1-Valiant 2.30
2-March of the R.H.P.S. 1.33
3-Wish Me Luck 2.10
4-Meeting Bugsy 1.01
5-Arrival at Camp 2.47
6-Von Talon and the Bastion 3.26
7-Victoria and the Final Training 1.52
8-The Eve of the Mission (Adagio) 3.56
9-Mouse Division 4.21
10-Decoys 2.19
11-Re Grouping 1.11
12-The Rescue and the Escape 12.48
13-Winged Heroes
(Adagio and Fanfare) 1.40
14-End Titles/March
of the R.H.P.S. 2.59
15-Shoo Shoo Baby 2.39*

*Interprété par Mis-Teeq
Ecrit par Phil Moore
Produit par Phil Ramone.

Musique  composée par:

George Fenton

Editeur:

Walt Disney Records 61388-7

Album produit par:
George Fenton

Artwork and pictures (c) 2005 Walt Disney Pictures/Odyssey Motion Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
VALIANT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by George Fenton
‘Valiant’ est le nouveau long-métrage d’animation du producteur John H. Williams, qui a produit ‘Shrek’ et ‘Shrek 2’. Premier fait étonnant pour le film: son metteur en scène. Gary Chapman n’avait auparavant aucune expérience dans le domaine de l’animation. Il travaillait surtout pour des musées anglais et s’occupait de la reconstitution de scènes de bataille. C’est sans aucun doute grâce à ce travail que Gary Chapman s’est retrouvé à la tête de réalisation du film. Autre fait marquant du film, l’époque à laquelle l’histoire se déroule. ‘Valiant’ nous plonge en pleine Seconde Guerre Mondiale, dans l’Angleterre de 1944, mettant en scène des pigeons héroïques chargés de transporter d’importants messages aux alliés, messages qui pourraient s’avérer décisifs pour l’issue du conflit. Mais alors que les courageux pigeons de ‘l’Escadrille Royale des Pigeons de Combat’ qui transportaient des messages pour la France sont attaqués et décimés par les sinistres faucons allemands, l’état-major décide de recruter des petits nouveaux et de les former afin de créer une nouvelle Escadrille qui aura pour but de transmettre les messages en France. Parmi eux les ‘bleus’ se trouvent Vaillant, jeune et courageux pigeon qui a toujours rêvé d’avoir sa chance malgré son côté fragile et sa maladresse. Vaillant est accompagné de son nouvel ami, Bugsy, un esprit libre qui ne rêve que de déserter et qui s’est retrouvé engagé dans l’Escadrille par hasard. Ils sont tout deux accompagnés de trois autres pigeons avec lesquels ils vont effectuer leur première mission capitale, parachutés en France. Objectif: transmettre un message aux souris de la résistances françaises tout en évitant les pièges des faucons allemands du baron Von Talon. ‘Valiant’ s’inspire ainsi de l’histoire vraie de ces pigeons qui furent utilisés durant la guerre pour transmettre des messages d’une importance cruciale par dessus les lignes ennemies, une histoire étonnante pour un film d’animation et qui n’est qu’un prétexte à une série de gags et de scènes d’aventure au rythme frénétique et toujours très soutenu. Autant dire que les plus jeunes ne s’ennuieront pas une seule seconde et se laisseront convaincre par les aventures de ces courageux pigeons de combat, tandis que les autres pourront apprécier l’humour du film, même si, dans le genre, on a vu bien plus drôle et surtout bien plus subtil (le tout demeure bien trop souvent prévisible. On est loin ici de la qualité d’un ‘Shrek’, y compris au niveau de l’animation et du graphisme 3-D). Certains pourront même reprocher le côté parfois lourd de certains gags, d’autant que les doublures en VF n’arrangent rien à l’affaire, Vaillant et Bugsy étant respectivement interprétés par le duo Eric et Ramzy, qui en font des tonnes comme d’habitude. Néanmoins, ‘Valiant’ marque un point dans la façon dont il évoque son sujet sur fond d’humour, d’aventure et de danger, caricaturant au passage les films de guerre tout en s’amusant avec les codes du genre (les faucons allemands étant par exemple une transposition très caricaturale des nazis à l’accent allemand très marqué tel qu’on les représente traditionnellement dans les films sur la Seconde Guerre Mondiale). Mais vous l’aurez compris, on est loin d’être ici en présence d’un film d’animation majeur, même si le tout demeure très divertissant sans jamais voler très haut, un comble pour un film mettant en scène des pigeons!

