1-King Kong 1.09
2-A Fateful Meeting 4.16
3-Defeat Is Always Momentary 2.48
4-It's In The Subtext 3.19
5-Two Grand 2.35
6-The Venture Departs 4.03
7-Last Blank Space On The Map 4.43
8-It's Deserted 7.08
9-Something Monstruous...
Neither Beast Nor Man 2.38
10-Head Towards the Animals 2.48
11-Beautiful 4.08
12-Tooth and Claw 6.17
13-That's All There Is... 3.26
14-Captured 2.25
15-Central Park 2.25
16-The Empire State Building 2.36
17-Beauty Killed the Beast I 1.59
18-Beauty Killed the Beast II 2.22
19-Beauty Killed the Beast III 2.14
20-Beauty Killed the Beast IV 4.45
21-Beauty Killed the Beast V 4.13

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Decca Records 456 5224

Producteurs exécutifs:
Peter Jackson, Fran Walsh
Produit par:
James Newton Howard, Jim Weidman
Supervision montage musique:
Jim Weidman
Monteurs musique:
David Olson, Peter Myles,
Malcolm Fife, Marie Ebbing,
Jonathan Stevens

Consultant musical:
Mark Willsher
Design musique d'ambiance:
Mel Wesson
Musique additionnelle de:
Blake Neely, Chris P. Bacon
Assistant technique superviseur:
Stuart Thomas
Assistants techniques:
Chris P. Bacon, Aaron Martin
Assistant de Mr. Howard:
Annica Ackerman
Coordinateur de la musique:
Nigel Scott
Directeurs de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Music Business Affairs
pour Universal Pictures:
Phil Cohen
Music Business Affairs
pour Universal Classics Group:
Sheryl Gold
Chairman, Universal Classics Group:
Chris Roberts
A&R Direction pour
Universal Classics Group:
David Novik
A&R Administration:
Evelyn Morgan
Coordination du soundtrack
pour Universal Classics Group:
Meredith Friedman, Paul Altomari

