1-Out There 0.55
2-"The Village of Holcomb..." 5.51*
3-"The Two Young Men
Had Little In Common..." 4.56*
4-Spoon Feeding 2.44
5-"This Is It, This Is It,
This Has To Be It..." 0.41*
6-"Holcomb Is Twelve Miles
East of the Mountain Time
Zone Border..." 6.51*
7-N.Y. Reading 2.17
8-"Eight Non-Stop Passenger
Trains Hurry Through
Holcomb Every
Twenty-Four Hours." 8.46*
9-If One Bird 0.43
10-"It Was Midday Deep
In the Mojave Desert." 2.31*
11-"It Was Late Afternoon..." 5.31*
12-"Perry Noticed Them First -
Hitchhikers, a Boy and
an Old Man..." 9.21*
13-"At Five That Afternoon...
The Long Ride Came to an End" 2.45
14-Not Much Time Left 3.04
15-"Dewey Had Watched
Them Die..." 13.56
16-I Thought He Was A
Very Nice Gentleman 1.41
17-Epitaph 2.19
18-Answered Prayers 1.29

*Extrait de l'album
"Truman Capote reads scenes
from 'In Cold Blood'
A true account of a multiple murder
and its consequences"
Edité en 1966.
Produit par Peter Dellheim.

Musique  composée par:

Mychael Danna

Editeur:

RCA Legacy
8-2876-78151-2

Score produit par:
Mychael Danna
Montage musique et mixage:
Jennifer Dunnington
Montage musique et dub:
Rich Walters
Préparation de la musique:
Dan Parr
Coordinateur du projet:
Aparna Bhargava
Assistante du compositeur:
Margot Massie
Superviseur de la musique:
Sue Jacobs

Artwork and pictures (c) 2005 Sony Pictures Classics Inc./United Artists Films Inc. All rights reserved.

Note: **
CAPOTE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mychael Danna
Célèbre dans le monde de la littérature américaine, Truman Capote fait partie de ces grands artistes qui ont su s’imposer par une pensée radicale et une force de conviction à toute épreuve. Premier long-métrage du réalisateur Bennett Miller (qui avait déjà réalisé un documentaire en 1998 intitulé ‘The Cruise’), ‘Capote’ nous plonge dans la vie tourmentée de ce monstre sacré de la littérature américaine. C’est au cours de novembre 1959 que Truman Capote (Philip Seymour Hoffman) apprend par le biais du New York Times le meurtre de quatre membres d’une famille de paysans dans la petite communauté de Holcomb au Kansas. Intrigué par cette affaire, Capote réussit à convaincre le magasine New Yorker de l’envoyer directement sur les lieux du crime afin de mener sa propre enquête à la façon d’un journaliste, et ce en compagnie de son amie d’enfance, l’écrivaine Nelle Harper Lee (Catherine Keener), auteur d’un seul et unique roman devenu très rapidement un best-seller: ‘To Kill a Mockingbird’. Capote est à l’époque le précurseur d’un genre littéraire nouveau, le roman de non-fiction ou roman vérité, un genre qu’il va faire naître par le biais de son nouveau chef-d’oeuvre: ‘In Cold Blood’, inspiré du meurtre de Holcomb. Pour se faire, Capote va chercher à en savoir un peu plus et va rencontrer les deux meurtriers, Dick Hickock (Mark Pellegrino) et Perry Smith (Clifton Collins Jr.). Très vite, il va s’intéresser plus particulièrement à Perry Smith et va commencer à se lier d’amitié avec le meurtrier, qui va lui servir d’inspiration pour son ouvrage. Pris de compassion pour Perry, Capote organise plusieurs entretiens avec le meurtrier et lui trouve un bon avocat qui va réussir à repousser la date de son exécution. Perry finit alors par l’apprivoiser, se confiant régulièrement à lui. Capote commence alors à se prendre au jeu et finit par nourrir une certaine obsession pour le tueur à la fragilité si humaine.

Pour un premier film, ‘Capote’ s’avère être une brillante réussite, un portrait passionnant de l’un des plus géniaux écrivains américains du 20ème siècle. Philip Seymour Hoffman reste égal à lui même, renversant de charisme et d’authenticité, abordant un personnage difficile et complexe avec une justesse de ton poignante. Il paraissait donc évident et plus que mérité que l’acteur gagne l’Oscar du meilleur rôle 2006 pour ce film. Evidemment, le film est centré autour de ce personnage emblématique, mélangeant égocentrisme, sens de la manipulation, charme maniéré, impertinence, innocence et passion, Philip Seymour Hoffman s’étant prêté pour l’occasion à un exercice périlleux: déformer sa voix afin d’obtenir un timbre de voix aigu et légèrement fluet qui était si caractéristique du génial écrivain. Bennett Miller filme de façon très académique ce personnage haut en couleur dans lequel Philip Seymour Hoffman s’est largement investi à fond puisqu’il est aussi producteur du film. Le résultat, tour à tour froid et émouvant est sans concession : on assiste là à une première grande réussite qui nous donne véritablement envie de suivre la carrière naissante de Bennett Miller.

