tr> |
1-Overture 4.16
2-Main Title 1.57 3-Miracle 3.09 4-Nedfud Mirage 2.23 5-Rescue of Gasim 2.12 6-Bringing Gasim Into Camp 3.36 7-Arrival at Auda's Camp 2.02 8-The Voice of the Guns 2.01* 9-In Whose Name Do Ride? 1.24 10-Continuation of the Miracle 2.18 11-Sun's Avil 3.12 12-Lawrence and Body Guard 2.07 13-That Is The Desert 2.54 14-End Title 3.41 *Composé par Kenneth I. Alford Arrangé par Maurice Jarre Musique composée par: Maurice Jarre Editeur: Varèse Sarabande VSD-5263 Supervision de la restauration: Tom Null, Dub Taylor Préparation de l'édition pour Varèse Sarabande: Robert Townson Transfer digital: Michele Stone, Amigo Studios Artwork and pictures (c) 1962/1988 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved. Note: **** |
LAWRENCE OF ARABIA
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Maurice Jarre
|
|
Somptueux chef-d’oeuvre du cinéma réalisé par David Lean en 1962, ‘Lawrence of Arabia’ retrace le destin exceptionnel de T.E. Lawrence (Peter O’Toole), un officier britannique qui mena la révolte arabe contre l’invasion turc en Arabie durant la 1ere Guerre Mondiale. Fasciné par ce pays, Lawrence s’allia avec les arabes et les mena jusqu’à la ville d’Aqaba où ils réussirent à déloger les turcs. Puis, le héros victorieux surnommé ‘El Lawrence’ par ses nouveaux compagnons revint ensuite au Q.G. militaire britannique basé au Caire pour informer ses supérieurs de sa première victoire qui lui valut alors le titre de commandant. De retour en Arabie, Lawrence multiplia les actions contre les turcs et s’enlisa dans une ultime bataille pour la ville de Damas, qui se termina dans un terrible bain de sang. Fatigué et à bout, Lawrence créa le conseil arabe à Damas alors même que les occupants britanniques prirent en même temps une partie du contrôle de la ville, alliés avec le prince Feisal (Alec Guinness). ‘Lawrence of Arabia’ est un grand film d’anthologie pure, un spectacle épique et flamboyant avoisinant les 3h36 avec un Peter O’Toole inoubliable dans la peau de Lawrence. Le film s’inspire des mémoires de l’officier britannique lui même, et retrace une partie de sa vie et de sa prise de position décisive dans la lutte arabe contre l’oppression turque en pleine 1ere Guerre Mondiale. Mais l’atout du film, outre ses décors orientaux grandioses et ses dunes de sables filmées de façon exceptionnelle, réside avant tout dans le portrait psychologique que dresse le film du personnage de Peter O’Toole. Complètement habité par son protagoniste, l’acteur irlandais (qui fut révélé au grand public grâce à ce film en 1962, alors à peine âgé de 30 ans) campe un Lawrence bourré de contradiction, d’abord bienveillant, courageux et triomphant malgré son tempérament rebelle et esprit libre dans un premier temps, puis faible, violent, humilié et proche de la folie dans la dernière partie du film, ou comment le héros du peuple arabe se transforma en barbare sanguinaire, prenant goût à son statut de héros arabe et à sa croisade contre les turcs. Le film montre aussi la manipulation de ses supérieurs britanniques et les intérêts que l’Angleterre recherchait à son tour en Arabie. Pour finir, on pourra relever quelques scènes anthologiques comme la traversée du désert vers le début du film, la prise d’Aqaba ou la fameuse bataille finale près de Damas. En ce sens, il paraît plus qu’évident de constater que ‘Lawrence of Arabia’ affirme largement son anti-militarisme du début jusqu’à la fin, évoquant la décadence de ce grand homme plein de contradiction qui finit par prendre goût à la guerre et à la violence. En ce sens, la superproduction de David Lean a toujours divisé l’opinion du public, certains restant toujours particulièrement perplexe vis à vis de la peinture à la fois glorieuse et immorale de ce héros anti-héros qui connu un destin hors norme. Peter O’Toole est entouré ici d’autres grands noms du cinéma américain tels que Alec Guinness, Anthony Quinn, Omar Sharif (inoubliable à son tour dans la peau du Shérif Ali – l’acteur égyptien se fit d’ailleurs connaître du grand public grâce à ce film), José Ferrer, Claude Rains, Arthur Kennedy, Anthony Quayle, etc. A noter pour finir que le film fut entièrement restauré par David Lean en 1989, et qui nécessita de réenregistrer certains dialogues du film pour l’occasion. Malgré sa durée (plus de 3h30), ‘Lawrence of Arabia’ demeure un grand chef-d’oeuvre épique, dramatique et guerrier, une leçon de mise en scène magistrale pour cette superproduction couverte de récompenses et aujourd’hui considérée parmi les meilleurs films de toute l’histoire du cinéma.
