1-The Mine 3.53
2-Earl Arrival 4.11
3-The Message 2.07
4-The Air Lock 4.43
5-Hot Water 4.51
6-The Hunted 5.15
7-Spiders 2.30
8-The Rec Room 3.23*
9-The Hostage 4.19
10-Final Message 3.28

*Composé par
Michael Boddiker, Richard Rudolph

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Warner Bros Records
9362-47881-2

Préparé pour l'édition par:
Vincent Mercier pour
Warner Strategic Marketing France.

Artwork and pictures (c) 2001 Warner Bros Records Inc/Warner Strategic Marketing France, une division de Warner Music France. All rights reserved.

Note: ***1/2
OUTLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
'Outland': voici sans conteste l'un des meilleurs films du réalisateur Peter Hyams, tourné à une époque où le réalisateur savait encore faire des films de qualité, loin des récents bides qu'ont pu être 'Sudden Death' ou 'The Musketeer'. 'Outland' est en réalité le remake du western 'High Noon' (Le train sifflera trois fois) de Fred Zinnermann réalisé en 1952. Sur une intrigue tout à fait similaire, Peter Hyams développe une atmosphère spatiale très proche de ce que fit Ridley Scott un an auparavant sur 'Alien'. En réalité, 'Outland' doit beaucoup à 'Alien', le film auquel on l'a toujours comparé (coïncidence, dans les deux films, c'est Jerry Goldsmith qui a fait la musique). Cette fois, c'est Sean Connery qui interprète le rôle du shérif-prévôt O'Niel de la station spatiale IO. IO est une gigantesque exploitation minière spatiale dirigé par un conglomérat minier du nom de Con-Amalgamate. O'Niel vient d'arriver récemment avec sa femme et son fils et c'est au bout de quelques semaines qu'il apprendra que sa femme a craqué et a décidé de revenir sur terre avec son fils, et comme un malheur n'arrive jamais seul, il découvre aussi que les récents accidents survenus dans les mines sont du en réalité à la prise d'une puissante drogue mystérieuse qui circule dans la station. Après une brève enquête, O'Niel va découvrir l'existence d'un trafic de drogue au sein même de la colonie et va même réussir à remonter jusqu'à la source: le directeur Mark B.Sheppard (Peter Boyle). Cette substance illicite améliore les cadences de travail et permet d'augmenter considérablement le rendement. Seulement voilà, au bout d'un certain moment, les personnes qui absorbent cette drogue finissent par devenir dingue et incontrôlable. O'Niel va devoir arrêter les trafiquants de drogue qui circulent dans la station et mettre fin à ce trafic. Son deuxième objectif sera de stopper les agissements de Sheppard une bonne fois pour toute. Le directeur de la mine contre-attaquera en envoyant une bande de tueurs d'élite dans la prochaine navette arrivant à la station. Abandonné par ses collègues, O'Niel devra organiser la résistance seul, avec l'aide du Dr.Lazarus (Frances Sternagen).

Ambiance claustrophobique, vide spatial, immense baptise futuriste, séquence de traque brillamment orchestrée, 'Outland' est un thriller de science-fiction dans la plus pure tradition du genre, une sorte de croisement entre '2001' de Kubrick et 'Alien' de Scott, mais sans histoire de monstre spatial. Comme la tagline du film l'indique, 'même dans l'espace, le pire ennemi reste l'homme'. Hyams a réussi une brillante transposition de l'intrigue de 'High Noon' dans une atmosphère spatiale futuriste très noire, et même si le film n'égale pas les productions qu'il tente d'imiter, il n'en demeure pas moins un grand thriller de qualité qui vaut surtout de par son ambiance noire (on sent une véritable sensation de menace tout au long du film, agrémenté d'un manque constant de lumière comme dans 'Alien', ce qui renforce le malaise grandissant tout au long du film) et l'atmosphère qui s'en dégage. La dernière demie heure du film est particulièrement captivante. On notera juste une petite erreur: lorsqu'un corps est soumit au vide, il n'implose pas comme on le voit constamment dans le film, à moins d'être victime d'une décompression explosive, ce qui n'est pas le cas ici. Cette petite erreur physique a simplement permit au réalisateur de rajouter un peu de gore dans un film où l'ambiance est déjà bien tendue. Un film de Peter Hyams pas vraiment incontournable, mais très sympa dans son genre!

