1-Won't Let You Fall 4.36*
2-Bailamos 3.10**
3-Postales 4.09***
4-The Poseidon 3.18
5-The Wave 4.37
6-A Map and a Plan 2.29
7-Fire Dive 2.48
8-Claustrophobia 7.09
9-Drowning 3.04
10-Don't Look Down 3.43
11-Escape 2.41

*Interprété par Fergie
Ecrit par Stacy Ferguson,
William Adams Jr., Keith Harris,
Byron McWilliams et Ron Fair.
**Interprété par Fergie
Ecrit par Stacy Ferguson,
William Adams Jr., Allen Pineda Lindo,
Printz Board, Wayne Hector
et George Pajon Jr.
***Ecrit et interprété par
Federico Aubele.

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Interscope/Universal
B0006811-02

Album produit par:
Klaus Badelt
Montage musique:
Dick Bernstein

Artwork and pictures (c) 2006 Warner Bros. Pictures. All rights reserved.

Note: ***
POSEIDON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
L’été sera placé sous le signe des remakes ou ne sera pas! Avec ‘The Omen’, ‘The Hills Have Eyes’ et maintenant ‘Poseidon’, Hollywood n’a pas fini de recycler ses grands succès, appliquant à la perfection le bon vieil adage ‘c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes’. A l’origine, ‘The Poseidon Adventure’ est sorti en 1972, réalisé par Ronald Neame et produit par Irwin Allen, alors à cette époque le grand maître hollywoodien des films catastrophes devenus à la mode au cours des ‘seventies’. Réalisé par Wolfgang Petersen, ce ‘Poseidon’ version 2006 est un honnête film catastrophe qui ne propose rien de moins que ce que l’on est en droit d’attendre d’un blockbuster estival de ce genre: du spectacle en veux-tu en voilà! Au cours du réveillon du nouvel an, le luxueux paquebot de croisière ‘Poseidon’ est heurté de plein fouet par une gigantesque vague de 30 mètres de haut, provoquant un terrible choc frontal qui fracasse le navire et le fait se retourner entièrement, flottant à l’envers, la quille en l’air. Quelques survivants qui ont réussi à sortir des décombres du navire dévasté se regroupent et partent en expédition pour tenter de trouver une issue et sortir de cet enfer. L’histoire reste donc inchangée, même si les situations sont quand à elles différentes pour la plupart du film d’origine. Le film est mené tambour battant à un rythme effréné, avec des effets spéciaux impressionnants et une grande violence dans les scènes catastrophes (la séquence du naufrage du navire est d’une violence chaotique rare, quasi apocalyptique, rappelant la bonne époque du ‘Titanic’ de James Cameron – bien que la comparaison s’arrête là !), si bien que l’on ne pourra quasiment pas souffler une seule seconde entre le début de la catastrophe et la fin du film. Pas de temps mort donc dans ce long-métrage catastrophe hystérique, d’une intensité rarement vue ces derniers temps au cinéma.

