1-Summon the Worms 3.49
2-Dune Messiah 2.40
3-Main Title (House Atreides) 1.36
4-The Revolution 2.01
5-Fear Is The Mind Killer 2.44
6-The Arrival of Lady Jessica 3.08
7-Leto Atreides II 2.45
8-Inama Nushif (Montage) 3.51
9-War Begins 1.08
10-Battle of Naraj 3.15
11-Rya Wolves 1.33
12-I Have Only Now 3.12
13-The Impossible Wager 3.00
14-Face Dancer 1.02
15-The Throne of Alia 1.20
16-Trap the Worm 3.03
17-Salusus Secundus 1.04
18-The Jihad 2.02
19-The Ring of Paul 3.50
20-Exiles 1.28
21-Sins of the Mother 1.24
22-Irulan is Regret 1.11
23-My Skin Is Not My Own 0.23
24-Reunited 2.28
25-The Golden Path 2.09
26-Child Emperor 1.18
27-Sign of the Bene Gesserit 2.08
28-The Preacher of Arrakeen 2.32
29-The Desert Journey 1.35
30-The Ghola Duncan 1.37
31-Leto and Ghanima 1.16
32-The Fremen Quizarate 1.42
33-Farewell 3.25
34-Children of Dune 1.16
35-Horizon 1.35
36-End Title 1.31

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 454 2

Album produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2003 Blixa Film Produktion GmbH & Co. KG. All rights reserved.

Note: ****
CHILDREN OF DUNE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
La fameuse saga de ‘Dune’ imaginée à l’origine par le romancier Frank Herbert –son seul et véritable titre de gloire- a inspirée le cinéma U.S. de quelques belles adaptations cinématographiques, à commencer par le très culte et controversé ‘Dune’ de David Lynch (1984), qui reçu des avis très passionnés et partagés dès sa sortie en 84. 16 ans plus tard apparu une nouvelle version du roman de Frank Herbert réalisée cette fois-ci sous la forme d’une brillante mini-série en 3 parties par John Harrison, spécialiste de séries TV. Cette mini-série a connu un certain succès qui permit à ses producteurs de mettre en chantier un nouvel opus, toujours inspiré des romans de Frank Herbert, ‘Children of Dune’ (Les enfants de Dune), nouvelle mini-série grandiose tournée cette fois-ci en 2 parties. Réalisé par Greg Yaitanes (autre artisan de la série TV, qui a tourné quelques épisodes pour des séries à succès telles que ‘Lost’, ‘CSI Miami’, ‘Nip/Tuck’ ou bien encore ‘Alias’), ‘Children of Dune’ nous transporte 12 ans après la fin du premier ‘Dune’, sur la planète Arrakis. Une très vieille prophétie s’est enfin concrétisée: elle annonçait que le célèbre Muad’Dib (Alec Newman) régnerait sur Arrakis en transformerait cette terre de sable et de dune aride en un puissant jardin riche et fertile, dominé par la célèbre épice, principale source de vie des Fremen (les habitants d’Arrakis), produite par les gigantesques vers des sables. Mais la réalité est en fait bien plus sombre. Durant ces 12 années, Muad’Dib a mené la Jihad, une guerre sainte qui ravagea le pays. S’apercevant bien tardivement qu’il est à la tête d’une violente dictature fanatique, et à la suite de la mort de sa femme décédée en donnant naissance à ses deux enfants, Muad’Dib décide de se retirer dans le désert. Commencent alors à se déchaîner autour de lui diverses conspirations qui risquent à tout moment de déclencher une guerre civile sur Arrakis. Une lutte de pouvoir s’engage alors entre Alia Atréides (Daniela Amavia), la soeur de Muad’Dib manipulée par l’esprit du Baron Harkonnen (Ian McNeice), la princesse Wensicia (Susan Sarandon) de la maison rivale des Corrino, Dame Jessica, la mère de Muad’Dib (Alicia Krige) qui tente de ramener la paix dans le royaume après plusieurs années d’absence et s’oppose à sa fille Alia, sans oublier les redoutables membres de l’ordre des Bene Gesserit. Après la disparition de Muad’Dib, ses deux enfants jumeaux Léto (James McAvoy) et Ghanima (Jessica Brooks) décident à leur tour de tout mettre en œuvre pour ramener la paix dans le royaume. Léto recherche comme son père la mythique voie dorée que Muad’Dib a tant convoité autrefois dans le désert. Il sait qu’il doit à son tour suivre les traces de son père et chercher des réponses qui lui permettront peut-être, avec sa jeune soeur, de mettre un terme au chaos qui sévit sur Arrakis.

