1-Leaving Berlin 8.24
2-Missing Child 6.20
3-The Search 9.41
4-So Vulnerable 4.11
5-Creating Panic 7.05
6-Opening the Casket 3.13
7-Carlson's Plan 6.51
8-Mother and Child 5.01

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Hollywood Records
2061-62553-2

Produit par:
Simon Rhodes, James Horner
Montage musique:
Dick Bernstein

Artwork and pictures (c) 2005 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ***
FLIGHTPLAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Deux ans après ‘Panic Room’, la sublime Jodie Foster nous revient en pleine forme sur un nouveau thriller hollywoodien, ‘Flightplan’, de l’allemand Robert Schwentke, à qui l’on doit quelques films comme ‘Tatoo’ ou ‘Eierdiebe’, et qui signe ici son premier long-métrage U.S. Avec le récent ‘Red Eye’ de Wes Craven, ‘Flightplan’ est le second thriller hollywoodien de l’année 2005 qui se déroule à bord d’un avion, abordant ici les peurs de l’après 11 septembre avec son mélange typiquement américain de paranoïa, de conspiration et de traque à bord d’un appareil à la pointe de la technologie. Kyle Pratt (Jodie Foster) vient de perdre récemment son mari, tombé du toit de l’immeuble dans lequel ils habitaient à Berlin, avec Julia (Marlene Lawston), leur petite fille de 6 ans. Avec Julia, Kyle quitte l’Allemagne et doit prendre l’avion pour rejoindre New York afin d’y enterrer son mari. L’avion en question est un modèle très récent, un ‘Jumbo E-474’ d’Aalto Air, un appareil que Kyle connaît bien puisqu’elle a elle-même contribué à l’élaboration de cet avion. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que, quelques heures après le décollage, Kyle se réveille et découvre que Julia n’est plus à ses côtés et semble avoir mystérieusement disparue. Inquiète, Kyle demande à tous les passagers de l’appareil s’ils ont vu sa petite fille mais aucun ne semble se souvenir d’avoir vu la petite Julia. Angoissée, Kyle réclame à voir le commandant de l’appareil (Sean Bean) pour lui demander d’organiser des recherches dans tout l’appareil afin de retrouver sa fille. La pauvre femme ignore encore le cauchemar qui l’attend: non seulement les recherches échouent, mais on lui apprend en plus que sa fille n’a jamais embarquée avec elle à bord de l’avion, et un rapport hospitalier de Berlin lui apprend que sa fille est morte en même temps que son mari, et qu’à la suite de ce traumatisme, Kyle s’est imaginée être encore avec sa petite fille. Effondrée, Kyle doit se résoudre à abandonner ses recherches, à moins qu’il y ait une autre explication. Persuadée que sa fille se trouve toujours à bord de l’appareil et qu’elle est saine d’esprit, l’héroïne entreprend de mener elle-même ses recherches, quitte à défier le commandant et l’officier chargé de la sécurité à bord de l’avion (Peter Sarsgaard).

Le scénario de ‘Flightplan’ repose sur une intrigue captivante qui n’est pas sans rappeler le récent ‘The Forgotten’ de Joseph Ruben, où Julianne Moore recherchait là aussi sa petite fille qui semblait avoir mystérieusement disparue, y compris dans l’esprit des gens. Dans ‘Flightplan’, l’intrigue est transposée cette fois-ci à l’intérieur d’un immense avion, faisant du film de Robert Schwentke un véritable huis-clos saisissant à 11000 mètres d’altitude, à la manière du récent ‘Red Eye’ ou d’autres films du même genre tels que ‘Passenger 57’ ou ‘Turbulences’. Petite particularité, le film s’inspire explicitement des peurs post-11 septembre typiquement américaines, comme nous le prouve par exemple cette scène où Kyle, à bout de nerf, finit par accuser un passage d’origine arabe d’avoir kidnappé sa fille alors qu’elle croit avoir déjà vu l’homme en question à Berlin. Le réalisateur évoque ici les sentiments de suspicion, de racisme et de paranoïa que connaît aujourd’hui une bonne partie de la population américaine dont l’une des principales hantises est de prendre l’avion, en particulier lorsqu’un arabe se trouve à bord. Le réalisateur nous montre aussi à quel point les consignes de sécurité se sont éminemment complexifiés à bord des appareils depuis le 11 septembre. Pour le reste, ‘Flightplan’ est un thriller qui ne manque pas d’émotion, entièrement porté par une Jodie Foster magnifique en mère prête à tout pour retrouver sa petite fille de six ans. Comme d’habitude, l’actrice nous dévoile sa beauté et son charisme très personnel, une profondeur de jeu intense et une conviction très forte à jouer son rôle, et ce malgré les quelques incohérences d’un scénario qui contient quelques ‘plot holes’ et autres invraisemblances qui finissent par plomber la dernière partie du film, échouant dans les conventions hollywoodiennes habituelles après une première partie pourtant très brillante, qui doit beaucoup à Hitchcock. En conclusion, sans être le film de l’année, et malgré ses défauts et ses invraisemblances scénaristiques, ‘Flightplan’ n’en demeure pas moins un très bon divertissement et un nouveau bon point pour une Jodie Foster toujours aussi impeccable.

