1-Stealth Main Title 4.11
2-War Machine 1.41*
3-EDI's Arrival 1.52
4-The Pilot's Theme 2.03*
5-The Joy of Flight 1.21*
6-EDI's New Data 2.18+
7-The Vertical Drop 1.55
8-Hellava 1st Mission 1.16*
9-Lightning Strike 1.45*
10-Thailand 2.21
11-Love Theme 1.54
12-I'll Tell You Back At The Boat 2.27
13-Quantum Computer 1.25
14-EDI Is the Whold Idea 1.31+
15-Flight to Tajikistan 1.56+
16-Tin Man Will Prosecute 1.54
17-Attack at Tajikistan 2.48*
18-Henry's Death 3.34
19-The Aftermath 1.52
20-Kara's Ejection 3.29
21-Camel Hump 2.43+
22-Korean Waterhole 1.33
23-Saving EDI 1.56+
24-EDI Feels Sorry 3.10+
25-Cummings' Suicide 2.31+
26-DMZ 4.07*
27-Death of Col Yune 1.40*
28-EDI's Sacrifice 2.16*

*Musique additionnelle de
Trevor Morris
+Musique additionnelle de
Michael DiMattia

Musique  composée par:

BT

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6676

Musique arrangée et produite par:
BT
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Superviseur de la musique:
Bob Badami

Artwork and pictures (c) 2005 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
STEALTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by BT
Pour son nouveau film d’action, Rob Cohen nous transporte dans le monde de l’aviation U.S. avec ‘Stealth’ (Furtif), mettant en scène les fameux avions furtifs qui font la fierté de l’aviation américaine depuis quelques années déjà. L’intrigue du film (minuscule, il faut bien l’avouer par avance!) repose autour d’un nouveau prototype d’avion furtif dirigé par une intelligence artificielle nommée ‘EDI’ (Extreme Deep Invader), un ordinateur de combat à la pointe de la technologie. Ben (Josh Lucas), Kara (Jessica Biel) et Henry (Jamie Foxx) sont les pilotes d’essai des avions furtifs derniers cris. Mais un jour, leur supérieur, le capitaine Cummings (Sam Shepard) leur annonce qu’il va leur adjoindre les services d’un quatrième équipier, qui n’est autre que EDI, très vite baptisé ‘homme de fer’ par les trois inséparables pilotes. Mais Ben s’avère être réticent au sujet de EDI, craignant que les futures opérations militaires se transforment en ‘jeu vidéo’ alors qu’une machine n’aura jamais la capacité de remplacer un homme qui possède des émotions, des sentiments et un sens moral. Malgré ses protestations, les essais avec EDI continuent, jusqu’au jour où, à la suite d’une mission de combat dans laquelle Ben et EDI ont éliminés avec succès un immeuble renfermant des terroristes à Rangoon, EDI est frappé par la foudre sur le trajet du retour. Il semblerait que le cerveau électronique du drone se soit totalement reconfiguré à la suite de cette puissante décharge électrique, provoquant chez lui des réactions étranges. Malgré de nouvelles protestations des pilotes et l’inquiétude du capitane Marshfield (Joe Morton), chef du porte-avion sur lequel ils opérant, Cummings déclare EDI opérationnel et le relance pour une nouvelle mission consistant à neutraliser un chef de guerre disposant d’armes nucléaires au Tadjikistan. Arrivé sur place, Ben découvre que le QG de l’ennemi se trouve à proximité d’un village et que la destruction des armes nucléaires risquerait de déclencher un nuage nucléaire qui toucherait le village voisin. Il décide donc d’annuler la mission, mais EDI désobéit et continue l’opération en faisant mouche, le nuage nucléaire touchant comme prévu le village voisin, faisant des milliers de victimes. Désormais, EDI est devenu incontrôlable et se prépare à accomplir une nouvelle mission top secrète en Russie, qui, si elle réussit, risque de déclencher une guerre nucléaire mondiale. Ben, Kara et Henry doivent donc tout faire pour l’en empêcher, tandis que le capitaine Cummings est très sévèrement critiqué pour avoir délibérément laissé partir EDI malgré un grave problème technique dont il avait pourtant connaissance. Le scénario du film est donc extrêmement mince, l’intérêt du film résidant essentiellement dans son rythme frénétique hyper-soutenu et par son avalanche d’effets spéciaux et de scènes d’action explosives purement spectaculaires. A ce sujet, les scènes spectaculaires ne manquent pas, comme le cercle de feu qui embrase le ciel lors de la scène du ravitaillement aérien ou la séquence où Kara s’éjecte en catastrophe de son appareil sous une pluie de débris enflammés qui crèvent son parachute au dessus de la Corée du nord. A noter une dernière partie inattendue alors qu’un rebondissement scénaristique nous permet de quitter l’histoire du drone devenu fou pour partir dans une nouvelle intrigue de ‘survival’ en tant de guerre dans la lignée de films tels que ‘Bat*21’ ou ‘Behind Enemy Lines’. Au final, ‘Stealth’ est gros, bourrin, militariste, fanfaron et un peu con sur les bords, mais il s’apprécie néanmoins comme un bon divertissement estival qui vous collera à votre siège et vous en mettra plein la vue pendant deux bonnes heures, à condition de laisser de côté les stéréotypes gonflants (les héros tout beau tout gentil, les traditionnels méchants anti-américains comme les terroristes arabes ou les communistes, etc.) et les nombreuses invraisemblances du film.

