1-Bregna 2415 4.45
2-The Panopticon 2.31
3-Una Flux 1.12
4-Torture Garden 2.37
5-Monica Mission 1.12
6-"Good Boys" 2.39
7-The Kiss 3.17
8-The Relical and Keeper 4.19
9-Cloning Discovery 5.14
10-Grenade/Monorail Chase 3.48
11-"I Remember" 1.37
12-The Cherry Orchard 3.50
13-Oren Goodchild Dies 3.39
14-Destroying The Memories 4.01
15-Aeon Flux 3.32

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 707 2

Album produit par:
Graeme Revell
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Programmeur de la musique:
Boris Elkis
Montage musique:
Ashley Revell

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2005 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
AEON FLUX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
A l’origine, ‘Aeon Flux’ est une série animée diffusée sur la chaîne musicale MTV en 1995. 11 ans plus tard, voici l’adaptation cinématographique de cette série animée, adaptation réalisée par Karyn Kusama, révélée auprès du public pour son premier long-métrage, ‘Girlfight’, tourné en 2000. Evidemment, le film est toujours produit par MTV, ce qui laisse supposer d’emblée que l’on va avoir à faire à un produit totalement formaté tendance clip contemporain ‘in’. C’est donc sans surprise qu’Aeon Flux s’apparente donc à un film d’anticipation tourné à la façon d’un gros clip d’1h33, avec un scénario sympathique mais qui sent le déjà-vu, et une mise en scène impersonnelle et branchée. Nous sommes en l’an 2415. Un terrible virus a ravagé une bonne partie de la terre. Les quelques survivants se sont réfugiés à l’intérieur d’une ville fortifiée du nom de Bregna, dernier rempart civilisé contre la maladie qui sème le chaos à l’extérieur. Bregna est dirigée depuis des siècles par une génération de scientifiques appelés les Goodchild, qui ont inventé un vaccin contre la maladie. Mais des évènements étranges bousculent ce lieu aseptisé: des gens disparaissent mystérieusement, et d’autres sont en proie à des maux qu’ils ne peuvent s’expliquer. Un groupe de rebelles baptisés les Monicans envoient alors Aeon Flux (Charlize Theron), l’un de leurs meilleurs assassins, pour trouver et supprimer Trevor Goodchild (Marton Csokas), le chef du gouvernement. Après le meurtre de sa soeur Una (Amelia Warner) par Goodchild, Aeon devient comme enragée et jure de tout mettre en oeuvre pour venger la mort de sa soeur. Mais au moment de presser la détente face à l’assassin d’Una, Aeon est prise d’une soudaine hésitation, incapable de tuer Trevor Goodchild: connaîtrait-elle cet homme? L’aurait-elle déjà vu auparavant? Eprouverait-elle des sentiments pour lui? De fil en anguille, Aeon va tenter d’en savoir un peu plus et va découvrir le terrible secret de Goodchild et de la ville entière.

Le scénario est plutôt efficace et aborde quelques thèmes classiques du cinéma de science-fiction, à savoir les dérives d’une société futuriste totalitaire ou les méfaits du clonage sur les humains. Charlize Theron crève littéralement l’écran dans la peau de cette héroïne assassin froide mais non dénuée de coeur. Evidemment, l’actrice semble plus avoir été choisie ici pour sa plastique de rêve et ses courbes fines et sexy que pour son réel talent d’actrice, bien qu’à ce niveau là on ne peut pas reprocher grand chose à l’actrice qui s’en tire bien, même si l’ensemble demeure toujours un peu laborieux. Néanmoins, Theron – qui s’affiche ici dans un look artificiel un peu spécial, costume noir moulant et coiffure plaquée - effectue moult cascades, manie les armes avec un doigté particulier et rosse les méchants à la vitesse grand V, au grand bonheur des fans des héroïnes de série-B d’action, car en fin de compte, c’est tout ce qu’est ‘Aeon Flux’, une grosse série-B d’action/science-fiction doté d’un budget modeste pour une production de ce genre (55 millions de dollars) avec des effets spéciaux pas toujours très heureux et une mise en scène tout à fait quelconque (en dehors de quelques effets ‘clip’ et d’une esthétique globale visuellement intéressante). On regrettera la platitude de certaines scènes comme la traversée du jardin piégé au début du film qui frôle le ridicule à de nombreuses reprises (quelle idée de faire l’amie de l’héroïne avec des mains greffées à la place de ses pieds!), tandis que le rythme général du film s’avère être un peu déséquilibré, la réalisatrice balançant maladroitement ses scènes d’action comme s’il s’agissait pour elle de remplir coûte que coûte le vide entre deux moments plus calmes. Néanmoins, sans casser trois pattes à un canard, ‘Aeon Flux’ demeure malgré tout un bon divertissement qui ne restera certainement pas dans les annales du genre.

