1-"Squirrels" 0.12+
2-Sh*tstorm 3.33++
3-"Lit Him On Fire" 0.09+
4-Wastin' Time 3.26+++
5-"Party Man" 0.15+
6-Walkin', Walkin',
Lovin', Laughin' 3.38#
7-Main Title/Infectious Dog 3.40*
8-Dennis Bites 1.56*
9-Lemonade 0.57*
10-The Nougat? 0.24*
11-Paul and Karen/**
Good Kisser 1.26*
12-Burn The Hermit 2.25*
13-What To Do 2.47
14-Karen Sips/The Hog Lady 3.33*
15-Deputy Winston 4.10**
16-Red Love**/Virus Check 4.22*
17-Karen Falls Appart 3.45*
18-Marcy & Paul Screw 1.47*
19-Pancakes/
Runnin' From Rednecks 2.26*
20-The Reservoir/Leg Shaving 5.23*
21-Die, Redneck Die 2.32*
22-Grim's Cave 2.19*
23-Party Crasher 1.11*
24-The Party Ain't Over 1.25*
25-Jeff Makes It 4.07*
26-Comin To A Town Near You 0.59*
27-"I Made It" 0.47+
28-Swing Low 4.33##
29-"Faced" 0.11+

Bonus Tracks

30-Hermit's Lair 1.50**
31-Hunting With Bert 1.53**
32-Red Love (Extended) 3.35**

+Dialogue extrait du film
*Composé par Nathan Barr
**Composé par Angelo Badalamenti
++Interprété par Your Mom
Ecrit par Connor O'Neill
+++Interprété par
Scrappy Hamilton
Ecrit par Scott Kinnebrew
et Scrappy Hamilton
#Interprété par
The Turtlenecks
Ecrit par Noah Belson
et Matthew Cappiello
##Interprété par
Happy Wednesday
Ecrit par Happy Wednesday.

Musique  composée par:

Nathan Barr/Angelo Badalamenti

Editeur:

La-La Land Records
LLLCD 1008

Album produit par:
Nathan Barr, Ford A. Thaxton
Producteurs exécutifs de l'album:
Michael V. Gerhard, Eli Roth,
Lauren Moews

Co-producteurs exécutifs de l'album:
Armen Balian, Paul E. Luebbers,
Matt Verboys

Montage musique:
Brian Richards
Assistant monteur:
Mark Skillingberg
Directeur de la musique pour
Lions Gate:
Joel C. High

Artwork and pictures (c) 2003 Lions Gate Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
CABIN FEVER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nathan Barr/Angelo Badalamenti
Eli Roth fait partie de ces jeunes prodiges du cinéma d’horreur américain d’aujourd’hui. Avec ‘Cabin Fever’, Roth nous offre un premier film coup de poing, une sorte de résurrection de la série-B d’horreur gore à l’ancienne, tel qu’elle était pratiquée dans les années 80. Le réalisateur avoue d’ailleurs être fan de films comme ‘Evil Dead’, ‘A Nightmare on Elm Street’ ou ‘The Thing’, autant de films d’horreur cultes qui influenceront le jeune cinéaste dans ses choix personnels. ‘Cabin Fever’ raconte l’histoire d’un groupe de jeunes américains, trois garçons et deux filles, partis s’installer dans une cabane au fond d’une forêt pour y fêter la fin de leurs études et faire une dernière fois la fête avant de rentrer définitivement dans le monde du travail. Un soir, un mystérieux ermite porteur d’une terrible maladie apparaît à la cabane et contamine très rapidement les alentours et les jeunes. Traqués par cette maladie qui ronge la chair dans des conditions épouvantables, les cinq jeunes vont devoir affronter l’horreur et entamer une longue et douloureuse descente aux enfers, la fiesta tournant définitivement au cauchemar. Evidemment, l’idée de faire se dérouler l’histoire dans une cabane au fond des bois est empruntée au ‘Evil Dead’ de Sam Raimi, film de référence du réalisateur qui multiplie discrètement les références (‘The Shining’, ‘Dawn of the Dead’, ‘The Last House on the Left’, etc.) tout en assumant son côté gore sans concession. Il filme les dégâts de cette maladie de la chair (qui existe réellement, le réalisateur ayant lui-même contracté une forme voisine de cette maladie dans sa jeunesse) avec une maestria qui fait plaisir à voir, mélangeant terreur et suspense macabre avec des effets gores de qualité, des touches d’humour noir parfois curieusement amenées et quelques scènes de sexe un peu gratuites (on est dans l’ambiance fiesta de jeune). Pourtant, le film a bien failli ne jamais voir le jour, Eli Roth ayant rencontré de nombreuses difficultés comme celles de trouver un bon casting alors que pas mal d’acteurs avaient refusé de tourner dans un film où la chair et le sang coule à flot. Evidemment, pour son premier film, Roth s’est entouré d’acteurs méconnus mais qui possèdent tous un réel potentiel qui transparaît à l’écran. Le tournage s’est déroulé à son tour dans des conditions difficiles (retrait des investisseurs majeurs du film à la suite de l’effondrement de la bourse lors du premier jour de préproduction à la suite du premier cas d’Anthrax, conditions climatiques qui se sont très vite dégradées durant le tournage en Caroline du Nord, etc.), mais au final, Eli Roth accouche d’un premier film choc, une révélation pour ce cinéaste qui, pour son premier long-métrage horrifique, a connu un succès phénoménal en jouant uniquement sur le bouche à oreille, une vieille technique publicitaire qui continue toujours de porter ses fruits, même encore à l’époque des grands assauts publicitaires pétaradants produits par les majors hollywoodiennes.

