1-C24 0.43
2-Doom 3.14
3-Olduvai/Facing Demons 3.44
4-Searching... 3.40
5-Sibling Rivalry 2.25
6-The Lab 4.38
7-Taking Control 1.51
8-Mac Attack! 2.16
9-Resurrection 1.55
10-BFG! 1.07
11-Destroyed 2.28
12-Infirmiary 3.25
13-Experiment: Stahl 2.46
14-Containment Breach 1.52
15-Superhumans and Monsters 2.12
16-"Kill'Em All..." 2.18
17-"...Let God Sort 'Em Out" 2.06
18-Mass Onslaught 2.19
19-First Person Shooter 4.45
20-Semper Fi 2.50
21-Go To Hell 4.12
22-You Know What You Are?
(Clint Mansell Remix) 3.11*

*Interprété par Nine Inch Nails
Produit par Trent Reznor,
Alan Moudler
Production additionnelle de
Clint Mansell

Musique  composée par:

Clint Mansell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6702

Produit par:
Clint Mansell
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteurs exécutifs album:
Andrzej Bartkowiak,
Lorenzo di Bonaventura, John Wells

Directeurs de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 2005 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
DOOM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Clint Mansell
Cela faisait pas mal de temps que le projet traînait à Hollywood…voici enfin l’adaptation cinématographique de ‘Doom’, l’un des plus célèbres jeux vidéos des années 90, qui a enthousiasmé des générations entières des joueurs de jeu et favorisé au passage le développement des jeux en réseau et des ‘doom-like’ qui se comptent aujourd’hui à la pelle (‘Quake’, ‘Duke Nukem’, ‘Heretic’, ‘Hexen’, ‘Wolfenstein 3D’, etc.). Etant donné le manque totale de subtilité du jeu d’origine, qui consistait simplement à nettoyer des couloirs entiers d’une base scientifique abandonnée et livrée au joug de démons empruntant des téléporteurs reliés aux enfers, on pouvait se demander comme les producteurs hollywoodiens allaient pouvoir retranscrire à l’écran ce concept et le rendre suffisamment intéressant, d’autant que ‘Doom’ a la particularité d’être l’un des tous premiers jeu, à sa sortie en 1993, à reposer sur le principe du FPS (‘First Person Shooter’), c’est-à-dire un jeu de tir en vue subjective, le joueur étant dans la peau du guerrier, un marine, dont on ne voit devant lui que l’arme qu’il utilise pour massacrer les démons qui le cernent de tout côté. Mais à l’annonce de la mise en chantier du film, les fans commençaient déjà à s’inquiéter alors que des rumeurs persistantes annonçaient que le scénario allait radicalement s’éloigner de l’histoire du jeu. Puis, lorsque le réalisateur d’origine polonaise Andrzej Bartkowiak a été engagé pour tourner le film (il a quand même réalisé ‘Exit Wounds’ avec Steven Seagal!!!), l’inquiétude se fit encore plus persistante. Finalement, ces inquiétudes étant vraiment bien fondées: ‘Doom’ le film s’éloigne totalement du jeu vidéo d’origine, dont il ne conserve que quelques idées et délaisse complètement le concept et l’histoire d’origine. A la suite d’appels de détresse énigmatiques, des marines dirigés par Sarge (The Rock) sont envoyés sur la colonie scientifique d’Olduvai basée sur la planète Mars, appartenant au puissant conglomérat de l’UAC (Union Aerospace Corporation). Arrivés à l’intérieur, Sarge et ses hommes découvrent le chaos absolu dans une partie de la station, alors que le reste est encore occupé par tout le personnel scientifique qui y travaille régulièrement. John Grimm alias le ‘reaper’ (Karl Urban), l’un des membres de l’équipe de Sarge, retrouve dans la station sa soeur Samantha (Rosamund Pike), qui travaillait sur un projet lorsqu’une catastrophe est survenue et a entraîné de nombreux morts: une expérience de manipulation génétique qui a mal tourné et métamorphosé plus d’une partie des scientifiques en monstres incontrôlables et assoiffés de sang. Sarge reçoit l’ordre d’éliminer toute forme de menace par n’importe quel moyen, quitte à sacrifier des vies humaines afin d’éradiquer définitivement la menace et empêcher que ces terrifiantes créatures qui sèment un peu partout la terreur dans le centre scientifique réussissent à s’échapper en empruntant l’arche de l’UAC pour revenir sur terre.

