1-Il mio nome è nessuno 3.08
2-Buona fortuna Jack 5.04
3-Mucchio selvaggio 2.38
4-Se sei qualcuno è colpa mia 4.45
5-Con i migliori auguri 2.02
6-Uno strano barbiere 6.56
7-Più belle delle Valchirie 2.17
8-Una insolita attesa 2.01
9-Balletto degli specchi 1.30
10-La favola dell'uccellino 1.46
11-Il mio nome è nessuno 3.12
12-Buona fortuna Jack 1.51
13-Mucchio selvaggio 1.17
14-Uno strano barbiere 3.02
15-Il mio nome è nessuno 2.19
16-Se sei qualcuno è colpa mia 7.19
17-Buona fortuna Jack 5.26
18-Mucchio selvaggio 1.13
19-Uno strano barbiere 3.07
20-Mucchio selvaggio 3.32
21-Il mio nome è nessuno 1.30
22-Mucchio selvaggio 2.32
23-Se sei qualcuno è colpa mia 4.31

Musique  composée par:

Ennio Morricone

Editeur:

GDM/Edel Italy 0159042

Album produit par:
Ennio Morricone
Special Expanded Edition.


Note: ****
IL MIO NOME È NESSUNO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ennio Morricone
‘Il Mio nome è Nessuno’ (Mon nom est personne) est un vibrant hommage aux westerns italiens à l’ancienne, inspiré d’une idée du grand Sergio Leone et réalisé par l’italien Tonino Valerii, qui fut assistant réalisateur de Leone sur ‘Per un pugno di dollari’ (Pour une poignée de dollars) et ‘Per qualche dollaro in più’ (Pour quelques dollars de plus). Jack Beauregard (Henry Fonda) est un vieux cow-boy qui ne rêve que d’une chose : prendre un bateau et se retirer définitivement du grand ouest américain. Mais avant de le faire, il va chercher à retrouver Sullivan (Jean Martin), un propriétaire véreux d’une mine locale responsable de la mort de son frère. C’est alors que Beauregard croise la route d’un jeune aventurier qui se fait appeler ‘personne’ (Terence Hill). Ce dernier est un fan absolu de Jack Beauregard et cherche à faire rentrer son idole dans l’Histoire avant que ce dernier ne quitte définitivement l’ouest sauvage. Pour cela, il va l’amener à affronter la Horde sauvage au cours d’un duel qui restera gravé à tout jamais dans la légende: 150 mercenaires contre un seul homme.

C’est sur cette très intéressante idée de la confrontation entre deux générations de héros de l’ouest – Henry Fonda, le vieux américain des westerns ‘old generation’ qui cherche à se retirer, et Terence Hill, le jeune loup italien de la nouvelle génération, plus enclin à l’humour et aux farces en tout genre – que Tonino Valerii construit ce véritable hymne/adieu poignant aux westerns d’antan sous la forme d’une grosse comédie parodiant les traditionnels westerns spaghetti des années 60. Terence Hill est ici totalement inoubliable dans la peau de ‘personne’, ce jeune cow-boy qui est capable de coller trois ou quatre baffes à un adversaire avant de dégainer et d’abattre sa cible proprement et sans bavure. Face à lui, un Henry Fonda vieillissant mais au regard bleu azur toujours aussi perçant. La caméra de Tonino Valerii semble d’ailleurs accorder beaucoup d’importance aux regards tout au long du film, Terence Hill et Henry Fonda ayant d’ailleurs tout deux ce même regard bleu perçant comme pour rappeler que malgré leurs différences, les deux hommes appartiennent au même univers: le grand ouest américain. Puis, très vite, le film glisse dans un humour très ‘tarte à la crème’, accumulant les gags chers à l’inénarrable Terence Hill, qui semble s’être éclaté comme un petit fou sur ce film. S’ensuivent donc quelques scènes particulièrement mémorables où personne joue au duel des tirs sur les verres dans un bar alors qu’il est complètement saoul et est en train de s’étouffer de rire, sans oublier la scène gamine et grotesque de l’affrontement dans le parc d’attraction avec les miroirs, ou le moment où personne fixe le conducteur du train dans les toilettes pour le distraire en sifflant afin de voler son train en douce (le conducteur du train concluant d’ailleurs la scène par une flatulence vulgaire et fort peu élégante).