La musique a été confiée à George Fenton, compositeur britannique révélé dans les années 80/90 par des scores tels que ‘The Company of Wolves’, ‘High Spirits’, 'Memphis Belle' ou bien encore ‘Cry Freedom’. Sa partition symphonique pour ‘Valiant’ est une véritable petite réussite dans son genre, pas très loin derrière le style de 'Memphis Belle', autre grande partition symphonique pour un film de guerre. Le compositeur a opté ici pour une approche traditionnelle, 100% orchestrale, évoquant un univers d’héroïsme, d’aventure et de bravoure sur fond de rythmes militaires, de cuivres majestueux et de marches au ton très british. C’est d’ailleurs ce côté britannique qui fait ici tout le charme du score de George Fenton, qui s’amuse à pasticher le style des marches de Sir Edward Elgar ou des musiques de films de guerre de Ron Goodwin telles que ‘Battle of Britain’ ou ‘A Bridge too Far’ de John Addison, autant de références qui parcourent l’ensemble de la partition de ‘Valiant’. Le score s’articule autour de trois thèmes majeurs, le premier s’apparentant à une marche héroïque et très cuivrée exposée dans ‘Valiant’ (générique de début du film) et qui annonce clairement la tonalité martiale du score (et du film). La seconde partie de ‘Valiant’ vire à l’action dans un style bien plus sombre, les percussions et les cuivres étant systématiquement mis en valeur dans une écriture orchestrale très riche et très classique dans son genre. Le second thème apparaît dans ‘March of the R.H.P.S.’ et s’apparente à une marche interprétée par une fanfare traditionnelle et d’abord exposé à grand renfort de caisse claire militaire et sifflés, à l’instar du célèbre thème du film ‘The Bridge of River Kwai’ de Malcolm Arnold, autre référence musicale du score de ‘Valiant’. La fanfare du R.H.P.S. (‘Royal Homing Pigeon Service’ - Escadrille Royale des Pigeons de Combat en V.F.) est écrite dans la grande tradition des marches militaires britanniques (interprétée ici par le prestigieux Central Band of the Royal Air Force), dans un style toujours très pompeux et entraînant, apportant une énergie considérable au film, avec un second degré très perceptible même si Fenton semble prendre son sujet très au sérieux. A ce sujet, ‘Wish Me Luck’ et son envolée héroïque et cuivrée évoque clairement Erich Wolfgang Korngold et son célèbre ‘The Sea Hawk’ lorsque Vaillant rencontre son idole de toujours, Gutsy, le pigeon qui n’a jamais failli une seule fois à l’une de ses missions. Mais alors que l’on commençait à s’habituer à ce style martial et pompeux, ‘Arrival at the Camp’ rompt avec le reste du score et nous permet d’entendre du swing à l’ancienne, dans le style des Big Band des années 30/40, avec la traditionnelle formation section de cuivres/vents et section rythmique, accompagnant la scène où nos cinq héros entrent pour la première fois au camp pour y suivre un entraînement intensif auprès d’un sergent caricatural au possible. A noter que la dernière partie du morceau nous permet de réentendre une amusante reprise du thème de la marche du R.H.P.S. transcrit ici en pièce swing très entraînante, et qui apporte un humour et un entrain considérable à la scène du camp militaire anglais au début du film.