Où sont passés ici les démons des enfers, les téléporteurs, le cyberdémon, les imps, etc.? Tous ces éléments qui faisaient le charme du jeu d’origine ont tout bonnement disparu, remplacés par une intrigue simpliste qui rappelle celle du jeu, mais sans respecter l’histoire d’origine. On se demande par exemple qu’est ce que vient faire ici cette histoire d’expérience scientifique qui n’a aucun rapport avec le jeu et se rapproche plus du film de ‘Resident Evil’, auquel on a souvent comparé ‘Doom’ le film! Autre ombre au tableau : dans le jeu, le héros est seul contre toute une armada de monstres, ici, le héros a une équipe et se bat avec eux. Là aussi, le lien avec le jeu est totalement bafoué par des scénaristes sans scrupules qui, visiblement, se moquent bien des fans du jeu et d’un public désireux de ressentir les émotions fortes du jeu d’origine (on peut même penser que les producteurs du film n’ont jamais joué une seule fois de leur vie au jeu!). Cependant, en tant que film d’action, ‘Doom’ possède tous les atouts nécessaires à un bon divertissement : des scènes d’action spectaculaires et hystériques, du gore osé pour une production aussi calibrée, des scènes de suspense d’une efficacité redoutable rappelant au passage l’ambiance du ‘Aliens’ de James Cameron (les marines qui investissent un lieu déserté mais hanté par des créatures maléfiques), et quelques acteurs qui font bien leur boulot malgré le cabotinage agaçant de The Rock, dont le visage –trop souvent filmé en gros plan- est aussi expressif qu’une porte de prison, tandis que le reste des protagonistes principaux n’est qu’un ramassis de clichés usés jusqu’à la moelle (le type récalcitrant et antipathique, le gars branché religion, le ‘kid’ qui débute, le gros dur avec sa sulfateuse automatique, etc.). A noter quelques bonnes performances de la part de Karl Urban et de l’inattendue Rosamund Pike, qui apporte un peu de charme féminin à un film d’action somme toute extrêmement bourrin, viril et musclé. On pourra même être surpris par un rebondissement assez inattendu concernant l’un des personnages principaux de l’histoire. A noter que l’on retrouve ici le fameux BFG, l’arme ultime que l’on trouve dans le jeu et qui fait de vrais ravages en un seul tir. Mais pour le reste, difficile de retrouver ici le charme du jeu, en dehors d’une scène un peu expérimentale où le réalisateur s’est amusé à filmer une longue séquence d’affrontement contre les monstres en utilisant le FPS, la vue subjective, un effet inattendu et très fun, bien qu’anti-cinématographique et maladroitement amené dans le film (à noter l’affrontement contre le monstre à coup de tronçonneuse, idée empruntée au jeu). Malgré son avalanche de défauts et son manque total de respect de l’histoire et du concept du jeu vidéo d’origine, ‘Doom’ est un film d’action captivant et divertissant, qui, bien que particulièrement abrutissant et extrêmement répétitif, comporte ce qu’il faut d’adrénaline, de gore et de suspense pour pouvoir nous maintenir collé au fond de notre fauteuil pendant 100 bonnes minutes. Hélas, c’est aussi la preuve qu’un jeu vidéo n’a encore jamais réussi à faire un bon film, et ce n’est certainement pas ‘Doom’ qui viendra contredire ce fait!

