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1-Le Vent, Le Cri
(Premier thème, VC) 5.20 2-Bach (première variante) 1.20 3-Le Vent, Le Cri (première variante) 0.26 4-Décision Finale 1.25 5-Le Vent, Le Cri (seconde variation) 2.14 6-Bach (seconde variante) 1.47 7-D'Afrique 2.11 8-Le Retour (sur le nom de Bach) 5.29 9-Bach (troisième variante) 1.30 10-Le Vent, le Cri (troisième variation) 0.40 11-Le Vent, le Cri (quatrième variation) 1.19 12-Fée Morgane (2 interludes pour harpes) 5.00 13-Chi Mai 3.30 Musique composée par: Ennio Morricone Editeur: Général Music France 250 434-2 Musique composée et dirigée par: Ennio Morricone Artwork and pictures (c) 1981 Général Music France. All rights reserved. Note: *** |
LE PROFESSIONNEL
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Ennio Morricone
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Spécialiste des films d'action et des comédies à la française, Georges Lautner nous livrait en 1981 l'un de ses meilleurs films, 'Le professionnel', mettant une fois de plus en valeur Jean-Paul Belmondo dans un rôle taillé sur mesure. Adapté d'un roman de Patrick Alexander et soutenu par des dialogues de l'incontournable Michael Audiard (qui est tout de même en petite forme sur ce film), 'Le professionnel' reste sans aucun doute l'un des plus gros succès français du début des années 80 avec plus de 5 millions d'entrées à son actif. Il faut dire que le film réunissait tout ce qui faisait le charme des films de notre Bebel national, des bagarres à gogo, des cascades (effectués par l'acteur lui-même, rappelons-le!), de l'humour, des dialogues caustiques et incisifs, et bien sûr, de l'action pur et dur. Josselin Beaumont (Belmondo) est un agent secret du gouvernement français envoyé en Afrique du sud pour assassiner le président Njala (Sidiki Bakaba) sur ordre du ministre. Mais entre temps, la situation politique entre la France et l'Afrique a changée, et après un contre ordre du gouvernement, Beaumont est abandonné par ses supérieurs et livré aux autorités africaines qui, après l'avoir jugé, le jettent en prison en attendant son exécution. Mais Beaumont n'a pas dit son dernier mot. Après avoir réussit à s'enfuir du camp de prisonnier africain, l'intrépide agent saute dans le premier avion et rejoint la France où il compte bien finir ce qu'il avait commencé. Paniqué, ses anciens supérieurs apprennent son retour et décident d'en informer le nouveau ministre (Jean Desailly), qui exige que tout soit rapidement mis en place pour appréhender Beaumont et le mettre définitivement hors d'état de nuire. Ce dernier projette d'assassiner Njala lorsque ce dernier arrivera en France pendant trois jours. C'est le sinistre commissaire Rosen (Robert Hossein) qui est chargé de stopper Beaumont, et tous les coups sont permis.