Cet ancien assistant de David Lynch s’est payé le luxe de s’offrir les services du compositeur Angelo Badalamenti sur son premier film, épaulé du jeune Nathan Barr. Le score de ‘Cabin Fever’ surfe donc sans surprise sur la vague des musiques horrifiques hollywoodiennes de maintenant. Mais on est loin ici du style musique slasher à la Marco Beltrami, Badalamenti et Barr préférant miser sur le côté atmosphérique et lent de la musique. Le compositeur fait aussi une vraie économie de moyens (budget oblige!) en conservant une petite formation de cordes avec un violoncelle (Nathan Barr étant violoncelliste de formation), quelques voix avec percussions et harpe, le musicien interprétant d’ailleurs lui-même une bonne partie des instruments qu'il a ensuite mixé et assemblé ensemble (du vrai système-D!), faute d'un budget conséquent alloué à la musique. Barr utilise les différentes sonorités instrumentales et les dénature ensuite en les assemblant pour former ce canevas sonore particulièrement sinistre et oppressant. Le ‘Main Title’ du film semble déjà en dire long sur la musique de ‘Cabin Fever’ et met déjà en place les principaux éléments du score de Nathan Barr: des nappes de cordes stridentes à la Penderecki, des sonorités brumeuses dissonantes et froides, quelques percussions, des violoncelles et quelques instruments à vents plus étranges se chevauchent pour former une sorte de magma sonore particulièrement angoissant et inquiétant, alors que le générique de fin s’accompagne de bruits et d’images imitant les méfaits de la maladie qui ronge la chair. Le ‘Main Title’, entièrement atmosphérique et atonal, délaisse tout aspect mélodique et thématique au profit d’une ambiance plus macabre et dérangeante qui annonce très clairement le cauchemar à venir. L’atmosphère sombre du début se prolonge dans ‘Dennis Bites’ pour la scène où l’un des jeunes se fait mordre par l’enfant au début du film. Nathan Barr utilise ici un banjo et des guitares pour évoquer le côté vieux village paysan paumé de l’Amérique profonde, avec quelques sonorités électroniques dissonantes toujours très présentes, qui maintiennent continuellement la tension dans le film. Si ‘Lemonade’ est un peu à part dans son style vieux refrain bluegrass à base de guitares et banjos qui évoquent les décors ruraux du film, ‘Paul and Karen/Good Kisser’ vient rompre le style sombre et atmosphérique du début en nous offrant un sympathique ‘Love Theme’ signé Angelo Badalamenti, thème romantique et nostalgique accompagnant les duos amoureux Paul/Karen et Jeff/Marcy, à base de guitare et de cordes plus intimistes, l’idéal pour respirer avant le début de la descente aux enfers. Avec la scène de la mort de l’ermite dans ‘Burn the Ermit’, Barr utilise des cordes dissonantes, des sonorités brumeuses et des percussions pour évoquer la gravité de la scène où tout bascule pour les jeunes.

