et Richard Outten s’inspire en réalité de la fameuse croisade des enfants survenu en France en 1212, croisade menée par un jeune garçon de 12 ans nommé Stephen de Cloyes alors que près de 50000 enfants étaient menacés d’esclavage, à la différence que le film de Schaffner est nettement plus édulcoré que la véritable histoire (la plupart des enfants moururent de faim ou furent vendus en esclavage). Le film de Schaffner nous propose d’ailleurs une vision plutôt légère et naïve du Moyen-âge, avec son mélange de chevaliers vertueux, de prince méchant et de jolie dame. Le film évoque au passage le code de valeur des chevaliers (défendre les orphelins et les opprimés, etc.) mais de façon superficielle et manichéenne. A noter un excellent Gabriel Byrne dans le rôle du Prince Noir, être maléfique par excellence bien qu’extrêmement caricatural aussi. Les quelques scènes de combat sont filmées avec une mollesse rare, tandis que la plupart des acteurs font ce qu’ils ont à faire mais sans grande conviction (avec à leur être un Eric Stoltz jeunot et sans grand relief). Et que dire des personnages féminins comme celui de Mathilda qui se prend pour une pseudo-Jeanne d’Arc, là aussi sans grande conviction. Stéréotypé, mou et apparemment destiné à un public plus jeune, ‘Lionheart’ est loin d’être le grand film d’aventure médiéval que l’on était en droit d’attendre de la part de Franklin J. Schaffner. Il manque vraiment ici une touche d’épique pour en faire une production d’aventure digne de ce nom!

‘Lionheart’ est en revanche plus connu pour la splendide musique qu’a composé le grand Jerry Goldsmith pour sa dernière collaboration avec Schaffner, son réalisateur fétiche. Les deux hommes ont oeuvrés ensemble depuis ‘The Stripper’ en 1963 suivi de ‘Planet of the Apes’ (1968), ‘Patton’ (1970), ‘Papillon’ (1973), ‘Islands in the Stream’ (1977) et ‘The Boys from Brazil’ (1978), mais avec ‘Lionheart’, on peut dire que Goldsmith conclut cette collaboration exceptionnelle en beauté! ‘Lionheart’ est l’exemple même d’un compositeur qui, face à un film médiocre, trouve encore la force et les facultés d’offrir au film de Schaffner une musique grandiose et inspirée pour un film qui n’en méritait certainement pas autant. S’offrant une fois de plus les services de l’un de ses orchestres favoris, le Hungarian Symphony State Orchestra, Goldsmith bâtit une partition solide ancrée dans les valeurs les plus profondes que défend (pauvrement) le film de Schaffner: courage, chevalerie, bravoure, compassion, etc. Utilisant ses traditionnelles sonorités électroniques ‘eighties’ associées à l’orchestre (une chose étonnante étant donné que le film se déroule au moyen-âge), Goldsmith construit son score autour d’une pléiade de thèmes tous plus mémorables les uns que les autres. Evidemment, c’est le magnifique thème principal qui domine ici, thème annoncé dans ‘The Ceremony’ et confié à des cuivres, des vents et des cordes amples, sous une forme plutôt lente, majestueuse et résolument solennelle. Le thème est associé à Robert Nerra, évoquant son courage, sa bravoure et son esprit chevaleresque, véritable leitmotiv central et fondamental de toute la partition de ‘Lionheart’. Annoncé par un motif de cuivres de 3 notes ressemblant à un appel de trompette solennel, le thème se caractérise sous la forme d’une marche solennelle et épique, repris dans des morceaux tels que le royal ‘King Richard’ (rencontre finale avec le roi Richard Coeur de Lion) ou le grandiose ‘The Future’ (morceau incontournable du score de ‘Lionheart’). A cette marche solennelle, majestueuse et épique s’ajoute d’autres thèmes comme le très beau thème de Blanche (Nicola Cowper) exposé dans ‘Robert and Blanche’ et qui évoque la romance entre Robert et Blanche à travers un magnifique ‘Love Theme’ de toute beauté, une mélodie gracieuse et mélancolique qui porte une nostalgique poignante bien plus forte que les images souvent banales et quelconques du film. Une fois encore, Jerry Goldsmith prend le temps de développer ses différentes idées avec un souci de professionnalisme admirablement constant, visiblement inspiré par un film qui n’a rien de vraiment motivant. En l’espace de moins de 4 minutes, Goldsmith décrit dans ‘Robert and Blanche’ son très beau thème romantique quasi rêveur d’abord joué par les hautbois sur fond de cordes et de synthétiseur cristallin qui accentuent ce côté rêveur. ‘Mathilda’ nous expose le troisième thème, plus enjoué d’esprit, mélodie aux notes ascendantes qui est en réalité reprise d’un air d’une vieille chanson française médiévale que Goldsmith a réarrangé ici pour l’occasion sous une forme symphonique ample et totalement maîtrisée. Le thème est ici associé au personnage de Mathilde (Deborah Moore) et que Goldsmith développe dans ‘Mathilda’ d’un instrument à l’autre (cordes, trompette, hautbois, etc.), et que l’on entend dans le film lors de la première apparition de la jolie guerrière. A noter une façon fort intéressante dont Goldsmith superpose en contrepoint le thème de Mathilde sur un rappel de la tête du thème principal, avant que la seconde partie du morceau parte sur une très entraînante reprise quasi héroïque du thème de Mathilde lors de la scène du duel à l’épée entre Robert et guerrière, ce qui permet au compositeur de nous offrir un très beau tour de force orchestral de quelques minutes, extrêmement rythmé et toujours aussi magnifiquement orchestré. Enfin, le dernier thème est quand à lui associé au grand méchant de service, le Prince Noire. Il se caractérise par son motif de 8 notes menaçantes souvent jouées par des synthétiseurs qui soulign
ent le côté sombre du thème. On l’entend dans ‘Children in Bondage’, ‘The Wrong Flag’, ‘The Plague’ ou bien encore ‘Final Fight’, soulignant à merveille le côté maléfique du personnage interprété par Gabriel Byrne.

