1-On Springfield Mountain 3.30*
2-Inventing the Abbotts 1.42
3-Little Star 2.40**
4-Thunder and Lightning 1.42
5-Jacey and Eleanor
(In The Garage) 1.28
6-Goodnight Irene 1.42***
7-Picnic 2.00
8-The Barn 2.47
9-Eleanor Leaves 1.30
10-Falling Out The Tree 0.52
11-Boathouse 2.32
12-Re-Inventing The Abbotts 6.58
13-Toasted Pam 2.14
14-Mom's Death 1.40
15-Doug and Pam 5.32
16-Undecided 1.42+

*Traditionnel
Interprété par Tara MacLean
Arrangé et adapté par
Michael Kamen
Paroles de Michael Kamen et
Tara MacLean
**Interprété par The Elegants
Ecrit par Arthur Venosa
et Vito Picone
***Interprété par Leadbelly
Ecrit par Huddie Ledbetter
et John A. Lomax
+Interprété par Ray Gelato Giants
avec Claire Martin
Ecrit par Charlie Shavers
et Sid Robin.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Colosseum Records
CST 34.8062

Album produit par:
Michael Kamen, Stephen McLaughlin,
Christopher Brooks

Montage musique:
Graham Sutton, Michael Connell,
Steve Lotwis

Superviseur de la musique:
Christopher Brooks
Musique supervisée pour
la 20th Century Fox:
Robert Kraft
Préparation de la musique:
Vic Fraser, Pat Takahashi
Music clearance:
Janice Ginsberg
Assistance de production:
Mark Kellen
Consultant musical:
Jeff Pollack

Artwork and pictures (c) 1997 20th Century Fox. All rights reserved.

Note: ***1/2
INVENTING THE ABBOTTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Spécialiste des drames, l’irlandais Pat O’Connor nous livre avec ‘Inventing the Abbotts’ (Les années rebelles) l’un de ses plus beaux films, racontant l’histoire de deux frères et d’une famille d’aristocrate dans l’Amérique des années 50. Doug Holt (Joaquin Phoenix) et Jacey Holt (Billy Crudup) sont deux frères que tout oppose. Depuis la mort de leur père, ils vivent chacun leur vie, étant quasiment étranger l’un pour l’autre. Mais ils ont néanmoins une chose en commun : une attirance forte et prononcée pour les trois filles de la famille Abbott, une famille de l’aristocratie américaine qui, à chaque anniversaire de l’une de leurs trois filles, Alice (Joanna Going), Eleanor (Jennifer Connelly) et Pamela (Liv Tyler), organisent d’énormes fêtes dans lesquelles Doug et Jacey parviennent à s’infiltrer. Doug est juste attiré par les ravissantes filles Abbott tandis que Jacey, jaloux de leur richesse, essaie de conquérir Eleanor pour devenir son fiancé et pouvoir ensuite rentrer dans la famille Abbott afin de profiter de leur fortune. Mais le comportement rebelle d’Eleanor et sa liaison jugée honteuse avec Jacey ne fera qu’envenimer la situation et creusera le fossé entre la famille Holt et celle des Abbott. Après le départ d’Eleanor, Doug commencera à fréquenter Pamela tandis que Jacey, parti faire ses études, reviendra pour courtiser Alice, qui est déjà fiancée. L’autre motivation qui pousse Jacey à agir ainsi est qu’il croit que sa mère (Kathy Baker) a couché autrefois avec Lloyd Abbott (Will Patton). C’est en tout cas ce que les rumeurs racontent, et après la mort de son père, Jacey a toujours haï Lloyd Abbott et sa famille pour cela. Mais là aussi, le fossé est énorme entre Jacey et son frère Doug, qui semble se rapprocher de plus en plus de la belle Pamela, mais dont la relation risque d’être corrompue par les agissements vils de Jacey, qui va désormais trop loin.

‘Inventing the Abbotts’ est une très belle chronique sentimentale évoquant la vie de deux jeunes américains des années 50 dans une petite bourgade de l’Illinois, dont l’un découvre l’amour et va très vite perdre son innocence en côtoyant cet univers d’aristocratie, de règles et de manipulation. Le film illustre aussi le destin de ces deux frères opposés mais pas forcément ennemis, et de leurs relations amoureuses tumultueuses. Le film de Pat O’Connor réussit systématiquement à trouver le ton juste sans jamais tomber dans le mélo facile, tout en évoquant au passage la libération sexuelle qui va culminer dans les ‘sixties’ et les différences sociales très marquées en cette fin des années 50 et que les deux frères vivent différemment face à la richissime famille Abbott et à leurs trois magnifiques filles, entre envie, jalousie et colère pour l’un puis indifférence et fascination pour l’autre. Les interprètes sont tous remarquables ici, avec une Jennifer Connelly débordante de sensualité, une Liv Tyler absolument adorable et un très solide duo de frère incarné par Joaquin Phoenix et Billy Crudup. On se plait ainsi à suivre le destin de ces différents personnages qui vivent une bonne partie des années 60 en entrant progressivement dans la vie adulte, celle des études, du travail, des fiançailles, etc. Une sorte de ‘drame de génération’ émouvant et passionnant, entre jeunesse rebelle, premiers émois et romances tourmentées, servi par des interprètes de qualité et une mise en scène sobre mais efficace pour un film émouvant et plein de charme.

