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1-The Star Spangled Banner
composé par Francis Scott Key- domaine public 1.30 2-The Calling/The Neighborhood (Main Title) 4.07 3-The Tree (outtake) 2.26 4-The Clown (They're Here/ Broken Gass-outtake-/ The Hole-outtake-/ TV People 5.12 5-Twisted Abduction 6.56 6-Contacting the Other Side 5.10 7-The Light 2.05 8-Night Visitor/ No Complaints 9.07 9-It Knows What Scares You 7.37 10-Rebirth 8.23 11-Night of The Beast 3.51 12-Escape From Suburbia 7.10 13-Carol Anne's Theme (End Title) 4.19 Musique composée par: Jerry Goldsmith Editeur: Rhino Records R2 72725 Album produit par: Nick Redman Superviseur du projet: Julie d'Angelo Monteur de l'album: Michael Matessino Album original produit par: Jerry Goldsmith(1982) Artwork and pictures (c) 1995 Warner Bros. All rights reserved. Note: **** |
POLTERGEIST
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Jerry Goldsmith
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De tous les films d'épouvante traitant des maisons hantées, 'Poltergeist' est sans aucun doute l'un des films les plus passionnants jamais réalisés sur ce sujet. Produit par Steven Spielberg, 'Poltergeist' narre l'histoire de la famille Freeling, habitant dans une paisible demeure d'une cité pavillonnaire à Cuesta Verde, dont le chef de famille, Steve (Craig T. Nelson), agent immobilier, s'occupe de commercialiser. Une nuit, la petite Carol Anne (Heather O'Rourke) s'approche du poste de télévision et aperçoit d'étranges lumières sortir de l'écran TV resté allumé à la fin des programmes. Le lendemain matin, Diane (JoBeth Williams) assiste à d'étranges phénomènes paranormaux: des meubles bougent tout seuls de façon mystérieuse, ce qui semble beaucoup amuser Diane et Carol Anne. La nuit suivante, en pleine nuit d'orage, le cauchemar commence pour la famille Freeling alors que l'arbre en face de la chambre du jeune Robbie (Oliver Robins) casse la fenêtre et tente de l'avaler, tandis que la porte du placard à jouet s'ouvre et aspire Carol-Anne qui disparaît dedans sans laisser de trace. La petite fille parvient alors à communiquer mystérieusement à travers le poste de télévision allumé, prétendant qu'elle a été kidnappé par des gens. Les Freeling font alors appel à une parapsychologue, la Dr. Lesh (Beatrice Straight), entourée de des collègues, Ryan (Richard Lawson) et Caze (Martin Casella). La Dr. Lesh explique alors aux Freeling que Carol-Anne est retenue prisonnière d'un esprit frappeur qui hante la maison dans une dimension parallèle, entre la vie et la mort. Incapables de lutte contre les forces surnaturelles qui hantent la maison, les Freeling font appel à Tangina Barrons (Zelda Rubinstein), une spirite de renom qui a déjà réussi à exorciser d'autres demeures auparavant. Tangina établi alors des points de contact avec l'entrée et la sortie de ce monde parallèle et demande à la famille de s'unir pour tenter de sauver Carol-Anne. Mais le cauchemar est loin d'être terminé pour les Freeling.
'Poltergeist' est une véritable réussite dans son genre, un film doté d'une magie visuelle typique de Steven Spielberg, qui a fait plus que produire le film puisqu'il a aussi réalisé la majeure partie du long-métrage (en plus de co-écrire le script du film), ayant fait appel à Tobe Hooper alors que Spielberg était occupé à la même époque sur 'E.T. The Extra-Terrestrial'. Rappelons que quelques semaines avant sa sortie en juillet 1982, une controverse entoura le tournage du film au sujet de qui avait fait quoi sur 'Poltergeist'. Spielberg expliqua alors à la presse américaine qu'il avait écrit une partie du script du film et conçu la plupart des story-boards, en plus de s'occuper de l'équipe des caméras. Tobe Hooper expliqua quand à lui qu'il avait réalisé le film tout en collaborant normalement avec le producteur, tandis que Frank Marshall, aussi producteur du film, expliqua que Spielberg était à l'origine de toute la partie créative du film, que ce soit le script, les story-boards, la supervision des effets visuels, le montage et même le tournage. Avec du recul, la participation de Tobe Hooper au film paraît plutôt flou, étant donné qu'il est incertain que le réalisateur ait tourné beaucoup de scènes de 'Poltergeist'. Ce qui est sur, c'est que Spielberg a tenu à ne pas être crédité à la réalisation en offrant un minimum de liberté à Hooper même si, à la vue du résultat final, 'Poltergeist' est un film 100% Spielberg. Rares sont les réalisateurs à avoir su à son époque filmer avec une telle maestria une histoire de revenants et de maison hanté, parsemant le film de scènes d'anthologie comme l'attaque de l'arbre, la scène