C’est d’ailleurs l’intensité qui rend ce ‘Poseidon’ réellement captivant, même si l’on pourra toujours regretter les personnages stéréotypés (le héros qui se sacrifie, le vieux homosexuel – aujourd’hui, il faut un gay dans chaque film pour faire ‘in’ - le méchant qui se moque de tout le monde et qui va forcément mourir dans le film, la jolie célibataire avec son jeune fils qui, on le sait déjà à l’avance, ne mourra pas vu que la convention veut qu’on ne montre jamais d’enfant mourir dans un film hollywoodien grand public, etc.) et autres invraisemblances (les personnages qui tiennent parfois plus de 10 minutes sous l’eau, même sans être des plongeurs professionnels!). Mais après tout, quand on va voir un film comme ‘Poseidon’, ce n’est pas pour l’originalité du scénario ou des personnages, même si de ce point de vue ceux du film de 1972 paraissaient quand même bien moins faciles et stéréotypés. Mais en bon artisan hollywoodien qu’il est, Wolfgang Petersen arrive malgré tout à instaurer un véritable souffle de terreur et de claustrophobie à son film, enchaînant les scènes spectaculaires à un rythme effréné, que ce soit l’impressionnante séquence de la traversée de la cage d’ascenseur (qui donne droit d’ailleurs à l’un des passages les plus dérangeants du film, celui où le héros campé par Josh Lucas demande à Richard Dreyfuss de lâcher le cuistot suspendu dans le vide, préférant sacrifier un homme plutôt que d’en perdre deux ou trois autres – il est rare que l’on voit un héros agir ainsi dans un film hollywoodien grand public!), celle de la grille dans le couloir vertical – séquence claustrophobique hallucinante! – ou bien encore celle de la traversée des ballasts inondés, sans oublier l’impressionnante scène d’action finale avec les hélices du bateau. Il ne fait donc nul doute que ‘Poseidon’ saura très vite trouver son public et conquérir le coeur de tout ceux qui recherchent un bon blockbuster estival idéal pour se reposer les neurones pendant 1h40 d’action et d’hystérie claustrophobique intense.

Klaus Badelt nous livre pour ‘Poseidon’ un sympathique score d’action qui ne brille évidemment pas de par son originalité mais s’impose plus particulièrement grâce à son thème principal mémorable qui, à défaut d’être là aussi très original, fonctionne très bien dans le film et se retient aisément. Le score est écrit pour orchestre avec la pléiade habituel de synthétiseurs chers aux compositeurs de la bande à Zimmer. Là dessus, rien à redire, ‘Poseidon’ ne déroge pas à la règle. Le thème principal (‘The Poseidon’) est entendu dès l’ouverture du film et s’impose par ses percussions énergiques, ses rythmes électro et la mélodie qui se partage entre cuivres, cordes et choeurs (samplés), le tout interprété comme d’habitude par un Hollywood Studio Symphony impeccable comme à l’accoutumée. Majestueux et par moment grandiose et quasi épique, le thème est associé dans un premier temps au luxueux paquebot et deviendra par la suite le thème de l’espoir des survivants. Puis, ‘Wave’ vient alors rompre le côté majestueux et aérien de l’ouverture en assombrissant immédiatement l’atmosphère globale de la musique: rythmes électroniques, percussions frénétiques et orchestre agité se développent pour illustrer l’impressionnante scène de la vague géante. Passé un début assez chaotique où sonorités électroniques/acoustiques se mélangent efficacement, la musique part ensuite sur un rythme de percussions électroniques effrénées typiques des musiques d’action made in MV. On pense par moment aux musiques que l’on entend parfois dans certaines bandes-annonces de film d’action. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que le morceau ‘Wave’ et son climat d’action frénétique finira à l’avenir comme illustration musicale de grosses bandes-annonces hollywoodiennes. En tout cas, Badelt confirme avec ‘Wave’ qu’il sait toujours écrire de bons gros morceaux d’action tonitruants à souhait, en bon élève de Hans Zimmer qu’il est. Seule ombre au tableau – et elle est de taille – la musique est une fois de plus affreusement sous-mixée dans le film, si bien qu’il paraît très difficile de retenir quelque chose de ces morceaux qui passent tout au long de l’histoire sans qu’on parvienne à les distinguer réellement, noyés sous une avalanche d’effets sonores et bruitages en tout genre. Cette tendance à sous mixer les musiques dans les films hollywoodiens d’aujourd’hui est réellement agaçante et dangereuse du point de vue de la création musicale, car du coup elle autorise les compositeurs à ne faire que le strict minimum sous prétexte que de toute évidence, la musique ne sera pas l’élément primordial du film. C’en devient pitoyable!

