1-A River Runs Through It 2.22
2-Casting Presbyterian Style 1.29
3-A Land Filled With Wonder 1.32
4-Down The Alley (With You) 2.20
5-A Summer Of Lumber
and Fishing 1.44
6-Shooting The Chutes 1.52
7-Three Fisherman 1.55
8-A Trip To The Unknown 2.28
9-A Four-Count Rhythm 2.27
10-The Sheik Of Araby 1.56*
11-Bye Bye Blackbird 1.57**
12-Je Ne Sais Quoi 0.56
13-Swing Me High, Swing Me Low 2.29
14-A Place Remembered 0.54
15-A Remark Was Passed 2.23
16-Rugged Cross 2.50***
17-Muskrat Ramble 1.58+
18-Rawhide 0.58
19-The Wild Ride 2.27
20-Early Departure 0.50
21-The Splendor In The Grass 1.10
22-Jessie and Norman 2.59
23-Lolo's 1.15
24-The High Road 1.01
25-Yes, Quite A Day 1.05
26-A Fine Fisherman and
The Big Blackfoot River 1.41
27-The Moment That Could
Not Last 1.23
28-Too Deep For Tears 0.46
29-Without Complete
Understanding 1.21
30-In The Half-Light of
The Canyon 2.46
31-Haunted By Waters -
A River Runs Through It (Reprise) 4.18

*Ecrit par Harry B. Smith,
Ted Snyder et Francis Wheeler
**Ecrit par Mort Dixon et
Ray Henderson
Interprété par Prudence Johnson
***Traditionnel
+Ecrit par Ray Gilbert
et Edward 'Kid' Ory

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Milan Records 74321 12469-2

Score produit par:
Mark Isham
Production supervisée par:
Stephan R. Goldman
Montage musique:
Allan Rosen
Source Music produite par:
Stephan R. Goldman
Direction exécutive pour Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Toby Pieniek

Artwork and pictures (c) 1992 Columbia Pictures/Allied Filmmakers. All rights reserved.

Note: ***1/2
A RIVER RUNS THROUGH IT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Troisième long-métrage de Robert Redford qui passe donc cette fois-ci derrière la caméra, ‘A River Runs Through It’ (Et au milieu coule une rivière) est un véritable hymne à la nature, à la douceur de vivre. Adaptation du roman autobiographique de Norman Maclean que Redford rêvait de filmer depuis de nombreuses années, ‘A River Runs Through It’ évoque le destin de deux frères, Norman (Craig Sheffer) et Paul (Brad Pitt) dans le Montana du début du 20ème siècle. Fils d’un pasteur presbytérien, le révérend Maclean (Tom Skeritt), Norman et Paul sont élevés dans la religion et la rigueur dès leur plus tendre enfance. Leur père les initie à la pêche à la mouche, qui deviendra par la suite leur principale activité de loisir. Devenus de jeunes hommes, les deux frangins suivent des chemins différents. Norman est sur le point d’épouser Jessie Burns (Emily Lloyd) et d’obtenir un poste d’enseignant dans une prestigieuse université tandis que Paul, plus volage et rebelle, se lance dans le journalisme et écume les bars en accumulant d’importantes dettes de jeu au poker. Malgré leurs différences, Norman et Paul resteront toujours très liés, façonnant leur propre vision de la vie à travers les vertus de la pêche à la mouche.

Véritable hymne à la nature et à la douceur de vivre, ‘A River Runs Through It’ ne révolutionnera certes pas l’histoire du cinéma américain mais s’avère être une petite perle de poésie et d’émotion, Robert Redford prenant le temps de filmer ses personnages et de poser le décor en conservant ce ton toujours très contemplatif. La lenteur de sa mise en scène et de son rythme lui sert ainsi à accentuer ce regard paisible sur le lien entre les hommes et mère nature, le tout sur fond d’évocation nostalgique d’une enfance lointaine, celle de Norman Maclean et de son frère Paul dans un Montana pastoral et idyllique. Certes, on pourra toujours reprocher au film de manquer de rythme – il est vrai qu’il ne se passe pas grand chose tout au long de l’histoire – mais l’ensemble baigne dans une telle sensation de sérénité que l’on se laisse très facilement captiver par ce petit bijou de poésie, évoquant divers sujets comme le rapport à la foi, la famille, les amis, la nature, etc. La rivière elle même semble être ici la métaphore évidente de la vie qui s’écoule avec douceur, comme le suggère habilement le final où l’on voit Norman jeune puis vieux, avec comme même point commun qu’il se trouve toujours au milieu de la rivière en train de pêcher, comme pour nous rappeler que quelque soit ce que la vie nous réserve, la rivière continue toujours de couler comme le monde de tourner.

