1-Opening/Titles 1.02
2-Eliza's Song 0.48
3-Awesome Kite/Bones Tossed Out/
Construction 3.43
4-Through The Telescope 0.39
5-Parents Drive Off 1.20
6-Go To Your Room 0.41
7-Jenny Walks Up/
Jenny's Close Call 1.41
8-Elegy 1.37
9-Ding Dong/House Comes Alive! 2.39
10-Cops Emerge 1.33
11-The Chimney 0.38
12-The Plan/Dummy Feed 3.14
13-Cop Car Gets Eaten 0.54
14-Trapped/Constance's Tomb/
Escape 7.37
15-Cops Get Eaten 1.15
16-The Flashback 3.34
17-Chowder To The Rescue 1.19
18-Nebbercracker Returns 2.06
19-House Chase 3.36
20-The Battle 5.13
21-45 Years/Tricycle 1.33
22-We're Back! 0.49
23-End Titles 1.09
24-The Dance 0.42

Musique  composée par:

Douglas Pipes

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 746 2

Musique produite par:
Douglas Pipes
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteurs exécutifs de l'album:
Robert Zemeckis, Steven Spielberg
Directeur chargé de la musique
pour Columbia Pictures:
Lia Vollack

Artwork and pictures (c) 2006 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***
MONSTER HOUSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Douglas Pipes
Le duo Robert Zemeckis/Steven Spielberg n’en est pas à son premier coup d’essai puisque les deux hommes collaborent ensemble depuis plus de 20 ans déjà (citons parmi leurs collaborations communes ‘Back to the Future’, ‘Who Framed Rober Rabbit?’, ‘What Lies Beneath’, ‘Cast Away’, ces deux derniers films de Robert Zemeckis ayant été produit en partie par Dreamworks, le studio fondé par Steven Spielberg à la fin des années 90). Mais cela faisait bien longtemps qu’ils n’avaient pas eu un gros projet original à se mettre sous la dent. Et voilà qu’apparaît le script de Dan Harmon et Rob Schrab qui ne tarde pas à emballer les deux producteurs: un mélange d’épouvante, de fantaisie et d’humour irrévérencieux, le tout destiné à un jeune public qui ne devra pas avoir peur du côté « film d’horreur » de l’histoire. Réalisé par le jeune Gil Kenan, ‘Monster House’ est le premier dessin animé de Sony Pictures Animation, marquant les débuts du jeune studio dans le marché de l’animation U.S. D.J. Walters, un jeune garçon de 12 ans, passe une bonne partie de ses journées à épier son sinistre voisin, Mr. Nebbercracker, à l’aide de son télescope. Régulièrement, le terrifiant voisin sort de sa maison en terrorisant tout ceux qui oseraient s’approcher de près de la pelouse de sa vieille demeure. Après le départ de ses parents partis en vacances et l’arrivée de Zee, la baby-sitter au look gothique, D.J. passe ses journées avec son ami Chowder. C’est en jouant un jour au ballon que le dit Chowder échappe sa balle qui atterrit directement sur la pelouse de Mr. Nebbercracker. Aucune autre solution: D.J. doit aller le récupérer coûte que coûte, car Chowder est bien trop terrifié pour y aller lui même. Et arrive ce qui doit arriver: le voisin sort furieux et s’empresse de malmener le jeune enfant, lorsque soudain, c’est la catastrophe: le vieil homme suffoque et tombe dans les pommes. Une ambulance le transporte alors très rapidement à l’hôpital. Terrifié, D.J. est persuadé d’avoir tué le vieux voisin. Peu de temps après, des choses étranges commencent à se passer autour de la maison de Mr. Nebbercracker. Tout ceux qui s’approchent de trop près de la gigantesque demeure sont immédiatement aspirés par la maison qui semble être devenue vivante. D.J. et Chowder sont alors témoins de ces scènes irréalistes, mais évidemment, personne ne veut les croire. Un jour, les deux amis sauvent la vie de la jolie Jenny, qui s’apprêtait à toquer à la porte de la maison de Mr. Nebbercracker. Désormais, les trois enfants, terrifiés par l’épouvantable maison qui a pris vie et avale tout ceux qui tentent de l’approcher, vont tout faire pour tenter d’atteindre le coeur de la demeure (la cheminée) pour éteindre le feu qui l’anime et mettre un terme à ce cauchemar. Ils ne devront alors compter que sur leur seul courage, puisqu’aucun adulte ne veut croire à leur histoire qui paraît tellement invraisemblable. Et c’est le début d’une aventure pleine de frisson et de danger pour nos trois jeunes amis qui, en s’aventurant à l’intérieur de la maison maléfique, finiront par découvrir son terrible secret.