La musique se devait d’être minimaliste et retenue, sans jamais en faire de trop, afin de coller au plus près au réalisme du film. C’est Mychael Danna qui a été choisi pour mettre en musique cette passionnante histoire. Hélas, le résultat est bien loin d’être à la hauteur du sujet, car à force d’avoir trop tiré sur la corde de la retenue, Danna accouche d’une musique molle qui ne décolle jamais, qui semble cruellement manquer d’ambition, qui n’ose pas s’exprimer elle-même, comme si, en fin de compte, le compositeur n’avait pas grand chose à dire sur ce film et se contentait juste de plaquer un accompagnement musical sans grande envergure sur les images du film de Bennett Miller. La musique commence lorsque Capote se rend sur les lieux du crime dans ‘Out There’. Cordes et accords de piano doux et retenus constituent la majeure partie de cet accompagnement musical sans grande originalité (on à peine à croire que Mychael Danna, qui aime expérimenter d’ordinaire, ait pu pondre une musique aussi banale et fade pour ce film magnifique!). A noter au passage que c'est Nicholas Dodd qui s'est chargé des orchestrations (avec juste un piano et des cordes, on se demande quand même pour quelle raison Mychael Danna a eu besoin d'avoir recours à un orchestrateur sur cette BO, et ce même si le compositeur assure lui-même une partie des orchestrations de sa musique), Dodd ayant signé à plusieurs reprises les orchestrations de partitions de David Arnold et plus récemment celles de 'Sahara' de Clint Mansell. La musique, extrêmement retenue et minimaliste, s’affirme clairement dans la lignée de Thomas Newman, même si étant donné le caractère passionné et égocentrique du protagoniste principal, on aurait quand même pu s’attendre à une musique plus ambitieuse. ‘Spoon Feeding’ prolonge cette ambiance mélancolique et retenue à l’aide du pupitre des cordes durant la scène où Capote rend visite à Perry et lui donne à manger avec une cueillere pour l’aider à reprendre des forces. Le morceau est ici plus marqué et émouvant avec ses cordes chaleureuses illustrant l’amitié entre Capote et Perry, tandis que le piano nous ramène constamment à cette ambiance retenue et minimaliste à la Thomas Newman.

La séquence de la lecture à New York (‘N.Y. Reading’) met là aussi en avant ces cordes mélancoliques et ce piano retenu, comme si le compositeur cherchait en réalité à conserver un côté noir et blanc daté, sans apporter le moindre relief au récit du film. En réalité, ce fait correspond bien à l’un des desiderata de la production qui voulait d’une musique très simple et minimaliste extrêmement peu colorée. ‘N.Y. Reading’ et ses harmonies de cordes ambiguës est en tout cas tout à fait représentatif du côté dramatique de la musique dans le film. Idem pour le bref ‘If One Bird’ avec ses accords de piano décidément très proche de l’esprit de certaines compositions de Thomas Newman, tandis que ‘Not Much Time Left’ nous amène vers la fin du film, peu de temps avant l’exécution des deux assassins d’Holcomb. Les cordes créent ici un climat de latence inquiétante alors que l’heure de l’exécution se rapproche inlassablement. Mychael Danna évite tout pathos émotionnel et préfère au contraire conserver une approche froide et extrêmement distancée, même si certains morceaux de la fin du score trahissent néanmoins une certaine empathie toute naturelle pour les émotions de Capote lors de l’exécution finale de Perry Smith. C’est le cas dans ‘I Thought He Was A Very Nice Gentleman’ dominé par les accords de piano et quelques cordes en suspend évoquant la tristesse de Capote après l'exécution de Perry et ses regrets de n'avoir pas pu empêcher la mort de son ami, ou le mélancolique ‘Epigraph’ avec ses notes de piano répétées inlassablement après l’exécution à la fin du film, sans oublier le sombre ‘Answered Prayers’ qui conclut le film sur une touche d’amertume fort d’à propos. Pour finir, signalons que l'album est constitué en grande partie d'extraits de récitations de l'ouvrage 'In Cold Blood' par Truman Capote en personne.

A trop vouloir jouer sur la retenue et le noir et blanc, la musique de Mychael Danna s’avère être bien décevante car totalement inanimée d’ambition, d’originalité et de relief. Il est quand même regrettable qu’un compositeur du niveau de Mychael Danna n’ait pas été en mesure de nous offrir autre chose qu’un simple mélange cordes/piano comme on en a déjà entendu des milliers auparavant pour ce style de film. Du coup, la musique passe dans le film aussi rapidement qu’elle est arrivée, ne décollant à aucun moment, même au cours des moments forts du film. Le score demeure complètement figé dans son statut de ‘musique fonctionnelle’ uniquement faite pour accompagner les images du film de Bennett Miller, mais sans jamais essayer d’en faire un peu plus ou d’attirer ne serait-ce qu’un peu l’attention de l’auditeur sur un élément précis du film ou du récit. Il paraît donc évident que c’est le genre de musique qu’on oubliera très vite, même au bout de plusieurs écoutes, l’absence totale de thème n’arrangeant hélas rien à l’affaire. Une déception!


---Quentin Billard