1-Kill Everything
(Main Version - Radio Edit) 3.22*
2-Passage Brady
(Hip Hop Version) 3.49**
3-Passage Brady
(Movie Version) 1.05***
4-Bloody Entertainer 3.07+
5-La Vengeance D'Anna 1.28++
6-Wolves 4.34+
7-Hollow of your Shoulder 3.54+++
8-Black Dove 3.33#
9-Austerman Fight 2.01##
10-Java 2.45+++
11-Woolen Silence 4.43+
12-Columbarium 4.29###
13-Les égouts 2.20°
14-Fuite Ackerman 0.49###
15-Anna Douche 2.53°
16-Brume sur Seine 1.51°°
17-Requiem 3.15###
18-Kill Everything
(Film Version) 1.39*
19-Poursuite Metro 1.27+++
20-Cimetière 2.29°°
21-Arrivée en Turquie 3.33###
22-Colline d'Azer 2.03###
23-China Doll (Remix) 3.38+
24-Theme Anna Laurent 3.09°°°
25-Commissariat 3.51°°
26-China Doll 2.25+

*Interprété par Skin
Ecrit par Deborah Dyer
**Interprété par Rim'k(113)
et Demon One (Intouchable)
Ecrit par Gregory Fougeres
et Olivia Bouyssou
***Interprété par Olivia Bouyssou
Ecrit par Gregory Fougeres
et Olivia Bouyssou
+Interprété par Olivia Bouyssou
Ecrit par Dan Levy
et Olivia Bouyssou
++Ecrit et interprété par
Dan Levy
+++Interprété par Olivia Bouyssou
Ecrit par Gregory Fougeres
et Olivia Bouyssou
°°Ecrit et interprété par
Luca De Medici
°°°Ecrit et interprété par
Samuel Narboni

Musique  composée par:

Dan Levy/Olivia Bouyssou, etc.

Editeur:

Gaumont La Marguerite
3596971048921


Artwork (c) 2005 Gaumont/Columbia Tristar Films. All rights reserved.

Note: **
L' EMPIRE DES LOUPS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Dan Levy/Olivia Bouyssou, etc.
Révélé en 1998 pour son roman ‘Les Rivières Pourpres’ adapté deux ans plus tard au cinéma sous la caméra de Matthieu Kassovitz, le romancier Jean-Christophe Grangé poursuit son petit bonhomme de chemin et voit son nouveau roman ‘L’Empire des Loups’ (publié en 2003) à nouveau transposé au cinéma en 2005, adaptation orchestrée cette fois-ci par le réalisateur Chris Nahon (‘Kiss of the Dragon’). Ce nouveau polar survolté se déroule cette fois-ci dans le milieu de la communauté turque du Xe arrondissement parisien. Anna Heymes (Arly Jover) souffre d’un maux inquiétant depuis quelques temps déjà: elle est régulièrement frappée par des crises d’amnésie accompagnées de terrifiantes hallucinations. Elle en arrive même à ne pas reconnaître le visage de son mari Laurent (Philippe Bas). C’est après avoir consulté une psychiatre, Mathilde Urano (Laura Morante) que la jeune femme en arrive à douter de l’honnêteté de son mari. Au même moment, la police repêche dans les égouts parisiens le cadavre d’une jeune femme turque atrocement mutilée et défigurée, l’oeuvre d’un redoutable serial-killer qui semble opérer depuis quelques temps dans le secteur. La victime travaillait dans des ateliers clandestins turcs de la ville. Le jeune capitaine de police Paul Nerteaux (Jocelyn Quivrin) continue de mener son enquête, sans grand succès. Afin d’infiltrer le milieu de la communauté turque parisienne, Nerteaux décide de faire appel à Jean-Louis Schiffer (Jean Reno), un ancien flic qui connaît parfaitement ce milieu et s’est taillé une réputation de pourri à cause de ses méthodes jugées trop violentes. Les deux hommes continuent de mener leur enquête. Pendant ce temps, Anna continue d’en savoir un peu plus sur son passé et se prépare à découvrir un terrible secret qui pourrait définitivement changer sa vie.

