1-Blue Morgan (Opening Titles) 0.40
2-It's Nice Viewing 0.57
3-Boxing Baby 2.25*
4-Boxing Montage 2.44
5-Pick Up Money 0.57
6-Nice Working With You 1.37
7-The Letters 1.20
8-Blue Dinner 3.34*
9-Deep In Thought 1.53
10-Driving 1.38
11-Blue Bear 0.43
12-Frankie Horrified 1.07
13-They're Amateurs 1.16
14-May Have To Lose It 1.08
15-Maggie's Plea 2.56
16-Frankie's Dilemma 1.09
17-Frankie's Decision 1.09
18-Lethal Dose 1.57
19-Frankie's Office 1.05
20-Blue Morgan (End Credits) 4.29

*Ecrit par Kyle Eastwood
et Michael Stevens.

Musique  composée par:

Clint Eastwood

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6639

Producteur exécutif:
Robert Townson
Orchestré et conduit par:
Lennie Niehaus
Arrangements spéciaux de:
Gennady Loktionov

Artwork and pictures (c) 2004 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
MILLION DOLLAR BABY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Clint Eastwood
Après un très remarqué ‘Mystic River’ tourné en 2003, le grand Clint Eastwood revient en 2004 dans un registre plus intime et retenu avec ‘Million Dollar Baby’, superbe drame poignant évoquant le destin d’un vieux manager de la boxe et d’une future jeune championne en passe de devenir une nouvelle star de ce sport. Frankie Dunn (Clint Eastwood) vit reclus dans son gymnase, en compagnie de son fidèle employé Eddie Scrap (Morgan Freeman). Il a beaucoup de mal à oublier le rejet de sa fille qu’il n’a jamais revu depuis des années. Un jour, une jeune femme de 31 ans, Maggie Fitzgerald (Hilary Swank), vient le voir pour lui demander d’être son coach. Effectivement, elle n’a qu’un seul souhait: s’entraîner pour devenir boxeuse. Mais Frankie refuse, prétextant qu’il n’entraîne pas les filles. Maggie insiste lourdement et finit par convaincre le vieux coach qui devient finalement son manager après moult hésitations. Pour Maggie, c’est un rêve qui se concrétise enfin: à force de ténacité et de courage, elle finit par monter enfin sur un ring pour affronter d’autres boxeuses. Entre Maggie et le vieux Frankie s’installe une complicité à toute épreuve, entre affection, enthousiasme et exaspération, une relation qui ira bien au delà du simple statut rookie/coach. Pour Maggie, devenir une professionnelle de la boxe est une belle revanche sur la vie, pour Frankie, c’est l’occasion de chercher une rédemption, de racheter les fautes de son passé.

‘Million Dollar Baby’ est un énième triomphe de plus pour le grand Clint Eastwood, récompensé pour ce film de 4 Oscars 3 nominations, incluant oscar du meilleur réalisateur, du meilleur film, de la meilleure actrice et du meilleur second rôle masculin. Avec son histoire bouleversante sous forme de quête de la rédemption et d’épreuves initiatiques, ‘Million Dollar Baby’ est un film beau et dur sur le rachat des fautes, l’amour, les rêves et le dépassement de soi. Ce n’est pas la première fois qu’un film américain s’intéresse au monde très particulier de la boxe, mais Clint Eastwood a su y amener sa personnalité et son regard plus académique à travers une mise en scène sobre, épurée et un ton toujours très juste. La dernière partie du film verse cependant dans du larmoyant un peu plus facile, un écart que le réalisateur aurait peut être pu tempérer un peu plus étant donné le fait que l’on se demande pourquoi on a d’un seul coup l’impression de regarder un autre film sur un sujet totalement différent. Malgré tout, Clint Eastwood accouche là d’un film maîtrisé de bout en bout, servi par un duo exemplaire avec une Hilary Swank radieuse et extrêmement convaincante (et convaincue), superbe en rookie prête à tout pour accomplir ses rêves et prendre sa revanche sur une vie pourrie et une famille qui la rejette. Clint Eastwood s’est inspiré d’une série de nouvelles autobiographiques d’un ancien soigneur professionnel de la boxe et a imposé à sa star Hilary Swank un entraînement intensif de près de trois mois pour se préparer à son rôle de Maggie Fitzgerald. Eastwood, en homme de défis, nous livre là l’un de ses meilleurs films, qui rappelle l’émotion et l’humanité de ‘The Bridges of Madison Country’, un Clint Eastwood vieillissant mais toujours au sommet de son art, que ce soit en tant que réalisateur ou dans la peau d’un acteur!

C’est Clint Eastwood lui même qui signe la musique de son propre film, épaulé de son fidèle complice Lennie Niehaus avec lequel il collabore depuis plus de 20 ans déjà (leur première collaboration remonte à ‘Pale Rider’ en 1985). Pour ‘Million Dollar Baby’, Eastwood – épaulé de Lennie Niehaus, qui s’occupe des orchestrations – a écrit une musique épurée, simple et touchante, toute à l’image du film. Le score repose sur un thème principal très touchant (une constante dans les musiques des films de Clint Eastwood – cf. les scores de ‘Unforgiven’, ‘The Bridges of Madison Country’, ‘Absolute Power’, etc.), exposé pour la première fois dans le générique de début du film – ‘Blue Morgan (Opening Titles)’, interprété par une guitare solitaire. La guitare est ici associée au personnage de Frankie et évoque son côté solitaire – avec une facette légèrement blues typique du compositeur/réalisateur. Le second thème apparaît dans ‘It’s Nice Viewing’, joué par un piano soutenu par une petite formation de cordes. Ce très joli thème doux et nostalgique est associé à Maggie et évoque sa relation avec Frankie. Le thème, de par sa mélodie simple, retenue et épurée, n’est pas sans rappeler le très beau ‘Kate’s Theme’ que Clint Eastwood avait écrit pour ‘Absolute Power’ en 1997. La musique apporte donc très rapidement une émotion certaine au film d’Eastwood, une émotion très nuancée, très retenue et extrêmement minimaliste. A noter que Kyle Eastwood, le fils du réalisateur/acteur/compositeur a aussi participé au score du film puisqu’il nous propose deux morceaux jazzy de qualité, ‘Boxing Baby’ et ‘Blue Diner’, rappelant que Clint Eastwood et son fils Kyle sont des grands amateurs de jazz et de blues!

