1-Opening Title/Phone Call/
Dark Streets 2.16
2-Sleaze/Karen's Nightmare 2.25
3-Eddie's Room 0.54
4-Doctor's Orders 0.49
5-The Howling 0.17
6-Spectre/Escape
from the Morgue 1.01
7-Something Nasty in the Woods 1.29
8-Hunting for Shadows 1.01
9-Wolf Bites Man! 1.29
10-Terry and Karen/Delirium 1.14
11-Animal Magnetism 3.43
12-Wolf at the Door 2.32
13-Run for your Life! 0.39
14-The Big Bad Wolf 1.18
15-Wolfing Down Terry 0.53
16-Eddie Lives Again 1.00
17-Transformation 3.18
18-Welcome to the 'Colony' 2.42
19-Fur from the Madding Crowd 3.44
20-Shapeshifters 1.29
21-To Make You Believe 0.26
22-End Title 4.22

Bonus Tracks

23-Flashback to Eddie 0.20
24-"I'm Going To Light
Your Whole Body Up!" 0.28
25-Karen Screams/Eddie Shot 0.26
26-Remembering Eddie 0.15
27-The Cabin 0.44
28-Karen Transforms 0.17
29-Channel 6 Update
News Theme 0.37

Electronic Stingers

30-Synth#1 0.17
31-Synth#2 0.18
32-Synth#3 0.30
33-Synth#4 0.36
34-Synth#5 0.42

Musique  composée par:

Pino Donaggio

Editeur:

La-La Land Records
LLLCD 1037

Produit par:
Ford A. Thaxton

Artwork and pictures (c) 1981 AVCO Embassy Pictures/Wescom Productions. All rights reserved.

Note: **1/2
THE HOWLING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Pino Donaggio
‘The Howling’ (Hurlements) est sans aucun doute l’un des grands classiques du cinéma d’épouvante du début des années 80. Réalisé par un Joe Dante qui débutait à l’époque, le jeune cinéaste nous ayant déjà offert quelques années auparavant une autre petite série-B horrifique à petit budget, ‘Piranha’ (1978), ‘The Howling’ nous plonge dans une sinistre histoire d’hommes qui se transforment en loup-garous assoiffés de sang, et qui contaminent les autres humains en les mordant systématiquement. Karen White (Dee Wallace-Stone) est une journaliste de la chaîne KDHB qui enquête sur les méfaits d’un mystérieux serial-killer nommé Eddie Quist (Robert Picardo). Le jour où ce dernier la contacte et lui donne rendez-vous au fond d’un sex-shop, Karen accepte par pur souci de professionnalisme et envisage d’avoir un entretien avec le tueur. Mais sur le lieu du rendez-vous, le psychopathe terrorise Karen et s’apprête à la tuer au moment où elle pousse un hurlement qui alerte un policier. Ce dernier intervient et abat l’individu. Traumatisée par ce qu’elle a aperçu du visage du tueur, Karen souffre d’une amnésie partielle due au choc. Elle n’arrive plus à se souvenir de cette rencontre. Suivant les conseils du Dr. George Waggner (Patrick McNee) qui travaille pour l’émission télévisée produite par la chaîne KDHB, la journaliste part s’installer avec son mari Bill (Christopher Stone) dans ‘la colonie’, une communauté thérapeutique que dirige le médecin. Sur place, le couple fait la connaissance de personnages étranges, et plus particulièrement de l’envoûtante Marsha (Elisabeth Brooks). Au cours d’une nuit, un mystérieux loup-garou surgit des bois et mord Bill qui, peu de temps après, se transforme à son tour en loup-garou. Deux collègues journalistes de Karen, Terry (Belinda Balaski) et Chris (Dennis Dugan) enquêtent sur Eddie pour essayer de percer les secrets du serial-killer, dont le corps a mystérieusement disparu à la morgue. Leur enquête les amène jusqu’à la colonie où se trouvent Karen et Bill. Ils ne vont pas tarder à découvrir que la colonie abrite en réalité une communauté de sinistres loups-garous.