Réalisation simple, acteurs convaincants, intrigue complexe, décors magnifiques, émotion très présente, tels sont les ingrédients de ce superbe ‘Children of Dune’, réussite qui doit beaucoup à son atmosphère chaude et mythologique. A noter malgré tout que la V.F. est gâché par des erreurs de traduction et de nombreuses coupures qui ramènent la durée de la mini-série à près de 3 heures alors que la version complète avoisine tout de même les 4 heures, ce qui explique que, curieusement, la V.F. ne fait que 2 parties alors qu’aux USA ou dans d’autres pays, le public aura pu voir l’histoire dans sa version intégrale (une telle pratique est quand même bien honteuse). En réalité, la mini-série de Greg Yaitanes est une adaptation de deux romans de Frank Herbert, ‘Dune Messiah’ et ‘Children of Dune’. Moins porté sur l’action et les séquences de bataille que l’épisode précédent, ‘Children of Dune’ met davantage l’accent sur le développement des personnages et des différentes intrigues politiques ou sentimentales, d’où un ton résolument plus dramatique et psychologique. On notera quelques belles performances avec en tête un Alec Newman toujours aussi convaincant dans la peau de Muad’Dib, une très belle Daniela Amavia fascinante dans la peau de cette femme fanatique et possédée par l’esprit du baron qu’elle tua elle-même autrefois, sans oublier la présence en guest-star de Susan Sarandon, parfaite en perfide rivale des Atréides. Mais comme dans le précédent ‘Dune’, on regrettera ici le côté parfois artificiel de certains décors et effets spéciaux, quasiment tous réalisés avec la technique de l’écran vert. Néanmoins, Greg Yaitanes a réussit à insuffler un ton épique et dramatique à son récit, porté par un souffle émotionnel nettement plus présent que dans le précédent ‘Dune’. Reste que, si l’on veut voir la version complète de ‘Children of Dune’, il faudra impérativement se procurer la version américaine!

Après avoir fait appel à Graeme Revell sur ‘Dune’, les producteurs décidèrent sur ‘Children of Dune’ de suivre une nouvelle voie musicale en la personne de Brian Tyler. 2003 fut une année décisive pour Tyler, ce dernier composant les partitions qui le firent définitivement connaître du public telles que ‘The Hunted’, ‘Timeline’ ou bien encore ‘Darkness Falls’. ‘Children of Dune’ fait partie de cette excellente cuvée 2003. Greg Yaitanes souhaitait pour son film une musique à la fois épique, faite d’instruments ethniques et de voix envoûtantes. Tyler devait alors écrire plus de 3h30 de musique en six semaines, un défi qu’il releva haut la main avec panache. Le résultat, sans être exceptionnel, a de quoi satisfaire bon nombre de fans du jeune compositeur. Avec quelques thèmes mémorables et une ambiance à la fois dramatique et sombre, par moment épique, le score de ‘Children of Dune’ retranscrit toute l’émotion du film avec un talent qu’on ne connaissait pas encore chez le compositeur. ‘Summon the Words’ ouvre l’album en posant les bases de la partition: orchestre massif, passage d’action aboutissant avec une belle envolée épique, sonorités orientales/ethniques du plus bel effet (à noter que Brian Tyler lui-même assure l’interprétation des instruments ethniques telles que les flûtes ou les tambours exotiques), sans oublier une première apparition du magnifique thème principal lors d’une scène d’affrontement avec un ver géant dans le désert. Si le thème est ici interprété de façon épique par des cuivres majestueux et presque héroïques – associés à Léto et Ghanima, symbolisant l’espoir d’un avenir meilleur pour Arrakis – ‘Dune Messiah’ reprend ce thème dans sa version originale, plus douce et mélancolique. Interprétée par une voix féminine toute en retenue et vibrante de fragilité, ce thème nostalgique évoque toujours l’espoir d’un avenir meilleur, thème qui parcourt l’ensemble de la mini-série avec une grande émotion. A noter la présence du désormais indispensable duduk, le fameux hautbois arménien largement popularisé par le ‘Gladiator’ de Hans Zimmer, et que les compositeurs de musique de film utilisent désormais à toutes les sauces lorsqu’il s’agit de donner une couleur orientale à leur musique. Le générique de début de la toute première partie apparaît dans ‘Main Title (House Atreides)’ et dévoile sous la forme d’une marche solennelle le thème majestueux de cordes/cuivres associé à la maison Atréides, cérémonial comme il se doit bien que très banal en soi (on se serait peut-être attendu à un thème un peu plus remarquable ceci étant dit – finalement, Tyler ne l’utilise pas beaucoup durant le film et ce n’est peut-être pas plus mal). Avec ces trois premiers morceaux, Tyler pose définitivement les bases de sa partition et nous proposera une série de variations autour de ces différents éléments.