American Federation of Musicians
and Radio Artists.
American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2005 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
KING KONG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Ca y est ! On l’attendait depuis longtemps, voici enfin le ‘King Kong’ de Peter Jackson, réalisateur de la désormais mythique trilogie de ‘Lord of the Rings’ qui nous livre ici un nouveau monument cinématographique. Remake du célèbre film homonyme de 1933 qui révolutionna à son époque l’univers du cinéma d’aventure hollywoodien, ‘King Kong’ est la concrétisation d’un rêve d’enfant du cinéaste néo-zélandais, fan du film d’origine qui souhaitait réaliser sa propre adaptation de son film de chevet. Le résultat dépasse toutes les espérances: la magie est belle et bien là! Et pourtant, il faut dire que ce remake s’annonçait bien mal. A l’origine, Peter Jackson souhaitait tourner ce film en 1996, mais à cause d’un problème de droit, il du se résoudre à repousser ce projet bien plus tard et à tourner à la place ‘The Frighteners’. Puis, vinrent ensuite les trois épisodes des ‘Lord of the Rings’. Ce n’est finalement qu’en 2004 que le tournage commencera pour de bon. Premier problème: la post-production du film s’avéra assez chaotique: dépassement de budget totalement démesuré (on est passé de 150 millions de dollars à 207 millions, soit 25 millions de dépassement de budget plus 32 millions consacrés aux ajouts d’effets spéciaux), stress et pression permanente des producteurs qui ne croyaient pas au succès du film, plusieurs changements de look du gorille sur l’affiche du film qui semblaient renforcer l’inquiétude et l’hésitation des producteurs de la Universal, sans oublier le désormais célèbre renvoi désormais du compositeur Howard Shore à seulement quelques semaines de la sortie du film aux USA. Lorsqu’il fut annoncé que le film durerait finalement 3 heures (un record pour une production de ce genre!), la tension monta d’un cran durant la production. On ignore comment Peter Jackson a put réussir à convaincre des producteurs aussi frileux de le laisser réaliser un film aussi énorme et démesuré, et pourtant, le résultat, saisissant, est bel et bien là. On suit dans un premier temps le parcours d’Ann Darrow (Naomi Watts), artiste de music-hall dans le New-York de 1933 qui se retrouve au chômage en pleine ère de la Dépression. Remarquée dans la rue par un réalisateur/explorateur nommé Carl Denham (Jack Black), Ann se voit proposer par ce dernier de devenir l’actrice principale de son nouveau film, dont le scénario est écrit par le fameux Jack Driscoll (Adrien Brody), et dont le tournage se déroulera à Singapour. L’actrice se laisse finalement convaincre et embarque sur un bateau en direction du lieu de tournage, en compagnie de toute l’équipe du film. Mais en réalité, Denham n’a qu’une seule ambition: être le premier homme à découvrir et explorer une mystérieuse île secrète connue sous le nom de ‘Skull Island’. Après moult péripéties, le bateau finit par s’échouer sur les rochers de l’île. Denham et ses compagnons ne vont pas tarder à découvrir que l’île est habitée par de sinistres indigènes qui kidnappent Ann Darrow et l’offrent en sacrifice à Kong, un gorille géant qui vit sur l’île, en compagnie d’autres créatures comme les gigantesques dinosaures et autres bêtes issues de la Préhistoire. Kong s’empare alors d’Ann et l’emporte au coeur de l’île. Entre les deux êtres va très vite se former une certaine complicité empreinte de respect et de tendresse, Ann étant touchée par le courage et la force du gorille qui ira même jusqu’à se batte à mains nues contre trois dinosaures pour la sauver. Mais le reste de l’équipage a entamé une expédition au coeur de l’île afin de retrouver et de sauver Ann Darrow. De son côté, Denham n’a plus qu’une idée en tête: capturer Kong et le ramener à New York pour en faire l’attraction majeure de son nouveau spectacle. Mais la rencontre entre le gorille et les hommes ne se fera pas sans heurt, et aboutira à une conclusion inévitablement tragique.