‘The Holwing’ avait la particularité en 1981 de renouveler avec fraîcheur le mythe du loup-garou et de la lycanthropie. Le film de Joe Dante est d’ailleurs parsemé de nombreuses allusions au thème du loup-garou, que ce soit à travers le nom de certains personnages - Terry Fisher, la journaliste interprétée par Belinda Balaski, doit son nom au réalisateur Terrence Fisher, auteur d’un ‘The Curse of the Werewolf’ en 1961. Le docteur George Waggner, interprété dans le film par Patrick McNee, doit son nom au réalisateur homonyme de ‘The Wolf-Man’ datant de 1941. D’un point de vue technique, ‘The Howling’ s’avère être une bonne réussite, et ce malgré la modestie du budget alloué au film. Les loups-garous constituent bien évidemment l’attraction principale du film, les créatures ayant ici un look sauvage particulièrement terrorisant à glacer le sang, bien loin de certains loups-garous plus cheap des années 40/50. Le gore est aussi présent mais toujours exploité de façon minimaliste, avec parcimonie. Joe Dante joue plus sur l’atmosphère sinistre générale du film que sur de véritables effusions de sang. En tant que digne successeur de son mentor, Roger Corman, Joe Dante a compris qu’un bon film d’épouvante passe toujours bien mieux par une économie de moyens qu’une surenchère d’artifices pas toujours crédible. Si le film a pris un petit coup de vieux, il n’en demeure pas moins un grand classique du film de loup-garou et du film d’épouvante typiquement ‘eighties’, qui prouve à quel point Joe Dante possède un amour sincère et véritable pour le cinéma d’horreur à la Roger Corman. On regrettera cependant le côté souvent fade et unilatéral des personnages qui n’apportent pas toujours grand chose à l’histoire, même si les acteurs sont tous très convaincants dans l’ensemble (on trouvait déjà à cette époque les acteurs fétiches du réalisateur, à savoir Robert Picardo, Dick Miller ou bien encore Kevin McCarthy), avec une Dee Wallace-Stone parfaite dans le rôle de cette journaliste amnésique terrorisée par un souvenir qui la hante de façon viscérale. En clair, un grand classique du genre!

La musique de Pino Donaggio pour ‘The Howling’ fait à son tour partie des grands classiques du compositeur, même si dans le genre musique horrifique, le compositeur a écrit des oeuvres bien plus passionnantes par la suite, notamment pour certains films de Brian De Palma. Très réclamé par les béophiles depuis de nombreuses années, le score a enfin été édité officiellement sur un excellent album très complet publié par La-La Land Records. Ecrite pour orchestre avec synthétiseurs et quelques voix étranges, le score de ‘The Howling’ apporte son lot de mystère, de frisson et de terreur au film de Joe Dante. L’ouverture (‘Opening Title/Phone Call’) annonce d’entrée la couleur : après des hurlements de loup, la musique plonge dans de l’atonalité brutale et mystérieuse avant que les cordes, plus calmes mais toujours aussi tendues, prennent le relais durant un générique de début sombre et particulièrement mystérieux. Le travail des cordes rappellent ici indubitablement le style thriller de Bernard Herrmann, qui reste une référence incontournable dans l’univers musical de Pino Donaggio, qui a écrit beaucoup de partitions thriller dans le style d’Herrmann pour certains films de Brian De Palma. ‘The Howling’ n’échappe donc pas à la règle, comme le confirme le sombre ‘Sleaze – Karen’s Nightmare’ qui accompagne avec des cordes sinistres et froides la scène du cauchemar de Karen, à l’aide de voix hypnotiques étranges et de synthétiseurs bizarres qui créent un certain malaise à l’écran (on retrouve ces voix étranges dans ‘The Howling’). Donaggio se montre inventif et va même jusqu’à utiliser un orgue dans ‘Eddie’s Room’ qui apporte un côté gothique rétro assez inattendu à la partition, l’occasion pour le compositeur de nous rappeler que le mythe des loup-garous a été traité à maintes reprises dans le cinéma d’épouvante hollywoodien des années 40/50. Donaggio nous offre l’inévitable traditionnel Love Theme dans ‘Doctor’s Orders’, évoquant le couple Karen/Bill et associé de façon plus mélancolique au traumatisme de Karen, mélodie nostalgique écrite pour guitares, batterie et cordes (et qui sonne très années 80).

Pino Donaggio prolonge son travail de cordes atmosphériques froides à la Bernard Herrmann dans ‘Spectre/Escape from the Morgue’ et ‘Something Nasty in the Woods’ où le compositeur crée une tension quasi palpable, un suspense glauque passant aussi par le biais d’un motif de 4 notes ascendantes de cordes et une partie finale de cordes plus dissonantes et atonales. En revanche, on ne comprend pas tellement ce que vient faire là un morceau aussi kitsch qu’insupportable comme ‘Hunting for Shadows’ durant la scène de la chasse dans la forêt vers la première partie du film, un morceau qui ne colle absolument pas aux images de cette scène et qui tombe dans le mauvais goût absolu, avec sa batterie et ses synthétiseurs vieillots et résolument kitsch – et qui jure incroyablement avec le reste du score – Passé cette faute de goût impardonnable, on pourra alors se rattraper sur ‘Wolf Man Bites’ qui dévoile le premier sursaut de terreur du score lorsque Bill se fait mordre pour la première fois par un loup-garou dans le film, à grand renfort de cordes dissonantes et d’orgue gothique. Le thème mélancolique/romantique de Karen revient dans ‘Terry and Karen’ avant de sombrer dans une seconde partie plus étrange à l’aide du motif de voix mystérieuses/électroniques de ‘Karen’s Nightmare’ évoquant les troubles psychologiques de Karen. La musique se veut encore plus inquiétante dans ‘Animal Magnetism’ avec son orgue gothique et ses cordes dissonantes et obsédantes, évoquant l’attirance de Bill pour d’autres loup-garous. Idem pour ‘Wolf at the Door’ qui rappelle là aussi beaucoup le style de certaines partitions d’épouvante du ‘Golden Age’ hollywoodien, la musique de Donaggio ne tombant jamais dans la cacophonie et conservant à contrario un style très écrit mélangeant avant-gardisme musical et écriture classique, avec comme toujours en toile de fond l’influence incontestable de Bernard Herrmann durant les passages de terreur/suspense.

