1-Behemoth 2.44
2-Hus Lil' Baby/Pee Wee Head 3.26
3-The Book of Evil 2.53
4-Ash's Dream/Dancing Game/
Dance of the Dead 3.39
5-Fresh Panic/The Other Side
of Your Dream 4.28
6-The Putrified Forest/
Under Her Skin 4.21
7-The Evil Begins Anew/
Sunrise/Ash Attacks 3.01
8-Hand and Mouse/Love Transforms/
Mirror, Mirror/Bad Fingers 5.00
9-Hail the.../End Title 5.02

Musique  composée par:

Joseph LoDuca

Editeur:

That's Entertainment
CDTER 1142

Album produit par:
Joseph LoDuca

Artwork and pictures (c) 1987 That's Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
EVIL DEAD II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph LoDuca
6 ans après ‘Evil Dead’, délirante série-B d’horreur culte qui l’a fait connaître, Sam Raimi rempile en 1987 pour un second opus qui monte encore d’un cran dans le délire et l’horreur. Toujours porté sur le gore, l’humour noir et macabre, ‘Evil Dead II’ nous permet surtout de retrouver l’inénarrable Bruce Campbell dans le rôle de Ash, véritable rôle de composition pour ce qui reste sans aucun doute le ‘rôle de sa vie’. Fort du succès de son premier épisode en 1981, Sam Raimi tourna ce second épisode avec un plus gros budget, de plus gros moyens et bien évidemment une bonne partie de l’équipe du premier film, qui s’est déjà forgé une bonne expérience au cours des 6 années qui séparent les deux films (entre temps, Raimi tourna la comédie policière ‘Crimewave’ en 1985, d’après un scénario des frères Cohen). ‘Evil Dead II’ n’est pas tellement une suite du premier opus mais plus une sorte de remake doté de plus gros moyens. Effectivement, l’histoire reste la même et certaines scènes sont même très inspirées du premier épisode. Ash s’installe avec sa fiancée Annie (Sarah Berry) dans une petite cabane isolée au fond d’une forêt en pleine montagne. Dans la cabane, Ash découvre un magnétophone et des notes au sujet des recherches d’un professeur sur l’énigmatique ‘Necronomicon’, le livre de la mort. Il semblerait que le professeur ait trouvé la formule magique permettant d’invoquer les démons et de les ramener sur terre. Ash a alors la mauvaise idée de laisser la bande audio faire entendre la formule incantatoire qui ramène alors de terrifiants et mystérieux démons qui hantent les bois et s’en prennent aux humains en s’emparant de leurs corps. Un de ces démons s’implante alors dans le corps d’Annie et s’attaque à Ash, qui, pour se défendre, décapite sa fiancée et l’enterre à quelques mètres de la cabane. Mais le démon n’a pas dit son dernier mot et des forces maléfiques et surnaturelles vont se déchaîner tout autour de lui, plongeant notre pauvre Ash dans un univers de folie et de mort, jusqu’à ce qu’un groupe d’individus n’arrive à la cabane croyant y trouver le professeur et ses recherches sur le livre des morts. Ils vont alors devoir faire face tous ensemble à la menace des démons et de leur terrifiante faculté à ramener les morts à la vie. En gros, si vous avez aimé ‘Evil Dead’, ce second opus ne pourra pas vous laisser de marbre: gore, déjanté et bourré d’humour et de scènes folles et anthologiques (séquence du cadavre décapité d’Annie qui danse, scène d’anthologie délirante avec la main possédée de Ash qui le force à se briser des assiettes sur la tête, scène de la berceuse pour adoucir un monstre gluant, scène où l’une des jeunes femmes avale malencontreusement l’oeil d’une créature, etc.), ‘Evil Dead II’ prolonge le fun du premier opus avec le charme toujours constant des bonnes vieilles séries-B d’horreur d’antan, agrémenté ici d’effets spéciaux kitsch et d’un côté ‘eighties’ agréable.