‘The Revolution’ nous permet ainsi de réentendre le thème principal aux cordes sur fond de percussions orientales, de duduk et de guitares alors que le révolution commence à secouer Arrakis. Les couleurs orientales sont ici associées aux Fremens et à leur univers de sable et de dune qu’est Arrakis, rappelant au passage le travail de Graeme Revell sur le précédent 'Dune'. Dans un autre registre, les fans de morceaux d’action musclés pourront se réjouir de passages comme ‘Fear is the Mind Killer’ où l’on retrouve le Tyler action de ‘Timeline’, sans oublier le massif ‘War Begins’ pour le début de la guerre civile ou la scène de l’attaque des loups du désert qui s’en prennent à Léto et Ghanima dans ‘Rya Wolves’, sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action du score, avec ses cuivres massifs et ses ostinati rythmiques agressifs, apportant une énergie considérable à cette séquence. On pourra aussi rajouter ‘The Jihad’ qui, curieusement, n’est qu’une reprise à peine amplifiée de l’épique ‘Summon the Words’ qui ouvre l’album. Le reste du score se concentre d’avantage sur des passages thématiques ou atmosphériques et quelques très belles ambiances orientales de qualité, accompagnant tout au long de la mini-série les différentes intrigues et personnages de l’histoire. Tyler nous offre aussi des moments plus solennels comme ‘The Arrival of Lady Jessica’ pour la scène où Dame Jessica revient sur Arrakis après des années d’absence, accompagnée par des cordes majestueuses et une reprise du thème solennel de la maison Atréides. ‘Battle of Naraj’ est quand à lui très représentatif de ce côté atmosphérique et sombre parcouru de sonorités orientales évocatrices de l’univers aride d’Arrakis. Idem pour ‘The Impossible Wager’, ‘The Fremen Quizarate’, ‘The Golden Path’, ‘The Desert Journey’, ‘Exiles’ ou ‘Trap the Worm’ (scène de la capture d’un ver géant dans le désert) avec ses percussions arabisantes, son duduk et ses guitares. On pourra même découvrir un nouveau motif à la fin de ‘I Have Only Now’, que l’on appellera le ‘motif de la conspiration’, un motif harmonique de 4 notes mystérieux et menaçant qui, très présent tout au long de la mini-série, finit par devenir pesant et porteur d’un sentiment de danger permanent dont l’impact psychologique sur l’auditeur est immédiat. Toujours joué aux cordes graves, sur une tenue de violons en octave plus aiguë, on le retrouve à la fin de ‘Trap the Worm’ ou de ‘The Preacher at Arrakeen’. On trouve même un second motif basé sur le même principe que ce motif harmonique dans ‘The Ghola Duncan’, mais cette fois-ci constituée de 3 notes de cordes, motif mystérieux et menaçant qui évoque là aussi cet univers de conspiration et la possession de l’esprit d’Alia. A côté de ces morceaux sombres et parfois agités, une pièce comme l’orientalisant ‘Leto and Ghanima’ ou le doux ‘The Ring of Paul’ (rappelant le souvenir de Muad’Dib à travers son précieux anneau) se détachent radicalement par leur côté onirique, ‘The Ring of Paul’ rappelant au passage le thème principal par un duduk mélancolique et distant, ou ‘Sins of the Mother’, faisant allusion au passé de Dame Jessica sur un ton dramatique et quelque peu amer (on reste très souvent dans cette atmosphère psychologique ici).

