1-Another Bleeding Heart 3.45
2-Almosty Martyrs 2.23
3-Ominous Lacan 1.42
4-Ellis (Waterside Dub Mix) 1.47
5-Pascal/Shack 2 Cell/
Ominous Lacan 3.58
6-La Peña Huasteca 4.54*
7-The Life of David Gale 1.57
8-Arrest/Bitsey Runs/Hospital 2.54
9-Huntsville Epitaph 1.15
10-Media Frenzy 2.23
11-Motel/Houston 2.35
12-Just To Hear Your Voice 3.52**
13-Ominous Drums/
Ominous Pascal 2.12
14-Waterside 4.55
15-Dusty's Cabin/Almost Martyrs 3.16
16-Tu Che Di Gel Sei Cinta
(Turandot) 5.14***

*Interprété par Correo Aereo
Ecrit par Rafael Samperio
et Willy Samperio
**Interprété par Tony Price
Ecrit par Monte Warden
***Ecrit par Giacomo Puccini
Interprété par Janis Kelly,
Justin Lavender et Mark Richardson
Livret de Giuseppe Adami
et Renato Simoni.

Musique  composée par:

Alex Parker/Jake Parker

Editeur:

Decca Records 440 066 733-2

Musique produite par:
Alex Parker, Jake Parker

Artwork and pictures (c) 2003 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE LIFE OF DAVID GALE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alex Parker/Jake Parker
Après un poignant ‘Angela’s Ashes’, Alan Parker nous revient avec un nouveau sujet tout aussi poignant dans ‘The Life of David Gale’, où il s’intéresse cette fois-ci aux conséquences dramatiques de la peine de mort aux Etats-Unis. Le réalisateur s’interroge tout au long du film sur le paradoxe d’un pays qui prétend oeuvrer pour les droits de l’homme et qui continue pourtant de maintenir la peine capitale dans des états comme le Texas, où se déroule l’histoire du film (et plus particulièrement dans la petite ville d’Austin). Eminent professeur de philosophie enseignant dans une université texane, David Gale (Kevin Spacey) est accusé à tort du viol de la jeune Berlin (Rhona Mitra), une de ses étudiantes qui l’aurait provoqué à la suite d’une soirée un peu arrosée dans l’espoir d’obtenir une bonne note à son examen de fin d’année. Cet événement dramatique bouleverse définitivement la vie du professeur qui se retrouve au chômage du jour au lendemain, traînant derrière lui une terrible réputation de violeur qui lui colle à la peau partout où il va. Evidemment, personne ne le croit lorsqu’il explique que l’étudiante l’a poussé sciemment à commettre cet acte, et c’est aujourd’hui un David Gale abattu et isolé qui se retrouve à la rue, sans travail, éloigné de son fils et de tous ses amis. Seule sa plus fidèle amie Constance Harraway (Laura Linney) est restée à ses côtés pour l’aider à affronter cette terrible épreuve. Constance et David militent depuis plusieurs années ensemble contre la peine de mort aux Etats-Unis, mais cette sinistre affaire de viol risque de tout compromettre dans leur mission. Peu de temps après, Constance est retrouvée assassinée dans sa maison, et David est accusé à tort du meurtre de son amie. Condamné à mort, il décide de faire appel à la journaliste Bitsey Bloom (Kate Winslet) qui va tout mettre en oeuvre pour tenter de prouver son innocence avant qu’il ne soit trop tard.