Si vous avez déjà lu ou vu ‘Les Rivières Pourpres’, vous n’aurez quasiment aucune surprise à la vision de ‘L’Empire des Loups’ tant tout semble avoir été calqué au détail près sur le film de Kassovitz. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean-Christophe Grangé ne s’est pas particulièrement foulé en inventant cette histoire extrêmement similaire à celle des ‘Rivières Pourpres’: on y retrouve le même duo de flics, l’un jeune et l’autre vieux (avec comme par hasard Jean Reno dans les deux films!), la même façon de mettre deux intrigues en parallèle qui finissent par se rejoindre, et la même façon de faire monter la tension et le suspense dans cet univers de communautarisme (ou devrait-on dire ici de caricature des turques!), de secret, d’infiltration, de manipulation, etc. Jean Reno reste égal à lui-même face à des acteurs plus jeunes comme Arly Jover et Jocelyn Quivrin. A noter un petit rôle quelque peu terne et sans grand relief pour l’italienne Laura Morante qui semble plus faire de la figuration dans ce film. La mise en scène reste quand à elle très convenue et assez nerveuse, Chris Nahon renouant avec le style de son précédent film ‘Kiss of the Dragon’ et son esthétique tape à l’oeil révélant le passé de cet ancien réalisateur de clip vidéo. A noter une fin totalement bâclée et expéditive, comme si Nahon était pressé de terminer son film. Quelques images horrifiques, des rebondissements, un peu de suspense et de l’action bien bourrin ne suffisent hélas pas à sauver le film d’un certain ennui, d’autant que la sensation de voir un mauvais ersatz des ‘Rivières Pourpres’ gène considérablement la vision du film qui finit par sombrer dans l’anecdotique le plus extrême!

La musique de ‘L’Empire des Loups’ est l’œuvre de plusieurs compositeurs de différents horizons qui se sont regroupés pour les besoins du film d’une façon peu orthodoxe. En effet, le réalisateur désirait un son particulier pour la musique de ce film et a reçu plusieurs démos de cinq jeunes compositeurs à la suite d’un long casting qui s’est déroulé sur plus d’un an. C’est ainsi que sont arrivés sur ce film les jeunes Dan Levy et Olivia Bouyssou. Le premier travaillait auparavant pour le théâtre et sur quelques films, tandis que la seconde n’avait encore jamais composé de musique de film, travaillant essentiellement pour un groupe d’électro/pop parisien nommé ‘Ether’. Les autres compositeurs engagés étaient Len Arran, Grégory Fougeres, Pascal Morel, Samuel Narboni, Skin (leader du groupe anglais ‘Skunk Anansie’) et Luca de Medici, la plupart de ces compositeurs étant des novices en matière de composition pour le cinéma. Chacun a apporté un de peu de son style et de sa personnalité à la musique du film de façon très constructive. Maintenant, qu’en est il réellement dans le film ? Une composition à 8 compositeurs d’horizons différents ne risque t’elle pas d’engendrer un véritable fourre-tout, un manque de cohérence globale? Non car le score possède une très bonne unité stylistique d’un bout à l’autre du film. Néanmoins, l’ensemble demeure très creux et irrémédiablement prisonnier des images et du statut purement fonctionnel. Ici, point de thématique (un dehors du ‘Thème Anna/Laurent’), la musique stagne dans le domaine de l’atmosphérique à l’aide d’une formation orchestrale et d’une pléiade d’effets synthétiques et autres loops électro/pop modernes. Visiblement, Chris Nahon souhaitait un son très électro pour son film, renforçant encore plus la sensation de voir un gros clip vidéo de près de deux heures.

