1-Last Dance 2.42
2-Twenty-Three And One
Half Hours A Day 2.48
3-What Do You Have To Lose? 2.40
4-Keep Your Distance 1.32
5-Last Dance (Reprise) 2.34
6-Nothing Except Justice 2.02
7-The Killing Machine 3.18
8-Almost The Girl Next Door 1.52
9-Death Warrant 2.01
10-We'll Always Be
Brother and Sister 3.50
11-On My Terms 1.37
12-His Sole Power 1.09
13-Taj Mahal 5.59

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Hollywood Records
HR-62055

Album produit par:
Mark Isham

Artwork and pictures (c) 1996 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ***
LAST DANCE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
‘Last Dance’ (La dernière danse) de Bruce Beresford s’inscrit dans la longue tradition des drames carcéraux toujours très à la mode à Hollywood. Le film de Beresford s’interroge sur la peine de mort aux Etats-Unis à travers l’histoire bouleversante d’une jeune femme, Cindy Liggett (Sharon Stone), condamnée à mort pour avoir assassiné sauvagement deux personnes au cours d’un cambriolage qui a mal tourné douze ans auparavant. Le jeune avocat débutant Rick Hayes (Rob Morrow), qui vient de décrocher un poste à la Commission des grâces du tribunal de Miami par le biais de son frère John (Peter Gallagher), est chargé du dossier Cindy Liggett. Rick rencontre Cindy en prison et tente de la convaincre de coopérer pour lui éviter la peine de mort. Mais après trois recours finalement rejetés, Cindy n’y croit plus et préfère attendre oisivement son exécution prochaine. Rick finit néanmoins par s’attacher à la jeune femme, convaincue qu’elle n’est plus la même et qu’elle a définitivement changée en 12 ans. Mais la justice américaine, stricte et impitoyable, ne l’entend pas de cette manière, et le gouverneur d’état (Jack Thompson) entend bien tout mettre en oeuvre pour obtenir la condamnation à mort de Cindy Liggett. Rick Hayes décide de se battre et ira jusqu’au bout pour obtenir une grâce, quitte à saccager sa carrière et à gâcher sa vie pour sauver celle de la jeune femme.

Film dur et poignant, ‘Last Dance’ nous permet de réfléchir sur les conséquences de la peine de mort aux Etats-Unis et à la contradiction qui existe entre un état majoritairement catholique censé dispenser le commandement divin ‘tu ne tueras point’ et la réalité du système judiciaire telle qu’il existe dans ce pays aux milles contradictions. En prenant le cas tragique de Cindy Liggett, jeune femme ayant tué il y a 12 ans mais aujourd’hui totalement repentie et devenue une toute autre personne, Bruce Beresford amène le public à réagir – presque violemment – contre les méfaits de la peine de mort, car que l’on ne s’y trompe pas, même si le film ne porte pas vraiment de jugement au premier degré, il nous incite néanmoins à rejeter la peine de mort en tant que drame humain, s’inscrivant ainsi dans un débat passionné qui continue toujours de faire rage aujourd’hui encore en Amérique et dans le reste du monde. Sharon Stone illumine radicalement l’écran en changeant totalement de registre, elle qui nous avait habitué auparavant aux rôles de garces et de séductrices fatales façon ‘Basic Instinct’ ou ‘Total Recall’. L’actrice campe une femme brisée, détruite par la vie et en attente d’une rédemption qu’elle ne pourra dorénavant plus trouver qu’à travers la mort. Face à ce personnage éminemment tragique, un Rob Morrow émouvant dans le rôle de cet avocat prêt à tout pour sauver cette jeune femme. Si le film n’évite malheureusement pas les clichés larmoyants et un final mélodramatique et un peu longuet, ‘Last Dance’ n’en demeure pas moins un film magnifique qui ne devrait laisser personne indifférent.

La musique de Mark Isham contribue à son tour au ton mélodramatique et poignant du film de Bruce Beresford. La musique de ‘Last Dance’ s’inscrit dans la continuité des précédents opus du compositeur, adoptant une fois de plus le style atmosphérique, minimaliste et lent typique de Mark Isham. Le score est écrit pour orchestre (le London Metropolitan Orchestra) avec piano, synthétiseurs et même une voix de soprano dans le magnifique ‘Death Warrant’. Le film s’ouvre sur un ‘Last Dance’ sombre et mélancolique, essentiellement dominé par cordes et piano avec des sons de percussions métalliques qui résonnent de façon profonde, presque menaçante, annonçant clairement le drame à venir. On retrouve ici un style atmosphérique et sombre proche du précédent score de Mark Isham pour ‘Losing Isaiah’ (1995). Isham évoque la scène où Rick essaie de convaincre Cindy de coopérer avec une certaine tristesse dans ‘What Do You Have To Lose?’ avec cordes et piano dans un style toujours très minimaliste et sobre qui colle parfaitement au film de Bruce Beresford. Les synthétiseurs sont employés plus efficacement dans ‘Keep Your Distance’ pour maintenir une certaine tension évoquant le combat de Rick pour sauver Cindy de la peine de mort, comme dans ‘The Killing Machine’ où la musique se veut plus sombre et menaçante à l’aide d’un mélange bassons/cordes avec des synthétiseurs froids, métalliques et déshumanisés astucieusement associés ici à l’idée de la justice vue comme une ‘machine à tuer’ sans humanité.

La tristesse est le sentiment dominant dans le score de ‘Last Dance’, retranscrivant parfaitement toute l’émotion du film de Bruce Beresford comme le confirme l’amer ‘Almost The Girl Next Door’ ou le poignant ‘Death Warrant’ avec son magnifique mélange cordes/piano et voix féminine associée ici au personnage de Sharon Stone, alors que cette dernière attend son heure dans le couloir de la mort. Dans ‘We’ll Always Be Brother and Sister’, Cindy se réconcilie avec son frère Billy (Skeet Ulrich) alors que ‘On My Terms’ semble plus dramatique et douloureux, reprenant le magnifique mélange cordes/piano/voix féminine pour faire monter l’émotion d’un cran. Idem pour ‘His Sole Power’ où l’on retrouve les sons synthétiques métalliques dans un morceau sombre et amer pour l’exécution finale, avant de terminer sur ‘Taj Mahal’ pour le final poignant du film, qui reprend l’esprit de l’introduction avec une écriture toujours très sobre de cordes et piano, concluant la partition de Mark Isham sur une ultime touche d’émotion.

Si vous appréciez les partitions lentes, minimalistes et atmosphériques de Mark Isham, ‘Last Dance’ devrait vous séduire amplement. Dommage que le score ne soit pas plus marquant et manque d’un thème fédérateur fort, comme c’était le cas dans la musique d’un autre grand drame carcéral de l’époque, ‘Murder in the First’ (musique de Christopher Young). Mark Isham reste donc fidèle à son traditionnel style atmosphérique et sobre et retranscrit parfaitement toute l’émotion du film de Bruce Beresford, le score ne dépassant malheureusement jamais le simple cadre de la musique fonctionnelle. A réserver donc aux fans de Mark Isham!


---Quentin Billard