1-Main Titles 3.22
2-Motaba River Valley 1.02
3-Final Authorization 2.36
4-White Flags 1.46
5-Casey Rips His Suit 2.23
6-Finding The Ship 1.44
7-Casey Goes Down 2.05
8-Robbie's Bedside 2.39
9-Jimbo Gets Sick 1.44
10-Cedar Creek Exodus 1.09
11-A Little Resistance 2.50
12-They're Coming 7.16

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5599

Album produit par:
James Newton Howard
Co-Producteur:
Michael Mason
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage de la musique:
Jim Weidman
Assistant montage:
David Olson

Artwork and pictures (c) 1995 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
OUTBREAK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Si l'on ne devait retenir qu'un seul film évoquant les dangers d'un mystérieux virus qui ravage une petite ville américaine, ce serait bien 'Outbreak' (Alerte!), excellente grosse production d'action signée Wolfgang Petersen. A partir du postulat d'une arme biologique qui sème le chaos et la mort dans la petite ville de Cedar Creek. Tout commence en 1969, lorsque des scientifiques découvrent dans un petit village africain du Zaïre un virus similaire à l'Ebola. Ce virus, baptisé 'Motaba', doit impérativement être détruit. L'armée décide alors de raser le village et ses habitants afin d'enrayer la menace définitivement. 25 ans plus tard, le virus réapparaît, transmit par un petit singe ramené d'Afrique à un jeune homme nommé Jimbo (Patrick Dempsey). Au moment où ce dernier retrouve sa fiancée à l'aéroport après avoir ramené avec lui le petit singe contaminé pour le vendre en Amérique, Jimbo tombe dans les pommes et meurt terrassé par le virus. Ce dernier liquéfie les organes de ses victimes et les tue en un laps de temps affolement court. Le colonel Sam Daniels (Dustin Hoffman) est chargé par l'agence fédérale du USAMRIID (United States Army Medical Research Institute for Infections Diseases) d'enquêter sur ce virus mortel avec l'aide de son ex-femme, le Dr. Robby Keough (René Russo), envoyée par le bureau du CDC (Centre for Disease Control) pour tenter de trouver ensemble le moyen de stopper la mystérieuse épidémie qui ne cesse de se propager dans la petite ville de Cedar Creek en Californie, et qui, en quelques mois, a déjà fait de nombreux morts. Sam, Robby et leur équipe vont tenter de trouver un antidote dans les plus brefs délais, mais la tâche s'avère ardue, étant donné la rapidité avec laquelle 'Motaba' se propage dans l'air et décime la population. De plus, le supérieur du colonel Daniels, le général Billy Ford (Morgan Freeman), ne semble pas disposé à laisser Daniels mener son enquête. Lorsqu'il comprend que le virus n'est autre qu'une arme biologique que tentent de protéger le général Donald McClintock (Donald Sutherland) avec le concours du général Ford, Daniels saisit la gravité de la situation et découvre leurs sinistres plans visant à raser entièrement Cedar Creek en lâchant une bombe sur la ville. Désormais, le temps presse: Daniels doit trouver d'urgence un antidote et prouver à l'armée américaine qu'il peut mettre un terme à l'épidémie sans avoir à recourir à la solution ultime.