Mark Isham a composé pour ‘A River Runs Through It’ l’une de ses plus douces et plus belles partitions pour le cinéma, annonçant très clairement le style de sa BO pour ‘Nell’ de Michael Apted, écrite deux ans plus tard, en 1994. A l’écoute de cette musique dans le film, quelques mots nous viennent immédiatement à l’esprit : relaxant, paisible, serein, pastoral, mélodieux, doux, etc. Isham a parfaitement su retranscrire toute la beauté des décors du film à travers sa musique, apportant à chaque scène une présence émotionnelle toujours très discrète, minimaliste mais néanmoins pertinente et agréable dans le film. Le film s’ouvre au son d’une très belle mélodie pour violon sur un rythme à trois temps qui fait office ici de thème principal de la partition (piste 1), accompagné par une guitare et des cordes, évoquant les airs populaires traditionnels de l’Amérique profonde avec une légère influence de la musique irlandaise. La présence du violon et de la guitare suffisent à évoquer très simplement les décors harmonieux du Montana sauvage, une atmosphère americana discrète mais néanmoins très présente tout au long de la partition de Mark Isham. Cette très belle introduction teintée de douceur et de nostalgie est immédiatement suivi d’un morceau plus rythmée mais toujours aussi doux, ‘Casting Presbyterian Style’ où Isham utilise le piano avec les cordes, la harpe et les vents pour évoquer la petite enfance des deux frères qui s’initient à la pêche à la mouche en compagnie de leur père. Idem pour ‘A Land Filled With Wonder’ qui sert à évoquer la beauté et l’immensité des décors du Montana, d’où un côté plus majestueux, ample et éminemment pastoral – voire bucolique. Cette idée se retrouve tout au long du film, comme le très serein ‘A Summer of Lumber & Fishing’ qui développe une douce atmosphère de nostalgie très touchante avec son thème de cordes apaisé que l’on retrouvera tout au long du film, associé ici à la beauté des décors et de la rivière.

Certains passages plus rythmés comme la séquence de la descente des chutes d’eau (‘Shooting The Chutes’) avec son orchestre plus ample et ses deux harpes apportent un peu de relief à l’ensemble, mais c’est le sentiment de sérénité et de contemplation qui dominent ici la BO de Mark Isham comme le confirme ‘Three Fisherman’ qui développe le troisième thème du score, une mélodie simple de piano associé à la famille Maclean et facile à identifier avec son rythme de sicilienne (croche pointée - double croche - croche) que l’on retrouvait déjà dans le thème principal au violon. Même ambiance dans les très sereins ‘A Trip To The Unknown’, ‘A Four-Count Rhythm’ ou l’émouvant ‘Je Ne Sais Quoi’ avec sa très belle partie de piano et de cordes apaisées et nostalgique. De nostalgie, il est justement question dans ‘A Place Remembered’ avec sa très belle mélodie de hautbois avec cordes et harpe, un morceau aux ambiances pastorales plus qu’évidentes associées dans le film au souvenir d’un endroit et d’une époque révolue. L’ensemble finit malgré tout par devenir un peu monotone et répétitif à la longue, Isham ne variant pas sa musique d’un pouce comme pour mieux nous immerger encore plus dans ce regard contemplatif sur la nature. Heureusement, on se réveille un peu avec ‘The Wild Ride’ pour une nouvelle scène plus aventureuse avec les deux frères dans la nature. L’orchestre devient ici plus massif avec quelques timbales, un piano et deux harpes, évoquant l’excitation du départ à l’aventure. Le thème principal revient alors dans ‘Early Departure’ dans une très belle reprise pour flûte et harpe particulièrement émouvante, sans oublier le tendre ‘Jessie and Norman’ pour illustrer la romance entre Norman et sa nouvelle fiancée Jessie, morceau écrit pour piano et cordes avec une retenue et une pudeur vibrante. ‘Lolo’s’ s’avère être quand à lui plus sombre lorsque Norman comprend que son frère Paul a accumulé de grosses dettes de jeu au poker.

‘A Fine Fisherman and the Big Blackfoot River’ nous permet de retrouver un passage orchestral plus ample et majestueux pour une nouvelle scène de pêche au bord de la rivière tandis que ‘The Moment That Could Not Last’ ramène le calme avec sa très belle mélodie de flûte/harpe/piano et cordes lorsque Norman se retrouve une dernière fois en compagnie de son frère et de son père et comprend qu’il doit profiter de ce moment privilégié qui ne durera pas. ‘The Moment That Could Not Last’ provoque un léger pincement au coeur dans le film avec son caractère doux et extrêmement nostalgique qui apporte un éclairage émotionnel saisissant à cette séquence vers la fin du film. ‘Too Deep For Tears’ possède un côté plus amer pour la scène après la mort de Paul, tandis que le thème principal de violon très ‘americana’ revient dans le beau ‘Without Complete Understanding’ avant d’aboutir à la très belle conclusion du film, ‘In The Half Of The Canyon’ pour une ultime évocation poignante d’une époque révolue et de la vie qui s’écoule lentement et sûrement comme une rivière. Le score se termine quand à lui sur ‘Haunted By Waters – A River Runs Through It’ qui accompagne le générique de fin du film en récapitulant les principaux thèmes et idées de la partition de Mark Isham.

‘A River Runs Through It’ est donc une partition orchestrale douce et émouvante, à la fois lyrique, pastorale et toute en retenue, un minimalisme qui était nécessaire étant donné le côté lent et contemplatif de la mise en scène du film de Robert Redford. Il est quand même assez amusant de constater à quel point Mark Isham sait toujours se montrer très inspiré lorsqu'il s'agit de décrire la beauté paisible de la nature dans des films ('Of Mice and Men', 'Nell', etc.). La musique de Mark Isham apporte une émotion subtile et toute en finesse dans le film, ne cédant jamais au pathos et aux élans orchestraux mélodramatiques, bien loin de là. Sans être d’une folle originalité, cette musique s’apprécie néanmoins au fil des écoutes, une partition orchestrale agréable, charmante, bucolique et d’une profonde douceur, idéale pour une invitation au voyage, à la communion avec la nature, à la douceur de vivre tout simplement!


---Quentin Billard