finale de la maison qui implose sur elle-même, la scène des cadavres dans la piscine, les esprits descendant le long de l'escalier (scène de pure magie visuelle) ou la traversée de la dimension parallèle pour sauver Carol-Anne. Le film fut un vrai défi technique pour les artisans des effets spéciaux qui eurent un mal fou à rendre crédibles toutes les principales scènes avec les esprits, le résultat final étant assez incroyable pour l'époque (1982). Spielberg souhaitait aussi que cette sombre histoire se déroule dans un cadre familial réaliste afin de mieux toucher le public. Reste un détail assez sordide concernant ce que certains ont appelés 'la malédiction Poltergeist', celle de la mort de deux actrices du film, la petite Heather O'Rourke (Carol-Anne) et celle de Dominique Dunne. Cette dernière est morte l'année de la sortie du film, en 1982, assassinée par son petit ami psychopathe. Quand à la petite fille, elle décéda six ans plus tard dès suite d'une infection intestinale à l'âge de 13 ans (elle n'avait pas encore fini de tourner 'Poltergeist III' de Gary Sherman en 1988). Idem pour deux autres acteurs qui décédèrent à leur tour après le tournage de 'Poltergeist II' en 1986, sans oublier certains problèmes étranges survenus lors du tournage des deux premiers épisodes. Bien qu'on ne doute pas que certains évènements aient été exagérés pour faire de la publicité aux films, de telles coïncidences paraissent tout de même troublantes, étant donné le sujet des films. Au final, 'Poltergeist' reste un superbe film d'épouvante, un vrai régal pour tous les amateurs du genre, qui n'a pas pris une seule ride! John Williams, jusqu'ici habitué à collaborer avec Steven Spielberg, ne pouvait pas être disponible pour 'Poltergeist' étant donné qu'il écrivait la même année la partition de 'E.T.'. Spielberg du alors se résoudre à envisager un autre compositeur. Ce qui est moins connu, c'est que Spielberg est et a toujours été un fan de Jerry Goldsmith, appréciant ses partitions pour 'The Blue Max', 'A Patch of Blue', 'The Omen', 'Patton', etc. C'était alors l'occasion rêvée pour Spielberg d'engager Jerry Goldsmith sur 'Poltergeist', pour lequel le maestro nous livra l'une de ses meilleures partitions du début des années 80, un score inspiré qui transcende son sujet à travers une partition symphonique sombre, envoûtante et mystérieuse. Pour Goldsmith, le principal défi était donc d'évoquer le côté à la fois noir, terrifiant et magique du film. A l'écoute du résultat final, on se dit que le maestro a frappé une fois de plus! Après l'introduction ironique du célèbre hymne national américain annonçant dans le film la fin des programmes télévisées (et le début des ennuis pour Carol-Anne), 'The Calling (Main Title)/The Neighborhood' nous plonge d'emblée dans l'atmosphère particulière de la partition, introduisant un premier motif de flûtes plutôt mystérieux avec des sonorités électroniques cristallines évoquant à merveille la présence des fantômes. Le thème principal de 'Poltergeist' reste bien évidemment l'attraction majeure de la musique de Goldsmith, thème magnifique associé à Carol Anne sous la forme d'une berceuse évoquant la pureté et l'innocence de la jeune fillette que convoitent les spectres de la maison des Freeling. On notera la manière dont Goldsmith introduit ce thème sur fond de cordes dissonantes et d'une atmosphère atonale, joué d'abord par un célesta. Le compositeur en profite aussi pour amorcer la couleur 'impressionniste' de sa partition, dont les harmonies complexes et les couleurs orchestrales fluides évoquent particulièrement la musique impressionniste française du début du 20ème siècle, celle de Debussy et Ravel, bien que l'ombre d'Olivier Messiaen plane aussi sur certaines mesures de la partition (on pense par exemple à ses pièces orchestrales telles que 'Chronochromie' ou 'Et expecto resurrectionem mortuorum'). Il faut dire que le maestro n'a jamais caché sa passion pour la musique impressionniste français qui influencera certaines de ses oeuvres comme 'Islands in The Stream' ou 'Legend'. Le thème de Carol Ann est développé dans le générique de début, confié à une flûte douce accompagnée d'une harpe et des cordes. On ressent ici toute la légèreté innocente et la douceur de vivre de l'enfance, avec une touche subtile de simplicité et de nostalgie, faisant du thème de Carol Anne l'une des plus belles mélodies écrites par Goldsmith dans les années 80. Le maestro développe ici ce thème avec une écriture de cordes sautillantes alors que l'on voit le jeune Robbie faire du vélo dans la rue, la musique accentuant le côté paisible de la vie dans la cité pavillonnaire typiquement 'famille américaine des années 80'. 