Les films sur la peine de mort sont nombreux à Hollywood. Le cinéma américain s’est ainsi très rapidement intéressé à l’un des sujets de société les plus brûlants aux USA avec des films tels que ‘Beyond a Reasonable Doubt’ de Fritz Lang (1956, qui raconte déjà un sujet tout à fait similaire au film d’Alan Parker – un avocat qui s’accuse d’un meurtre qu’il n’a pas commis pour montrer les failles du système judiciaire américain), ‘Last Dance’ de Bruce Beresford (1996), ‘Dead Man Walking’ de Tim Robbins (1995), ‘The Thin Blue Line’ d’Errol Morris (1998), etc. ‘The Life of David Gale’ ne s’éloigne donc guère de ces films et s’affirme comme un véritable réquisitoire dur et poignant contre la peine de mort, matiné d’un soupçon d’humanisme, le tout sur fond d’enquête et de faux-semblants. Entre manipulation, émotion et réflexion, l’intrigue évolue subtilement grâce à la performance du toujours très remarquable Kevin Spacey (décidément à l’aise dans tous les registres!) et de la charmante Kate Winslet qui campe une journaliste obstinée prête à tout pour faire la lumière sur cette terrible affaire. Impossible de ressortir indifférent d’un film aussi dur et poignant qui, sans jamais forcer la main au spectateur, l’oblige à prendre parti. Certes, l’histoire ne sort guère des sentiers battus et ne brille pas d’une originalité particulière, mais le traitement du sujet est si puissant et bouleversant qu’il paraît difficile de passer à côté de ce petit bijou produit par Nicolas Cage (via sa société de production Saturn Films) et réalisé par un Alan Parker toujours très inspiré!

Après avoir fait appel à maints compositeurs sur ses précédents films (Trevor Jones, Randy Edelman, Rachel Portman, John Williams, etc.), la musique de ‘The Life of David Gale’ a cette fois-ci été confiée à Alex et Jake Parker, les deux jeunes fils du réalisateur qui l’avaient déjà épaulé sur ‘Come See the Paradise’, pour lequel ils avaient écrit de la musique additionnelle. Ne sachant à l’origine quelle direction musicale prendre sur le film, Alan Parker a finalement décidé d’articuler sa partition autour de deux axes majeurs, d’une part la musique de style country/rock/électro moderne signée Alex Parker, et la partie plus classique et orchestrale de Jake Parker. Le mélange des deux styles se marie plutôt bien dans le film même si la dualité musicale du score paraît parfois un peu hasardeuse, limite brouillonne. Le thème principal du score est du à Jake Parker. Entendu dans le poignant ‘Almost Martyrs’, cette très belle mélodie élégiaque est introduite par un violoncelle (instrument soliste récurrent du score de ‘The Life of David Gale’) puis développé de façon plus puissante et tragique par les cordes. Le thème est associé tout au long du film au personnage de Kevin Spacey et évoque comme le nom de la pièce l’indique son statut de ‘martyr’ – à noter que la récente bande-annonce du ‘Munich’ nous propose une très belle utilisation de cette oeuvre sur les images du film de Spielberg – Le thème est enfin exposé dans toute sa splendeur dramatique lors de la scène de l’incarcération de David Gale. Autre moment fort du score, l’incontournable et mélancolique ‘The Life of David Gale’, qui n’a malheureusement réussi qu’à trouver sa place dans le générique de fin du film (on peut donc envisager l’hypothèse qu’il s’agissait peut être à l’origine d’un thème rejeté?). Cette magnifique élégie pour cordes apporte son lot d’émotion, de réflexion et de solennité en guise de conclusion à la partition des frères Parker. Il est aussi amusant de constater à quel point les bandes-annonces semblent décidément friandes de cette BO puisqu’encore tout récemment c’est celle de ‘World Trade Center’ d’Oliver Stone qui s’est vu gracieusement illustrer par la très belle pièce pour orchestre à cordes seul de Jake Parker.