Prévue à l’origine par Randy Edelman, fidèle collaborateur de Rob Cohen, la musique de ‘Stealth’ a finalement été écrite par BT (Brian Transeau), jeune artisan de la musique électro dont la particularité est d’avoir reçu une solide formation classique qui ne le prédestinait pas vraiment à une carrière de musicien électro. BT s’est fait remarquer ces 5 dernières années en composant la musique d’un précédent film de Rob Cohen’, ‘Fast and Furious’ (2001) et d’autres films aussi divers tels que ‘Go’, ‘Driven’, ‘Under Suspicion’ ou bien encore ‘Monster’. Pour ‘Stealth’, BT a relevé le défi d’écrire une musique orchestrale/électronique dans un style qu’il n’avait encore pas vraiment abordé auparavant. Pour ce premier projet ambitieux, BT a dut écrire 85 minutes de musique à l’aide d’un orchestre de 110 musiciens et d’une pléiade d’effets électroniques chers au compositeur, soutenu par la musique additionnelle de Michael Dimattia (qui fut assistant de BT sur ‘Monster’) et Trevor Morris, compositeur de l’écurie de Media-Ventures. On serait ainsi tenté de comparer le score de ‘Stealth’ avec les partitions d’action de Zimmer et co. mais ce serait négliger injustement les qualités de cette musique d’action extrêmement accrocheuse et très soignée. Dès les premières minutes de l’ouverture, BT donne le ton avec un ‘Stealth Main Title’ rythmé. Samples électro et rythmiques techno modernes se mélangent alors qu’apparaît un premier motif confié aux cuivres avec quelques cordes et tout un lot de percussions synthétiques du plus bel effet, les synthétiseurs évoquant l'univers de haute technologie du film tout en accentuant l'action et la tension de certaines scènes. Comme on aurait pu s’y attendre, le compositeur souligne plus particulièrement ici le rythme, alors que l’on aperçoit à l’écran les avions stealth des trois héros en plein exercice de vol, permettant ainsi au compositeur de nous offrir un premier morceau d’action orchestral agrémenté de rythmes électro/techno survoltés. Cette orientation rythmique surchauffé se confirme dans ‘War Machine’ où le compositeur continue son exploration des samples électro/techno qu’il a lui même programmé pour les besoins de sa musique (on ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser à plus d’une reprise à maintes partitions d’action de chez Media-Ventures aka ‘Remote Control’). A noter que ‘War Machine’ et son rythme très carré nous propose un bref aperçu du thème principal, l’excellent ‘The Pilot’s Theme’, superbe thème héroïque quasi épique qui rappelle certains thèmes d’aventure de Trevor Rabin, sur fond de percussions, de cordes entraînantes et de cuivres amples. Le très entraînant ‘The Pilot’s Theme’ reste sans aucun doute l’attraction majeure du score de ‘Stealth’, thème qui ravira sans aucun doute les amateurs de grands thèmes héroïques et nobles tendance ‘Armageddon’. Le second thème, plus contrasté, apparaît dans ‘EDI’s Arrival’. Comme son titre l’indique, ce motif menaçant de cuivres pesants est associé à EDI et évoque la menace que représente cette machine sur le point de se dérégler. ‘EDI’s Arrival’ annonce à grand renfort de percussions synthétiques et de cuivres massifs l’arrivée d’EDI au début du film, le morceau apportant un certain punch à la scène en question tout en suggérant de façon massive la menace que représente cet engin de guerre de haute technologie.