Malgré tout, l’écoute sur l’album nous rassure quand aux qualités de la nouvelle partition de Klaus Badelt pour le film de Wolfgang Petersen, même si l’on sent bien que le compositeur n’essaie jamais une seule fois d’innover ou de trouver la moindre petite touche d’audace. Du coup, la musique poursuit son petit bonhomme de chemin, évoque la lutte des survivants pour sortir de l’épave du Poséidon. ‘A Map and a Plan’ évoque ainsi l’union des survivants menés par les personnages de Josh Lucas et Kurt Russell, qui tentent de suivre le plan du navire pour trouver une issue. Les rythmiques électroniques sont toujours présentes tandis que le thème principal réapparaît à travers une série de variantes puissantes qui évoquent l’espoir de trouver un moyen de sortir de cet enfer. On retourne alors à l’action dans ‘Fire Dive’ dans la scène où Dylan (Josh Lucas) traverse le bassin enflammé pour aider les autres à franchir l’obstacle avec une lance incendie. A noter l’utilisation au début du morceau d’une guitare plus intime et mélancolique qui évoque les rapports entre certains personnages, le reste tombant très vite dans un style sombre/atmosphérique action avec synthés et percussions mis en avant. ‘Claustrophobia’ évoque de son côté la traversée du couloir vertical, Badelt mettant plus ici l’accent ici sur les sonorités électroniques sombres et inquiétantes afin de renforcer le sentiment de claustrophobie que dégage la scène. Le compositeur développe pendant plus de 7 minutes ici un sentiment de menace et de suspense assez fort dans la scène même si le mixage ne joue toujours pas en sa faveur (une fois de plus, difficile de réellement apprécier la musique dans le film, qui, à force d’être trop mal mixée, n’apporte plus grand chose aux images en terme d’impact émotionnel). L’action et la tension montent encore d’un cran dans l’agressif ‘Drowing’ avec un début chaotique et particulièrement violent parcouru des percussions électroniques action héritées de ‘Wave’. Idem pour ‘Don’t Look Down’, dernier morceau d’action du score pour la scène de la très spectaculaire traversée de la cage d’ascenseur. Badelt entame à la fin du morceau un crescendo de tension particulièrement hystérique et intense, tout à l’image de la séquence en elle-même. Finalement, l’aventure touche à sa fin dans ‘Escape’ où l’on retrouve le thème principal réexposé dans toute sa splendeur avec un côté grandiose, majestueux et épique, qui marque la fin d’une terrible aventure et un sentiment de soulagement, de paix retrouvée, morceau qui devrait plaire à tous les fans de thèmes puissants à la Media Ventures!

‘Poseidon’ reprend ainsi toutes les formules habituelles des musiques d’action à la Media-Ventures avec son lot de percussions électroniques, de rythmiques modernes et d’orchestre énergique (mais toujours trop centré sur les cordes et les cuivres, comme si le compositeur avait peur de faire appel au pupitre des bois, grands absents de la musique de ‘Poseidon’!). Klaus Badelt confirme avec efficacité qu’il sait écrire des bonnes musiques d’action et des thèmes mémorables, mais échoue à donner une personnalité à sa composition somme toute très passe-partout, qui aurait très bien pu avoir été écrite pour une série-B d’action ou un autre film d’aventure dans un registre différent. C’est le manque d’originalité et d’imagination du compositeur qui nous amène à regretter sérieusement le fait que l’auteur de ‘K19’ et ‘Time Machine’ ne semble plus capable aujourd’hui de trouver des projets qui lui permettent d’évoluer et de trouver sa propre voie, Klaus Badelt étant encore trop soumis à l’influence écrasante de son mentor Hans Zimmer à une époque où certains compositeurs de chez M-V comme Harry Gregson-Williams ou John Powell commencent pourtant à s’émanciper et à affirmer leurs propres personnalités musicales. Badelt donne l’impression sur ‘Poseidon’ d’être un aimable et très efficace tâcheron, mais certainement pas un compositeur accompli capable de surprendre ou de briller de par la personnalité de sa musique. Ajoutons à cela le fait que la musique est affreusement sous mixée dans le film et cachée derrière de nombreux effets sonores/bruitages écrasants, et l’on obtient une partition efficace mais banale et très mal mise en valeur dans le film de Wolfgang Petersen. Dommage!


---Quentin Billard