1-The Blitz, 1940 2.32
2-Evacuating London 3.38
3-The Wardrobe 2.54
4-Lucy Meets Mr. Tumnus 4.10
5-A Narnia Lullaby 1.12
6-The White Witch 5.30
7-From Western Woods
to Beaversdam 3.34
8-Father Christmas 3.20
9-To Aslan's Camp 3.12
10-Knighting Peter 3.48
11-The Stone Table 8.06
12-The Battle 7.08
13-Only the Beginning
of the Adventure 5.32
14-Can't Take It In 4.42*
15-Wunderkind 5.19**
16-Winter Light 4.13***
17-Where 1.56+

*Ecrit et interprété par
Imogen Heap
Produit par Imogen Heap
**Ecrit et interprété par
Alanis Morisette
Produit par Mike Elizondo
et Alanis Morisette
***Ecrit et interprété par
Tim Finn
Produit par Bobby Huff
et Tim Finn
+Interprété par Lisbeth Scott
Ecrit par Harry Gregson-Williams
et Lisbeth Scott
Produit par Harry Gregson-Williams.

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Walt Disney Records 61374-7

Produit par:
Harry Gregson-Williams
Chargé de la musique pour
Walt Disney Pictures and
the Buena Vista Music Group:
Mitchell Leib
Producteur exécutif de l'album:
Andrew Adamson
Superviseur de la musique:
Lindsay Fellows
Superviseur de production musicale:
Monica Zierhut
Music Creative/Marketing
pour the Buena Vista
Motion Pictures Group:
Glen Lajeski
Directeur des soundtracks pour
the Buena Vista Music Group:
Desirée Craig-Ramos
Monteurs de la musique:
Adam Milo Smalley,
Bryan Elliott Lawson

Programmeurs de la musique:
Stephen Barton, Toby Chu,
James McKee-Smith

Artwork and pictures (c) 2005 Walt Disney Enterprises, Inc and Walden Media, LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE CHRONICLES OF NARNIA:
THE LION, THE WITCH AND THE WARDROBE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Chaque année, on voit apparaître à Hollywood une super-production qui occupe 80% des campagnes marketing réalisées dans l’industrie à rêve. En 1996, on se souvient par exemple que le mastodontesque ‘Independence Day’ avait inondé les médias de bande-annonces et autres spots publicitaires à répétition pendant des mois et des mois. Cette année, c’est ‘The Chronicles of Narnia: The Lion, The Witch and the Wardrobe’ qui assure la relève, très attendue adaptation cinématographique du célèbre roman de C.S. Lewis, auteur d’origine irlandaise ayant déjà écrit sept volets relatant les aventures du monde magique de Narnia. Si le nom de C.S. Lewis ne vous dit rien, sachez simplement qu’il fut l’un des grands amis de J.R.R. Tolkien, le célèbre auteur de la trilogie des ‘Lord of the Rings’, à tel point que certains le considèrent parfois comme le ‘second Tolkien’. Evidemment, ‘The Chronicles of Narnia’ s’en ressent profondément. On y retrouve ces mêmes influences de mythologies diverses, de symboles religieux et d’images fantastiques et oniriques. Pour la petite histoire, ces sept romans ont connus un succès phénoménal depuis la sortie du premier ouvrage en 1950, un succès comparable à celui des ‘Harry Potter’ de J.K. Rawling, et, bien entendu, des ‘Lord of the Rings’ de Tolkien. Ce premier opus réalisé par Andrew Adamson (réalisateur de ‘Shrek’ et ‘Shrek 2’), produit massivement par Disney et Walden Media, nous entraîne dans un univers magique plein de dangers et d’aventure. Quatre jeunes enfants anglais, Lucy (Georgie Henley), Susan (Anna Popplewell), Edmund (Skandar Keynes) et Peter Pevensie (William Moseley), doivent quitter d’urgence leur demeure en plein bombardement durant la Seconde Guerre Mondiale. Obligés de se séparer de leur mère, les quatre jeunes enfants sont confiés aux soins du professeur Kirke (Jim Broadbent), qui habite une luxueuse demeure non loin de Londres. Le quatuor s’ennuie ferme dans ce manoir où les règles de vie sont strictes, jusqu’au jour où la petite Lucy découvre par hasard une mystérieuse armoire magique qui se trouve être en réalité une porte secrète vers un autre monde, celui de Narnia. Elle sera très vite rejointe par Susan, Edmund et Peter qui vont s’aventurer à leur tour dans cet autre univers, où la cruelle Sorcière Blanche (Tilda Swinton) fait régner un hivers sans fin dans le pays depuis près d’un siècle, alors qu’elles revendiquent le trône royal de Narnia. La sorcière et ses sbires maléfiques s’opposent aux armées du sage et brave lion Aslan, chef des forces du bien. Mais une prophétie annonce depuis très longtemps l’arrivée de deux fils d’Adam et deux fils d’Eve, qui conduiront les troupes du bien et anéantiront définitivement celles du mal. Piégés dans ce royaume enchantés, les quatre compères vivront des aventures épiques et participeront même à la bataille finale contre l’armée de la Sorcière Blanche.