Plus le film avance et plus la musique se veut inquiétante et menaçante. ‘Run for your Life!’ crée un sentiment d’urgence durant l’attaque des loup-garous, comme le confirme ‘The Big Bad Wolf’ qui met en avant des cuivres plus sombres, alors que ‘Wolfing Down Terry’ reprend les cordes sinistres et dissonantes du reste du score. Donaggio développe le sentiment de terreur à travers des morceaux comme ‘Eddie Lives Again’, le macabre ‘Transformation’ pour l’une des scènes les plus impressionnantes du film, une séquence de transformation en loup-garou, traversé de cuivres massifs/sombres et de sonorités électroniques bizarres et obsédantes, parfaites sur les images du film (une vraie musique d’horreur à l’ancienne!). ‘Fur from the Madding Crowd’ reprend l’orgue aux sonorités gothiques quasi religieuses – apportant un côté satanique fort bienvenue aux loup-garous du film – tandis que ‘Shapeshifters’ développe une solide écriture de cuivres/vents/percussions/synthétiseurs pour une autre scène de transformation horrifiante. Après toute une série de pièces atmosphériques inquiétantes, ‘Karen Transforms’ conclut finalement le film sur une dernière touche d’obscurité avec le retour de l’intrigant motif de voix étranges/hypnotisantes qui, si elles étaient associés à l’origine aux souvenirs cauchemardesques d’Eddie, deviennent tragiquement liées à la fin du film à Karen, annonçant une fin très sombre. A noter que Donaggio nous propose de réentendre une dernière fois son ‘Love Theme’/thème de Karen dans ‘End Title’ avec une formation instrumentale incluant harmonica, cordes, guitares, basse, batterie et synthétiseurs, idéal pour respirer un peu entre deux morceaux de suspense et de terreur. En revanche, on pourra se poser des questions sur la réelle utilité de l’inclusion de morceaux synthétiques kitsch au maximum en fin d’album et pas forcément très intéressant à écouter.

‘The Howling’ fait partie des scores thriller/épouvante absolument indissociables de l’univers musical de Pino Donaggio, un compositeur que l’on a souvent comparé à Bernard Herrmann pour son goût pour les atmosphères atonales très écrites et les orchestrations étranges et inventives, parfois même excentriques. Mais à l’inverse d’Herrmann, Donaggio a souvent tendance à tomber dans certaines fautes de mauvais goût, des choix musicaux que l’on ne comprend pas toujours très bien mais qui sont assez fréquents chez le compositeur (cf. son récent score pour ‘Seed of Chucky’ pour s’en convaincre!), notamment lorsque le musicien a recours à ses synthétiseurs affreusement kitsch et pas toujours bien incorporés à l’orchestre (même si ces mélanges restent assez originaux pour l'époque). Néanmoins, Donaggio nous prouve avec ‘The Howling’ que l’on peut écrire des partitions horrifiques inventives et très écrites sans jamais tomber une seule fois dans de la cacophonie ou des effets faciles (genre clusters ou masses dissonantes). Ceci étant dit, cela ne suffit pas pour faire de ‘The Howling’ un chef-d’oeuvre du genre, car cette musique qui tente de singer Bernard Herrmann sans jamais atteindre le quart du génie de ce dernier n’a que peu de chance de survivre hors des images de la sympathique série-B d’épouvante de Joe Dante. Remercions malgré tout La-La Land Records pour avoir eu la bonne idée d’éditer officiellement en CD ce score qui était jusqu’alors très nettement réclamé par le public béophile depuis de nombreuses années déjà. Si vous voulez vous laisser tenter, essayez le, mais ne vous attendez pas à découvrir là un chef-d’œuvre, car le score de Donaggio possède très clairement l’étiquette ‘musique de série-B horrifique à petit budget’ qui lui colle à la peau et fait de ce score un effort mineur, bien loin de la qualité de certaines partitions thriller/épouvante du compositeur pour des films de Brian De Palma!


---Quentin Billard