1-Main Titles 2.06
2-According to Plan 3.45*
3-Victor's Piano Solo 1.18
4-Into the Forest 4.35
5-Remains of the Day 3.27**
6-Casting a Spell 1.25
7-Moon Dance 1.28
8-Victor's Deception 4.00
9-Tears to Shed 2.45***
10-Victoria's Escape 2.31
11-The Piano Duet 1.53
12-New Arrival 0.42
13-Victoria's Wedding 3.15
14-The Wedding Song 3.01+
15-The Party Arrives 3.21
16-Victor's Wedding 2.09
17-Barki's Bummer 2.07
18-The Finale 2.35
19-End Credits Part 1 1.50
20-End Credits Part 2 2.33
21-Ball & Socket Lounge Music #1
(Band Version) 2.15
22-Remains of the Day
(Combo Lounge Version) 3.06
23-Ball & Socket Lounge
Music #2 1.10
24-Ball & Socket Lounge
Music #1 (Combo Version) 2.14

*Ecrit par Danny Elfman
Paroles de John August
et Danny Elfman
Produit par Danny Elfman
Interprété par Albert Finney,
Joanna Lumley, Tracey Ullman,
Paul Whitehouse.
*Paroles et musique de Danny Elfman
Paroles additionnelles de John August
Produit par Danny Elfman
Interprété par Danny Elfman,
Jane Horrocks, Paul Baker,
Alison Jiear, Gary Martin.
***Paroles et musique de
Danny Elfman
Paroles additionnelles de John August
Produit par Danny Elfman
Interprété par Helena Bonham Carter,
Jane Horrocks, Enn Reitel
+Paroles et musique de Danny Elfman
Produit par Danny Elfman
Interprété par Danny Elfman,
Jane Horrocks, Paul Baker,
Alison Jiear, Gary Martin.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Warner Sunet 49473-2

Album produit par:
Danny Elfman

Artwork and pictures (c) 2005 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
CORPSE BRIDE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Après un ‘Charlie & The Chocolate Factory’ assez mitigé, Tim Burton nous revient en pleine forme sur ‘Corpse Bride’ (Les noces funèbres), nouveau film d’animation dans lequel le réalisateur de ‘Batman’ et ‘Beetlejuice’ retourne à son ancien amour après avoir mis en scène le célèbre ‘The Nightmare Before Christmas’ (L’étrange Noël de Mr. Jack) en 1993. Avec ‘Corpse Bride’, on navigue en plein terrain familier puisque le réalisateur réutilise à nouveau ici la technique du ‘stop-motion’, art propre au cinéma d’animation qui consiste à utiliser des marionnettes filmées et animées image par image, un travail difficile et laborieux qui représenta pour ‘Corpse Bride’ un an de tournage et environ 109440 plans animés grâce à une équipe répartie simultanément sur 26 plateaux, oeuvrant chacun sur plus d’une centaine de marionnettes. Le résultat final est une fois de plus proprement remarquable. L’histoire nous plonge dans un petit village d’Europe de l’est au 19ème siècle. Le jeune Victor Van Dort est sur le point d’épouser Victoria Everglot par le biais d’un mariage arrangé par les deux richissimes familles. Mais lorsque arrive enfin le jour J, Victor se désiste et s’enfuit, pris de panique, alors qu’il commençait pourtant à ressentir des sentiments pour Victoria. Errant dans une forêt voisine, Victor, qui ne peut se pardonner son attitude lâche, épouse sans le vouloir le cadavre d’une jeune mariée. Cette dernière l’entraîne alors dans le royaume souterrain des morts, où ces derniers mènent une existence joyeuse et encore plus vivante que celle du monde des vivants. Mais à la surface, Victoria, sa promise, l’attend désespérément. Victor découvre alors très vite qu’il ne sera guère aisé de briser les liens qui l’ont accidentellement unis avec sa fiancée cadavre, et lorsque vient le moment des décisions, Victor va devoir briser le coeur de sa nouvelle fiancée et tenter de retourner dans le monde des vivants pour revoir Victoria.