Parler de l’immortelle musique de Maurice Jarre pour ‘Lawrence of Arabia’ ne sera guère chose aisée. Que dire de plus après tout ce qui a déjà été dit sur le sujet, si ce n’est que Maurice Jarre a écrit pour le film de David Lean l’un de ses plus grands chef-d’oeuvres, servi par un très célèbre thème principal considéré à son tour comme l’une des plus grandes mélodies de l’histoire de la musique de film. Le célèbre compositeur français signait avec ‘Lawrence of Arabia’ en 1962 sa toute première collaboration à un film de David Lean, qui sera suivi de ‘Doctor Zhivago’ (1965), ‘Ryan’s Daughter’ (1970) et ‘A Passage to India’ (1984). L’immense partition symphonique de Maurice Jarre accompagne fièrement les grandes étendues désertiques de l’Arabie, les dunes de sable, le soleil écrasant, les grandes chevauchées à dos de chameau, les batailles, les exploits de Lawrence, etc. Bref, tous les points forts du film de David Lean ont été réunis et condensés en une grande partition symphonique témoignant de tout le savoir-faire du compositeur français. Un sujet aussi épique méritait inévitablement un traitement musical tout aussi épique, c’est pourquoi Jarre a opté pour un orchestre symphonique ample auquel s’ajoute une cithare et les Ondes Martenot associées ici au son du désert (Jarre a beaucoup écrit pour cet instrument, à l’instar du grand Elmer Bernstein). Avec le superbe ‘Main Title’, Jarre dévoile son célèbre thème exposé dans toute sa splendeur par les cordes après une introduction aux timbales annonçant la tonalité guerrière du film. Le thème de ‘Lawrence of Arabia’ représente magnifiquement les grands paysages de l’Arabie et de ses immenses dunes de sable, une vision musicale de l’Orient très Romantique et occidentale d’esprit à la façon de certaines oeuvres du 19ème siècle (cf. la danse des sept voiles de ‘Salomé’ de Richard Strauss ou la bacchanale de ‘Samson et Dalila’ de Saint-Saëns). Ce thème majestueux et grandiose évoque à merveille cette vision fantasmée de l’Orient dans toute sa splendeur, avec ses cordes amples, ses percussions, sa mélodie ascendante aux inflexions typiquement arabisantes, bref, un thème puissant qui sera extrêmement présent tout au long du film, plantant à la fois le décor tout en illustrant les exploits de Lawrence. On est frappé d’emblée par la beauté et la richesse des orchestrations, Jarre jouant sur les couleurs et les différentes sonorités instrumentales avec grand brio. Mais il faudra réellement attendre la première scène de la traversée du désert dans la première partie du film pour pouvoir enfin entendre ce passionnant jeu sur les sonorités instrumentales, à la manière de certaines grandes partitions de l’âge d’or Hollywoodien. Ainsi, ‘Miracle’ débute d’une façon très sombre, presque surréaliste. Les sonorités se veulent ici déshumanisés, sèches, évoquant les ravages du soleil et de la chaleur écrasante dans le désert. Atonal, le morceau possède un côté indéniablement menaçant qui permet de partager avec le spectateur le sentiment de chaleur suffocante qui règne dans le désert que traversent Lawrence et ses compagnons. Le morceau se conclut sur un crescendo orchestral plus majestueux et ample alors que l’on voit Lawrence s’isoler dans un coin et réfléchir à la meilleure solution à adopter pour rejoindre Aqaba (la musique mélange ici sentiment d’hésitation et de détermination avec une incroyable tension sous-jacente impressionnante à l’écran, qui se conclut sur un climax sous forme de ralenti final). La première partie de ‘Miracle’, plus atonale, permet à Jarre d’utiliser les Ondes Martenots pour renforcer le côté étrange et sombre du début. On pense par moment ici à certaines partitions contemporaines de l’époque, et notamment à Maurice Ohana ou Györgi Ligeti. On retrouve cette ambiance sombre associé aux méfaits du désert dans ‘Nefud Mirage’ où Jarre réutilise les Ondes Martenots mélangées à d’autres sonorités instrumentales étranges parfaites pour décrire la chaleur accablante et pesante. Le morceau se prolonge sur un motif descendant/ascendant joué par les instruments à vent, entrecoupé d’un bref rappel du motif enjoué entendu dans l’ouverture, sans oublier une brève allusion à un autre thème du score, mélodie orientale mystérieuse associée au désert (à 1.38) et que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans le film. Les orchestrations demeurent quand à elle extrêmement riche et soutenue, ‘Nefud Mirage’ impressionnant particulièrement par son intensité sur les images du film et le sentiment de danger et de menace pesante qu’il transmet à l’écran. Jarre prolonge ce travail