Une fois encore, Peter Jackson s’impose comme un metteur en scène qui aime relever les plus grands défis. 3 heures pour raconter ce que le film d’origine montrait en 1h30, il fallait oser le faire, d’autant que ce ‘King Kong’ version 2005 est devenu l’un des films les plus chers de l’histoire du cinéma, et sans aucun doute l’un des plus spectaculaires. Le film est une longue succession de scènes d’anthologie incluant la démentielle poursuite avec les dinosaures au bord de la falaise, l’attaque terrifiante des insectes géants (scène absente du film de 1933 mais initialement prévue et coupée au montage – Jackson rêvait de tourner à son tour cette scène dans son propre film!), l’affrontement titanesque entre Kong et les trois T-Rex, la poursuite dans les rues de New York et bien sûr, la mythique scène finale où Kong se fait attaquer par des biplans au sommet de l’Empire State Building. Afin de renforcer le sentiment d’hommage au film d’origine, Jackson a aussi tenu à ce que le film se déroule dans le New York de 1933, et ce à l’inverse de la version de John Guillermin (1976) qui se déroulait elle dans les années 70. Mais si Peter Jackson reprend les grandes lignes du film d’origine en y ajoutant quelques intrigues secondaires sympathiques sans plus, certains éléments sont changés ou adaptés à sa propre vision. Par exemple, la ‘romance’ entre Kong et Ann Darrow est ici bien moins sensuelle que dans le film précédent et peut être plus douce, plus tendre. Ce n’est pas de l’amour à proprement parler mais bien plus une sorte de tendresse qui unit ces deux êtres que tout oppose, une célèbre variante du thème de ‘la belle et la bête’. Ann voit en Kong un être sensible qui se cache derrière son immense physique monstrueux et sa sauvagerie bestiale apparente, ce qui explique probablement son attachement à la créature. Evidemment, le réalisateur nous offre quelques scènes d’une grande naïveté comme lorsque Kong et Ann dansent ensemble sur une patinoire au coeur de New York ou lorsqu’ils observent ensemble un magnifique coucher de soleil. Malgré sa quantité phénoménales d’effets spéciaux (d’une qualité hallucinante malgré ce qu’on put en dire certaines mauvaises langues) et sa succession hallucinante de séquences spectaculaires, le film possède de vrais grands moments d’émotion dans la façon dont Jackson narre cette tragédie dont l’issue inévitable est désormais connue de tous mais rendue véritablement bouleversante dans ce film. Jackson voit donc tout en grand, et nous offre 3 heures qui passent à une vitesse ahurissante, le spectateur étant totalement emporté dans un flot continue d’émotions et d’adrénalines, un spectacle total qui rend un hommage vibrant aux grands divertissements hollywoodiens à l’ancienne et au film de 1933, d’autant que la plupart des séquences du film sont souvent très longues, ce qui permet au réalisateur d’explorer et d’aller jusqu’au bout de ses idées radicales, un parti-pris audacieux et rare de nos jours où Hollywood n’est plus peuplé que de businessmen frileux. En dehors d’un casting éclectique (Jack Black, Naomi Watts, Adrien Brody, Thomas Kretschmann, que des grands acteurs pas forcément habitués à tourner dans ce genre de film) et d’une mise en scène énergique et survoltée (bien qu’utilisant des ralentis un peu agaçants durant certaines scènes comme par exemple la scène des indigènes dans la première moitié du film), le film vaut surtout par la présence du titanesque Kong, mélangeant technique d’animation live et images numériques d’une qualité et d’un réalisme quasiment jamais-vu au cinéma. Dire que Peter Jackson frôle ici la perfection serait vraiment peu dire, on avait rarement vu un film aussi magistralement exécuté, un film totalement démesuré et grandiose qui atteint des sommets et qui nous prouve que le cinéma du 21ème siècle a encore beaucoup de magie et de grands spectacles à nous offrir!

Après avoir travaillé pendant 3 ans ensemble sur la trilogie des ‘Lord of the Rings’, Peter Jackson et Howard Shore devaient se retrouver sur ‘King Kong’. Hélas, comme on le sait déjà, Shore a été renvoyé à quelques semaines de la sortie du film, le réalisateur ayant invoqué un ‘différent artistique’ entre les deux amis, qui préférèrent se quitter sur de bonnes conditions plutôt que de s’embourber dans une situation apparemment devenue trop compliquée (à noter que Shore apparaît néanmoins à l’écran, puisqu’il dirige lui-même l’orchestre durant la scène du spectacle de Kong vers la fin du film, qui joue d’ailleurs des extraits de la musique de Max Steiner pour le ‘King Kong’ de 1933). C’est en tout cas la version ‘officielle’ qu’a donné la production du film en réponse à ce renvoi totalement inattendu jugé inexplicable. Après avoir collaboré ensemble pendant tout ce temps sur ‘King Kong’, comment Peter Jackson pourrait-il finalement s’apercevoir au dernier moment que ce qu’a fait Howard Shore ne peut plus coller au film? Shore était-il à se ce point à côté de la plaque? Jackson savait-il vraiment ce qu’il voulait comme musique sur ce film? N’y a t’il pas une autre raison restée secrète au sujet de ce renvoi? On est en droit de se poser toutes ces questions face à ce nouveau rejet d’un compositeur à Hollywood, un rejet qui ne fera qu’alimenter et relancer une fois de plus les débats au sujet de la tendance très inquiétante à Hollywood des renvois quasi systématique de compositeur sur des films (on se souvient tous encore du renvoi de Gabriel Yared sur ‘Troy’ de Wolfgang Petersen en 2004). Quoiqu’il en soit, Peter Jackson décida de faire appel à la place de Shore à un compositeur avec lequel il souhaitait collaborer depuis longtemps: James Newton Howard, une grande nouvelle pour tous les fans de l’un des meilleurs compositeurs officiant à l’heure actuelle à Hollywood! Le résultat, bien loin d’être extraordinaire, n’en demeure pas moins impressionnant bien que sans grande originalité particulière. Mais pour un score écrit dans l’urgence, ‘King Kong’ a quand même de quoi satisfaire tous les fans de JNH et tout ceux qui apprécient ses traditionnels scores d’action/aventure. Il faut dire que JNH a du relever un grand défi technique et artistique pour pouvoir concevoir sa partition en un temps record. Le compositeur n’a jamais rencontré une seule fois Jackson durant l’écriture du score, communiquant systématiquement avec lui par un système de vidéo-conférence nommé ‘Polycom’.