Tim Burton filme une romance jamais caricaturale sur fond d’humour noir macabre et de dérision constante avec une inventivité chère au réalisateur. Ici, les morts sont loin d’être les démons maléfiques que l’on voit régulièrement dans le cinéma horrifique contemporain, mais plus des boute-en-train qui ne reculent jamais devant rien pour faire la fête et s’amuser entre amis. A l’instar de ‘The Nightmare Before Christmas’, ‘Corpse Bride’ nous propose aussi quelques chansons sous la forme d’une comédie musicale qui rythme le film avec un entrain considérable et un sens de la fantaisie macabre indissociable du talent de Tim Burton. Entre le côté onirique de la romance et l’ambiance brumeuse et gothique (jeu constant sur les couleurs gris/bleu) de l’esthétique générale du film (personnages aux traits exagérément déformés, etc.), ‘Corpse Bride’ est un véritable ravissement pour les sens, d’autant que l’on ne compte plus les nombreux mots d’esprit et jeux de mot sur le thème de la mort et les clins d’oeil cinématographiques qui parsèment certaines séquences du film (cf. utilisation amusante du célèbre ‘Tara’s Theme’ de la BO de ‘Gone With The Wind’ de Max Steiner durant la scène des retrouvailles entre couple vivant/mort). Si le film s’adresse à tous les publics, il y a fort à parier que les plus jeunes frissonneront devant certaines images fantasmagoriques, même si le film ne va jamais très loin dans le macabre (on trouve quand même un personnage coupé en deux qui a la manie de s’ouvrir en dévoilant l’intérieur de ses organes en coupe latérale) et joue continuellement sur l’humour, l’ironie et la dérision. C’est aussi pour le réalisateur l’occasion de nous rappeler qu’il a toujours nourri une certaine affection pour les histoires mélangeant le féerique à l’horreur, bien que le mot soit ici un peu fort et pas vraiment adapté au contexte du film. Inventif, sombre, drôle et émouvant à la fois, ‘Corpse Bride’ est une vraie réussite qui nous permet enfin de retrouver un grand Tim Burton après un dernier film pas vraiment brillant, un film d’animation personnel à l’esthétique lugubre et magnifique, qui n’a rien à envier à son cousin, ‘The Nightmare Before Christmas’.

Une fois encore, Danny Elfman signe pour ‘Corpse Bride’ sa 11ème collaboration à un film de Tim Burton, la musique occupant une place majeure dans le film puisque le réalisateur la sollicite continuellement pour les quelques numéros de comédie musicale du film. La musique, confiée à un orchestre symphonique traditionnel avec les orchestrations chères au compositeur (choeurs féminins, carillon, xylophone, violons solistes, clavecin, etc.) s’articule autour d’un thème principal magnifique qui rappelle le style du non moins magnifique ‘Edward Scissorhands’, score de référence dans la carrière de Danny Elfman. Le ‘Main Titles’ nous introduit ainsi le très beau thème principal énoncé simplement par les cordes, les vents, les choeurs féminins et quelques instruments comme le glockenspiel ou même le clavecin qui, dans la seconde partie du morceau, impose une ambiance baroque fantaisiste typique du compositeur (à noter aussi l’utilisation d’un petit orgue de barbarie). Une fois encore, on est très proche ici du style et des sonorités de ‘The Nightmare Before Christmas’. La première chanson du score, ‘According to Plan’, est du Elfman à 100%: clavecin baroque, orgue, cuivres sombres, cordes espiègles, vents sautillants et voix légèrement nasillardes et forcées, évoquant ici les plans des époux Van Dort et Everglot alors qu’ils sont sur le point de marier leurs enfants, même si ces derniers ne se sont jamais rencontrés. Une fois encore, on navigue ici en plein terrain connu.

Elfman nous propose par la suite une série de pièces contrastées avec un dynamisme et une énergie constante, le tout toujours plongé dans ce style fantaisiste et exubérant que le compositeur affectionne tant, surtout lorsqu’il compose la musique pour un film de Tim Burton. ‘Victor’s Piano Solo’ nous permet par exemple de redécouvrir le thème principal joué avec délicatesse dans le film par Victor sur le piano de Victoria (Burton ayant essayé de respecter au mieux le déplacement et la position des doigts de Victor sur les touches du piano en fonction de la musique – un effort rare pour un film d’animation, preuve une fois encore de l’importance accordée ici à la musique sur tous les fronts) tandis que ‘Into the Forest’ évoque l’errance de Victor qui, après s’être enfuis pour échapper au mariage, erre dans la forêt obscure derrière le village. Le thème est ici repris sous un angle plus mélancolique avec, comme toujours chez Elfman, des orchestrations denses et très soutenues. La seconde partie de ‘Into the Forest’ rompt brutalement avec le début du score en nous plongeant dans une atmosphère horrifique, massive et dissonante qui n’est pas sans rappeler ‘Sleepy Hollow’, avec son lot de cordes frénétiques, de cuivres massifs, d’orgue, de percussions bizarres et de choeurs diaboliques, le tout accompagnant la scène où Victor demande accidentellement en mariage la fiancée cadavre.

