1-The Hunter 2.48
2-Main Title 2.15
3-Memories 1.38
4-The Search 1.10
5-The Snake 2.09
6-Uneasy Alliance 2.05
7-Friendly Enemies 2.10
8-Fancy Footwork 2.35
9-Hunter's Harmonica 1.06
10-A Sad Story 1.28
11-The Ambush 4.20
12-The Wagon 5.52
13-The Big Dive 1.07
14-The Aftermath 1.40
15-The Trek 1.16
16-The Mines 5.26
17-Work Camp 2.16
18-The Last Adversary 2.23
19-A Long Walk 1.52

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

FSM Silver Age Classics
Vol.3 No.1

Album produit par:
Douglass Fake
Producteurs exécutifs:
Lukas Kendall, Nick Redman
Producteur associé:
Jeff Bond
Coordinateur du projet pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1975 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
TAKE A HARD RIDE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Plus connu par certains cinéphiles adeptes des séries-B et Z italiennes totalement fauchées, Antonio Margheriti – souvent crédité sous le pseudo Anthony Dawson – a une filmographie ‘nanarde’ assez conséquente – on peut par exemple compter dans le rang de ses productions fauchées de vrais bijoux du genre comme ‘Alien from the Deep’ (1989) ou ‘Yor, the Hunter from the Future’ (1983). Heureusement, le cinéaste italien touche-à-tout nous a quand même offert quelques bons films comme ‘Take a Hard Ride’ (La chevauchée terrible), western datant de 1975 aujourd’hui oublié mais qui demeure toujours un bon divertissement et une belle tentative de résurrection du western traditionnel à une époque où le genre commençait déjà à battre de l’aile auprès du public U.S. La particularité de ‘Take a Hard Ride’ provient avant tout du fait que Margheriti a mélangé le western traditionnel avec l’univers des films de ‘blaxpoitation’, le cinéma noir très à la mode au milieu des années 70 et largement popularisé par des films tels que ‘Shaft’ ou ‘Foxy Brown’. Ici, les deux héros du film sont deux grands acteurs noirs, Jim Brown et Fred Williamson. Le premier a déjà participé à quelques westerns comme ‘Rio Conchos’ (1964) ou ‘100 Rifles’ (1969), le second s’étant justement fait connaître sur un autre ancien western de la ‘blaxpoitation’, ‘The Legend of Nigger Charley’ de Martin Goldman (1972). Dans ‘Take a Hard Ride’, Jim Brown interprète Pike, un cow-boy convoyeur de bétail qui a juré à son patron agonisant de remettre à son épouse vivant au Mexique les 86000 dollars gagnés lors de la vente d’un troupeau de bétail. La nouvelle fait très rapidement le tour de la ville et attire toutes les fripouilles du coin. Le voyage de Pike sera long et parsemé d’embûches. A peine s’est il mis en route qu’une poignée de bandits commencent déjà à s’en prendre à lui en lui tirant dessus dans l’espoir de lui dérober l’argent. C’est là qu’intervient le mystérieux Tyree (Fred Williamson), aventurier bavard spécialiste du poker qui abat les fripouilles et propose à Pike de s’associer avec lui et de parcourir le chemin jusqu’au Mexique, dans l’espoir de partager une partie de l’argent. Pike accepte le marché, même s’il sait pertinemment qu’il ne remettra jamais un seul dollar à Tyree et qu’il devra tôt ou tard affronter son nouvel ami pour pouvoir honorer la promesse faite à son patron. Hélas, Kiefer (Lee Van Cleef), chasseur de prime sans scrupule, est aussi lancé à ses trousses et le traque sans relâche, avec l’aide d’une poignée d’hommes.

Dès lors, on comprend mieux le titre du film, surtout en V.F. Antonio Margheriti nous convie à une véritable chevauchée terrible et effrénée entre l’Ouest américain sauvage et la frontière du Mexique, 105 minutes de courses poursuites, fusillades et traquenards en tout genre sur fond d’amitié, de promesse et de détermination. Le scénario, assez basique, prend bien le temps de développer les deux protagonistes principaux, très vite rejoint dans leur cavalcade par une jolie veuve (Catherine Spaak) et son ami l’indien Kashtok interprété par Jim Kelly, jeune acteur noir plus connu comme étant un grand spécialiste des arts martiaux au début des années 70, et qui a joué dans des films d’arts martiaux aussi divers que ‘Enter the Dragon’ (aux côtés du grand Bruce Lee en personne!), ‘Three the Hard Way’ ou bien encore ‘Black Belt Jones’. Margheriti en profite ainsi pour nous glisser quelques touches d’humour lors des scènes où Kasthtok affronte des brutes en usant de son savoir-faire de karatéka, une sorte de clin d’oeil à l’un des précédents films du réalisateur italien, ‘The Stranger and the Gunfighter’ (1974), qui mélangeait déjà western et film de kung-fu, genre qui influencera particulièrement Quentin Tarantino quelques décennies après pour son film ‘Kill Bill’. Lee Van Cleef, star du western-spaghetti des années 60/70, interprète un chasseur de prime tenace, un rôle auquel l’acteur est habitué et qui ne change guère des méchants qu’il joue d’habitude dans les western des ‘sixties’. Il est cependant dommage que le scénario délaisse complètement ce personnage vers la fin du film, qui s’efface progressivement comme si le réalisateur ne savait pas quoi en faire sur la fin. Pour finir, on applaudira les qualités techniques du film et l’efficacité d’une mise en scène misant sur les scènes d’action toujours filmées à un rythme effréné, ‘Take a Hard Ride’ étant un western de facture classique très réussi!

