Musique  composée par:

David Williams

Editeur:


Réalisateur:
Joe Chappelle
Genre:
Thriller/Horreur
Avec:
Ben Affleck, Joanna Going,
Rose McGowan, Liev Schreiber,
Peter O'Toole.


Je remercie plus particulièrement
David Williams pour m'avoir gentiment envoyé un exemplaire de la
bande originale de Phantoms.

(c) 1998 Dimension Films.
All rights reserved.

Note: ***
PHANTOMS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Williams
Dans la liste interminable des productions hollywoodiennes pitoyables, ‘Phantoms’ mériterait aisément la première place d’honneur. Réalisé par Joe Chappelle, obscur tâcheron hollywoodien spécialiste des séries TV, cette adaptation cinématographique du roman homonyme de Dean Koontz (romancier américain spécialisé dans l’horreur et la science-fiction) n’est qu’un assemblage peu inspiré de tous les ingrédients et clichés propres au genre du film de monstre protéiforme à la ‘The Thing’. Atmosphère de danger omniprésente, sentiments systématiques de paranoïa, jeu de cache-cache entre la créature et les humains, etc. Tout y est, jusqu’au monstre qui prend possession du corps des êtres qu’il contamine, un truc vu et revu des milliers de fois dans tous les films horrifiques de ce genre. L’histoire se déroule dans la petite ville de Snowfield, dans le sud de la Californie. Jennifer Pailey (Joanna Going) et sa jeune soeur Lisa (Rose McGowan) arrivent un jour à Snowfield pour y passer des vacances tranquilles. Mais à leur arrivée, les deux jeunes femmes découvrent avec horreur une ville fantôme, dans laquelle l’ensemble de la population (environ 700 personnes) semble avoir mystérieusement disparue. Jennifer et Lisa retrouvent alors quelques cadavres qui traînent dans certaines maisons du coin, puis elles tombent nez à nez avec le shérif Bryce Hammond (Ben Affleck) et deux de ses collègues. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce qui a pu se passer, alors qu’aucune trace ou aucun indice ne permet encore de savoir de quoi ces gens sont morts et où sont passés tous les autres. Mais ils ne vont pas tarder à découvrir une menace terrifiante qui vit depuis des millénaires dans les profondeurs de la terre, et qu’un scientifique, le Dr. Timothy Flyte (Peter O’Toole), a baptisé ‘l’ennemi séculaire’, une puissante entité vivante qui aurait détruit des milliers de civilisations de nombreux siècles auparavant jusqu’à ce que cette mystérieuse créature finisse enfin par se réveiller à notre époque et à continuer de semer la terreur et la destruction partout où elle passe. Le shérif et ses nouveaux amis découvrent que l’ennemi séculaire utilise les sous-sols et les conduits de canalisation pour se déplacer, et qu’il peut prendre l’aspect de n’importe quel être qu’il touche. Cette créature veut ainsi faire savoir au monde entier qu’elle se prend pour un dieu et qu’elle possède la puissance nécessaire pour détruire notre monde. Avec l’aide du Dr. Flyte, nos héros auront donc fort à faire pour neutraliser la créature et mettre fin à cette terreur. Le scénario reste évidemment sans surprise, et si l’on appréciera le suspense et la tension qui se dégagent de toute la première partie du film (jeu de piste, mystère pesant, sursauts, ambiance morbide, etc.), on ne pourra que pester contre la médiocrité de la seconde partie du film, qui nous dévoile tardivement une créature protéiforme à l’apparence totalement indescriptible, réalisée en images numériques ratées d’une laideur rarement vues dans un film horrifique de ce genre. Et que dire de la présence tout bonnement inutile de Ben Affleck dont le personnage n'apporte jamais rien à l'histoire, sans oublier un Liev Schreiber qui passe la majeure partie de son temps à cabotiner au maximum, frôlant le ridicule à plus d'une reprise (dommage, cet excellent acteur nous a pourtant habitué à mieux qu'à cet espèce d'exercice d'auto-parodie involontaire et laborieux). En tout cas, si vous rêviez de voir la créature la plus mal foutue et la plus ratée de tout le cinéma horrifique hollywoodien des années 90, ne ratez pas ‘Phantoms’, vous passeriez à côté d’une perle rare! Pour le reste, vous aurez certainement compris que malgré ses bons points, ‘Phantoms’ est une série-B horrifique passable et décevante, qui arrive pourtant à nous maintenir en haleine pendant une bonne demi heure jusqu’à ce que le film tombe dans la médiocrité la plus totale. On préfèrera sans aucun doute se rabattre sur le roman d’origine de Dean Koontz!