La musique d’Aeon Flux devait être écrite à l’origine par Theodore Shapiro. Renvoyé du projet, ce fut ensuite le tour du duo Reinhold Heil/Johnny Klimek qui se seront finalement retrouvés écartés du projet peu de temps après. Et comme d’habitude, le compositeur retenu au final n’a eu que très peu de temps pour écrire la musique du film. C’est donc à Graeme Revell qu’échoit cette lourde tache, le compositeur néo-zélandais se retrouvant dans une situation similaire à celle de ‘Tomb Raider’, pour lequel Revell n’avait eu que quelques semaines pour boucler le score entier. La partition d’Aeon Flux fait ainsi la part belle à l’électronique et aux rythmiques électro modernes chères au compositeur, l’emploi de synthétiseurs étant à la fois un gain de temps (cela évite les difficultés de la gestion du tout orchestral) et un apport musical logique par rapport à l’ambiance futuriste du film de Karyn Kusama. Dès l’ouverture du film, ‘Bregna 2415’ nous plonge dans cet univers futuriste avec une première introduction du thème principal associé à l’héroïne du film, thème mystérieux joué par des violoncelles auxquels Revell ajoute une touche vaguement orientale par le biais du jeu en glissé des cordes et des intervalles de secondes augmentées typiquement orientales. L’utilisation de ces touches orientales discrètes apporte un petit plus à la partition, comme pour renforcer la sensation d’être dans un univers étranger, très éloigné du notre. Revell, qui n’utilise ici que le pupitre des cordes du Hollywood Studio Symphony, mélange ses instruments avec ses textures électroniques modernes, ses claviers et ses rythmiques électro qui boostent bien les images du film et créent une atmosphère musicale moderne pour la ville de Bregna. ‘The Panopticon’ confirme clairement l’orientation électro de la partition d’Aeon Flux avec un thème de cordes toujours très présent. ‘Una Flux’ s’avère être quand à lui beaucoup plus atmosphérique d’esprit, pour la scène du meurtre de la soeur d’Aeon. A noter ici le côté plus pesant et mélancolique des cordes et des sonorités électroniques comme pour suggérer le drame qui vient de se produire.

Premier morceau d’action aux rythmes électro/techno frénétiques, ‘Torture Garden’ (scène de la traversée du jardin piégé) booste la séquence avec efficacité – sans jamais dépasser le cadre purement fonctionnel des images – avec, petit plus, le retour des cordes aux sonorités orientales. On regrettera d’ailleurs le côté plus plat et pas toujours très intéressant de certains passages atmosphériques comme ‘Monican Mission’, ‘Good Boys’ ou bien encore le long et sombre ‘Cloning Discovery’. Ce sont donc ici les passages plus orientés ‘action’ qui attirent notre attention, comme le mouvementé et sombre ‘The Kiss’ dominé par les cordes et les percussions (rencontre entre Aeon et Trevor durant la scène agitée du baiser) ou ‘The Relical and Keeper’ avec ses percussions métalliques durant la scène où Aeon s’infiltre dans la relique flottant au dessus de Bregna. A noter un morceau d’action assez prenant, ‘Grenade/Monorail Chase’, pour la scène de l’affrontement à la grenade entre Aeon/Trevor et les hommes d’Oren Goodchild (Jonny Lee Miller), le frère du président. Revell booste ici aussi cette séquence à grand renfort de percussions, loops/rythmiques techno massives et agressives. L’affrontement final est illustré à son tour dans un ‘Oren Goodchild Dies’ (vive les titres ‘spoiler’ des albums de Varèse!) soutenu par de nouvelles rythmiques électro frénétiques et des cordes sombres (à noter la façon dont le compositeur maintient une écriture souvent plus statique des cordes et moins basée sur les rythmes que la partie électronique). Finalement, ‘Aeon Flux’ vient ramener le calme pour un ultime morceau plus chaleureux avec l’utilisation de cordes, synthés et guitares électriques pour une reprise version rock/électro du thème principal d’Aeon Flux, qui tend à rappeler les origines musicales de Graeme Revell et de l’époque où il bossait avec SPK. Le morceau se termine finalement sur un crescendo dramatique de cordes qui rompt un peu avec le côté froid et ‘artificiel’ du reste du score.

‘Aeon Flux’ devrait donc satisfaire les amateurs de score d’action électro ainsi que les fans de Graeme Revell, même si l’ensemble a bien du mal à échapper à la sensation d’avoir été écrit dans l’urgence. Ici, point d’inspiration ou d’originalité particulière à part l’utilisation de sonorités orientales dans le pupitre des cordes. Revell livre le strict minimum pour un film sur lequel on attendait de toute façon pas grand chose – surtout à la vitesse à laquelle le compositeur a du écrire la musique! Dommage, car avec un peu plus de temps, Revell aurait peut être pu écrire quelque chose de beaucoup plus inspiré et qui aurait pu sonner bien moins ‘artificiel’ que ce score là. Néanmoins, la musique apporte une bonne dose d’action et d’énergie au film de Karyn Kusama, rythmant chaque scène avec une efficacité toujours constante, même si musicalement parlant, Graeme Revell a déjà fait bien mieux. Pour les fans du compositeur uniquement!


---Quentin Billard