Pour Jerry Goldsmith, ‘Take a Hard Ride’ représente en 1975 sa douzième partition western après ‘Black Patch’ (1957), ‘Lonely are the Brave’ (1962), ‘Rio Conchos’ (1964), ‘Stagecoach’ (1966), ‘Hour of the Gun’ (1967), ‘Bandolero!’ (1968), ‘100 Rifles’ (1968), ‘The Ballad of Cable Hogue’ (1969), ‘Rio Lobo’ (1970), ‘Wild Rovers’ (1971) et un ‘One Little Indian’ (1973) un peu à part, ce dernier étant une sorte de western pour les jeunes produit par Disney. ‘Take a Hard Ride’ contient sans surprise toutes les recettes essentielles à un bon score western de Goldsmith, un genre dans lequel il a ainsi déjà fait ses preuves et qu’il délaissera progressivement par la suite (on pourra néanmoins citer les scores de ‘Breakheart Pass’ et ‘Bad Girls’). La partition repose bien évidemment sur l’inévitable thème principal, mélodie fraîche et aisément mémorisable qui représente l’amitié entre Pike et Tyree. Le thème se compose en réalité de deux éléments, un petit motif rythmique de 5 notes d’abord annoncé au piccolo au début du ‘Main Title’ puis développé par l’orchestre en tant que faire-valoir du thème principal. Ce motif permet ainsi d’amener progressivement la mélodie principale d’abord exposé par une guitare et développé ensuite par les cordes et les cuivres. Ce thème possède un côté un peu aérien et agréable qui paraît bien plaisant pour un western aussi brutal et speedé, un aspect de la musique de Goldsmith typique de ses scores westerns (on se souvient par exemple du thème principal très ‘rengaine sixties’ du score de ‘Bandolero!’ ou du sympathique thème principal de ‘Rio Conchos’). Le traditionnel harmonica est aussi de la partie, cet instrument désormais indissociable de l’univers musical des westerns, sauf qu’ici, il est attribué à un personnage bien précis, Kiefer, le chasseur de prime interprété par Lee Van Cleef. Dans le film, on voit le personnage jouer de l’harmonica à la façon de Charles Bronson dans ‘C’era une volta il West’. Kiefer joue continuellement un motif de 3 notes ascendantes qui constitue son thème, la particularité de ce motif étant son accompagnement de sonorités électroniques bizarres et particulièrement inattendues dans le contexte d’une musique de western. On sait que Goldsmith a toujours eu un penchant pour l’expérimentation et ses musiques de western ne déroge pas à la règle. La même année, le maestro fera même intervenir de façon plus intensive les synthétiseurs dans sa musique pour un autre western, ‘Breakheart Pass’. Ces bourdonnements électroniques étranges confèrent au personnage de Lee Van Cleef un côté inexorablement menaçant et inquiétant, et qui renforce le côté sombre du motif d’harmonica associé au sinistre chasseur de prime. Avec ses deux thèmes, Goldsmith pose dès le début du film les bases de sa partition et nous convie à un voyage mouvementé dans l’Ouest américain sauvage.

