1-Main Title 3.13
2-The Bear Skull 1.32
3-Ayla Finds The Cave 1.36
4-Ayla Alone 2.10
5-The Glacier Trek 2.26
6-The Clan Finds Ayla 3.25
7-Kreb On The Mountain 1.42
8-The Counting 2.40
9-Kreb Gives Ayla Totem 3.20
10-Wolf Attack 1.27
11-The Vision 3.36
12-Iza's Death 2.08
13-Caught 4.08
14-The Clan 1.55
15-Ayla Hugs Kreb 2.10
16-The Rape 1.35
17-End Title 6.30

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD-47252

Produit par:
Alan Silvestri
Producteurs exécutifs:
Jon Peters, Peter Guber,
Peter Afterman

Supervision montage musique:
Ken Karman
Programmation audio:
David Bifano
Album séquencé par:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1986 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE CLAN OF THE CAVE BEAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
‘The Clan of the Cave Bear’ (Le clan de la caverne des ours) pourrait presque être considéré comme une sorte de remake de ‘La Guerre du feu’ de Jean-Jacques Annaud (1981). Réalisé en 1985 par Michael Chapman et adapté du roman de l’américain Jean M. Auel, ‘The Clan of the Cave Bear’ nous transporte dans l’ère de l’homme de Cro-Magnon, il y a environ 35000 ans avant notre ère. Après la mort de sa mère tombée dans une crevasse à la suite d’un terrible tremblement de terre, la jeune Ayla de l’espèce Cro-Magnon est recueillie par des membres du clan de la caverne des ours, les derniers survivants de l’espèce de Néanderthal. La tradition voudrait qu’Ayla, qui appartient au clan des ‘autres’, soit tuée, mais Iza (Pamela Reed), l’une des femmes du clan des ours, insiste pour garder et élever la jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux bleus, en compagnie de Creb (James Remar), le chef du clan. Mais en grandissant, Ayla (Daryl Hannah) est de plus en plus rejetée par le clan car elle ne se plie pas aux rites du clan. Elle s’attire alors la haine de Broud (Thomas G. Waites), leader des chasseurs du groupe et futur prétendant au rang de chef du clan. Mais sa ténacité et sa faculté à évoluer dans ce monde hostile parmi un clan qui n’est pas le sien va la fortifier et l’aider à trouver sa propre voie.

Le film de Michael Chapman ressemble donc énormément à ‘La Guerre du Feu’, à cela prêt que ‘The Clan of the Cave Bear’ est bien moins réussi visuellement et techniquement, même si dans l’ensemble on adhère très vite à cet univers préhistorique et sauvage. Le langage et les moyens de communication utilisés par les hommes de Néanderthal paraît quand à lui tout à fait crédible, y compris le look des personnages en adéquation avec ce que l’on connaît déjà des habitants de cette époque de la préhistoire. Le film nous offre aussi une solide peinture d’un monde primitif et sauvage où les hommes agissent en clan, où les femmes sont violées et doivent s’agenouiller constamment devant les hommes, un sexisme brutal qui peut évidemment choquer le spectateur contemporain mais qui se justifie complètement dans cette ère primaire et tribale où seule comptait la loi du plus fort. Mais ‘The Clan of the Cave Bear’ est entièrement portée par Daryl Hannah, qui nous offre une interprétation sans faille de la très intelligente Ayla, d’où quelques séquences plus émouvantes lorsque le film parle d’amour, de sacrifice et de dépassement de soi sans jamais tomber dans les recettes hollywoodiennes faciles. Certes, on est peut-être loin ici du brio de ‘La Guerre du Feu’, mais pour une production hollywoodienne de ce genre, ‘The Clan of the Cave Bear’ s’avère une petite réussite injustement sous-évaluée même encore aujourd’hui où les critiques continuent de descendre systématiquement le film en flèche (on l’accuse par exemple de prendre pas mal de liberté par rapport au roman d’origine). Un très bon film d’aventure sur la préhistoire à redécouvrir!