‘Il Mio nome è Nessuno’ se veut donc comme un modeste hommage aux westerns d’antan, que ce soit le mythique ‘The Wild Bunch’ de Sam Peckinpah auquel le film fait constamment référence (une tombe d’un cimetière vers le début du film porte le nom de Sam Peckinpah, les cavaliers qu’affronte Jack à la fin du film s’appellent ‘la Horde sauvage’, etc.) ou les westerns spaghetti de Sergio Leone, avec ses clins d’oeil constants à ‘Pour une poignée de dollars’ (scène dans le cimetière où Jack tire à plusieurs reprises sur le chapeau de personne – imitant ainsi une scène anthologique avec Lee Van Cleef et Clint Eastwood dans ‘Pour quelques dollars de plus’). Rappelons simplement que Sergio Leone n’est que producteur sur ce film, bien qu’il ait aussi tourné quelques scènes pour les besoins du film. Il y eut alors une dispute et une importante polémique qui s’est crée par la suite entre Valerii et Leone, le premier reprochant sévèrement au second de s’être fait passé pour le réalisateur de ce film. Même encore aujourd’hui, beaucoup croient que c’est Sergio Leone qui a tourné ‘Il Mio nome è Nessuno’ mais il est important de rappeler une fois de plus que le film est bien du à Tonino Valerii avant tout, même s’il apparaît plus qu’évident que Leone a joué un rôle actif dans la conception du film! C’est surtout l’humour et la dérision qui font l’atout majeur de ce très grand classique du western/comédie des années 70, qui malgré ses gros gags déjantés, ses scènes pleines d’imagination (séquence du billard avec les boules représentant la horde sauvage) et un Terence Hill totalement déchaîné dans le rôle de ce grand gamin as de la gâchette et des baffes éclairs (pour une fois sans son fidèle binôme Bud Spencer) porte un message quelque peu émouvant sur un genre cinématographique décadent comme semble vouloir l’affirmer la très poignante lettre d’adieu de Jack Beauregard à la fin du film, un adieu à la fois à son ami personne mais aussi à l’ouest américain, et un adieu d’Henry Fonda lui même à ce genre cinématographique puisque ‘Il Mio nome è Nessuno’ est le dernier western que le célèbre acteur américain tournera dans les années 70. Plein de fraîcheur, d’humour, de dialogues incisifs, de gags à gogo et d’émotion, ‘Il Mio nome è Nessuno’ est un grand classique du genre, assez atypique de la part d’une production Sergio Leone mais un véritable régal pour tous les nostalgiques des westerns à l’ancienne. Pour finir, on pourra citer cette phrase de Terence Hill lui même qui résume parfaitement bien le film de Tonino Valerii:
« Sergio [Leone] en avait fini avec l’ouest, avec l’amour du grand héros américain, l’amour d’Henry Fonda ». Lorsque Henry Fonda accomplit un dernier acte héroïque avant de se retirer définitivement de l’ouest américain à la fin du film, c’est tout un symbole, toute une mythologie qui semble disparaître avec lui, le crépuscule du western spaghetti, voire du western en général. Un vrai chant du cygne d’un genre cinématographique qui aura connu ses heures de gloire dans les années 50/60 et qui tombera très vite en désuétude en Italie et en Amérique vers la fin des années 70.