Mais le summum de l’émotion est atteint avec l’incontournable troisième thème introduit dans le magnifique ‘Inama Nushif’. Cette très belle pièce vocale accompagnée par l’orchestre et les percussions orientales accompagne l’une des plus belles séquences de la première partie de la mini-série, lorsque Muad’Dib fait déjouer les différentes conspirations à l’intérieur même de sa propre maison tandis qu’au même moment, il accompagne la douleur de sa femme Chani lors de son accouchement. Entièrement accompagnée par la musique sans dialogues ni effets sonores, la scène est transcendée par ses magnifiques voix féminines qui entament un chant basé sur les paroles Fremens imaginées par Frank Herbert dans ses romans et écrites par Tyler lui-même (‘Inama Nushif’ signifiant en langue Fremen ‘elle est éternelle’). La soliste se fait ici l’écho de la voix de Chani qui résonne dans l’éternité, nous faisant clairement comprendre quel sort attend Chani, et, en conséquence, Muad’Dib. Puissant, ‘Inama Nushif’ est un morceau magnifique qui résume à merveille l’émotion qui traverse une bonne partie de ‘Children of Dune’. Seul point noir au tableau, ‘Inama Nushif’ est très clairement inspiré du style de ‘Now we are Free’ de ‘Gladiator’ de Hans Zimmer, un morceau qui, décidément, n’a pas fini d’inspirer des compositeurs et de revenir dans les temp-tracks de différents films. Tyler nous propose néanmoins une très belle reprise de ce très beau thème aux cordes dans ‘Reunited’ lorsque Ghanima retrouve Leto après que ce dernier ait suivi la voie dorée et accomplit sa transformation nécessaire pour sauver le royaume. ‘Reunited’ est porteur à son tour d’une émotion toute en retenue et particulièrement poignante, tandis que l’on retrouve une nouvelle variante du thème principal joué par une guitare et un duduk porteur d’espoir. On retrouve finalement ce thème émouvant dans ‘Farewell’ dans ce qui pourrait correspondre à une version instrumentale de ‘Inama Nushif’ pour la scène finale des adieux, avant d’aboutir à un ‘End Title’ qui conclut avec émotion la partition sur une ultime reprise plus puissante du thème principal par l’orchestre.

Vous l’aurez donc compris, ‘Children of Dune’ est de loin l’une des meilleures partitions que Brian Tyler ait écrit à ce jour pour le cinéma. Visiblement très inspiré par son sujet, Tyler nous offre une composition qui, bien que totalement dénuée de personnalité et d’originalité, apporte à la mini-série de Greg Yaitanes une émotion rare parfaitement ancrée dans l’histoire et ses différentes trames qui la constituent. La partition, très riche, nous offre divers moments variés, que ce soit des passages aux rythmes orientaux, des moments de pure mélancolie ou d’introversion, des passages menaçants et inquiétants ou des morceaux d’action musclés et épiques, sans oublier la beauté du poignant ‘Inama Nushif’. Certes, l’influence des temp-tracks se fait toujours ressentir, surtout pour ce morceau en question, mais l’ensemble demeure malgré tout très convaincant et riche en émotion que l’on ne peut qu’être séduit par cette brillante illustration musicale du roman de Frank Herbert. Voilà en tout cas l’une des partitions majeures de Brian Tyler que vous ne devez surtout pas manquer!


---Quentin Billard