Revenu sur le devant de la scène avec quelques partitions récentes comme ‘Troy’, ‘The Legend of Zorro’, ‘The Forgotten’ ou ‘The Chumscrubber’, James Horner nous livre une sombre partition thriller pour ‘Flightplan’, renouant avec un style très proche de ‘Ransom’, les deux films ayant en commun d’avoir été tout deux produit par Brian Grazer. Hélas, c’est sans surprise que l’on découvre la nouvelle partition d’Horner, qui souffre ici d’un manque d’originalité et surtout un manque d’idée flagrant. Horner recycle ses formules orchestrales habituelles, que ce soit ses tapis de cordes atmosphériques, ses clusters de piano dans le registre grave, ses ostinati rythmiques à la ‘Ransom’/’Sneakers’, etc. Dès ‘Leaving Berlin’ (introduction du film), Horner installe une atmosphère à la fois sombre et mélancolique avec quelques notes de piano dans le grave qui laissent présager que quelque chose de grave va arriver, avant que les cordes ne prennent le relais avec quelques notes de piano et quelques vents (hautbois, flûte, etc.). On appréciera néanmoins ici la façon dont la musique navigue entre la noirceur et la mélancolie, tout à l’image du personnage interprété par Jodie Foster. Le piano nous dévoile ici le thème principal du score de ‘Flightplan’, un motif de 3 notes qui n’est pas sans rappeler le thème de ‘A Beautiful Mind’ (comme d’habitude, on reprochera le fait que le compositeur a souvent tendance à ne pas trop se fouler pour trouver des thèmes), et qui illustre l’amour de Kyle pour sa petite fille de six ans, la fragilité de l’instrument renvoyant à la tristesse qui emplit le regard de la petite fille, encore visiblement traumatisée par la mort de son papa. Minimaliste, le thème ne cherche jamais à en faire de trop et ne tire jamais trop sur la corde de l’émotion. On appréciera ici l’utilisation des percussions métalliques lointaines qui suggèrent un trouble sous-jacent en arrière-fond sonore, la dernière partie du morceau s’avérant être plus mélancolique et touchante. Les ennuis commencent vraiment pour Kyle avec le sombre ‘Missing Child’, lorsqu’à son réveil l’héroïne découvre que sa fille a disparue. Le thème principal reste toujours présent, développé à travers de nombreuses variantes, avec en plus ici quelques petites formules rythmiques en ostinato qui permettent de faire monter la tension très progressivement.