Equipé d’une connexion internet T1/ISDN spécialement installée au studio de JNH à Santa Monica en Californie pour les besoins de la musique (permettant ainsi l’envoie en Nouvelle-Zélande de tous les fichiers audio des maquettes du score de JNH), le compositeur entame une course contre la montre pour écrire la musique dans un délai très court, soutenu par une équipe efficace et un équipement qui lui auront finalement permis d’atteindre son objectif, un point qui ne concerne pas encore l’écriture de la musique, mais qui se devait néanmoins d’être signalé, afin de replacer la musique de ‘King Kong’ version 2005 dans son contexte. La partition quand à elle se résume à une succession de déchaînements orchestraux basés sur une série de thèmes que James Newton Howard développe superbement tout au long du film. L’action et l’aventure sont donc les maîtres-mots de cette partition symphonique massive et survoltée, toute à l’image du film de Peter Jackson. On commence tout d’abord par une brève introduction (‘King Kong’) qui dévoile les deux premiers thèmes majeurs du score, un thème mystérieux de cuivres associées à Skull Island et à ses secrets (sur fond de cordes bourdonnantes et de choeurs mystérieux), un thème qui sera surtout présent dans la première partie du score, et un second thème confié à des cuivres massifs sur un motif de 4 notes descendantes et puissantes associées à King Kong et à sa force herculéenne, motif que l’on entend au moment où le titre du film apparaît. Le troisième thème majeur du score est le thème romantique entre Kong et Ann, que l’on entend pour la première fois dans le très beau ‘Beautiful’, morceau d’une grande tendresse introduit par une flûte solitaire et bientôt rejointe par des cordes, des bois, un piano et une harpe. Cette mélodie simple et délicate accompagne les moments de tendresse entre Kong et Ann avec une grande délicatesse, JNH ne tombant jamais dans le cliché des envolées de cordes. La flûte joue alors le thème dans la dernière partie de ‘Beautiful’ avec une émotion subtile et une certaine mélancolie qui semble annoncer l’issue tragique de cette romance entre la belle et la bête, alors que la séquence correspondante nous permet de voir Kong et Ann s’extasier devant la beauté d’un coucher de soleil au bord d’une falaise de l’île. La musique apporte une émotion considérable à cette scène sans jamais en faire de trop. On trouvera aussi quelques motifs supplémentaires comme un thème d’action que l’on entend dans certains passages musclés du score et un thème plus majestueux et typique du compositeur que l’on entend au début du superbe ‘The Empire State Building’ ou ‘Tooth and Claw’ et qui illustre la beauté de la relation entre Kong et Ann de façon assez grandiose comme le suggère ‘The Empire State Building’. On appréciera au passage la façon dont JNH gère tous ses thèmes et ses motifs avec une grande maestria, surtout à une époque où les thèmes ne dépassent que rarement le nombre de deux dans les partitions hollywoodiennes contemporaines: JNH nous offre au moins six ou sept dans ‘King Kong’!