‘Von Talon and the Bastion’ nous transporte quand à lui du côté des méchants faucons allemands du cruel Von Talon, introduit par des cuivres sombres et relayés par un orchestre plus menaçant et là aussi volontairement caricatural, affirmant sans équivoque le côté menaçant du personnage et de ses sbires. Fenton nous offre même un peu de romantisme dans le gentillet ‘Victoria and the Final Training’ pour la romance entre Vaillant et Victoria, l’infirmière du camp militaire. On retrouve finalement le côté british dans ‘The Eve of the Mission (Adagio)’ pour la scène du speech final avant le départ de la mission. Fenton s’amuse ici à pasticher le style de certaines marches des célèbres ‘Pomp and Circumstance’ d’Edward Elgar en imposant un style plus solennel et vibrant, auquel le compositeur associe le terme d’Adagio, d’où un mouvement assez lent et doux, très solennel d’esprit, pour accompagner le départ des cinq pigeons. ‘Mouse Division’ nous transporte quand à lui en France, durant la scène de la rencontre avec les souris de la résistance. Mais alors que l’on se serait attendu à ce que le compositeur face référence à un style musical ‘français’, Fenton continue de jouer la carte du second degré en glissant quelques amusantes touches de mickey-mousing et quelques rythmes martiaux discrets. Le morceau évoque au passage la menace des faucons allemands, d’où la présence de quelques cuivres sombres et d’un nouveau morceau d’action excitant bien qu’un peu court, pour la poursuite avec les faucons dans les rues françaises, ‘Decoys’ nous permettant de retrouver ces cuivres massifs associés aux faucons allemands dans un nouveau morceau d’action tonitruant et très entraînant, avec une écriture orchestrale toujours très soutenue et très ‘Golden Age’ hollywoodien dans son style. A noter l’utilisation de chaînes à la fin du film, un effet sonore intéressant associé à la brutalité de Von Talon et de ses sbires. Si ‘Re Grouping’ apporte un peu d’espoir, ‘The Rescue and Escape’ s’avère être le clou du spectacle avec plus de 12 minutes d’action non-stop pour la scène du sauvetage final et de l’affrontement entre Vaillant et Von Talon. Fenton laisse son orchestre se déchaîner pendant plus de 12 minutes de musique d’action musclée aux rythmes extrêmement soutenus, accompagnant avec force les exploits de Vaillant et de ses compagnons, le compositeur nous gratifiant ainsi de quelques envolées héroïques/martiales du plus bel effet (d’où quelques brillants rappels du thème principal), aboutissant à la reprise de la très british marche solennelle à la Elgar dans ‘Winged Heroes (Adagio and Fanfare)’ avant de conclure sur une reprise de la fanfare du R.H.P.S. pour le ‘End Titles’ du film.

Vous l’aurez certainement compris, ‘Valiant’ est une partition symphonique rondement menée et exécutée de main de maître par un compositeur anglais que l’on aimerait entendre plus souvent sur ce type de film. Avec son classicisme d’écriture, ses touches british et ses nombreuses références musicales, le score de ‘Valiant’ a de quoi satisfaire les béophiles qui suivent George Fenton depuis ses débuts, un compositeur encore trop discret et toujours injustement méconnu d’une bonne partie du public béophile. Si ‘Valiant’ n’est pas le nouveau chef-d’oeuvre du compositeur, il n’en demeure pas moins une partition orchestrale de qualité, écrite à l’ancienne, dans la lignée des traditionnelles musiques de guerre hollywoodiennes. Fenton joue donc ici avec les codes du genre et nous propose une solide partition d’action/aventure non dénuée d’humour et de second degré, et qui apporte une énergie considérable au film de Gary Chapman. Voilà un score somme toute très sympathique à connaître, surtout pour tout ceux qui apprécient les musiques de film de guerre à l’ancienne!


---Quentin Billard