Evidemment, qui dit Sergio Leone dit Ennio Morricone. Le grand maestro italien signe une fois de plus un petit chef-d’oeuvre pour ‘Il Mio nome è Nessuno’. Visiblement très inspiré par l’émotion et l’humour du film, Morricone nous propose une partition fraîche, drôle, inventive, lyrique et poignante, avec pas moins de trois thèmes majeurs tout aussi mémorables les uns que les autres. Le premier thème principal est associé à personne, et s’apparente à une joyeuse ballade sereine jouée par une flûte à bec sur fond de guitares, guitare électrique ‘funky’, rythmique légère et choeur féminin. C’est la fraîcheur et la simplicité de cette mélodie à l’apparence naïve qui étonne ici, alors que la plupart des thèmes western de Morricone sont bien souvent dramatiques et lyriques. Le maestro voulait donc retranscrire tout le côté grand enfant/comique du personnage de Terence Hill en lui écrivant cette joyeuse ballade innocente et fraîche comme la jeunesse. A noter aussi l’utilisation de la flûte à bec, un instrument auquel le compositeur a eu recours à plusieurs reprises dans certaines de ses anciennes partitions western spaghetti. Le second thème, bien plus dramatique et ample, est associé quand à lui à Jack Beauregard dans ‘Buona Fortuna Jack’. La mélodie de Jack se distingue par sa tristesse et son caractère lyrique typique de Morricone évoquant à travers le personnage d’Henry Fonda les derniers jours du western d’antan qui est sur le point de prendre fin. Le maestro répond donc à ce caractère par une musique crépusculaire et poignante, dans la lignée de ‘Il était une fois dans l’ouest’ (en cependant bien moins mémorable), dominé par une très belle ligne d’harmonica typique du compositeur. A noter que le compositeur utilise ici la voix de sa soprano italienne fétiche, Edda Dell’Orso, présente sur la plupart de ses musiques de western, et dont la voix nous a déjà envoûté mille fois sur des chef-d’oeuvres tels que ‘Il était une fois dans l’ouest’ ou ‘Il était une fois la révolution’. ‘Mucchio Selvaggio’ dévoile quand à lui le troisième thème, une traditionnelle chevauchée héroïque épique elle aussi 100% Morricone pour la horde sauvage, avec choeurs d’hommes à l’appui, flûte à bec (dont la particularité vient ici du jeu en flatterzunge – roulements de langue – témoignant une fois de plus de la facette plus inventive et expérimentale du compositeur dans ses musiques de western), accompagnements de percussions, guitares (incluant électrique et basse), cordes, etc. Mais au moment où l’on croit que la musique va atteindre un véritable climax épique, le maestro nous surprend complètement en nous offrant un pastiche totalement délirant de la célèbre ‘chevauchée des Walkyries’ de Richard Wagner repris ici dans une version assez ridicule et totalement délirante, version harmonica/flûte à bec. Visiblement, Morricone semble avoir pris beaucoup de plaisir à écrire la musique de ce film, débordant d’humour, de fraîcheur et d’émotion. Le maestro se moque alors gentiment de la horde sauvage en utilisant la célèbre mélodie de Wagner transformée ici en petite ritournelle ridicule (la chevauchée épique se transforme donc en cavalcade d’enfants), un second degré que le compositeur assume pleinement avec panache – après tout, le second degré a toujours fait partie intégrante de l’âme des westerns spaghettis.

Dès lors, Morricone a installé ses trois thèmes dans le film et va les développer tout au long de l’histoire comme de véritables leitmotive. Certains passages plus atmosphériques comme ‘Se Sei Qualcuno E’ Colpa Mia’ se distinguent par leur utilisation plus originale et inventive des instruments, comme par exemple ici l’utilisation d’un clavecin ou le son d’une horloge qui semble indiquer un compte à rebours (référence au duel final de ‘Pour quelques dollars de plus’) avec un motif de 5 notes qui deviendra par la suite une sorte de motif de duel (Morricone s’inspirera d’ailleurs de cette mélodie pour le thème d’Al Capone dans ‘The Untouchables – 1987). ‘Uno Strano Barbiere’ est quand à lui dans un style plus suspense/atonal typique des passages plus sombres des musiques western du maestro italien. Le morceau se caractérise ici par une même utilisation d’un tic tac de montre obsédant avec un tapis de cordes dissonantes (on sent ici la facette plus avant-gardiste du compositeur, qui étudia autrefois en compagnie de Luigi Nono, grand représentant de la musique ‘contemporaine’ italienne) et quelques bribes instrumentales morcelées et éclatées qui renforcent la tension durant la scène du traquenard chez le faux barbier au début du film. On pourrait aussi relever ‘Une Insolita Attesa’ avec son utilisation typique des percussions à la façon de ‘The Transgression’ de ‘Il était une fois dans l’ouest’. Morricone continue donc de multiplier ici les références comme pour rappeler une dernière fois tout ce qui faisait le charme de ces musiques de westerns spaghettis à l’ancienne. ‘Balletto Degli Specchi’ est un part du reste du score et s’impose par son côté cartoon complètement délirant, une sorte de grosse blague musicale pour la scène de l’affrontement dans la pièce des miroirs. Morricone verse ici dans l’humour très premier degré avec ce passage cartoon qui s’amuse à reprendre le thème de flûte à bec de personne dans une version particulièrement enfantine et amusante, le compositeur ne se prenait définitivement pas au sérieux sur cette musique à la fois émouvante et délirante.