Le scénario évoque bien évidemment ‘Lord of the Rings’, alors que l’on retrouve un souffle épique et une ambiance mythologique/fantastique assez similaire aux films de Peter Jackson. L’atmosphère de ‘The Chronicles of Narnia’ oscille entre l’onirique et le magique, à l’instar des ‘Harry Potter’, à la différence prêt que les sorciers cèdent ici la place à des chevaliers, des guerriers et des créatures mythiques (le Minotaure, le Faune, etc.). Les personnages sont tous très attachants (les quatre jeunes héros paraissant tous très à l’aise dans leurs rôles respectifs), les effets spéciaux sont remarquables (mention spéciale au lion Aslan, entièrement réalisé en images de synthèse) et l’action y est omniprésente. Le film d’Andrew Adamson n’est rien de plus qu’une énième variante de l’éternel lutte entre le bien et le mal, sur fond de symboles religieux (les fils d’Adam et d’Eve, le lion représentant le messie, la trahison d’Edmund s’apparentant à celle de Judas, etc.). Le spectateur se laisse facilement emporter dans cet univers magique où l’on retrouvera très vite notre âme d’enfant, pour peu que cette dernière ne nous ait pas abandonné. Evidemment le parallèle entre ‘Harry Potter’ et ‘Lord of the Rings’ est tentant, d’autant qu’il n’a échappé à personne (la longue séquence de bataille finale épique devant beaucoup à la trilogie de Peter Jackson). Mais il serait pourtant injuste de ne voir dans ce film qu’une simple redite des deux célèbres sagas littéraires/cinématographiques tant le film d’Andrew Adamson (dont la réalisation passe-partout manque cruellement d’originalité) possède son propre univers, son propre charme. A Narnia, les animaux parlent tous, certains sont au service du bien, d’autres du mal. Le temps terrestre est suspendu, l’hiver paraît éternel, le père Noël possède des armes secrètes qui aideront les jeunes héros pour la bataille finale, etc. Il ne faut évidemment pas prendre cette superproduction de Noël trop au sérieux, erreur dans laquelle sont tombés bon nombres de critiques américaines qui ont vus dans ce film une propagande chrétienne à grande échelle, comme l’explique lui-même le romancier Philip Pullman (auteur de ‘A la croisée des mondes’) dans son article ‘Holy War Looms over Disney’s Narnia Epic’, auteur connu pour ses positions radicalement anti-chrétiennes qui dénigre le film d’Andrew Adamson, accusant Disney et Walden Media de véhiculer des messages religieux extrémistes, misogynes, réactionnaires et racistes alors que pour beaucoup le film, comme le livre, est un simple conte d’aventure époque destiné à un jeune public. Il est d’ailleurs assez amusant de constater que cette polémique se limite essentiellement aux USA, les critiques françaises ayant par exemple majoritairement réfuté la thèse de la propagande chrétienne dans le film d’Andrew Adamson, comme quoi, depuis la polémique (inutile) de ‘The Passion of the Christ’ de Mel Gibson, certains semblent s’obstiner à voir des messages religieux fascisants partout. Il faut dire que le fait que certains groupes chrétiens aient utilisés ‘Le monde de Narnia’ comme moyen de promotion pour leur doctrine n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu (de là à dire comme le prétend Pullman que le film risque fort de corrompre les jeunes enfants qui iront le voir...). Certes, les symboles religieux sont implicitement présents, mais ne sont qu’un prétexte à une grande aventure épique qu’il ne faut surtout pas prendre au sérieux, ‘Le monde de Narnia’ n’étant rien de plus rien de moins qu’un simple divertissement hollywoodien, certes un brin opportuniste car surfant sur la vague du succès des ‘Harry Potter’ et des ‘Lord of the Rings’, rempli de magie, de mystère et d’aventure. Après, chacun est libre d’interpréter le film à sa façon, mais il est simplement regrettable que ce genre de polémique devienne de plus en plus systématique aujourd’hui, même sur des films qui ne méritent pourtant pas d’être ainsi traîné dans la boue!