Jerry Goldsmith vient à peine de sortir d'Alien qu'il repart déjà vers la science-fiction dans 'Outland', un film pour lequel il nous a livré son score le plus proche de son immense travail pour 'Alien'. L'atmosphère de la musique d'Outland nous permet de retrouver l'ambiance glauque, froide et flippante d'Alien, mais avec l'inventivité en moins. Le film s'ouvre sur un 'The Mine' particulièrement sombre où des tenues graves de l'orchestre (à noter l'utilisation des clarinettes basses) surgissent quelques sonorités électroniques accentuant le côté futuriste et menaçant du film. L'orchestre commence à développer un petit motif rythmique aux cordes alors que l'on aperçoit des plans de la station minière IO. On notera l'excellente utilisation du nuages de sonorités électroniques utilisés dans la dernière partie du morceau qui nous permet de retrouver pendant un certain temps l'ambiance glauque d'Alien avec un style et des orchestrations très proches de cette partition monumentale du compositeur. 'The Mine' nous propose ainsi une parfaite entrée en la matière en évoquant dès le début du film un très fort sentiment de menace et de malaise qui caractérise si bien l'ambiance du film.

'The Hostage' intervient lors de la scène où Sagan (Steven Berkoff), l'un des employés de la mine devenu fou sous l'emprise de la drogue, s'enferme avec une prostitué dans une cellule et menace de la tuer. Goldsmith crée une ambiance de tension glauque très proche de ce que le compositeur fera deux ans après sur 'Poltergeist'. Cordes et vents dissonants s'en donnent à coeur joie pour créer une atmosphère de suspense glauque comme seul Goldsmith sait le faire. Avec des orchestrations de qualité, le compositeur crée un canevas atonal saisissant, utilisant les différentes ressources de l'orchestre (cordes en sourdine, trémolos dissonants, etc.). Dans cette séquence de suspense, O'Niel et ses collègues essaient de résonner Sagan tandis que le Sergent Montone (James Sikking) s'infiltre par un conduit de ventilation pour stopper l'individu devenu fou furieux. La tension ne cesse de monter durant toute la séquence jusqu'à l'inévitable issue finale finissant sur la mort brutale de l'individu. Avec son savoir-faire indiscutable, Goldsmith fait monter la tension d'une manière saisissante, l'exemple le plus révélateur provenant de deux pièces majeures du score, 'Earl Arrival' et 'The Hunted'.

'Earl Arrival' renforce l'ambiance quasi cauchemardesque et suffoquante voulu par Goldsmith. Il ne reste plus désormais que quelques minutes avant l'arrivée de la navette spatiale, et O'Niel sait qu'il va devoir affronter seul les pires tueurs de la galaxie. Avec des cordes stridentes et particulièrement tendues, Goldsmith nous plonge dans une atmosphère glauque à souhait où l'atonalité et l'écriture avant-gardiste du morceau renforce cette puissante sensation de malaise développé tout au long de la séquence de l'arrivée des tueurs. La tension monte de plus en plus alors que O'Niel doit préparer la résistance. 'The Hunted' est quand à lui une pièce d'action/suspense parfaite dans ce qu'elle cherche à évoquer dans le film: une chasse à l'homme impitoyable. Le sentiment de menace et de danger pèse une fois de plus sur cette brillante pièce évoquant un jeu malsain du chat et de la souris. On retrouve l'écriture avant-gardiste du compositeur comme dans 'Earl Arrival' utilisant brillamment toutes les ressources orchestrales mises à sa disposition. Goldsmith entretient parfaitement la tension alors qu'O'Niel se retrouve à l'extérieur de la station en combinaison spatiale afin de tendre un piège à ses agresseurs. Le suspense devient de plus en plus glacial au fur et à mesure où le compositeur accentue ses effets orchestraux étranges (glissendi stridents de cordes, jeu sur les quarts de ton comme chez Penderecki ou Ligeti, etc.), et soudain, c'est une explosion orchestrale où dominent les trompettes à la Stravinsky et des timbales agressives: O'Niel tend son piège à l'un des tueurs. La tension repart de plus belle alors que les deux autres tueurs sont toujours en liberté quelque part dans la station. On notera le petit jeu que fait Goldsmith au hautbois sur le motif entendu au début de 'The Message', un motif qui lui permet de relancer la seconde partie de son morceau pour nous faire comprendre que le combat continue et que le danger est toujours omniprésent.