‘The Search’ s’avère être bien plus sombre avec, ici, la présence d’une flûte ethnique au début du morceau qui rythme la pièce, un tic instrumental typique du compositeur (cf. son score pour 'Clear and Present Danger'), sans oublier ses traditionnels rythmes ‘ta-da-da-da-da’ de caisse claire, comme on en a entendu des milliers auparavant chez Horner (‘Apollo13’, ‘Sneakers’, ‘Ransom’, 'Patriot Games', etc.). Les cordes installent ici un climat de tension de plus en plus fort, dévoilant une certaine urgence, une menace sous-jacente alors que la recherche de Julia commence. Les petites percussions et les cordes continuent de développer des formules rythmiques tout au long de la scène, développant la tension tout au long du film, tandis que le thème revient de façon plus mélancolique dans ‘So Vulnerable’ alors que Kyle explique au commandant que Julia existe réellement et qu’elle est très vulnérable. Horner souligne ici la tristesse de la mère, effondrée à l’idée d’avoir perdue sa fille, avec une certaine retenue émouvante typique du compositeur. Néanmoins, si les premiers morceaux s’avèrent être assez lent, atmosphérique et très répétitif, les choses semblent s’emballer considérablement dans ‘Creating Panic’, lorsque Kyle fait diversion et installe la panique à bord de l’avion pour rechercher sa fille. Les formules rythmiques se développent à l’aide des percussions, de clusters de piano et des traditionnels petits effets de cordes stridentes à la ‘Ransom’ qui évoquent la panique qui s’empare de l’ensemble de l’équipage, Horner maniant ici les percussions avec une certaine inventivité pour cet excellent morceau d’action, que ce soit les tambours taikos, les timbales ou les percussions métalliques (l'orchestre incluant cinq pianos, tous préparés à l'aide d'outils glissés entre les cordes du piano, un truc que le compositeur utilise fréquemment dans ses musiques depuis très longtemps). On retrouve même des percussions qui rappellent par moment ‘Aliens’, et si le compositeur s’autorise une très brève touche d’émotion au milieu de ‘Opening the Casket’, ‘Carlson’s Plan’ nous plonge à nouveau dans l’action sur une série de rythmes effrénés et un orchestre toujours très dense, dominé par les cordes, les percussions, le piano, et même quelques petites touches électroniques discrètes qui renforcent la brutalité et l’intensité de la musique d’Horner, qui apporte une énergie considérable aux images du film. L’histoire touche à sa fin dans ‘Mother and Child’ où le thème revient aux cordes de façon plus ample et lyrique avant de se conclure de façon plus apaisée lorsque le compositeur le reprend une dernière fois au piano avec cordes et hautbois, annonçant un dénouement plus heureux.

Vous l’aurez donc compris, ‘Flightplan’ c’est un nouveau Horner sans originalité et sans surprise, un score thriller/action énergique qui n’est pas dénué d’émotion mais qui s’avère être très répétitif et tellement banal qu’il passera sans aucun doute inaperçu parmi les fans du compositeur, qui auront au moins l’occasion de retrouver le compositeur sur son style thriller habituel. Comme d’habitude, le compositeur s’avère être très à l’aise lorsqu’il s’agit d’installer des atmosphères orchestrales sombres et intenses, tandis que la partie plus intimiste et émotionnelle du score reste toujours très réussie et toute en retenue. Le compositeur magnifie à merveille la tristesse et le désarroi de cette mère de famille prête à tout pour retrouver sa petite fille, même si dans l’ensemble tout cela laisse un très fort goût de déjà entendu, car malgré ses bons points, le score de ‘Flightplan’ s’avère être d’une banalité affligeante, preuve que James Horner n’est plus que l’ombre de lui-même, aujourd’hui incapable d’avancer, de créer quelque chose de neuf sans recycler sans arrêt ses anciennes formules voire ses anciens thèmes et motifs. Sa récente partition pour ‘The Legend of Zorro’ nous l’a d’ailleurs déjà prouvé amplement. Quand le compositeur saura t’il enfin nous surprendre et nous ramener à la bonne vieille époque de chef-d’oeuvres tels que ‘The Land Before Time’ ou ‘Legends of The Fall’? Il semblerait que ce ne soit pas demain la veille! Conclusion, un bon score thriller fonctionnel mais sans grand relief, qui souligne bien le côté à la fois noir et dramatique du film et qui séduira les inconditionnels du compositeur, tandis que les autres préfèreront sans aucun doute zapper et passer à autre chose. Quand est-ce que James Horner se décidera enfin à sortir de sa torpeur créatrice et de son manque d’imagination qui semble le toucher depuis pas mal d’années déjà? Aurait-il vieilli à ce point là? Espérons que sa partition pour ‘The New World’ de Terrence Malick saura ‘réveiller’ le compositeur une bonne fois pour toute!


---Quentin Billard