En l’espace de quelques morceaux, Elfman donne le ton et nous invite à une aventure colorée entre poésie, fantaisie et numéros musicaux délirants comme la scène dans le bar des morts dans le jazzy ‘Remains of the Day’, le tendre ‘Tears To Shed’ qui évoque la tristesse de la fiancée cadavre après que Victor lui ait avoué qu’il en aimait une autre, ou l’enjoué ‘Wedding Song’ pour la scène des préparatifs du mariage de Victoria, chanson qui singe le style des musiques d'opérettes britanniques du fameux duo William S. Gilbert et Sir Arthur Sullivan. On appréciera le ton sombre et baroque de ‘Cast a Spell’ où Elfman utilise clavecin, cordes graves, vents sombres (bassons, etc.) et choeurs pour évoquer le sort qui permettra à Victor et sa nouvelle fiancée de revenir dans le monde des vivants. De la même façon, tandis que ‘Moon Dance’ se veut plus apaisé avec une très belle reprise du thème principal avec ses sonorités cristallines et ses choeurs féminins quasi féeriques qui résument bien l’esprit de la composition de Danny Elfman. ‘Victor’s Deception’ développe les touches baroques et fantaisistes du score, oscillant entre noirceur et poésie pour retranscrire les émotions de Victor lorsqu’il s’aperçoit que Victoria va épouser un autre homme, ‘Victoria’s Escape’ développant de la même façon ce côté gothique/baroque en utilisant clavecin/orgue et orchestre sombre et agité pour illustrer ici la fuite de Victoria qui cherche à éviter le mariage forcée qu’elle doit subir et retrouver Victor.

On notera quelques passages intimistes de qualité comme le minimaliste et touchant ‘Piano Duet’ lorsque Victor et la fiancée cadavre jouent quelques notes ensemble sur le piano, exprimant un bref moment de complicité malgré leur séparation obligée (ce qui nous vaut au passage une jolie reprise du thème au piano comme dans ‘Victor’s Piano Solo’, mais en version quatre mains). ‘Victoria Wedding’ verse même dans un romantisme raffiné proche d’un Mahler ou d’un Strauss pour la scène du mariage de Victoria sur lequel traîne un certain sentiment de mélancolie sous-jacent et de menace, exprimant les mauvaises intentions de son prétendant, Barkis Bittern. Entre temps, Elfman s’amuse à nous balancer quelques passages de type swing/big band comme l’entraînant ‘New Arrival’ ou l’excellent ‘The Party Arrives’ lorsque les morts débarquent au mariage de Victoria, Elfman nous offrant ici un véritable délire de plus de 3 minutes, oscillant entre touches baroques, passages big band et moments plus sombres et nuancés - les orchestrations, toujours très soignées, rappellent souvent Bernard Herrmann, une des grandes influences musicales du compositeur. La partition de ‘Corpse Bride’ atteint son climax dans le sombre et massif ‘Barkis’s Bummer’ pour la confrontation finale avec Barkis, toujours entrecoupée de rappels du thème principal, débouchant sur un magnifique ‘The Finale’ empreint d’une très grande émotion où le thème est repris une dernière fois dans un tutti orchestral/choral féerique et radieux, nous renvoyant à la grande époque de ‘Edward Scissorhands’.

Aucun doute possible, le grand Danny Elfman est de retour avec ‘Corpse Bride’! Après un ‘Charlie and the Chocolate Factory’ sympathique sans plus, Elfman retrouve enfin sa verve d’antan sur ce film d’animation de son fidèle complice de toujours, qui ravira tous ses fans et ralliera sans aucun doute les autres à sa cause, qui auront la joie de constater que le Danny Elfman fantaisiste et exubérant du début des années 90 est toujours vivant et en pleine forme. Plus que jamais, avec ‘Corpse Bride’, Danny Elfman contribue une fois encore à ajouter une pierre fondamentale à l’édifice d’un univers cinématographique proprement indissociable du style de Tim Burton, complimenté par la personnalité musicale d’un compositeur qui se maintient malgré quelques projets récents plus fonctionnels de qualité variable. Poésie, fantaisie, touches baroques, passages jazzy, chansons extravagantes, thème magnifique, orchestrations denses et riches, rien n’y manque, si ce n’est un soupçon d’originalité. Effectivement, ‘Corpse Bride’ n’apporte pas grand chose de neuf par rapport à son cousin ‘The Nightmare Before Christmas’, Elfman recyclant ses bonnes vieilles formules avec, malgré tout, une grande maestria. Mais n’était-ce justement pas là le pari que s’étaient lancé ensemble Tim Burton et Danny Elfman, celui de retrouver le charme et l’exubérance de l’époque de ‘The Nightmare Before Christmas’ avec ce nouveau film d’animation déjanté? Mission accomplie avec le nouvel opus de Danny Elfman, qui, après de nombreuses années au service de Tim Burton, continue de nous prouver qu’il est décidément un compositeur majeur de ce début de siècle!



---Quentin Billard