Ce qui frappe à la première écoute de cette musique dans ce film, c’est la variété d’ambiance et la richesse des thèmes qui se dégage de la partition. Goldsmith nous offre ici un peu de toutes les émotions, que ce soit la brutalité épique de ‘Failed Knight’, la romance du très tendre ‘The Lake’ ou la majestuosité et l’entrain de ‘The Road from Paris’. Les leitmotive accompagnent ici chaque personnage à la manière des opéras Wagnériens de la fin du 19ème siècle, Goldsmith nous livrant pour ‘Lionheart’ son propre opéra symphonique avec une énergie rare. Les amateurs de grosses musiques d’action et autres déchaînements orchestraux seront aux anges avec les scènes de bataille ou d’affrontement entre les sbires du Prince Noire et les enfants dirigés et protégés par Robert Nerra, que ce soit l’intense ‘Failed Knight’ (scène de bataille au début du film) avec ses rythmes syncopés constants à la ‘Rambo II’ et ses orchestrations massives et fouillées apportant une énergie considérable à des images qui en manquent vraiment, sans oublier le déchaîné ‘The Circus’ (scène où Michael et Blanche sont poursuivis par des villageois au début du film) et ses changements rythmiques excitants – à noter l’utilisation toujours très particulière et inventive des synthétiseurs, utilisés ici comme un instrument à part entière de l’orchestre, un petit ‘truc’ typique de Jerry Goldsmith. Dans le genre musique d’action massive et tonitruante, on n’oubliera pas de mentionner la confrontation finale entre le Prince Noire et Robert dans l’excitant et brutal ‘Final Fight’ où Goldsmith développe le motif menaçant du méchant pour un déchaînement orchestral virtuose et réellement impressionnant. On oubliera pas non plus de mentionner l’affrontement dans la forêt entre les enfants et les sbires du Prince Noire dans ‘Forest Hunt’ où l’on retrouve une atmosphère similaire aux morceaux d’action précédents, avec ici, en plus du leitmotiv du Prince Noir, un nouveau motif de 4 notes descendantes plus mystérieux que l’on entend à plusieurs reprises dans le film. S’étalant sur plus de 7 minutes, ‘Forest Hunt’ est un superbe morceau d’action qui se veut ici bien moins brutal que les précédents mais toujours aussi rythmé. Le caractère parfois plus ‘souple’ de ce morceau provient surtout du fait qu’il est question à l’écran de la débrouillardise des gamins qui s’arrangent pour neutraliser leurs ennemis en usant de toute leur ingéniosité. Le thème du Prince Noir, souvent exposé sous la forme d’une marche agressive et maléfique, continue quand à lui de ramper de façon menaçante, représente magnifiquement à l’écran le danger que représente ce personnage maléfique, un peu comme dans le sombre ‘Paris Underground’ ou ‘Children in Bondage’ où le méchant cherche à capturer les gamins pour les revendre en tant qu’esclave.