Si la partie de Jake Parker est donc indéniablement orientée vers l’émotion et l’orchestre à cordes, celle d’Alex Parker paraît presque plus décevante tant le compositeur apporte un ton atmosphérique plus quelconque à la partition. La bonne idée d’Alex Parker vient néanmoins de l’utilisation de chansons originales crées pour les besoins du film. Avec ‘Another Bleeding Heart’, Alex Parker s’oriente vers de la pop électro avec quelques sonorités blues/country (banjo, guitares, etc.) et une rythme proche de l’Acid House façon Phuture, Nick Cave ou Chemical Brothers, une chanson sympathique qui n’est pas sans rappeler ‘Woke up this Morning’ par le groupe pop Alabama 3 (plus connu pour être le thème du générique de la série ‘The Sopranos’). La chanson évoque dans le film les tourments de David Gale et son combat contre la peine de mort. ‘Waterside’ est l’autre chanson originale du score d’Alex Parker, écrite dans un registre tout à fait similaire, avec sa voix soliste mystérieuse et son choeur féminin sur fond de rythme pop/électro plus sombre et mystérieux illustrant l’enquête difficile de Bitsey Bloom. Le reste du score retombe très vite dans un style instrumental/électronique plus conventionnel comme ‘Ominous Lacan’ avec son ostinato rythmique électronique entêtant et son violoncelle soliste plaintif et mystérieux à la fois, traduisant l’inquiétude de Bitsey lorsqu’elle découvre des preuves inquiétantes sur la mort de Constance Harraway. ‘Pascal/Shack 2 Cell/Ominous Lacan’ reprend quand à lui le thème de David Gale joué par un violoncelle et une petite formation à cordes pour la partie plus humaine et dramatique du film, tandis que ‘Shack 2 Cell’ reprend très vite les sonorités électroniques atmosphériques sombres et tendues d’Alex Parker avec quelques touches de guitare/harmonica dans le style blues/rock pour évoquer les décors texans dans lesquels se déroule l’histoire. A noter ici l’utilisation de petites percussions tribales qui viennent rythmer l’ensemble de façon tout à fait cohérente, comme pour traduire un sentiment d’urgence au fur et à mesure que l’enquête de Bitsey évolue et que l’on se rapproche inexorablement de l’issue fatale: la condamnation à mort de David Gale. De la même façon, ‘Arrest/Bitsey Runs/Hospital’ évoque la course effrénée de Bitsey pour empêcher l’exécution de David Gale à la fin du film, le tout sur fond de rythmes électroniques entêtants et de sonorités sombres et pressantes (avec quelques samples vocaux issus des chansons d’Alex Parker). ‘Huntsville Epitaph’ apporte un peu de respiration et d’humanité avec le retour de l’orchestre à cordes mélancolique et élégiaque de Jake Parker pour un nouveau passage dramatique poignant, par moment plus proche du style de l’Adagio de Samuel Barber.

‘Media Frenzy’ évoque sous la forme d’un très entraînant morceau de blues-rock du sud de l’Amérique (tendance Lynyrd Skynyrd) la frénésie médiatique grandissante autour de l’histoire de David Gale, tandis que ‘Motel/Houston’ développe un côté plus suspense/mystérieux avec le violoncelle mélancolique et des sonorités plus sombres et intrigantes pour accompagner l’enquête de Bitsey (scène du motel avec la découverte d’une preuve solide dans la chambre du motel) et une partie finale plus proche de la musique électro. Puis, ‘Ominous Drums/Ominous Pascal’ développe les sonorités électroniques reprises de ‘Ominous Lacan’ pour aboutir à une pièce sombre et atmosphérique faisant planer une ombre de mystère sur cette enquête difficile sur fond de lutte contre la peine de mort et de quête de la vérité. On retrouve ici le motif de violoncelle mélancolique déjà entendu dans ‘Motel/Houston’ et ‘Pascal’ et qui est associé au personnage de Kate Winslet et à son obsession de vérité et de justice. A noter une très belle reprise par une petite formation de cordes du thème tragique de David Gale à la fin de ‘Dusty’s Cabin/Almost Martyrs’.

‘The Life of David Gale’ est donc une partition assez surprenante, par moment élégiaque et mélancolique, à d’autre moment plus atmosphérique, sombre et intrigante, alliant modernité et classicisme d’une façon tout à fait étonnante sans pour autant révolutionnaire le monde de la musique de film. Le score apporte donc son lot de mystère et d’émotion au film d’Alan Parker. Reste que si la partie d’Alex Parker demeure fort peu mémorable, celle de Jake ne cesse d’attirer l’attention des béophiles en particulier grâce à la récente utilisation de deux des thèmes du score dans des bandes-annonces récentes qui permettent par la même occasion de redécouvrir la musique de ‘The Life of David Gale’.


---Quentin Billard