Avec ‘EDI’s New Data’, la partition s’emballe considérablement, reprenant toute la série de rythmes électro/techno du début, accompagnant continuellement un orchestre limité au strict minimum, dominé uniquement par le pupitre des cuivres, des cordes et des percussions. La fusion orchestre/électronique opère pleinement, même si l’on regrettera le manque d’originalité de ces musiques d’action au style synthético-orchestral déjà utilisé à maintes reprises auparavant par l’écurie Media-Ventures et leurs émules. Dans ‘EDI’s New Data’, la machine se détraque au son de rythmiques électro omniprésentes, tandis que ‘The Vertical Drop’ (scène de la destruction de l’immeuble des terroristes en vol vertical) met les bouchées doubles à l’aide de cuivres massifs, d’une accélération de tempo et de sonorités technoïsantes speedées toujours très travaillées, preuve du talent du jeune compositeur pour les expérimentations électroniques. A noter qu’une partie du score a été confié à deux compositeurs de musique additionnelle, Trevor Morris et Michael DiMattia (assistant de BT sur ‘Monster’), Trevor Morris étant un compositeur de l’écurie de Media-Ventures, ce qui semble une fois de plus confirmer la thèse du style M-V dans le score de ‘Stealth’. L’action est donc au rendez-vous, avec plus particulièrement ‘The Vertical Drop’ et l’excitant ‘Lightning Strike’ et ses rythmes frénétiques pour une scène où nos trois héros accomplissent une de leur première mission périlleuse. Le compositeur n’en oublie pas non plus la partie plus intimiste comme ‘Thailand’ et ‘Love Theme’, le premier accompagnant la scène où les héros se reposent en Thaïlande à l’aide de sonorités exotiques et de samples de chants asiatiques, accompagnant une reprise lente et assez nostalgique du ‘Pilot’s Theme’. La dernière partie du morceau fait intervenir un joli solo de guitare électrique dans un style ballade pop moderne du plus bel effet. Quand au ‘Love Theme’, bien qu’il n’apporte pas grand chose au reste de la partition, on ne pourra qu’apprécier son côté mélodique détendu et ses belles parties de guitares électriques sur fond de sonorités pop/rock électro à la Sébastien Schuller. Il est juste étrange que le thème ne soit pas développé par la suite (par définition, un thème doit revenir plusieurs fois pour être vraiment considéré comme un thème). A noter un excellent ‘I’ll Tell You Back at The Boat’ où l’on retrouve un côté héroïque quasi solennel lorsque les héros retournent au porte avion pour accomplir une nouvelle mission périlleuse, mettant ainsi fin à leur repos bien mérité en Thaïlande. On notera l’utilisation d’une guitare électrique et de rythmes très marqués qui, une fois encore, rappellent certains scores de Hans Zimmer.