Si le scénario est assez mince, le développement que nous en propose Georges Lautner est plutôt intéressant, les personnages ayant une certaine profondeur malgré leur apparence souvent terne et vide. Ainsi, Joss Beaumont est l'archétype même de l'homme trahi par les siens, véritable bête traquée par ceux qui furent autrefois ses alliés. On a d'ailleurs souvent fait le rapprochement entre le personnage de Belmondo et celui du 'Rambo' du roman de David Morrell (datant de 1972). Quelque part, Joss Beaumont c'est un peu le Rambo à la française, une ressemblance assez troublante puisqu'on retrouve même une scène similaire (le film sera tourné un an après 'Le professionnel'), celle où l'ancien instructeur de Joss explique aux supérieurs qu'ils ne l'arrêteront jamais, qu'il a été formé pour ça, qu'il va leur en faire baver et qu'il va les rendre fou. Mais la comparaison s'arrête là car, à l'inverse du personnage de Rambo, Beaumont possède un humour qui désamorce les situations parfois violentes du film, à grand coup de répliques cinglantes (genre " bonjour, Joss Beaumont, espionnage et châtaignes " qu'il sort au type de l'hôtel avant de lui écraser son poing sur la figure). Lautner nous propose même une séquence d'anthologie, celle du duel entre Beaumont et Rosen (excellent Robert Hossein, comme d'habitude!), filmé à la manière des duels de western tendance Sergio Leone, le tout rythmé par l'inoubliable musique d'Ennio Morricone (coïncidence ou allusion volontaire?). A noter que le film traite aussi d'un sujet délicat, les affaires politiques d'une France qui n'hésite pas à s'associer à une dictature africaine pour pouvoir clairement exploiter les ressources du pays, et qui, à l'implacable jeu de la girouette, n'hésites pas à sacrifier ses hommes lorsque le vent tourne, un portrait de la politique française bien peu flatteur, mais qui n'a de toute évidence pas empêché le film de remporter un vif succès. Malgré une qualité technique parfois passable (le sang couleur rouge clair est particulièrement raté!), un Michel Audiard pas franchement inspiré avec quelques dialogues prévisibles et inutiles (traiter continuellement le chef d'état africain de 'négro' n'était pas franchement indispensable, d'où le fait que certaines critiques ont reprochés au film son côté raciste), 'Le professionnel' reste malgré tout un bon film d'action à la française, bourrin, dramatique et très drôle à la fois, sans aucun doute l'un des films de référence dans la filmographie de Jean-Paul Belmondo. La musique d'Ennio Morricone a sans aucun doute largement contribué au succès du film de Georges Lautner. A l'origine, le réalisateur avait pensé faire de nouveau appel au compositeur Philippe Sarde avec lequel il collaborait depuis plusieurs années déjà ('Mort d'un pourri', 'Flic ou voyou', 'Le guignolo', etc.), mais c'est Jean-Paul Belmondo lui-même qui fit appel à Ennio Morricone pour 'Le professionnel', alors qu'il avait déjà eu l'occasion de travailler avec le maestro italien sur des films d'Henri Verneuil ('Le casse' - 1971, 'Peur sur la ville' - 1974). Hélas, si le résultat musical est comme toujours fort convaincant, l'utilisation de la partition de Morricone dans le film est loin d'être aussi convaincante. A l'origine, Lautner avait mis la main sur un vieux 45 tours contenant une vieille BO de Morricone pour un film italien de 1971 intitulé 'Maddalena' (Jerzy Kawalerowicz, avec Lisa Gastoni et Umberto Orsini). Visiblement très emballé par cette musique, Lautner contacta Morricone et lui demanda de venir à Paris pour discuter de la musique afin d'enregistrer ensuite à Rome sa nouvelle composition dans l'esprit de la musique de 'Maddalena', aboutissant au thème principal du 'Professionnel', 'Le vent, le cri'. Entre temps, Lautner avait fait un premier montage du film avec la musique de 'Maddalena'. Puis, une fois la partition enregistrée, le réalisateur proposa un second montage avec, cette fois-ci, la nouvelle partition originale de Morricone, qui ne réussit malheureusement pas à convaincre Belmondo et la production. Lautner n'eut donc pas d'autre choix que de remonter le film avec la musique de 'Maddalena', et plus particulièrement le célèbre thème de 'Chi Mai', ce qui explique alors pourquoi cette musique est quasiment omniprésente du début jusqu'à la fin du film. Rendu populaire par 'Le professionnel', 'Chi Mai' rencontra un tel succès qu'il fut même réutilisé par la suite dans la célèbre publicité de nourriture pour chien 'Royal Canin' (une utilisation de la musique du maestro que certains ont trouvés particulièrement mercantile et dégradante pour une telle merveille musicale). 