On notera pour commencer qu’en plus du traditionnel score instrumental, la BO du film contient aussi des chansons originales écrites pour les besoins du film, à commencer par la très pop ‘Kill Everything’ (écrit par Skin et Len Arren) associée dans le film au personnage d’Anna, ‘Passage Brady’ avec ses sonorités orientales/arabisantes associées dans le film à la communauté turque (à noter que l’album nous propose aussi une version hip hop de cette chanson). ‘Bloody Entertainer’ est une autre chanson dans un registre plus rock/pop, chanson qui s’avère être quand à elle plus agressive et très représentative de l’univers sombre et violent du film de Chris Nahon (la plupart de ces chansons sont l’oeuvre d’Olivia Bouyssou, qui a composé pas moins de 11 titres pour l’album). ‘Black Dove’, ‘Hollow of your Shoulder’ et ‘Wolves’ mettent quand à eux en avant les sonorités électro (avec ses sons de loups dans ‘Wolves’ nous renvoyant aux ‘loups’ du film) tandis que ‘Woolen Silence’ s’avère être plus intime et mélancolique avec son accompagnement de cordes/piano plus doux et nuancé. Pour finir, on notera une très jolie chanson elle aussi plus intime et mélancolique, ‘China Doll’, associée dans le film aux turpitudes d’Anna. On pourra aussi citer le très rock ‘Java’, De son côté, le score fait ressortir toute la tension et le suspense du film. ‘La Vengeance d’Anna’ met en avant les traditionnelles rythmiques électro soutenant l’orchestre pour un morceau sombre et rythmé très inspiré des musiques hollywoodiennes d’aujourd’hui (dommage que la musique cède finalement à plus d’une reprise au formatage hollywoodien alors que le film a été produit en France!).

En dehors du joli ‘Thème Anna/Laurent’ qui accompagne les tourments d’Anna et de son mari Laurent au début du film à l’aide d’un piano mélancolique, d’une basse électrique et de quelques cordes, le reste du score s’apparente plus à une série de pièces atmosphériques/action d’une grande platitude, que ce soit la violente confrontation de ‘Austerman Fight’ avec ses loops électro et son orchestre sombre, ‘Columarium’ et ses samples de choeurs mystérieux ou bien encore ‘Les Egouts’ et sa voix arabisante envoûtante sur fond de textures électroniques pesantes. Un peu d’action dans le très pop/électro et sombre ‘Fuite Ackerman’, traversé de quelques effets de dissonances bien entretenues (scène où le docteur Ackerman tente de s’enfuir avant d’être rattrapé par Anna et Mathilde), du mystère dans le très électronique ‘Anna Douche’ (scène d’Anna sous la douche se remémorant quelques souvenirs ressurgissant d’un passé pas si lointain), sans oublier un morceau comme ‘Brume Sur Seine’ qui, avec son mélange piano/synthé/cordes fait parfois penser à certaines musiques atmosphériques de Graeme Revell ou de Hans Zimmer. ‘Requiem’ tente de rehausser un peu l’inspiration de l’ensemble en utilisant quelques samples de chœurs religieux sombres (comme lors de la scène de l’effondrement de l’escalier sur lequel se trouve Schiffer vers la dernière partie du film), sans oublier toute une série de pièces aux sonorités orientales/arabisantes comme dans ‘Arrivée en Turquie’ ou ‘Colline d’Azer’ pour l’inévitable affrontement final.

La BO de ‘L’Empire des Loups’ devrait séduire principalement les amateurs de musiques électro atmosphériques et de chansons modernes bien torchées mais sans grand génie. Les autres resteront probablement insensible à cette musique qui, non contente de traduire un certain manque d’inspiration de la part de tous ces musiciens visiblement incapables de dépasser les stéréotypes habituels du genre (aucun morceau semble sortir du lot et s’imposer par une idée neuve ou inventive, et ce malgré le nombre impressionnant de compositeurs travaillant sur cette musique!), recyclant toutes les formules habituelles de musiques de thriller/action hollywoodiens d’aujourd’hui. Sorti du cadre fonctionnel des images, la musique a bien du mal à survivre, son côté plat et atmosphérique ne permettant hélas pas à la musique de s’épanouir en soi. Néanmoins, dans le film, le score apporte suffisamment de tension et d’action au film de Chris Nahon, ce qui est déjà pas si mal en soi (le but premier d’une musique de film étant de soutenir le film de la façon la plus efficace possible!). Pour ce qui est du résultat musical intrinsèque, c’est une autre paire de manche. Devant la fadeur extrême de cette entreprise musicale qui aurait pu s’avérer être bien plus audacieuse et recherchée, force est de constater que nous avons à faire à une petite déception! Voilà l’exemple même d’une BO purement fonctionnelle que l’on oubliera très vite!


---Quentin Billard