sur les sonorités sombres dans ‘Sun’s Anvil’ où la tension culmine sur fond d’un ostinato de cordes sombre et entêtant et de cuivres plus dissonants et agressifs, évoquant une fois de plus la chaleur écrasante que dégage le soleil dans le désert. Jarre touche ici clairement le registre de la musique atonale, rappelant par moment par son style très écrit et riche certaines musiques d’Alex North du Golden Age hollywoodien. On pourrait aussi parler de ‘That Is The Desert’ qui accompagne cette longue traversée avec un côté toujours très atonal, dissonant et menaçant (à noter ici la richesse des orchestrations, et notamment l’utilisation remarquablement envoûtante des instruments à vent vers la fin du morceau). ‘Rescue of Gasim’ qui part très vite dans un style plus triomphant avec une puissante reprise du thème principal lorsque Lawrence sauve Gasim et le ramène au campement sain et sauf dans le non moins triomphant ‘Bringing Gasim Into Camp’, qui évoque clairement la figure héroïque de ‘El Lawrence’, avec toujours la présence remarquable de ce thème principal puissant. ‘Arrival at Auda’s Camp’ dévoile quand à lui un autre thème de la partition, une sorte de motif de chevauchée triomphante dominée par les trompettes et un très impressionnant pupitre de percussions (cymbales, timbales, grosse caisse, tambourins, etc.). Le motif oriental associé au désert est toujours présent, sans oublier un autre motif ‘arabisant’ entendu dans l’ouverture et qui fait office de motif guerrier, alors que Lawrence et ses hommes arrivent au camp d’Auda abu Tayi (Anthony Quinn). Passons la marche militaire ‘The Voice of the Guns’ qui n’est pas de Jarre (entendue durant la scène où Lawrence revient voir ses supérieurs britanniques au Caire) et qui fait office de source music. ‘In Whose Name Do You Ride’ nous permet de rentrer dans la seconde partie du film, plus rythmée, guerrière et sombre. Les percussions et les cuivres de ‘In Whose Name Do You Ride’ communiquent parfaitement la sensation de participation à une grande aventure, une grande bataille, avec des variations habiles du thème principal aux cordes, mélangées ici à un rappel du thème de la chevauchée sur un rythme très soutenu, toujours associé à la détermination et aux exploits de Lawrence et de sa lutte contre les turcs. A noter la réutilisation du motif oriental guerrier dans ‘Lawrence and his Bodyguard’ pour la scène où Lawrence réapparaît avec ses gardes du corps vers la fin du film, pour la dernière scène de bataille pour Damas. On relèvera ici l’utilisation remarquable des percussions guerrières (timbales frénétiques mais aussi tambourin) et des Ondes Martenots, pour une fois très franchement mises en avant dans la partition, alors que l’instrument était jusqu’à présent mis quelque peu en retrait. Finalement, l’aventure touche à sa fin avec ‘Lawrence of Arabia – End Title’ qui débute sur un rappel de la marche de ‘The Voice of the Guns’, entrecoupée de rappels thématique et d’une suite finale des différents thèmes de la partition, idéal pour conclure le film en beauté. La musique de ‘Lawrence of Arabia’ apporte richesse, grandeur épique et puissance au film de David Lean, transcendant chaque séquence avec une intensité et une richesse dans les orchestrations toujours constantes. La musique de Maurice Jarre s’inscrit très clairement ici dans une tradition symphonique héritée de la fin du 19eme/début 20eme siècle avec en plus une influence de la musique du Golden Age Hollywoodien, quelque part entre le classicisme éclatant d’un Alfred Newman ou le côté plus tourmenté et moderne d’Alex North voire de Bernard Herrmann, avec une utilisation sympathique des Ondes Martenots, preuve de la volonté sincère du compositeur d’apporter un peu de modernité à ce score symphonique épique et massif. Quoiqu’il en soit, Maurice Jarre signe une partition inoubliable pour ‘Lawrence of Arabia’, un score auquel on pourra néanmoins peut être reprocher le côté parfois un peu sec et dur de la musique (peu de moment de réelle respiration, peu de passages plus intimes ou lyriques dans le score, le tout demeurant souvent très massif et sans compromis), mais après tout, le film étant une évocation des combats de Lawrence et des arabes contre l’oppression turque, il ne fallait certainement pas s’attendre à quelque chose d’extrêmement lyrique ou de très subtil. Avec son thème principal inoubliable et ses sonorités orientales, guerrières et épiques, la musique de ‘Lawrence of Arabia’ fait belle et bien partie des grands chef-d’oeuvres de la musique de film hollywoodienne, à connaître absolument! ---Quentin Billard |