'The Tree', morceau absent du film, créait un climat d'inquiétude avec des orchestrations colorées et particulièrement fluides parmi lesquelles tentait d'émerger le très beau thème de Carol Anne confié ici à une flûte et un hautbois sur fond de cordes. C'est avec 'The Clown/They're Here' que débute enfin le cauchemar, Goldsmith installant une ambiance noire particulièrement marquante à l'écran, usant d'effets orchestraux en tout genre (comme le son stressant d'une crécelle dans un bref sursaut de terreur) tandis que tente une fois encore d'émerger le motif des esprits avec ses sonorités électroniques fantomatiques semblant surgir d'un autre monde et son étrange motif de 5 notes. L'orchestre se déchaîne dans un premier tour de force orchestral à partir de 2 minutes 25, dominé par des cuivres massifs, des percussions solides et des cordes virtuoses. Goldsmith fait magnifiquement monter la tension, suggérant la présence des fantômes qui communiquent avec Carol-Anne à travers l'écran de télévision. C'est le superbe 'Twisted Abduction' qui accompagne la séquence où Robbie se fait attaquer par l'arbre tandis que les esprits kidnappent Carol-Anne. On retrouve ici les orchestrations cuivrées virtuoses chères au compositeur pour un nouveau morceau d'action/terreur du plus bel effet, incluant une utilisation remarquable des chœurs qui font ici leur apparition lorsque les jouets se déchaînent dans la chambre des enfants et que Carol-Anne est mystérieusement aspiré par le placard des jouets. Percussions, cuivres frénétiques, cordes virtuoses, vents stridents, choeurs, tout est fait ici pour évoquer la fureur des esprits, créant un magnifique climat de terreur à l'écran. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de nous rappeler à quel point il manipule avec une aisance remarquable les rythmes, jouant sur les incessants changements de mesure et les rythmes syncopés avec ici une pointe de Stravinsky dans l'utilisation du pupitre des cuivres (on pense à certaines mesures du 'Sacre du printemps'), le morceau n'étant pas sans rappeler certains passages de 'Outland' et de 'Alien'. Impossible de ne pas ressentir ici la terreur inspirée par cette scène de kidnapping, durant laquelle l'orchestre, totalement déchaîné, s'en donne à coeur joie. On notera une nouvelle reprise plus sombre de la berceuse de Carol Anne au célesta à 6.00, lorsque la petite fille se retrouve prisonnière des fantômes, parlant à travers le poste de télévision. Goldsmith s'amuse à superposer la berceuse enfantine de Carol Anne sur fond de cordes sombres qui renforcent le climat noir de la musique. Si la tornade orchestrale de 'Twisted Abduction' annonce une aventure particulièrement sombre et agitée, 'Contacting The Other Side' évoque les tentatives du Dr. Lesh pour contacter l'univers parallèle dans lequel est retenue prisonnière Carol Anne. La berceuse revient comme un véritable leitmotiv, dans une forme toujours aussi tourmentée, au célesta mais sur fond de cordes sombres et dissonantes. On distingue alors les prémisses du thème de l'au-delà, suggéré ici par les cordes et les cuivres, mais l'élément le plus marquant du morceau vient d'une très belle reprise du thème de Carol Anne à la fin du morceau, lorsque Diane a ressenti l'esprit de sa petite fille passer à travers elle, un moment de pure émotion que Goldsmith a sut représenter avec une finesse toute à son avantage. 'The Light' illustre la scène où Diane et le Dr. Lesh parlent ensemble du concept de la lumière et du passage vers l'au-delà. Goldsmith apporte un côté quasi mystique et mystérieux à cette scène en utilisant un nouveau thème, une sorte de thème spirituel marqué par des harmonies modales et une atmosphère impressionniste qui évoque maints pages de Ravel et Debussy, un très beau thème qui rappelle le thème du Christ dans 'The Final Conflict' (1981). 'Night Visitor/No Complaints' accentue quand à lui le côté terrifiant et oppressant de la partition dans une véritable atmosphère horrifique permettant au compositeur d'user de ses traditionnels effets orchestraux hérités d'un langage orchestral avant-gardiste dans la lignée de 'Alien' (scène où Ryan voit son visage se décomposer en lambeaux de chair, la seule véritable scène d'horreur du film). Plus mystérieuse, la seconde partie dévoile un nouveau motif de 5 notes (souvent confiés à des clarinettes basses) emprunté à un motif similaire de 'Alien', parmi lequel on retrouve le thème de l'au-delà, juxtaposé à ce nouveau motif de 5 notes évoquant la présence des spectres dans la superbe scènes des escaliers, et que l'on retrouve aussi de manière plus inquiétante