Le thème de guitare de Frankie revient durant la scène où il entraîne Magie (‘Boxing Montage’) tandis que celui de Maggie revient dans ‘Pick Up Money’. Eastwood se contente de reprendre tout simplement ses deux thèmes durant la première partie du film tout en conservant une allure extrêmement minimaliste et épurée, refusant les grands développements et la complexité. A noter une très belle reprise du thème de Maggie aux cordes dans ‘Nice Working With You’ dans lequel Eastwood dévoile un certain classicisme d’écriture élégant et raffiné, qui sied à merveille au film. Idem pour la reprise piano/cordes dans ‘Deep In Thought’ et son côté méditatif, introspectif et touchant. ‘Blue Bear’ s’avère être quand à lui bien plus sombre, pour la scène où Maggie affronte la boxeuse Blue Bear. La musique se veut ici plus atonale et dissonante, avec cordes et piano dans un style qui rappelle parfois le grand Ennio Morricone (probablement une influence des musiques du maestro italien écrite pour les anciens films de Clint Eastwood – en tant qu’acteur). Le morceau rompt avec le style plus minimaliste et intime du reste du score et amorce un changement de ton dans la seconde partie de la partition, comme le confirme amplement ‘Frankie Horrified’, qui évoque les tourments de Frankie après l’accident tragique de Maggie. A noter ici le côté froid et par moment dissonant des cordes qui traduisent à merveille à l’écran la souffrance de Frankie qui vit un nouveau drame dans sa vie, la musique conservant là aussi un côté musique de chambre plus orienté cette fois-ci vers la musique savante du 20ème siècle.

C’est donc avec une certaine émotion que l’on retrouve le très beau thème de Maggie aux cordes dans ‘They’re Amateurs’ ainsi que le thème de Frankie dans le poignant ‘May Have To Lose It’, qui rappelle ici aussi le style d’Ennio Morricone pour son côté lyrique raffiné un brin rétro. ‘May Have To Lose It’ accompagne les scènes où Frankie rend visite à Maggie à l’hôpital et évite les écarts mélodramatiques et conserve un côté retenu pour rendre ces scènes encore plus fortes émotionnellement. Idem pour le non moins poignant et mélancolique ‘Maggie’s Plea’ et son très beau travail autour des cordes et du piano. A l’instar de l’histoire, la musique semble elle aussi avoir changée. On est loin de l’alternance sereine des deux thèmes principaux du début du score. La situation ainsi que les deux personnages principaux semblent avoir changés brusquement, et la musique s’accorde à suivre ce changement en douceur, Clint Eastwood préférant opter une fois encore pour un minimalisme certain et très émouvant. Dommage que ‘Frankie’s Dilemma’ et ‘Frankie’s Descision’ n’apportent rien de neuf l’un envers l’autre et se content de se répéter, un problème par ailleurs récurrent tout au long du score de ‘Million Dollar Baby’. ‘Lethal Dose’ conclut l’histoire d’une façon à la fois froide et poignante avec cordes/piano tandis que le thème de Frankie revient une dernière fois, joué cette fois-ci au piano dans ‘Frankie’s Office’, lorsque ce dernier disparaît définitivement à la fin du film. Le personnage disparaît alors avec sa guitare, remplacée ici par un piano, symbolisant le souvenir de ce personnage qui abandonne derrière lui son gymnase et son vieil ami Scrap, qui décide de s’occuper à son tour du local et d’écrire une lettre à la fille de Frankie pour lui expliquer quel homme était réellement son père. La partition se conclut finalement avec une dernière reprise piano/cordes du thème de Maggie dans le très beau ‘Blue Morgan (End Credits)’.

Amateur de partitions intimes et méditatives, ‘Million Dollar Baby’ est fait pour vous! Clint Eastwood dévoile dans cette partition un talent de mélodiste qu’on lui connaissait déjà et renoue avec un style intime et introspectif qu’on avait déjà entendu dans des scores tels que ‘Unforgiven’ ou ‘The Bridges of Madison Country’. La musique apporte une émotion sincère et véritable au film de Clint Eastwood, sans jamais en faire de trop, bien au contraire. On regrette juste le côté répétitif et parfois légèrement rabâché des thèmes, car à force de refuser systématiquement toute forme de développement, Eastwood finit par lasser en reprenant tout le temps les mêmes thèmes sans jamais avoir quelque chose de neuf à dire dans le film. Néanmoins, le résultat reste à la hauteur de nos attentes, car même si le compositeur/réalisateur/acteur (que de talents pour un seul homme!) ne signe pas là un grand chef-d’oeuvre, il nous offre malgré tout une partition belle, simple et touchante, toute à l’image de son superbe film qui ne laissera personne indifférent!


---Quentin Billard