Des morceaux comme 'Spiders' ou 'The Air Lock' et son rythme martelé évoquent brillamment la folie des ouvriers drogués devenus incontrôlables. 'The Air Lock' est plus saisissant de par l'ostinato obsédant qu'installe Goldmsith aux contrebasses au début du morceau et qui servira à faire monter la tension durant la scène où l'un des ouvriers pète un câble et prend un ascenseur sans combinaison, mourant alors sous le coup de la décompression. 'The Air Lock' est une pure montée de tension parfaitement maîtrisé par le compositeur et où l'on retrouve une fois encore un jeu sur le motif de 'The Message'. La seconde partie du morceau est en fait utilisé dans une autre séquence du film, celle où l'on voit Spota déambuler à travers les couloirs de la station pour faire circuler la drogue.

Enfin, il est impossible de passer à côté de 'Hot Water', le morceau maître du score et probablement l'un des meilleurs morceaux d'action du compositeur au début des années 80. Le fameux 'Hot Water' (Masamichi Amano s'en inspirera délibérément dans 'Battle Royale' - 2000) décrit la séquence de course-poursuite effréné entre Spota et O'Niel dans les couloirs de la station. Goldsmith installe un rythme particulièrement tendu, l'action prenant véritablement le dessus alors que la chasse commence. Goldmsith utilise pour se faire un thème de trompettes qui n'est pas sans rappeler le 'Sacre du Printemps' de Stravinsky, une oeuvre qui a visiblement inspiré Goldsmith dans la partie plus action et rythmique d'Outland. Véritable tour-de-force orchestral, 'Hot Water' est une pièce d'action intense et excitante qui nous prouvait déjà dès 1980 que Goldsmith était un grand maître de la musique d'action. En jouant sur le rythme sous ses formes diverses comme le fit Stravinsky sur le 'Sacre du Printemps', Goldsmith crée là un morceau d'action au rythme trépidant et excitant à souhait. (La fameuse séquence de course-poursuite du film doit beaucoup à ce morceau) Le film se conclura sur 'Final Message' qui, après avoir repris la fin de 'The Mine', trouvera une conclusion heureuse et paisible sur le seul véritable passage harmonieux et tonal du score (en dehors d'un 'The Message' plus mélancolique d'esprit). Cette fois-ci, le motif de 'The Message' attribué à O'Niel trouvera une conclusion plus lyrique et triomphante dans le final du film qui nous permettra enfin de respirer après avoir traversé un score aussi sombre et suffoquant.

Moins original que sa précédente partition sci-fi/terreur/suspense, la musique d'Outland n'en demeure pas moins un bien bel effort de la part d'un Jerry Goldsmith toujours au sommet de son art au début des années 80. Dans un mélange entre Stravinsky, Debussy et Penderecki, Jerry Goldsmith a crée une atmosphère particulièrement noire et étouffante pour le film de Peter Hyams. Plus basé sur le suspense que l'action, le score d'Outland est une grande oeuvre atonale qui n'hésite pas à 'exploser' lors de morceaux comme 'The Hunted' ou 'Hot Water'. Les fans du style thriller/action de Goldsmith ne pourront donc qu'apprécier cet excellent score où plane par moment l'esprit d'Alien. Une partition à redécouvrir, grâce à la récente réédition de la collection Warner Music.


---Quentin Billard