Alors qu’on aurait pu s’attendre à une partition aux sons tribaux et primitifs, Alan Silvestri a opté contre toute attente pour une approche moderne à base de synthétiseurs, un choix audacieux qui réussit fort au film, créant une ambiance particulière tout au long de l’histoire. En 1986, Silvestri était en pleine époque des synthétiseurs avec des partitions électroniques telles que ‘The Delta Force’, ‘Flight of the Navigator’ ou bien encore ‘No Mercy’. Si son premier gros score orchestral de Silvestri n’a été écrit qu’un an auparavant sur ‘Fandango’ puis ‘Back to the Future’ (1985), le milieu des années 80 était encore la période synthétiseur du compositeur. Pour ‘The Clan of the Cave Bear’, Silvestri a donc décidé d’utiliser entièrement son Synclavier, un synthétiseur des années 80 que le compositeur utilise depuis ses débuts et qu’il met une fois de plus brillamment en valeur dans la musique du film de Michael Chapman. Le score repose sur un thème principal de toute beauté exposé fièrement dès le traditionnel ‘Main Title’, une mélodie empreinte de noblesse et d’un sentiment de majestuosité associé à Ayla. A travers l’émotion que dégage ce puissant thème dans le film, on ressent toute l’intelligence et la force d’âme du personnage de Daryl Hannah, tout en évoquant le fait qu’elle appartient à l’espèce humaine de l’avenir, qu’elle représente quelque part le futur de l’homme. Les sonorités électroniques/new-age choisies par le compositeur évoquent les sons de l’orchestre transposé dans l’électronique (en particulier le son de cor qui joue la mélodie), amplifiant le sentiment de majestuosité voulu par le thème. On pense beaucoup ici aux compositions électroniques de Vangelis, qui opérait déjà à la même époque sur des scores électroniques aux sonorités assez similaires.

Avec ‘The Bear Skull’, le compositeur développe un style plus atmosphérique mettant en avant quelques sonorités plus sombres mais toujours aussi new-age, pour la scène du crâne de l’ours, symbole du clan. ‘Ayla Finds The Cave’ paraît alors plus lumineux avec son enchaînement de deux accords évoquant la découverte par Ayla de la caverne dans laquelle le clan va s’installer pour de bon. Silvestri utilise ici des sonorités un peu plus étranges pour évoquer le début de cette grande aventure, la froideur des synthétiseurs n’empêchant jamais le compositeur de véhiculer une certaine émotion dans sa musique et à l’écran. A noter dans ‘The Glacier Trek’ un travail de sonorités plus intéressant avec l’inclusion d’ostinato de percussions synthétiques et d’une série de voix d’hommes samplées qui évoquent de façon étrange le côté sauvage/primaire de l’univers du film – ici, la traversée du glacier, voix tribales étranges que le compositeur utilisera plus tard dans ‘No Mercy’ et ‘Predator 2’.

Si le thème principal reste toujours très présent, développé sous de multiples variantes (‘The Clan Finds Ayla’, ‘The Counting’), des passages comme ‘Kreb on the Mountain’ ou ‘Kreb Gives Ayla Totem’ nous plongent dans un style plus atmosphérique. Ils évoquent à travers une série de passages atmosphériques divers la vie des membres du clan, tandis qu’un morceau comme l’attaque des loups dans la forêt (‘Wolf Attack’) met en avant un martèlement de percussions qui annonce déjà le style de certains futurs scores d’action du compositeur, avec au passage un travail autour de sonorités dissonantes et menaçantes exprimant ici le danger. Idem pour ‘The Vision’ et ses percussions vaguement tribales d’esprit, entourée d’une série de sonorités étranges et menaçantes que Silvestri réutilisera quelques années plus tard dans son score pour ‘The Abyss’ (1989). Le thème secondaire est entendu dans ‘Caught’, thème vaguement mélancolique d’esprit et qui traverse à son tour une bonne partie du score, entendu dans les passages souvent plus sombres évoquant les turpitudes d’Ayla, comme c’est le cas dans le sombre ‘The Rape’ (scène du viol). Le score de ‘The Clan of The Cave Bear’ oscille donc ainsi entre reprises thématiques majestueuses (et parfois très émouvantes, comme dans le superbe ‘End Title’, affichant une belle lueur d’espoir pour l’avenir d’Ayla qui part enfin à la recherche des siens) et passages atmosphériques parfois lents et parfois plus rythmés. Certes, on pourra toujours reprocher au compositeur cet emploi inattendu de synthétiseur sur un sujet traitant des hommes à l’époque de Cro-Magnon – le score de Silvestri étant bien loin de posséder la fougue et la brutalité de la partition symphonique de Philippe Sarde pour ‘La Guerre du Feu’ – mais lorsqu’on écoute le résultat de la musique à l’écran, on ne peut qu’adhérer au parti-pris radical du compositeur qui assume complètement son choix, même si le score, essentiellement atmosphérique, aura bien du mal à survivre en écoute isolée en dehors du film. Voici en tout cas un très sympathique score électronique d’Alan Silvestri assez méconnu et qui reste encore à découvrir, assurément!


---Quentin Billard