Les reprises thématiques se multiplient tout au long du film, accompagnant la plupart des grandes scènes de chaque personnage. Ainsi, on retrouve une très belle reprise lente, nostalgique et lyrique du thème de personne dans le poignant ‘La Favola Dell’Uccellino’, évoquant l’amitié entre personne et Jack, sans oublier une reprise délirante du thème de la horde sauvage dans ‘Mucchio Selvaggio’ piste 13, avec des voix nasillardes en onomatopées (« wah wah ») s’amusant à imiter le son des trompettes en sourdine, idéal pour renforcer le côté très second degré de ce thème de chevauchée épique. On n’omettra pas aussi de signaler la magnifique reprise finale du thème de personne chanté par des choeurs de toute beauté dans le magnifique ‘Con I Migliori Auguri’ durant la scène où personne retrouve Jack lors de son duel final contre la horde sauvage. A signaler aussi une reprise poignante et élégiaque du thème de Jack Beauregard au violoncelle dans ‘Buona Fortuna Jack’ qui annonce clairement avec une certaine émotion la fin de toute une génération de héros de l’ouest américain. Dommage cependant que l’essentiel de la partition sur la fin du film se résume essentiellement à une reprise quasi systématique des trois principaux thèmes de la partition, chose très représentative sur le séquençage des derniers morceaux de l’album, qui se termine sur une dernière reprise du thème de duel typique de Morricone, avec son utilisation de traits virtuoses de guitare électrique qui rappelle bon nombres de passages de ‘Le bon, la brute et le truand’ ou ‘Pour une poignée de dollars’, parfait pour accompagner la première scène d’affrontement entre Jack et personne dans le cimetière vers le début du film (avec le coup du tir répété dans le chapeau qui parodie ‘Pour quelques dollars de plus’).

Multipliant les références, les clins d’oeil et les touches d’humour oscillant entre le premier et le second degré, la partition de ‘Il Mio nome è Nessuno’ est une vrai bijou d’inventivité, de drôlerie, de finesse et de sensibilité. Ennio Morricone combine donc humour et émotion pour le superbe film de Tonino Valerii et rend un hommage poignant à toutes ses anciennes musiques de western spaghetti pour Sergio Leone. A l’écoute de la très légère et nostalgique ballade de personne, on ne peut qu’être conquis par cette musique qui ne se prend jamais trop au sérieux mais qui conserve toujours une certaine émotion toute en finesse. Ici, point de grandes envolées grandiloquentes à la ‘Il était une fois dans l’ouest’, car même si la partition de ‘Il Mio nome è Nessuno’ y fait référence à plusieurs reprises, elle n’en demeure pas moins bien plus intime et légère, plus en adéquation avec l’humour et la fraîcheur du film. Ennio Morricone s’amuse donc à détourner ici les conventions qu’il a lui même inventées pour les musiques de western spaghetti afin d’en faire une oeuvre musicale typique de son style reconnaissable entre mille. Voilà en tout cas l’une des partitions western majeures du Morricone des années 70, à connaître absolument et à savourer dans la continuité des précédents chef-d’oeuvres du maestro pour les westerns du grand Sergio Leone!


---Quentin Billard