Si l’on commence doucement mais sûrement dans ‘A Fateful Meeting’ où règne une certaine émotion et un sentiment d’espoir alors qu’Ann se voit proposer par Carl Denham le rôle de sa vie (JNH utilisant piano, bois et cordes dans un style intimiste très réussi, rappelant certaines belles mesures de ses partitions pour Shyamalan comme ‘The Sixth Sense’, ‘The Village’ ou ‘Unbreakable’) et dans le rythmé et espiègle ‘Defeat Is Always Momentary’ (scène où Denham s’enfuit avec son assistant, Preston (Colin Hanks), avec les bobines de son nouveau film, poursuivi par les producteurs qu’il a blousé), qui nous gratifie au passage d’un petit motif de clarinette jazzy qui rappelle le glamour du New York des années 30, ‘Two Grand’ nous permet d’entendre un premier très bref morceau d’action suivi de la reprise du thème principal mystérieux au début de ‘The Venture Departs’ où certains thèmes et motifs se mettent discrètement et subtilement en place. La tension devient alors véritablement palpable dans ‘Last Blank Space On The Map’ avec ses cordes dissonantes, ses choeurs sombres et sa montée de tension aboutissant à un bref morceau d’action avec percussions lorsque le bateau s’échoue en percutant les rochers de l’île. La tension est relayée dans ‘It’s Deserted’ pour la première scène d’exploration de l’île. Passé le cap de l’émerveillement de la découverte (à grand renfort de cordes et de choeurs), la musique nous offre un nouveau morceau d’action survolté et sombre pour la rencontre avec les indigènes. On retrouve ici les formules habituelles des scores d’action de James Newton Howard: cuivres massifs, rythmes syncopés et jeux rythmiques typiques du compositeur, agrémenté ici de choeurs massifs et d’un premier aperçu du sympathique thème d’aventure à 6.07 du morceau (thème que l’on aurait cependant souhaité être plus mémorable ou plus présent, dommage!), des éléments que l’on retrouve dans ‘Something Monstruous, Neither Beast Nor Man’ avec ses rythmes syncopés marqués par les timbales/trombones, un autre tic d’écriture typique du compositeur, le tout accompagnant avec une certaine brutalité la première apparition de King Kong lorsque ce dernier emporte Ann avec lui dans la jungle. Dès lors, l’action est au rendez-vous et ne nous quittera pas jusqu’à la fin du film. Le superbe ‘Head Towards The Animals’ nous le confirme fièrement pour un déchaînement orchestral virtuose et totalement maîtrisé durant l’impressionnante scène de la poursuite avec les dinosaures. Cuivres, percussions et cordes sont de la partie pour ce morceau d’action brutal et énorme, donnant du fil à retordre aux musiciens de l’orchestre tout en accompagnant la scène avec une énergie considérable (bien que l’on regrettera comme toujours cette tendance agaçante à noyer la musique sous des tonnes d’effets sonores et de bruitages en tout genre, ce qui empêche parfois d’apprécier la musique à sa juste valeur dans le film!).