Après une nouvelle reprise du menaçant thème d’EDI dans ‘EDI is the Whole Idea’, on pourra apprécier un ‘Flight to Tajikistan’ pour la scène de la mission au Tadjikistan à grand renfort de rythmes électro speedés, d’ostinato de cordes et d’une voix arabisante soliste très ‘couleur locale’, à l’instar de ‘Tin Man Will Prosecute’ qui débute sur un sympathique solo vocal assez inattendu pour l’un des plus beaux morceaux du score, apportant une touche quasi dramatique pour la scène au Tadjikistan, annonçant clairement l’issue tragique de cette séquence-clé (l’occasion aussi de nous rappeler que, malgré la fiction, les américains ont souvent commis des bévues de ce genre – on pourrait citer bon nombre d’exemple en Irak par exemple). Trevor Morris enchaîne avec un nouveau morceau d’action très M-V dans ‘Attack at Tajikistan’ avec ses rythmes syncopés un brin stéréotypés et cette envoûtante voix arabisante lors de la scène du bombardement sur les terroristes, suivi d’un ‘Henry’s Death’ très rythmé pour la scène où Henry poursuit EDI et tente de le neutraliser après le bombardement tragique sur un village du Tadjikistan. BT reprend toutes les formules qu’il a mis en place depuis le début: ostinato de cordes, cuivres massifs, formules rythmiques et rythmes électro/techno omniprésents. Une fois encore, la musique fait mouche à l’écran même si l’on regrettera cette tendance toujours agaçante à noyer la musique sous des tonnes d’effets sonores. Quand à ‘The Aftermath’, ce dernier apporte un peu d’émotion après la scène de la mort d’Henry à l’aide de cordes, d’une flûte et de quelques synthés atmosphériques. Mais ces quelques rares passages plus calmes permettent de reprendre notre envol avant une série de morceaux d’action massifs pour la dernière partie du film qui débute lors de la scène où l’avion de Kara est abattu et que cette dernière doit s’éjecter en plein vol (‘Kara’s Ejection’). On pourra alors apprécier l’excitant et massif ‘Camel Hump’ et ses rythmes syncopés entre cuivres et xylophones, le tout sur fond de samples électro en tout genre (à noter ici une brève utilisation de sons ‘inversés’), lorsque Kara atterrit en plein territoire ennemi, en Corée du Nord, et doit fuir si elle veut survivre.

La partie finale, débutant avec ‘Saving EDI’, nous propose quelques brèves variations autour du thème d’EDI dans des passages atmosphériques plus sombres comme ‘EDI Feels Sorry’ ou ‘Cummings’ Suicide’, sans oublier le frénétique ‘DMZ’ pour le sauvetage final de Kara, le morceau se concluant sur une reprise salutaire de l’héroïque ‘The Pilot’s Theme’ qui apporte de l’espoir et vient rompre le côté sombre et tendu de la musique, avant d’aboutir au sombre ‘Death of Col Yune’ et au magnifique final, ‘EDI’s Sacrifice’, écrit par Trevor Morris. Ce magnifique morceau reprend une dernière fois le thème principal dans une forme plus lente et solennelle avant d’aboutir à un duo vocal arabisant tragique sur fond de cordes élégiaques accompagnant le sacrifice final d’EDI, une ultime touche d’émotion idéal pour conclure le score de ‘Stealth’ en beauté.

Si vous êtes un fan des scores d’action à la Media-Ventures, il ne fait nul doute que ‘Stealth’ devrait vous satisfaire pleinement, même si les expérimentations électroniques de BT possèdent une certaine personnalité qui n’a rien à envier aux travaux de Zimmer et sa bande. On pourra peut-être regretter le fait que le superbe thème principal ne soit pas plus présent durant la seconde partie du film, un thème mémorable qui aurait certainement gagné à être mieux exploité, à l’instar par exemple du ‘Love Theme’ qui, finalement, n’a pas grande utilité en tant que thème s’il n’apparaît pas dans le reste de la partition. Néanmoins, on appréciera le punch qu’apporte cette musique au film de Rob Cohen, même si on est toujours en droit de se demander ce que Randy Edelman (le compositeur fétiche du réalisateur) aurait pu faire à la place de BT. Avec ‘Stealth’, le jeune talent de la musique électro nous prouve qu’il possède un talent certain qui ne demande qu’à être exploité sur des projets bien plus audacieux et originaux. Un score d’action entraînant, en somme!


---Quentin Billard