Dans le jeu d’origine, la musique possédait une certaine importance puisqu’elle servait à installer une ambiance macabre et suffocante tout au long de certains niveaux, ce qui est surtout flagrant dans les versions plus récentes sorties sur Playstation et Nintendo 64. Mais dans le tout premier ‘Doom’ de 1993, la musique, sommairement écrite en MIDI daté, apportait un certain fun avec ses rythmes rock et ses guitares électriques de synthé. C’est sans aucun doute cet esprit musical que le compositeur anglais Clint Mansell a recherché pour ‘Doom’ le film, puisque son score délaisse l’orchestre symphonique habituel pour se concentrer sur un style orienté hard-rock/indus/électro du plus bel effet, bien que souvent plus bruyant que réellement musical. Là aussi, les amateurs de subtilité peuvent passer leur chemin, car Mansell joue la carte du rentre-dedans sans aucune retenue. Si l’on voulait jouer l’avocat du diable, on pourrait affirmer que la musique de ‘Doom’ se résume à du ‘boum-boum-boum’ du début jusqu’à la fin du film, et l’on aurait pas véritablement tort, même si cette affirmation pousse davantage à la caricature simpliste qu’à une synthèse véritablement objective. Plus sérieusement, la musique de Clint Mansell, cet ex-membre du groupe de rock ‘Pop Will Eat Itself’ (PWEI pour les intimes) remarqué pour ses musiques pour ‘Requiem for a Dream’ et ‘Sahara’, s’en donne à coeur joie sur ‘Doom’ puisqu’il renoue avec un style musical proche de ce qu’il faisait déjà sur son ancien groupe. Dans un sens, le score de Mansell n’est guère loin par moment du style de la musique du ‘Doom’ de 1993, sauf que le MIDI est remplacé cette fois-ci par des synthés tout dernier cri et de vraies batteries/basse/guitares électriques. L’introduction du score se fait avec ‘Doom’ (‘C24’ n’étant qu’un bref morceau de transition que l’on retrouve beaucoup plus loin dans le film, lors d’une discussion au sujet d’une substance expérimentale appelée le C24) au son d’un rythme de batterie rock sur fond de synthétiseurs, guitares électriques et rythmiques électroniques speedées pour la scène d’introduction où les démons ravagent tout dans le centre scientifique. Le compositeur en profite aussi pour nous dévoile de façon inattendue une chorale féminine qui apporte une touche ‘fantastique’ à cette musique extrêmement portée sur le rythme. ‘Olduvai/Facing Demons’ confirme l’orientation musicale du score pour un premier morceau d’action sombre et musclé à grand renfort de rythmes rock et sonorités électro futuristes qui maintiennent constamment la tension, tandis qu’apparaît le motif principal, motif harmonique de 2 notes aux sonorités dissonantes qui évoquent la situation critique de la station scientifique d’Olduvai sur Mars. En l’espace de 3 morceaux, tout est déjà dit, et c’est bien là le problème, le reste n’apporte rien de nouveau, Mansell se contentant d’amplifier ses rythmes rock au fur et à mesure que l’histoire (si l’on peut parler d’histoire) avance.

‘Searching’ est quand à lui plus représentatif du style suspense/atmosphérique de la partition de ‘Doom’. Le morceau reprend le motif de 2 notes amplifié par une pulsation électronique discrète et des nappes de synthé brumeuses et glauques, plus quelques cordes dissonantes qui maintiennent une tension de façon continue, entrecoupé de quelques brefs sursauts lorsque l’équipe de Sarge mène ses recherches dans la base. On retrouve cette ambiance dans ‘Sibling Rivalry’ où Mansell joue avec ses sonorités électroniques glauques qui évoquent l’obscurité des couloirs de la base et impose une atmosphère d’isolement et de tension constante, comme dans ‘The Lab’ avec sa reprise du motif de 2 notes aux synthés (on notera ce glissement sonore d’une note à l’autre aux synthés), tandis que le compositeur développe ici les sons atmosphériques liés aux laboratoires désertés et ravagés par les créatures. Les passages atmosphériques permettent au compositeur d’expérimenter avec ses différentes sonorités, que ce soit dans ‘Infirmary’ ou ‘Experiment: Stahl’ lorsqu’il est question des mystères entourant l’expérience scientifique qui mal tournée (on appréciera au passage les sons inquiétants qui introduisent le très électro ‘Experiment: Stahl’). L’action s’intensifie avec ‘Taking Control’ lorsque le commando de marines décide de boucler le périmètre autour de l’installation scientifique pour éradiquer la menace. Les cordes, les percussions, les guitares électriques et les synthés nous offrent une bonne montée de tension aboutissant au violent ‘Mac Attack!’ pour la scène où Mac se fait attaquer par l’un des monstres. Le motif de 2 notes, toujours présent, se veut encore plus menaçant, tandis que les rythmes électro/rock semblent s’agiter entre deux passages atmosphériques. Idem pour ‘Resurrection’ qui reprend ce motif principal avec des choeurs quasi religieuses qui semblent surgir de l’au-delà, dans la scène du marine mort-vivant qui se suicide (à noter l’utilisation de samples de voix à la fin du morceau qui renforcent le côté ‘électro’ de la musique de Mansell), les cordes étant aussi de la partie.

