Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:


Réalisateur:
Peter Zinner
Genre:
Thriller
Avec:
Franco Nero, Anthony Quinn,
Martin Balsam, Sybil Danning,
Christopher Lee, Claudia Cardinale
& Eli Wallach

Artwork and pictures (c) 1981 ITC Films/Orbi S.A./Opera Film Produzione. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE SALAMANDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Thriller politique rare et méconnu du début des années 80, ‘The Salamander’ de l’autrichien Peter Zinner nous plonge dans une sombre histoire de conspiration politique en plein coeur de l’Italie. Un agent du contre-espionnage, le colonel Dante Matucci (Franco Nero), enquête sur l’assassinat du général Pantoléone (Fortunato Arena), meurtre qui a été maquillé en suicide. Il trouve alors près du corps de la victime une carte sur laquelle est inscrite un dessin représentant une salamandre, carte qui avait déjà été découverte sur les corps d’autres victimes. Matucci mène son enquête et cherche à en savoir un peu plus sur les sinistres secrets que cache cette série de meurtres. Parmi ses principaux suspects se trouvent le prince Baldasar (Christopher Lee), directeur du contre-espionnage et supérieur hiérarchique de Matucci, l’ambitieux général Leporello (Eli Wallach) et un individu plus mystérieux et ambigu nommé Bruno Manzini (Anthony Quinn). Matucci interroge ses différents suspects et découvre très vite que l’assassinat du général cache en réalité une sinistre conspiration politique: un groupe de fascistes est sur le point de commettre un coup d’état et de prendre le pouvoir en Italie. Matucci, qui a pris sous sa protection la ravissante Lili Anders (Sybil Danning), ancienne compagne du général Pantoléone, se retrouve traqué par les conspirateurs et va tout mettre en oeuvre, avec l’aide de son ami le capitaine Steffanelli (Martin Balsam), pour tenter de contrer la menace du coup d’état fasciste. Le film de Peter Zinner est un thriller politique dans la pure tradition du genre, avec son lot de trahison, de manipulation, de rebondissements et de suspense, même si à ce niveau là, ‘The Salamander’ s’avère être bien décevant et ne tient pas complètement ses promesses. Le rythme mou du film et le manque de tension de certains passages gêne un peu dans l’intrigue du film, d’autant que les interprètes – Anthony Quinn en tête – ne semblent pas toujours extrêmement convaincus par leurs rôles. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir réuni un casting de star assez alléchant, puisqu’on compte ici la présence de Franco Nero, Anthony Quinn, Martin Balsam, Christopher Lee, Sybil Danning, Claudia Cardinale, Eli Wallach, etc. On se serait attendu à un peu plus de suspense et de relief dans ce thriller mou jusque dans ses quelques rares scènes de violence comme la très mollassonne séquence de la torture de Matucci, sans aucun doute l’une des scènes de torture les plus inoffensives de tout le cinéma à suspense des années 80!

‘The Salamander’ fait partie des projets plus atypiques de Jerry Goldsmith, qui, pour une fois, signe la musique d’une production européenne indépendante, hors des grosses majors hollywoodiennes habituelles. Hélas, il est dommage que la partition du maestro californien pour ‘The Salamander’ fasse partie de ses scores totalement oubliés du début des années 80, car, sans être un chef-d’oeuvre impérissable, la partition de ‘The Salamander’ possède bon nombre de qualité qui font de ce score une petite réussite injustement méconnue du compositeur. Score action/thriller typique du maestro, ‘The Salamander’ s’articule autour de deux thèmes principaux, le thème principal, énoncé aux cuivres dès l’ouverture du film et qui évoque le mystère lié à la ‘salamandre’ – un motif typique du compositeur dans sa construction – et l’inévitable ‘Love Theme’ associé ici à la relation entre Dante et Lili. Dieu soit loué, même si le film se déroule entièrement en Italie (à part une scène en Suisse), le maestro évite le piège des clichés musicaux italianisants en dehors de l’utilisation plutôt agréable d’un accordéon qui apporte une couleur ‘européenne’ intéressante à sa musique (et qui rappelle certains passages de ‘Papillon’). Goldsmith développe ainsi ses deux thèmes tout au long du film, personnifiant à la fois le danger qui guète Matucci tout au long de son enquête et son amour naissant pour Lili, qu’il tente de protéger contre la menace des conspirateurs. Goldsmith utilise justement l’accordéon avec l’orchestre dans les passages romantiques qui sont, comme souvent chez Goldsmith, de toute beauté: mélodie nostalgique, cordes lyriques et chantantes, accordéon mélancolique, etc. Le compositeur s’en donne à coeur en nous offrant ce thème romantique tout à fait typique de sa veine plus sentimentale.

Le reste du score est quand à lui très clairement orienté vers l’action et le suspense. L’arrivée de Dante au Q.G. du général Leporello au début du film se fait par exemple au son d’un excellent travail de percussions diverses incluant une petite percussion électronique aux sons métalliques plus dans l’esprit du Goldsmith action des années 80. Ce travail rythmique apparaît dès le ‘Main Title’ où Goldsmith développe avec brio son thème principal sur une série d’ostinati rythmiques entraînants et qui suggèrent déjà cette atmosphère de polar et d’action (on pense par moment ici à certains passages de ‘The Cassandra Crossing’ ou ‘Twilight’s Last Gleaming’). Les quelques rares scènes de course poursuite comme la poursuite en voiture vers le premier quart d’heure du film sont illustrés avec les traditionnels morceaux d’action virtuoses du maestro, cuivres et percussions à l’appui avec comme toujours ce souci constant d’une écriture rythmique d’une pertinence redoutable sur les images (bien que sans grande surprise). Goldsmith nous offre même quelques passages plus dissonants et atonaux comme la fameuse séquence de la torture où le maestro mélange des sonorités électroniques psychédéliques étranges avec des effets dissonants chaotiques qui mettent bien plus mal à l’aise que la scène elle-même (qui est décidément d’une inefficacité hallucinante!). Enfin, last but not least, Goldsmith s’est même payé le luxe de nous offrir un superbe requiem pour choeur et orchestre afin d’accompagner la séquence des funérailles du général Pantoléone au début du film, pièce chorale grandiose et somptueuse qui évoque clairement ce que Goldsmith fera la même année sur ‘The Final Conflict’.

Si tous ces éléments ne suffisent pas à vous convaincre que ‘The Salamander’, sans être d’une folle originalité dans son genre, est une partition de qualité qui mériterait d’être éditée officiellement en CD, il ne vous reste plus qu’à vous dégoter le film et à apprécier la musique à sa juste valeur sur les images du long-métrage de Peter Zinner, la musique s’avérant être, comme souvent chez Goldsmith, bien plus inspirée que ne l’est le film lui-même. Il ne reste plus à espérer qu’un éditeur se penche sur ce score injustement méconnu de Jerry Goldsmith et se décide enfin à le sortir pour de bon!


---Quentin Billard