Les passages plus intimes et romantiques frappent aussi par leur richesse et leur qualité comme l’annonce clairement le très beau ‘Robert and Blanche’ (à noter ici une introduction électronique aux sonorités new-age du plus bel effet, retranscrivant toujours à l’écran ce côté rêveur quasi féerique, rappelant le côté idéalisé de la vision du moyen-âge du film de Schaffner). Dans le même ordre d’idée, ‘The Lake’ s’avère être l’un des morceaux-clé de la partition de Jerry Goldsmith, une pièce romantique et mélancolique absolument poignante pour la scène où Robert et Blanche s’assoient ensemble auprès d’un lac avec les autres enfants pour faire une pause au cours de leur croisade vers les troupes de Richard Cœur de Lion. Le très beau thème mélancolique de Blanche est ici exposé par un superbe mélange harpe/cordes/synthétiseur cristallin du plus bel effet, repris ensuite par les flûtes, les cordes et les hautbois et qui rappelle à quel point le compositeur a toujours été très à l’aise dans ce type de mélodie romantique et mélancolique. ‘The Lake’ apporte une poésie indispensable aux images, une émotion particulière, un éclairage plus intense d’images bien fades pour un film sans grande imagination. Ici aussi, la musique relève complètement le niveau passable du long-métrage de Franklin J. Schaffner, preuve de l’exceptionnelle fertilité artistique de la collaboration Goldsmith/Schaffner. Idem pour ‘The Dress’ où Goldsmith nous propose une reprise mais brève mais très réussie du thème de Blanche par des violoncelles, suivi du motif mystérieux des 4 notes descendantes. A noter un ‘The Castle’ un peu particulier où Goldsmith s’amuse à suggérer une vague atmosphère musicale médiévale pour une scène de château, avec, au passage, une réapparition du motif de fanfare de 3 notes associé à la marche de Robert, suggéré brièvement dans un très bon arrangement pour synthétiseur dans ‘The Road from Paris’ accompagnant la croisade des gamins vers les troupes du roi Richard au détour d’une reprise modifiée du majestueux thème principal et de son appel solennel de 3 notes, ‘The Road from Paris’ possédant un entrain et un enthousiasme quasi héroïque qui évoque la détermination des enfants et de leur protecteur à accomplir leur fière croisade. A noter que le film se conclura donc de façon grandiose et épique avec ‘King Richard’ et surtout la reprise de la fabuleuse marche de Robert dans le conclusif ‘The Future’, qui évoque l’espoir éclatant de jours meilleurs pour les enfants.

Il se dégage de la partition de ‘Lionheart’ une certaine force, une personnalité musicale indissociable du style Jerry Goldsmith, et surtout, une volonté toujours constante d’offrir au film le meilleur de ce que le compositeur a à lui offrir. Visiblement très inspiré par un film qui n’a rien d’un film très inspirant, Jerry Goldsmith nous offre pour le film de Schaffner son ultime chef-d’oeuvre qui bouclera une passionnante collaboration qui dura environ 24 ans et qui ne fit jamais défaut au compositeur californien. Avec ‘Lionheart’, Goldsmith nous propose une magnifique partition symphonique épique, brillante, entraînante, romantique, sombre et déchaînée, un score grandiose et mémorable pour un film qui est bien loin de pouvoir se vanter de mériter de tels adjectifs. C’est la richesse des leitmotive musicaux et de l’écriture orchestrale du compositeur qui font de ‘Lionheart’ une partition de référence dans la filmographie du maestro californien, un score qui a été publié en 2 volumes par Varèse Sarabande, chacun se complétant mutuellement pour nous offrir la quasi totalité de la partition du compositeur (qui a écrit environ 90 minutes de musique pour le film de Schaffner). Mené par un thème principal grandiose et hautement mémorable (le genre de mélodie difficile de s’ôter de l’esprit même après une première écoute), le score de ‘Lionheart’ ne peut que passionner les fans du compositeur et captiver l’attention de tout ceux qui apprécient les atmosphères musicales épiques et chevaleresques. ‘Lionheart’ pourrait même s’apparenter à une sorte de ‘First Knight’ (1995) avant l’heure, tant on retrouve entre les deux oeuvres un même souci de la richesse thématique, d’orchestrations étoffées et d’une écriture orchestrale soulignant l’indiscutable savoir-faire de Jerry Goldsmith. Voilà au final un chef-d’oeuvre inspiré et inspirant, que vous ne devez manquer sous aucun prétexte, avec au passage, une très belle leçon à retirer de ce film: parfois, même les plus mauvais films peuvent donner les plus belles musiques!


---Quentin Billard