Comme on pouvait s’y attendre, la musique d’Harry Gregson-Williams apporte à ‘The Chronicles of Narnia’ sont lot d’émotion avec une nouvelle partition symphonique solide, dans la continuité de l’épique ‘Kingdom of Heaven’ ou de l’aventureux ‘Sinbad’ (à noter qu’Harry Gregson-Williams a écrit la musique de ‘Shrek’ et ‘Shrek 2’, ce qui explique le fait qu’Andrew Adamson l’ait à nouveau choisit pour ‘The Chronicles of Narnia’). Cela fait maintenant depuis quelques années qu’Harry Gregson-Williams semble sortir petit à petit de l’ombre de Hans Zimmer en s’affirmant de plus en plus comme un compositeur à part entière et non comme un obscur compositeur de musique additionnelle travaillant à Media-Ventures (alias Remote Control). En ce sens, ‘The Chronicles of Narnia’ épisode I devrait rallier les fans à sa cause, tant le score de Gregson-Williams est synonyme de magie, d’aventure épique et d’émotion. Si le début surprend par son côté action brutal inattendu (‘The Blitz, 1940’), avec son ostinato rythmique de cordes, ses cuivres massifs et ses petites rythmiques électroniques accompagnant la scène du bombardement sur Londres dans le prologue du film, la suite se veut plus rassurante et plus adaptée à l’esprit du film d’Andrew Adamson. ‘Evacuating London’ apporte une certaine mélancolie à la scène où les quatre enfants quittent leur mère pour partir habiter chez le professeur Kirke. Gregson-Williams nous dévoile ici son premier thème, une mélodie élégante et mélancolique confiée à un piano sur fond de cordes chaleureuses et de vents tendres et nostalgiques évoquant la séparation. La seconde partie du morceau change radicalement de style et annonce un premier thème du score, accompagné par une rythmique électronique, des cordes et la voix de la soliste Lisbeth Scott (qui, coïncidence, était déjà soliste sur la BO de ‘Passion of the Christ’ de John Debney) dans un style un peu new-age/pop plus typique du style moderne du compositeur, le thème annonçant à l’avance le début d’une grande aventure alors que le train qui emmène les enfants se dirige vers le manoir du professeur Kirke.

‘The Wardrobe’ dévoile quand à lui le thème de Narnia confié à une flûte celtique et un choeur d’enfants magique lorsque Lucy découvre Narnia pour la première fois. On ressent ici toute la magie et la féerie de ce monde enchanté prisonnier du maléfice de la Sorcière Blanche. ‘Lucy Meets Mrs. Tumnus’ fait appel à un nouveau soliste, le violon électrique d’Hugh Marsh alors que le compositeur dévoile le très joli thème intimiste associé à Mr. Tumnus, le Faune qui devient le nouvel ami de Lucy. Le timbre du violon électrique apporte ici une certaine chaleur au morceau, agrémenté d’une cithare, tandis que le piano ponctue le morceau de quelques accords sur fond de nappes de synthétiseur. L’utilisation de l’électronique reste ici discrète, Gregson-Williams jouant avec ses différentes sonorités afin de créer un univers sonore à la fois traditionnel (l’orchestre, les voix, les choeurs, les solistes, etc.) et moderne (les synthétiseurs, les rythmiques, etc.), un univers sonore associé au monde de Narnia, le compositeur en profitant pour rappeler le thème de Narnia à la fin de ‘Lucy Meets Mr. Tumnus’, toujours porteur d’une certaine émotion liée au dépaysement et à l’émerveillement. Un nouveau thème fait ensuite son apparition dans ‘A Narnia Lullaby’, une mélodie/berceuse jouée par le duduk arménien accompagné par un bourdon (une note tenue indéfiniment). La simplicité mélodique de cette berceuse que joue Mr. Tumnus à Lucy afin de l’endormir est très vite pervertie par un environnement orchestral/choral plus sombre et inquiétant qui évoque la présence maléfique de la reine. En l’espace de quelques morceaux, Harry Gregson-Williams pose le ton de sa partition en insistant sur l’utilisation adroite des différents solistes et un travail autour des sonorités acoustiques/électroniques qui réussit beaucoup au film, même si, comme toujours, on regrette le manque d’originalité de l’ensemble qui rappelle encore beaucoup certaines anciennes partitions orchestrales d’Harry Gregson-Williams (à commencer par ‘Kingdom of Heaven’). A noter que la Sorcière Blanche (évoquée dans ‘The White Witch’) n’a pas de thème particulier, mais plus des sonorités sombres et dissonantes qui évoquent son côté maléfique.