Si le superbe et excitant ‘Head Towards The Animals’ ne vous a pas encore convaincu, attendez d’écouter le grand morceau de bravoure qu’est ‘Tooth and Claw’ pour la scène où Kong affronte les T-Rex à mains nues. L’orchestre, agrémenté de choeurs et de cuivres puissants, s’en donne à nouveau à coeur joie pour un nouveau morceau d’action de plus de 6 minutes, massif à souhait. On notera ici l’utilisation d’un motif ascendant de cuivres héroïque associé à la force herculéenne de Kong lors de son combat contre les dinosaures. Impossible ici de ne pas se laisser emporter par cette véritable fureur orchestrale absolument typique des grandes partitions d’action/aventure de James Newton Howard (on pense beaucoup ici à des scores tels que ‘Waterworld’ ou ‘Outbreak’). La seconde partie du morceau se veut plus majestueuse, plus rassurante, avec un rappel du thème majestueux associé à Kong/Ann et ses harmonies de toute beauté. A noter la réapparition du motif jazzy dans ‘That’s All There Is’ pour la scène où Ann fait son amusant numéro de music-hall devant un Kong ébahi, un petit passage léger qui permet de respirer entre deux gros morceaux d’action tonitruants. Et c’est reparti de plus belle dans ‘Captured’ où l’on retrouve le motif ascendant héroïque de Kong pour la scène où Denham fait capturer l’immense bête, JNH réempruntant au passage des éléments de ‘Tooth and Claw’. On ne pourra alors qu’apprécier le retour du très beau thème romantique dans toute sa splendeur dans la scène de la patinoire de ‘Central Park’, thème joué au piano sur un fond de cordes chaleureuses et délicates. On entre finalement dans la dernière partie du film avec ‘The Empire State Building’ qui reprend le thème majestueux de Kong avec un ton néanmoins dramatique et une émotion toujours très présente et jamais assénée, toute en délicatesse. Avec ‘Beauty Killed The Beast I’, le ton dramatique de la dernière partie du score (et du film) se confirme réellement. Des percussions martiales annoncent l’arrivée de l’armée et la tension devient vraiment présente alors que Kong escalade le sommet de l’Empire State Building, la partie II et III nous offrant deux nouveaux morceaux d’action totalement déchaînés (scène de l’attaque des avions au sommet de l’Empire State Building), tandis que la partie IV nous permet d’entendre un dernier morceau d’action avant un final tragique et déchirant où JNH utilise la voix d’un jeune garçon soprano et de choeurs funèbres et poignants, la voix du jeune soprano semblant d’ailleurs sortir tout droit des ‘Lord of the Rings’ d’Howard Shore (probablement à la demande de Peter Jackson) avec son côté religieux et triste qui apporte une émotion remarquable à la scène de la mort de Kong, rendue véritablement bouleversante grâce à la musique de James Newton Howard, qui évite d’en faire des tonnes et reste au contraire très restreinte et pourtant extrêmement poignante. La partie finale, ‘Beauty Killed The Beast V’, permet à la partition de s’achever sur une ultime touche d’émotion et de tristesse avec une utilisation remarquable des choeurs (qui sont toujours étrangement mixé discrètement et rarement mis en valeur, peut-être pour éviter une trop grande ressemblance stylistique avec les musiques des ‘Lord of the Rings’?) qui concluent le film de façon extrêmement émouvante, et qui ne laissera personne insensible.

Pour un score écrit en cinq semaines, ‘King Kong’ possède de sérieux atouts qui en font une bonne surprise même si, au final, on aurait aimé entendre quelque chose de bien moins standard et d’un peu plus original, à l’instar de la partition de Max Steiner pour le film de 1933. Mais face aux problèmes de délais, il ne fallait pas s’attendre à grand chose de plus. James Newton Howard s’en tire bien et nous livre un score d’action/aventure impressionnant, parcouru de thèmes et de motifs variés et de moments d’émotion saisissants. JNH nous rappelle au passage qu’il est décidément l’un des grands maîtres de la musique d’action hollywoodienne, un fait qu’il nous rappelle avec brio dans ‘King Kong’. Au passage, on pourra regretter l’absence de nombreux morceaux du score sur l’album, un défaut forcément inévitable étant donné que JNH a écrit près de 3 heures de musique pour le film de Peter Jackson et que l’album n’en retient que 74 minutes (ce qui est déjà pas mal, vous en conviendrez, surtout lorsqu’on sait que la musique a été enregistrée par un orchestre AFM!). Au final, la musique de James Newton Howard apporte une énergie et une émotion considérable au film de Peter Jackson, même si le mixage de la musique dans le film ne la met pas toujours bien en valeur. Ce n’est certes pas le nouveau chef-d’oeuvre du compositeur, mais cela n’en demeure pas moins un bien bel effort pour un score écrit dans des conditions difficiles, une partition symphonique colossale avec laquelle les fans de JNH devraient être aux anges, assurément, même si l’on regrettera une fois de plus le manque d’innovation d’une partition qui aurait sans aucun doute gagné à jouer le jeu d’un partis pris musical plus osé au lieu de ressembler à tout ce que le compositeur a déjà fait auparavant!



---Quentin Billard