Avec une animation de qualité utilisant le procédé du Motion Picture (déjà expérimenté par Robert Zemeckis dans ‘The Polar Express’) et des décors d’un réalisme saisissant, ‘Monster House’ s’impose d’emblée comme un film d’animation techniquement et visuellement très réussi. Mais le film vaut surtout par la qualité de son histoire et de son ambiance assez unique en son genre. Pour un dessin animé destiné à première vue à un jeune public, ‘Monster House’ s’avère être particulièrement sombre et terrifiant pour des jeunes enfants. Le défi des producteurs de ce film était donc de réaliser un film d’épouvante pour jeune public, un peu comme on pouvait en voir parfois dans les années 80, à une époque où l’invasion de l’édulcoration n’avait pas encore eu lieu dans le cinéma américain, bien plus ‘libre’ qu’aujourd’hui. Et pourtant, ‘Monster House’ vient rompre radicalement cette tendance à l’édulcoration en nous offrant un spectacle frissonnant et divertissant, où les personnages parlent avec beaucoup de spontanéité de façon vulgaire (étonnant pour un dessin animé de ce genre!) et où certaines situations frisent la provocation pure et dure (scène où Chowder vole des drogues dans la pharmacie de son père pour tenter de neutraliser la maison). Avec son ton résolument irrévérencieux et par moment caricatural (la baby-sitter gothique et son petit ami musicos, le flic ventripotent avec son collègue qui fait de l’excès de zèle, le père trop macho pour dire à son fils qu’il l’aime, etc.), son humour noir savoureux et ses scènes diablement spectaculaires (séquence dans la gueule de la maison et dans la cave, affrontement final dans le chantier abandonné, scène visuellement hallucinante, etc.), ‘Monster House’ donne un grand coup de pied dans la fourmilière et bouscule le schéma traditionnel des films d’animation pour enfant. Ici, on ne prend pas les enfants pour des idiots: pas de morale ni même de messages niais! ‘Monster House’ se contente de divertir à tout prix et fait l’effet d’une gigantesque montagne russe avec ces scènes spectaculaires et son ambiance de maison hantée qui impressionnera à coup sur les enfants (qui n’a jamais rêvé dans sa jeunesse d’aller visiter des vieilles maisons abandonnées réputées ‘hantées’?). Les trois personnages principaux sont très attachants, et l’absence du traditionnel sidekick pseudo comique agaçant apporte une qualité supplémentaire au film de Gil Kenan, le hissant bien au dessus du niveau des dernières productions Disney. Voilà donc une bien belle surprise qui devrait ravir tous les amateurs de film d’animation et qui nous prouve à quel point le duo Spielberg/Zemeckis a encore de beaux jours devant lui. Quand à Gil Kenan, le succès commercial et critique de ‘Monster House’ devrait maintenant lui permettre de se lancer dans une belle et grande carrière à condition que ses prochains projets soient du même acabit!