Si la musique met un peu de temps à décoller durant toute la première partie du film malgré la présence de quelques thèmes fort sympathiques, l’aventure débute enfin dans le puissant ‘To Aslan’s Camp’ alors que les quatre héros viennent enfin de rejoindre le camp d’Aslan. C’est là que le dernier thème du score fait son apparition, un superbe thème héroïque typique du côté aventureux de la musique d’Harry Gregson-Williams. Ce formidable thème héroïque parcourt l’ensemble de la dernière partie du score, dont la puissance s’en trouve soudainement décuplée comme si la musique se décidait enfin à devenir vraiment passionnée et mémorable. Le thème héroïque est entendu pour la première fois dans le film lorsque Peter sauve Lucy, Susan et Edmund de la noyade grâce à son épée magique. ‘To Aslan’s Camp’ apporte à la musique un sentiment de majestuosité et de puissance alors que les héros rencontrent enfin le grand Aslan en personne. Mais ‘The Stone Table’ vient rompre ce côté chevaleresque et entraînant en imposant un ton plus dramatique pour la scène du sacrifice d’Aslan. Il se dégage de cette musique un certain sentiment de gravité alors que Gregson-Williams utilise choeurs d’hommes graves et percussions exotiques pour illustrer la sinistre cérémonie du sacrifice. Puis l’on revient finalement dans l’épique avec le colossal ‘The Battle’, accompagnant la séquence de la bataille finale avec panache et puissance. Le thème héroïque chevaleresque refait ici son apparition, toujours joué par les cuivres et agrémenté d’un choeur épique puissant synonyme de bravoure et de dépassement de soi. Pendant plus de 7 minutes, Harry Gregson-Williams apporte enfin le souffle épique nécessaire à la partition et que l’on attendait depuis longtemps (il est quand même dommage que l’on soit obligé d’attendre la fin de la BO pour enfin entendre la musique décoller pour de bon et nous emporter avec elle). Gregson-Williams nous ressert ici ses rythmes action frénétiques et ses choeurs massifs hérités des passages d’action de ‘Kingdom of Heaven’, une influence incontestable ici pour le compositeur. C’est le côté héroïque, noble et épique de ‘The Battle’ qui fait ici toute la force de la musique à l’écran, apportant une émotion considérable à cette séquence, avec, au passage, la présence de quelques rythmes électroniques chers au compositeur. ‘Only The Beginning of the Adventure’ conclut finalement le film en beauté avec une reprise des principaux thèmes du score, incluant entre autre le thème de Narnia, le thème de Mr. Tumnus et bien sûr, le superbe thème héroïque repris dans toute sa splendeur à la fin du morceau, concluant le score sur une ultime touche épique et chevaleresque.

Au final, ‘The Chronicles of Narnia’ est quand même loin d’être le nouveau chef-d’œuvre d’Harry Gregson-Williams, mais rien que pour sa dernière partie épique et captivante, cette partition mérite qu’on s’y intéresse, même si l’on regrettera beaucoup le manque d’originalité et de personnalité de cette musique qui aurait mérité à s’affirmer plus radicalement au lieu de recycler les formules musicales habituelles. Le monde de Narnia avait besoin d’un univers sonore et musical vraiment unique, un peu comme celui imaginé par Howard Shore pour la trilogie des ‘Lord of the Rings’. Ici, malgré la présence de solistes et d’un mélange intéressant orchestre/synthé, le mélange opère nettement moins bien et de façon peu inspirée, même s’il faut bien reconnaître que le compositeur nous offre un travail solide et exécuté avec brio. Après tout, Harry Gregson-Williams est là pour répondre aux demandes du réalisateur, et si ce dernier n’est pas capable de vouloir une musique plus ambitieuse pour son film, c’est fort regrettable. Néanmoins, ne soyons pas trop sévère, car le score de ‘The Chronicles of Narnia’ n’en demeure pas moins un travail de qualité qui, malgré son manque flagrant d’originalité et de fantaisie, apporte une émotion considérable au film d’Andrew Adamson. On en vient cependant à se demander si Harry Gregson-Williams était le choix idéal pour ce type de film, là où un compositeur plus ‘classique’ d’esprit comme John Williams aurait certainement imaginé une musique bien plus adaptée à l’univers magique et fantaisiste de Narnia. Le résultat final est malgré tout très convaincant et nous transportera dans une grande aventure épique et magique teintée d’héroïsme et de bravoure.



---Quentin Billard