En cette époque où le concept de guerre bactériologique a prit un autre sens depuis les attentats terroristes post-2001, 'Outbreak' est un film qui fait froid dans le dos. A ce sujet, le film débute sur une citation de Joshua Lederberg (généticien américain lauréat du Prix Nobel en 1958): La plus grande menace contre le règne de l'homme sur la planète est le virus". En remplaçant cette citation dans le contexte du film de Wolfgang Petersen, on frémit à l'idée qu'un simple micro-organisme invisible à l'oeil nu puisse faire autant de ravages sur terre. Cependant, cette citation pourrait être tempéré par le fait que le véritable ennemi de l'homme est l'homme lui-même. C'est aussi ce que tente de démontrer 'Outbreak', évoquant avec une certaine audace la machination d'un groupe de militaires de l'armée américaine qui cherchent à contrôler une précieuse arme biologique développée durant 30 ans et qui n'ont aucun scrupule à raser des villes entières pour protéger leur virus mortel. C'est l'occasion pour nous de nous rappeler à quel point cette idée est loin d'être de la fiction, surtout à une époque où la guerre bactériologique revient plus que jamais au goût du jour, et où les gouvernements cherchent chacun à leur tour à devenir plus fort et plus puissant, bien souvent au mépris de nombreuses vies humaines sacrifiées dans cette inexorable course à l'armement. Evidemment, on pourrait continuer d'extrapoler ainsi, mais ce serait passer malgré tout à côté de 'Outbreak', un film d'action excellent et palpitant, mené à un rythme d'enfer avec un casting de qualité réunissant quelques pointures du genre telles que Dustin Hoffman, René Russo, Kevin Spacey, Morgan Freeman, Donald Sutherland, Cuba Gooding Jr., Patrick Dempsey, etc. Evidemment, on n'évite pas les habituels clichés hollywoodiens avec le héros qui affronte maints dangers et surmonte maints obstacles en un laps de temps invraisemblablement court, mais au final, 'Outbreak' s'avère être un excellent film d'action qui a l'audace de montrer l'armée américaine sous un angle pas très flatteur, bien loin des habituels clichés patriotiques inhérents à ce type de production U.S. 'Outbreak' nous rappelle enfin que le virus est bien l'une des plus grandes menaces de l'homme, mais que ce dernier peut aussi s'avérer être bien plus dangereux que tous les virus et bactéries de la planète entière. Action non-stop, péripéties spectaculaires, crescendo de suspense, tragédies humaines, poursuites, course à l'antidote, conspiration, course contre la montre, tout est fait dans 'Outbreak' pour nous offrir un spectacle particulièrement divertissant et bien au dessus de la norme hollywoodienne habituelle. Sans aucun doute le film hollywoodien le plus réussi de Wolfgang Petersen!

James Newton Howard paraissait le choix idéal pour la musique de 'Outbreak', lui qui avait déjà signé la musique de bon nombres de productions Warner incluant 'The Fugitive', 'Just Cause', 'Wyatt Earp', 'Falling Down', etc. Avec le film de Wolfgang Petersen, James Newton Howard nous démontre ses talents de compositeur de musique d'action, genre qu'il exploite à merveille ici en donnant à 'Outbreak' un rythme trépidant. On y retrouve les recettes orchestrales habituelles, couplées à quelques synthétiseurs et quelques percussions exotiques évoquant les origines africaines du virus mortel. Si le 'Main Titles' paraît plus proche des sonorités électroniques du JNH de la fin des années 80, avec sa rythmique électronique et ses nappes de synthé couplées à l'orchestre (sur les images d'un laboratoire de recherche scientifique sur les contaminations bactériologiques), 'Motaba River Valley' nous transporte d'emblée vers le style action de JNH très ancré dans les années 90, sur fond de percussions exotiques évoquant la vallée de Motaba, avec un orchestre dominé par les cuivres, les percussions et les cordes. Ceux qui connaissent le méconnu 'Marked for Death' pourront même reconnaître une brève allusion au sinistre motif vocal de Screwface emprunté ici à la musique du navet de Steven Seagal (qui utilisait aussi efficacement les percussions exotiques/tribales). Si 'Motaba River Valley' impose une atmosphère d'aventure plutôt soutenue, le 'Main Titles' nous plonge dans un certain mystère avec une grande efficacité, d'abord suggéré par les textures électroniques puis par l'orchestre, que ce soit les martèlements de cuivres ou le travail autour des cordes plus atmosphériques. On distingue même ici un choeur qui suggère mystérieusement le début du drame lié à l'épidémie du virus.