Joseph LoDuca retrouve à son tour avec ‘Evil Dead II’ l’univers musical macabre du premier opus, le compositeur s’étant offert, grâce à un budget plus conséquent, les services d’un plus gros orchestre que celui qui interprétait la musique du premier épisode. On retrouve aussi les synthétiseurs ‘eighties’ kitsch qui faisaient déjà tout le charme de la BO de ‘Evil Dead’. Dès les premières secondes du film, LoDuca nous plonge dans une atmosphère sinistre à l’aide de cordes, cuivres et percussions grâce à ‘Behemoth’, qui introduit le thème principal entonné ici par des cuivres sombres associés aux démons, thème que l’on entend en réalité à la fin du film, lorsque Ash est absorbé par la porte dimensionnelle qui le conduira vers une aventure médiévale (à noter l’utilisation de choeurs samplés vers la fin du morceau, illustrant de façon grandiose la scène du portail spatio-temporel). On pourra d’ailleurs remarquer à quel point ce thème rappelle vaguement le thème de ‘Batman’ de Danny Elfman, que ce dernier composera quand même deux ans après ‘Evil Dead II’. Après un début assez sombre et atmosphérique, la musique de LoDuca s’efforce très rapidement d’installer une ambiance de menace et de terreur à l’aide d’un orchestre large et massif particulièrement axé sur les cuivres et les effets de cordes dissonantes. En revanche, la musique de ‘Evil Dead II’ s’avère être franchement plus accessible que la partition expérimentale et avant-gardiste du premier épisode, qui compensait son manque de moyen par un côté expérimental et étrange très ancré dans la musique savante avant-gardiste de la seconde moitié du 20ème siècle. Ceci étant dit, la partition de ‘Evil Dead II’ nous réserve néanmoins quelques moments un peu plus avant-gardistes et étranges comme ce ‘Hush Lil’ Baby’ introduit au son d’une célèbre berceuse enfantine joué ici par des synthétiseurs sur fond de cordes dissonantes qui la rendent particulièrement malsaine, durant la scène où la sorcière enfermée dans le sous-sol prend l’apparence de la mère d’une des jeunes femmes pour tenter de l’amadouer et la déstabiliser. On notera ici l’utilisation des synthétiseurs ‘kitsch’ qui ajoutent une couleur particulière à la musique, la seconde partie se prolongeant dans un style plus terreur/action avec un déchaînement orchestral maîtrisé, toujours dominé par un pupitre de cuivres énergiques et agressifs, illustrant les nombreuses attaques des démons, avec un rythme frénétique toujours très entretenu. Dans ‘Book of Evil’, LoDuca évoque le Necronomicon dans un style plus mystérieux à l’aide de cordes ondulantes, harpe et vents graves illustrant les sinistres secrets du livre des morts (à noter une utilisation efficace des bassons vers la fin du morceau, qui apportent ici une légère touche humoristique avec leur côté faussement sautillant, renvoyant à l’humour noir du film de Sam Raimi).

‘Ash Dream’s/Dancing Game/Dance of the Dead’ illustre la scène du cauchemar d’Ash suivi de la délirante chorégraphie du cadavre décapité. Si les synthétiseurs kitsch sont toujours très présents, avec leurs sonorités étranges (associées au cauchemar) couplées ici à un piano, qui dévoile par la suite un thème plus intimiste joué dans le film par Ash lui-même et s’apparentant à une romance pour sa fiancée, la partie de ‘Dancing Game’ s’avère être bien plus sombre et non dénué d’humour, LoDuca nous offrant une danse macabre de qualité pour cette séquence, soutenue par un certain classicisme d’écriture tout à l’honneur du compositeur. La terreur s’intensifie dans ‘Flesh Panic/The Other Side of your Dream’ où l’on retrouve un nouveau déchaînement orchestral particulièrement porté sur les cuivres massifs et des percussions martiales du plus bel effet. A noter que même dans les passages les plus terrifiants, la musique demeure plus dans le côté ‘action’, même si la seconde partie du morceau bascule quand à elle dans un chaos orchestral plus sinistre à l’aide d’effets de cordes, de percussions diverses et de cuivres dissonants et rampants typiquement horrifiques (on pourra même presque discerner par moment l’influence de Bernard Herrmann sur certains passages du score de Joseph LoDuca). ‘The Evil Begins Anew/Sunrise/Ash Attacks’ accompagne la séquence où Ash est à son tour possédé par le démon et attaque l’une des survivantes qui s’est enfermée dans la cabane. La musique plonge à nouveau dans une atmosphère chaotique, agressive et dissonante du plus bel effet, apportant son lot de terreur et de frisson au film de Sam Raimi.

Le compositeur évoque les dangers de la forêt dans ‘The Putrified Forest’ pour une nouvelle scène des méfaits des démons dans les bois, s’en prenant continuellement à ce pauvre Ash. Ici, la musique accompagne la scène où une des jeunes femmes est attaquée par des arbres dans la forêt (on trouvait déjà une scène similaire dans le premier épisode), à l’aide de cuivres/vents dissonants et de cordes frénétiques et tendues. Idem pour ‘Hand and Mouse’ où l’orchestre entame un jeu du chat et de la souris à l’aide de cordes dissonantes et d’une utilisation plus humoristique de certains instruments comme le piano, les bassons ou les synthétiseurs pour la scène de la main possédée de Ash (on frôle presque par moment dans le morceau le ‘mickey-mousing’, preuve que la dimension humoristique du film est bien présente dans la partition de LoDuca), la seconde partie du morceau retombant très vite dans un style plus horrifique et dissonant pour la délirante scène du miroir (on y retrouve au passage des effets aléatoires de gargouillis de pizzicati de cordes similaires au score de ‘Evil Dead’). A noter que la partition atteint son climax horrifique dans ‘Hail the’ pour la scène finale au moyen-âge, reprenant le thème principal de ‘Behemoth’ pour conclure le film sur une touche sombre. Vous l’aurez donc compris, ‘Evil Dead II’ est un nouvel opus de frisson et de terreur signé Joseph LoDuca, une grosse partition orchestrale qui s’avère être cependant bien moins étonnante et expérimentale que le premier opus, mais qui conserve malgré tout un certain charme indissociable du film de Sam Raimi. Voilà donc un sympathique score horrifique à réserver en priorité aux fans de LoDuca et à ses travaux pour la saga culte des ‘Evil Dead’!


---Quentin Billard