dans la scène où Steve apprend par son patron que la cité pavillonnaire a été construire sur un ancien cimetière indien. L'excellent 'It Knows What Scares You' permet au compositeur de développer le motif de l'au-delà et le motif spirituel aux accents debussistes alors que Tangina explique aux Freeling comment aider Carol Anne à revenir dans le monde des vivants. On ressent ici tout le mystère et la tension du contact avec le monde parallèle, avec le côté chaleureux et plus rassurant du thème spirituel particulièrement présent dans la première partie du morceau, tandis que la seconde partie se veut plus inquiétante et sombre, débouchant sur 'Rebirth' pour la scène où Diane traverse le monde de l'au-delà pour chercher Carol Anne. On notera ici l'utilisation d'un motif d'accompagnement de 8 notes qui, couplé avec un superbe choeur grandiose, accentuant la dimension spectaculaire et intense de la scène, permettant au compositeur de continuer de développer ses motifs - avec en particulier le motif spirituel, qui se veut comme la métaphore de l'espoir de revoir Carol Anne, symbolisant l'amour et l'union de la famille (à noter une puissante reprise du thème spirituel à 6.24 amplifié par les choeurs). Dans la continuité de la séquence du sauvetage de Carol Anne, les puissants 'It Knows What Scares You' et 'Rebirth' nous proposent un superbe condensé de tout le talent du compositeur durant près de 16 minutes non-stop, digne de figurer parmi les grands moments de la carrière de Jerry Goldsmith, 16 minutes durant lesquelles Goldsmith résume toute la magie et la puissance du film de Tobe Hooper et de Steven Spielberg! Le cauchemar atteint finalement son paroxysme dans les sombres 'Night of The Beast' et 'Escape From Suburbia', lorsque les Freeling, de nouveau terrorisés par les esprits qui hantent la maison, doivent quitter d'urgence cet enfer. Goldsmith nous propose de nouveau un déchaînement orchestral massif avec les traditionnels effets orchestraux horrifiques qui culminent dans le frénétique 'Escape From Suburbia', où Goldsmith cite brièvement le célèbre 'Dies Irae' de la messe de Requiem grégorienne pour la scène où Diane se retrouve au milieu des cadavres du cimetière qui refont surface dans sa piscine et un peu partout dans la maison. Atonale, chaotique et quasiment apocalyptique, 'Escape From Suburbia' est une nouvelle démonstration du savoir-faire d'un compositeur qui maîtrise parfaitement son sujet et impose la richesse et la complexité de son écriture orchestrale afin de rendre plus intense le climax apocalyptique du final. Le film se conclut finalement sur une touche de douceur avec une ultime reprise du 'Carol Anne's Theme' dans toute sa splendeur pour le générique de fin du film, chanté par un choeur d'enfants d'une grande tendresse, illustrant avec poésie toute la magie et l'innocence de ce thème très touchant que l'on ne peut pas oublier de sitôt (les enfants se laissent même aller à rire à la fin du morceau). Partition passionnante de bout en bout, 'Poltergeist' témoigne encore une fois du talent d'un compositeur à une époque où la créativité artistique avait encore un sens à Hollywood. Sombre, chaotique, frénétique, émouvante et puissante, la partition de 'Poltergeist' impose une personnalité musicale forte et indissociable des images du superbe film de Spielberg et Hooper, développant un langage musical propre au compositeur, brassant influences impressionnistes françaises et avant-gardistes, entre Debussy et Messiaen (dans les deux cas, deux références de la musique française du 20ème siècle). Dans la continuité de ses partitions pour 'Alien' et 'Outland', 'Poltergeist' permet au compositeur d'évoquer une fois encore son goût pour des partitions atonales et oppressantes, teinté ici de touches d'émotion et d'espoir, un apport émotionnel majeur dans le film qui évoque le combat et l'union de la famille Freeling dans une même tâche: sauver Carol Anne des griffes de l'esprit frappeur. Oeuvre passionnante et passionné, 'Poltergeist' témoigne du talent d'un compositeur qui n'hésite pas à aller au plus profond du sujet qu'on lui offre, la musique dépassant le simple cadre visuel des images en offrant une véritable âme musicale au film (la passion de Spielberg pour la musique n'étant certainement pas étrangère à cet état de fait). On est bien loin ici du côté artisanal de certaines partitions hollywoodiennes de l'époque pour des films horrifiques de ce genre, la musique de Goldsmith possédant une grande classe et une science d'écriture indéniable. Voilà en tout cas l'un des 'musts' du Jerry Goldsmith des années 80, à découvrir sans hésiter! ---Quentin Billard |