Si une vague d’angoisse plane encore sur le très sombre ‘What To Do’ et ses cordes stridentes/dissonantes reprises du ‘Main Title’, le mystérieux ‘Karen Sips/The Hog Lady’ confirme que les jeunes sont désormais piégés par cette terrible maladie rongeuse de chair humaine. Entre temps, Badalamenti nous offre de son côté deux morceaux plus cool, ‘Deputy Wilson’ et sa rythmique cool-jazz avec batterie, synthétiseur, orgue et vibraphone, et ‘Red Love/Virus Check’ qui nous offre une nouvelle reprise du thème romantique d’une grande douceur aux synthétiseurs new-age pour la scène où Paul et Karen font l’amour pour la première fois, avant que Paul découvre avec horreur que Karen est infectée par la maladie. On regrettera juste le fait que Badalamenti s’inspire un peu trop ici du style de certains thèmes qu’il a écrit auparavant sur des films de David Lynch (‘Mulholland Drive’, ‘Twin Peaks’, etc.). ‘Karen Falls Apart’ assombrit considérablement l’ambiance avec une reprise des sonorités macabres du ‘Main Title’, quelques cordes graves et des petites percussions qui maintiennent ensemble la tension, alors que Karen se retrouve isolée du groupe et traitée comme une pestiférée. Cette atmosphère inquiétante et menaçante se prolonge dans ‘Marcy & Paul Screw’ et le terrifiant et chaotique ‘Pancakes/Runnin’ From Rednecks’ où Nathan Barr utilise des sonorités grinçantes et irritantes pour faire monter la tension d’un cran à la limite ici de l’insupportable. On retrouve ce côté atmosphérique atonal et dissonant dans ‘The Reservoir/Leg Shaving’, les sonorités sinistres et les contrebasses/violoncelles martelés dans le grave avec les nappes stridentes suggérant la menace de la terrible maladie – le morceau accompagne la scène où Paul découvre le cadavre de l’ermite près du réservoir et comprend trop tard que l’eau a été infectée à son tour.

‘Die, Redneck Die’ nous plonge alors dans la terreur pour un nouveau passage chaotique à souhait aboutissant à ‘Grim’s Cave’ pour la scène où l’un des jeunes héros découvre le cadavre décomposé de Grim (interprété par Eli Roth en personne) au fond d’une caverne. A noter ici l’utilisation de voix fantomatiques mystérieuses et macabres à souhait sur fond de cordes dissonantes qui font parfois penser à certaines sonorités de partitions horreur/thriller de Christopher Young, un grand modèle du genre! Les percussions de ‘Party Crasher’ accompagne la traque finale avec les commerçants qui tentent d’abattre les survivants contaminés, suivi d’un ‘The Party Ain’t Over’ sombre et atmosphérique et d’un ‘Jeff Makes It’ aux sonorités toujours aussi macabres et sinistres à souhait, la terreur atteignant ici son paroxysme avec un nouveau rappel du motif principal, avant que le score ne se termine sur ‘Comin To A Town Near You’ qui reprend le style du ‘Main Title’ et le motif principal pour une conclusion particulièrement sombre et angoissante. A noter que l’album publié par La-La Land Records nous offre même 3 pistes supplémentaires signées Angelo Badalamenti, ‘Hermit’s Lair’, ‘Hunting with Bert’ et ‘Red Love (Extended)’, qui complètent la musique de Nathan Barr.

‘Cabin Fever’ n’a rien d’une partition follement originale et se contente de recycler les formules habituelles des musiques horrifiques hollywoodiennes en utilisant un langage atonal et bruitiste qui donne ici une certaine impression de déjà entendu. Certes, ‘Cabin Fever’ n’est pas un score horreur à la Marco Beltrami ou à la Christopher Young mais plus une partition atmosphérique et glauque minimaliste comme Nathan Barr les affectionne tant, la contribution d’Angelo Badalamenti étant agréable bien qu’ici aussi sans grande surprise, surtout pour ceux qui connaissent bien ses anciennes musiques pour les films de David Lynch. La musique apporte son lot de suspense et de terreur au film d’Eli Roth, même si l’on regrettera le côté quelconque de la composition des deux compères, la musique ne dépassant jamais le côté purement fonctionnel pour un score qui aura décidément bien du mal à survivre en dehors des images, le manque de repère thématique de la partition de ‘Cabin Fever’ (en dehors du petit thème romantique de Badalamenti et d’un motif principal maigrichon entendu dans ‘Jeff Makes It’ et ‘Comin To A Town Near You’) n’étant pas là pour améliorer les choses.


---Quentin Billard