'Chi Mai' se distingue par sa tonalité résolument mélancolique avec sa batterie pop très 'seventies', ses cordes lyriques jouées staccato, son piano, son clavecin et sa harpe en écho. Dans le film, le thème accompagne à outrance le personnage de Belmondo, illustrant son côté solitaire/traqué tout en annonçant à l'avance l'issue tragique du film. Le problème vient essentiellement du fait que Lautner a utilisé ce thème n'importe comment, à tel point qu'on a parfois l'impression que le réalisateur ne savait pas comment monter cette musique. Apparaissant subitement dans une scène puis disparaissant aussi vite qu'elle est apparue par des coupures pas toujours très subtiles, la musique de Morricone est véritablement charcutée au montage, mal montée, utilisée souvent par des tronçons d'une trentaine de secondes, etc. Le réalisateur aurait certainement obtenu un bien meilleur résultat en utilisant avec parcimonie le thème et en soignant un peu plus les fondus d'entrée et de fin, qui sont dans le film d'une lourdeur sans nom. A ce gros problème de montage s'ajoute le caractère finalement extrêmement redondant et agaçant des reprises incessantes de ce thème, qui, finalement, a obligé le réalisateur a délaisser une bonne partie de la musique originale écrite par Morricone sur ce film. Ainsi, si 'Le vent, le cri' apparaît heureusement dans le générique de début, avec sa mélodie de cordes staccatos lyriques manifestement inspirée de 'Chi Mai', avec sa batterie pop, sa basse, son clavecin baroque et son piano en écho, le reste de la musique est absent du film, en dehors de quelques pièces comme 'V.C. (première variation)' (entendu dans la scène de la prison africaine au début du film) ou 'Le retour (sur le nom de Bach)', lorsque Beaumont retrouve Alice (Cyrielle Claire). Et pourtant, c'est bien dommage car Morricone, sans livrer là un grand chef-d'oeuvre, avait quand même écrit des pièces de qualité avec, en dehors du mélancolique 'Le vent, le cri' et sa marche d'harmonie au classicisme plus qu'évident, un thème intéressant sur 'Bach', dans lequel Morricone se livre à une astuce musicale que les musicologues et les compositeurs cultivés connaissent bien, celle des notes B - A - C - H qui, dans le solfège allemand, a été traduit par sib-la-do-si (bien que 'B' corresponde logiquement, suivant le chiffrage anglo-saxon, à la note si bécarre), d'où l'astuce sur le nom de Bach, et que le grand compositeur allemand utilisa lui-même dans bon nombre de ses oeuvres. Par la suite, des compositeurs aussi différents que Mendelssohn ou Webern citèrent à leur tour ce célèbre motif dans leurs propres oeuvres. Morricone proposait à l'origine une série de variations autour de ses deux thèmes, celui de 'Le vent, le cri' et celui de 'Bach', censé accompagner d'une part le personnage de Beaumont et d'autre part la partie plus suspense/policier de l'intrigue du film. Morricone se faisait même plaisir en nous offrant deux petits interludes pour harpes intitulés 'Fée Morgane', aussi absents du film. Alors, finalement, que peut on retenir de cette musique dans le film en dehors de l'envahissant 'Chi Mai', utilisé jusqu'à plus soif tout au long du film? Pas grand chose, puisque le réalisateur et la production ne l'ont pas permis. Du coup, et à l'instar de la mauvaise expérience de Morricone un an plus tard sur le 'The Thing' de John Carpenter, la musique du maestro a été presque entièrement rejetée et complètement gâchée, remplacée par un mauvais montage qui frôle à plusieurs reprises le ridicule et rend la dimension dramatique du film quasi caricaturale, bien que ses premières utilisations au tout début du film fonctionnent à merveille (pour le reste, c'est une autre histoire). Certes, l'album de la musique et les singles de 'Chi Mai' se sont vendus comme des petits pains, mais en dehors de cet aspect commercial primaire, il reste la très belle musique de Morricone qui, bien qu'un effort mineur dans sa carrière, démontre qu'il avait toujours l'inspiration nécessaire pour écrire la musique de ce genre de film comme il le prouva quelques années auparavant avec ses musiques pour les films d'Henri Verneuil. Voilà en tout cas une partition de qualité à redécouvrir dans son intégralité grâce à l'album publié chez General Music! ---Quentin Billard |