De l'action, le score de 'Outbreak' n'en manque pas, mais à l'instar du film, il y a une véritable diversité d'évènements qui permet au compositeur de développer différentes ambiances, que ce soit le tragique 'Cedar Creek Exodus' dans lequel JNH développe le dramatique thème principal aux cordes et aux cors dans une ambiance plutôt résignée lors de l'exode des habitants de Cedar Creek, sans oublier le sombre et funèbre 'Final Authorization' lorsque le général donne l'ordre de lâcher la bombe à la fin du film (on retrouve une ambiance similaire dans le triste 'White Flags' lorsqu'une mère de famille doit abandonner son foyer sur ordre de l'armée). On retrouve un JNH plus ancré dans son style horreur/thriller avec le bref mais sinistre 'Casey Rips His Suit' dans la scène où Casey Schuler (Kevin Spacey) fait un trou dans sa combinaison, s'exposant mortellement au virus. Après un sursaut orchestral plus chaotique, la seconde partie du morceau paraît plus inquiétante, presque menaçante (elle suggère le triste sort qui attend le personnage). La dernière partie du morceau se conclut même de manière plus tragique avec un dramatique tutti orchestre/choeur lorsqu'on commence à faire brûler les cadavres dans Cedar Creek afin d'éviter les épidémies. A noter un petit motif de piccolo associé à plusieurs reprises dans le film au petit singe qui porte l'antidote nécessaire pour stopper Motaba. La mort de Casey est même illustrée de manière plus brutale dans 'Casey Goes Down', où l'on découvre les traditionnelles percussions électroniques chères au compositeur.

L'action est alors au rendez-vous dans 'Finding The Ship' avec l'écriture cordes/cuivres/percussions typiques de James Newton Howard (on songe ici à certains passages de 'The Fugitive'), lorsque Daniels trouve le navire dans lequel il doit se rendre. L'action culmine dans l'excitant 'A Little Resistance' lorsque les hélicoptères du général McClintock tentent de contrer celui de Daniels pour l'empêcher d'atteindre son but. Rythmes syncopés, cuivres massifs, percussions omniprésentes, tout est fait ici pour rendre la poursuite encore plus spectaculaire et excitante. Les amateurs des musiques d'action de JNH devraient même prendre un certain plaisir à l'écoute de ce très bon 'A Little Resistance' (on regrettera même le fait que l'album omette d'autres bons passages d'action de la partition de 'Outbreak'!). De la même façon, 'They're Coming' évoque la tentative finale de Daniels pour empêcher la bombe d'être larguée sur Cedar Creek. Le morceau oscille ainsi entre action et suspense où le compositeur fait brillamment monter la tension durant près de 7 minutes captivantes. Heureusement, le score nous gratifie aussi de quelques moments plus doux et poétiques comme le très beau 'Robbie's Bedside' où le compositeur nous dévoile son émouvant 'Love Theme' associé à la romance entre Sam et Robbie. Le morceau est entendu lorsque Sam se rend au chevet du lit de Robbie, elle aussi atteinte par le virus, et qu'il jure de guérir en trouvant l'antidote. Le thème est ici exposé par des vents sur fond de cordes chaleureuses, d'un piano et d'une guitare. Impossible de ne pas ressentir à l'écoute de cette très belle mélodie une nostalgie poignante emprunte d'une grande tendresse. Voilà en tout cas un peu de poésie qui permet de souffler entre deux morceaux sombres et tonitruants.

Pas de surprise ici dans cette partition orchestrale typique de James Newton Howard. Le compositeur offre au film son lot d'action, d'aventure et d'émotion, JNH effectuant son travail avec la rigueur d'un grand professionnel. On regrettera bien évidemment le manque d'originalité d'une partition calibrée et efficace mais sans génie. On aurait par exemple aimé entendre des motifs plus mémorables et plus forts à l'écran. Ajoutons pour finir que le CD omet de nombreux morceaux, du en particulier au fait que l'enregistrement de la partition a été effectuée avec un orchestre de Los Angeles très coûteux syndiqué AFM (American Federation Musicians), ce qui explique le peu de musique présent sur l'album (approximativement 30 minutes) alors que le compositeur a écrit un peu plus d'une heure de musique pour 'Outbreak'. Malgré son manque d'originalité, 'Outbreak' s'avère être un effort solide de James Newton Howard sur l'un des meilleurs films de Wolfgang Petersen, une partition à recommander en priorité aux aficionados du compositeur!


---Quentin Billard