Si ‘Memories’ possède un côté mélancolique pour la scène de la mort du patron agonisant de Pike (avec au passage un rappel du motif d’harmonica/synthé de Kiefer), ‘The Search’ évoque le début du voyage de Pike pour honorer sa promesse faite à son patron. Le thème refait son apparition joué par une flûte sur fond de guitares et cordes et débouche sur un premier morceau d’action très western d’esprit, ‘The Snake’, pour la scène où Pike affronte des bandits avant d’être secouru par Tyree qui se débarrasse des bandits à l’aide de ses serpents. On y retrouve l’écriture rythmique syncopée chère au compositeur et témoignant d’un savoir-faire orchestral déjà mis à rude épreuve depuis de nombreuses années au service de la musique de film hollywoodienne, Goldsmith faisant preuve une fois encore d’une grande inventivité dans le maniement de ses orchestrations et de ses différentes couleurs instrumentales, que ce soit le trombone, les duos flûtes/hautbois, le piccolo ou la guitare. ‘Uneasy Alliance’ reprend de son côté le motif de Kiefer comme pour rappeler que le sinistre chasseur de prime est toujours dans les environs et constitue une menace sérieuse pour Pike et Tyree – on appréciera la façon dont Goldsmith s’amuse à entrecouper sa musique de rappels du motif de Kiefer comme pour renforcer ce côté menaçant omniprésent. L’action repart enfin de plus belle dans ‘Friendly Enemies’ avec ses rythmes de chevauchée à grand coup de guitares/cuivres/percussions dans un style qui rappelle ‘Rio Lobo’, ‘Wild Rovers’ ou ‘100 Rifles’. Le thème principal est développé aux trompettes et aux cordes sur un rythme orchestral très soutenu et entraînant – illustrant la traque des deux compères dans le désert sauvage (avec, au passage, un nouveau rappel de l’obsédant motif de Kiefer). Dès lors, la chasse est ouverte et l’action sera au rendez-vous du début jusqu’à la fin. ‘Fancy Footwork’ le confirme avec une série de variantes du thème principal sur fond d’élans orchestraux agressifs à base de cuivres, guitares et percussions du plus bel effet. On appréciera au passage le très intimiste et touchant ‘A Sad Story’ lorsque Catherine raconte son ‘histoire triste’ à Pike, à base de vents et de cordes, morceau qui, curieusement, conserve un côté sombre qui ne semble pas nous rassurer quand à l’avenir du personnage dans la suite du film.

L’action se prolonge de nouveau dans ‘The Ambush’ pour la scène où Kiefer et ses hommes tendent une embuscade à Pike, Tyree et ses deux nouveaux amis, Catherine et Kashtok. Après une première partie plutôt sombre et quelconque, le morceau se lance dans un nouveau déchaînement orchestral à base de cordes virtuoses et de cuivres frénétiques (à noter une excellente partie de trompettes frénétiques à partir de 3.37), Goldsmith témoignant ici aussi d’une inventivité déconcertante dans le maniement de ses rythmes et de ses différents instruments, soutenus par des orchestrations de qualité, comme toujours chez le compositeur. Mais ‘The Ambush’ sert en réalité de préparatif à un autre grand morceau d’action bien plus explosif et enlevé, l’excitant ‘The Wagon’ pour la scène où Pike et Tyree réussissent à se tirer d’une embuscade en volant le chariot d’un des sbires de Kiefer. Goldsmith amorce le début du morceau d’action avec un rappel du motif rythmique extrait du thème principal, qui sert ici de thème d’action pour accompagner cette cavalcade frénétique, renforcée par des percussions martiales et un excellent dialogue entre cordes agitées et cuivres massifs (à noter la façon dont Goldsmith utilise les sourdines dans les cuivres). Le thème principal réapparaît, soutenu ici par guitares, percussions, xylophones, cuivres et cordes, ‘The Wagon’ représentant ici le summum de la musique d’action de ‘Take a Hard Ride’. ‘The Big Dive’ s’affirme comme un prolongement logique de ‘The Wagon’ suivi de ‘The Aftermath’ et d’un ‘The Trek’ plus calme à base de guitares et de trompettes mariachi pour évoquer les couleurs musicales du Mexique lorsque Pike et Tyree ont enfin atteint la frontière mexicaine et se mettent en route pour rapporter l’argent à la femme du patron de Pike. La séquence dans les mines est illustrée de façon plus calme même si la tension est toujours présente, alors que Kiefer et son armée recrutée au Mexique se préparent à lancer l’assaut final contre Pike et Tyree, piégés dans les mines. Le motif de Kiefer revient une fois de plus, avant un dernier bref morceau d’action dans le sombre ‘The Last Adversary’, le score se concluant sur un dernier rappel du thème principal dans ‘A Long Walk’, marquant la fin de l’aventure.

‘Take a Hard Ride’ n’est peut-être pas ce que Jerry Goldsmith a fait de mieux dans le domaine de la musique de western mais demeure malgré tout une solide partition western agréable bien que totalement dénuée d’originalité. Ceux qui apprécient ses scores pour ‘Rio Conchos’, ‘Stagecoach’ ou bien encore ‘Rio Lobo’ apprécieront sans aucun doute la partition du maestro californien pour ‘Take a Hard Ride’ même si on est loin ici du brio de la virtuosité d’un ‘100 Rifles’ ou de la puissance d’un ‘Hour of the Gun’. Malgré tout, ‘Take a Hard Ride’ prouve une fois encore à quel point Jerry Goldsmith savait toujours donner le meilleur de ce qu’il pouvait offrir au film quelque soit sa qualité, et ce même si on regrettera de ne pas retrouver ici l’excitation et la brillance de certaines anciennes partitions western du maestro!


---Quentin Billard