Une fois encore, on ne retiendra de ce film qu’un score orchestral/électronique somme toute très correct signé David Williams. Ce compositeur américain méconnu officie depuis quelques années dans l’univers des séries-B hollywoodiennes en tout genre, avec à son actif quelques partitions pour des films tels que ‘The Prophecy’, ‘Children of the Corn IV’, ‘No Way Back’, ‘Wishmaster 2’ ou bien encore ‘Supernova’. Musicien classique de formation à la fois compositeur, chef d’orchestre, arrangeur et jazzman, David Williams a mis son savoir-faire au profit d’un cinéma hollywoodien plutôt artisanal et sans grande envergure, alors que son talent mériterait sans aucun doute d’être exploité sur des projets de bien plus grande envergure. Mais David Williams est à l’instar de compositeurs comme Robert Folk, Norman Corbeil ou Colin Towns, un musicien hollywoodien de ‘seconde catégorie’, ceux auxquels on pense tout de suite lorsqu’il s’agit de mettre en musique un obscur téléfilm sans histoire ou une série-B sans grande envergure. ‘Phantoms’ appartient d’ailleurs à cette catégorie. Avec les quelques moyens qu’on lui offre, le compositeur nous livre malgré tout un honnête score thriller qui navigue entre le suspense et les morceaux d’action/terreur écrit dans un style souvent particulièrement brutal et chaotique. La musique de Williams adopte ici un ton très sombre et oppressant tout au long du film, personnifiant le danger que représente la mystérieuse créature enfouie dans les profondeurs de la terre. Le score s’ouvre au son du motif principal caractérisé par un balancement de deux notes de cordes sur des harmonies sombres dominées par les cordes graves, un motif simple empreint d’un certain mystère, et qui se refuse à tout aspect mélodique afin de conserver au maximum le caractère atonal et chaotique de la partition de David Williams. La découverte des premiers corps est accompagnée quand à elle de façon macabre et brutale, avec son lot de sursaut, de cordes tendues et stridentes et de vents graves qui semblent ramper dans les profondeurs, à l’instar de l’ennemi séculaire. A noter que, pour des questions de budget, le compositeur a du utiliser les synthétiseurs pour remplacer certaines parties de cordes, ce qui donne au final un son un peu plus froid et inquiétant. Ainsi, toute la première partie du film est ainsi accompagnée par un orchestre tendu où règne un suspense intense, Williams utilisant plus particulièrement les cordes mais aussi les vents, les cuivres et les percussions lors des quelques premiers sursauts de terreur.

L’électronique est aussi de la partie, car en dehors de simplement simuler des parties de l’orchestre, les synthétiseurs renforcent à leur tour l’atmosphère oppressante qu’installe la musique dès le début du film. Puis, très vite, les premiers méfaits de la créature sont évoquées avec les sempiternels éléments musicaux avant-gardistes, passant des clusters aux cuivres vrombissants sans oublier les effets de cordes dissonantes stridentes. La scène de l’attaque de l’insecte géant est ainsi accompagnée par un premier bref déchaînement orchestral où règne une violence et un chaos assez intense (dommage que la plupart des morceaux soient toujours très court dans le film), un style massif et dissonant que l’on retrouvera tout au long de la partition, particulièrement avare en mélodie et en harmonies tonales. Williams va même jusqu’à utiliser des choeurs samplés pour évoquer avec mystère les secrets entourant l’ennemi séculaire et la menace qu’il représente sur l’ensemble de l’humanité. L’arrivée des militaires est quand à elle accompagnée sans surprise par des percussions martiales et un orchestre plus déterminé et agité, cordes et cuivres en avant (les vents apparaissant surtout dans les passages d’action et quelques morceaux de suspense plus macabre). Plus l’histoire avance, et plus les morceaux de terreur se multiplient, avec, au passage, une très nette avancée des sonorités électroniques de plus en plus étranges, évoquant à merveille le côté inhumain et surnaturel de la créature, ce qui contribue aussi au passage à renforcer le sentiment d’oppression que dégage la musique dans ces scènes. On regrettera juste le fait que la musique frôle à quelques reprises la cacophonie, même si l’on sent néanmoins que le compositeur se plaît à créer ce type d’ambiance angoissante et glauque. La confrontation entre les héros et l’ennemi séculaire se fait ainsi au son de cordes stridentes, clusters de cuivres dissonants, percussions agressives, sonorités électroniques étranges (dont certaines s’apparentent à des sifflements aiguës assez stressants), etc.

L’ombre de Christopher Young semble planer sur certains passages de la partition, comme pour tous ces passages avec des choeurs de synthé inquiétants qui évoquent certains passages du score de ‘Species’ (1995) de Young. On appréciera néanmoins la façon dont David Williams manie les sursauts et autres déchaînements orchestraux chaotiques sur fond de sonorités synthétiques bizarres, avec au passage quelques brefs rappels discrets du motif principal associé au secret entourant l’ennemi séculaire. A noter que la partition de ‘Phantoms’ s’avère être très répétitive, uniforme, surtout très fonctionnelle et difficilement écoutable hors du film, mais assez intense et réussie dans ce qu’elle cherche à illustrer dans le film de Joe Chappelle. Ce n’est certes pas LA partition horrifique de l’année 1998, mais cela n’en demeure pas moins un score de série-B d’horreur de qualité, bien que totalement dénué d’originalité et de surprise. David Williams compense néanmoins ce manque d’originalité par un certain savoir-faire qui nous donnerait presque envie d’en entendre plus. Pour ceux qui aimeraient en savoir plus sur ce compositeur, voici un lien vers son site web personnel: http://www.davidwilliamsmusic.com


---Quentin Billard