La musique de Michael Kamen renforce à son tour le côté intime et émotionnel du film de Pat O’Connor. Le score de Kamen, qui cohabite ici avec des chansons d’époque, s’articule autour d’un thème principal adapté d’un air traditionnel, ‘On Springfield Mountain’, interprété dans la bande son du film par la chanteuse Tara MacLean. Cette mélodie traditionnelle un brin nostalgique évoque à merveille les sentiments et les passions des différents personnages principaux du film, et plus particulièrement leurs romances et leurs déchirements. Avec ‘Inventing the Abbotts’ (piste 2), Kamen accompagne le début du film pour les scènes dans les rues ou dans la fête des Abbotts avec un slow ternaire typiquement ‘sixties’ interprété par la traditionnelle formation piano/guitare/basse/batterie afin d’accentuer avec authenticité la sensation d’être plongé ici dans une autre époque, celle d’Elvis Presley ou de Nat King Cole. Le slow ‘sixties’ de ‘Inventing the Abbotts’ n’est qu’une sympathique introduction qui va très vite laisser la place à une musique orchestrale plus introspective et retenue. Néanmoins, la première partie du film permet à Kamen de continuer à explorer le son de la musique U.S. des années 60 comme le confirme l’entraînant ‘Thunder and Lightning’ écrit comme un blues/rock très rétro à la Elvis Presley, sans oublier le rock rétro de ‘Falling Out of The Tree’ ou ‘Jacey and Eleanor (In The Garage)’ - qui évoque la scène où Doug aperçoit son frère en train de faire l’amour à Eleanor dans son garage- autant de morceaux qui permettent d’apporter un certain souci d’authenticité à la musique de Michael Kamen.

Mais ces morceaux ne sont en rien représentatifs du score de ‘Inventing the Abbotts’ car ce sont les pièces orchestrales plus intimes qui dominent ici l’ensemble de la musique du compositeur, comme le tendre et mélancolique ‘Picnic’ avec sa très belle écriture de cordes et piano qui reprend ici des variantes du thème principal inspiré de ‘On Springfield Mountain’ pour une scène de pique-nique vers la dernière partie du film. Kamen évoque la scène où Doug et Pamela se rendent ensemble dans la grange de la ferme avec une grande tendresse et une certaine tristesse nostalgique, avec le traditionnel mélange cordes/piano qui s’avère toujours aussi efficace dans ce style de film intime et sentimental. Le thème est de nouveau repris au piano et dispense une émotion forte et subtile à l’écran. Le départ d’Eleanor (‘Eleanor Leaves’) nous permet de retrouver une écriture orchestrale très raffinée et typique de Michael Kamen, la musique se partageant ici entre les cordes et le harpe pour exprimer avec mélancolie le moment où la fille rebelle des Abbotts quitte définitivement la ville. On retrouve cette écriture raffinée et dramatique dans le triste ‘Boathouse’ où l’écriture de cordes – toujours par un contrepoint de qualité tout à l’honneur du compositeur – dispense là aussi son lot d’émotion afin d’exprimer les tourments sentimentaux des personnages principaux. La pièce pour la scène de la mort de Doug et Jacey (‘Mom’s Death’) se partage ici entre violoncelle, cordes et harpe avec une mélancolie toujours assez poignante et retenue, parfaite sur les images du film (la musique n’en fait jamais de trop tout en étant très présente). ‘Doug and Pam’ reprend une dernière fois le thème principal avec un très beau mélange cordes/vents de qualité pour les retrouvailles finales de Doug et Pamela à la fin du film, la mélancolie régnant toujours dans la plupart de ces morceaux du score de Michael Kamen.

Avec ‘Inventing the Abbotts’, Michael Kamen nous dévoile une facette plus intime et retenue de sa musique, qui colle parfaitement à l’ambiance du film de Pat O’Connor. Si la première partie du film est prétexte à quelques numéros de rock rétro sixties de la part de Michael Kamen, le reste du score se concentre donc davantage sur l’orchestre avec un ton mélancolique et nostalgique constant et un thème principal de qualité et parfaitement arrangé et adapté au score de Kamen (on sait à quel point le compositeur a toujours apprécié incorporer des mélodies populaires dans ses partitions – ‘Mona Lisa’, ‘Die Hard’, ‘Last Action Hero’, etc.). La musique suit donc parfaitement la progression du film, avec un début plutôt entraînant et vif et une seconde et dernière partie plus mélancolique, dramatique et sentimentale. Sans être l’un des grands chef-d’oeuvres de Michael Kamen, la très belle partition de ‘Inventing the Abbotts’ n’en demeure pas moins très réussie, autant dans le film que sur un plan purement musical. Voilà en tout cas un score que l’on ne pourra que recommander chaleureusement à ceux qui se lassent des gros mastodontes symphoniques de Michael Kamen et qui désireraient découvrir un Kamen plus intime et sentimental.


---Quentin Billard