Les rythmes rock/électro s’intensifient dans ‘BFG!’, le très frénétique ‘Destroyed’, le speedé ‘Containment Breach’ ou l’excitant ‘Kill’em All...’ et sa grosse batterie hard-rock et rythmes électro glauques, avec, au passage, un rappel du choeur féminin quasi religieux de ‘Doom’ qui illustre tout simplement la présence des rares survivants encore humains qui n’ont pas été contaminés. ‘Let God Sort’em Out’ verse même dans l’atonal pur et dure avec une utilisation de cordes dissonantes qui rompent un peu avec la monotonie des rythmes rock utilisés constamment tout au long du film afin d’accentuer le côté musclé de ‘Doom’ et de s’offrir au passage l’adhésion d’un public jeune amateur de ce type de musique, comme ‘Mass Onslaught’ par exemple, dont les rythmes et les sonorités évoquent maints groupes de metal/hard rock d’aujourd’hui. On notera un morceau d’action assez jouissif pour la scène du FPS pour ‘First Person Shooter’, accompagnant la fameuse scène en 3D avec des rythmes furieux et enlevés pour l’un des morceaux les plus funs du score de Mansell. Les chœurs reviennent finalement dans le sombre ‘Semper Fi’ accompagnant la confrontation finale illustrée dans le massif et frénétique ‘Go To Hell’, le générique de fin étant accompagnée par une remix de Clint Mansell de la chanson ‘You Know What You Are?’ par le groupe Nine Inch Nails, Mansell ayant déjà apporté sa contribution vocale à ‘The Fragile’, l’une des chansons du célèbre groupe de rock/indus, un remix bien bruyant et indigeste qui ne plaira sans aucun doute qu’à ceux qui aiment avoir mal aux oreilles à la fin d’un bon blockbuster abrutissant!

Vous l’aurez donc compris, ‘Doom’ ne fait pas dans la dentelle. Certains diront tant mieux, me direz-vous, mais d’autres se poseront sérieusement la question de l’intérêt d’une musique aussi bruyante qui donne parfois l’impression d’avoir été expédiée à la va-vite, avec très peu d’écriture musicale mais beaucoup de bruit, de rythmes rock faciles et de sons électro sans grande originalité. En tout cas, on est loin du style symphonique à la David Arnold de ‘Sahara’, ‘Doom’ est déjà plus proche du style musical de Clint Mansell, qui navigue ici dans un terrain musical qu’il connaît bien. Certes, ceux qui se lassent des gros scores d’action orchestraux hollywoodiens risquent d’être surpris par l’orientation rock/indus de la musique de ‘Doom’, qui se rapproche par moment du style du score du jeu de 1993. La musique renforce la tension et la frénésie de la mise en scène tout en accentuant le côté musclé et bourrin du film, le genre de musique que l’on aurait tout autant pu entendre dans le jeu vidéo. Il est cependant regrettable que le compositeur verse trop souvent dans du cacophonique facile en faisant monter le volume sonore le plus possible alors qu’il aurait peut-être pu nuancer un peu plus certains passages d’action, en misant par exemple plus sur l’écriture musicale au lieu de se contenter de quelques collages électro banals et des rythmes rock branchés pour public de jeune adepte des tubes MTV ou des boîtes de nuit abrutissantes. Cependant, il se dégage de ce score un réel fun et une atmosphère noire et glauque tellement bien ancrée dans le film que l’on ne peut qu’apprécier l’énergie qu’apporte le score au film d’Andrzej Bartkowiak, même si la musique est, comme toujours, trop souvent noyée sous des tonnes d’effets sonores. Maintenant, c’est à vous de juger, mais il est fort à parier que ce type de musique bruyante et bourrine ne sera pas du goût de tous!



---Quentin Billard