Avec la présence de Steven Spielberg à la production du film, on aurait pu s’attendre à ce que John Williams soit engagé pour écrire la musique de ‘Monster House’. Mais ce sera finalement le jeune compositeur Douglas Pipes qui écrira la musique du film d’animation de Gil Kenan. Pipes débute dans le milieu de la musique de film hollywoodienne et n’a à son actif qu’à peine trois musiques de films dont une pour un court-métrage. Le score de ‘Monster House’ est une grande partition symphonique écrite à l’ancienne, sans utilisation de l’électronique et autres rythmiques modernes. Qui dit score orchestral rétro dit évidemment orchestrations soignées et bien sur thèmes mémorables, bien qu’à ce niveau là on sente bien que le compositeur n’a pas le talent mélodique d’un John Williams ou d’un Alan Silvestri et qu’il lui reste encore de gros progrès à faire. A vrai dire, si la musique s’avère être particulièrement impressionnante sur les images du film, son écoute sur l’album publié par Varèse Sarabande traduit un défaut majeur évident: la qualité extrêmement quelconque des thèmes du score. Il est fort à parier que l’auditeur devra prêter attention à deux ou trois reprises avant de réussir à reconnaître les différents thèmes du score de Douglas Pipes tant ces derniers paraissent quelque peu effacés et franchement guère mémorables tout au long du film. Ainsi donc si le score déçoit par sa thématique terne et affreusement banal (étonnant de la part d’une production Zemeckis/Spielberg qui nous a pourtant habitué à mieux dans ce domaine!), le reste s’avère être bien meilleur, entre suspense, passages de type mickey-mousing sautillants et gros morceaux d’action déchaînés et massifs à souhait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Pipes ne fait pas dans la dentelle et c’est tant mieux! ‘Opening Titles’ dévoile le premier thème du score, motif de cuivres graves menaçant et sombres sur un fond de cordes agitées, associé dans le film à la maison maléfique. A noter que cette ouverture fait parfois penser à du Danny Elfman (pas de grande originalité donc). Plus étonnant et amusant, ‘Eliza’s Song’ est le petit refrain chanté par la jeune fillette au début du film sur son tricycle, accompagnée par un orchestre léger et sautillant parfaitement coloré et plein de vie, tendance mickey-mousing. Ceux qui sont allergiques au manque de justesse dans les chants d’enfant risquent fort d’avoir du mal à écouter le morceau en entier, qui finit en couac volontaire (la jeune fillette trébuche avec son vélo en s’arrêtant devant la maison de Mr. Nebbercracker). Le morceau s’amuse à singer ici certaines musiques naïves de vieux dessins animés Disney avec un second degré sous-jacent amusant, une idée qui sera malheureusement complètement délaissée par la suite, dommage!

Les choses deviennent plus sérieuses avec le sombre et atmosphérique ‘Awesome Kite/Bones Tossed Out/Construction’ pour la scène du cerf-volant, où les orchestrations sont à la fois plus nuancées et feutrées. Idem pour ‘Through The Telescope’ lorsque D.J. observe son voisin par son télescope. ‘Parents Drive Off’ est quand à lui plus sautillant et ‘mickey-mousing’, lorsque les parents de D.J. partent pour le week-end. Aucune originalité particulière ici (dans le même genre, on pourra noter le sympathique et sautillant ‘Cops Emerge’ – scène des deux policiers à la toute fin du générique de fin du film - avec son utilisation du célesta « à la Tchaïkovski »). A noter cependant une allusion au thème enfantin de ‘Eliza’s Song’ aux vents vers le début et la fin du morceau, thème qui reviendra de façon extrêmement timide tout au long du score, associé aux jeunes héros du film. ‘Jenny Walks Up/Jenny’s Close Call’ annoncé alors l’entrée fracassante de la jeune et jolie Jenny dans l’histoire, tandis qu’Elegy se veut au contraire plus doux et réservé avec sa très belle partie de cordes et piano, plus quelques légères touches de synthétiseur très discrets qui apportent une couleur un peu particulière à certains moments. Puis, ‘Ding Dong/House Comes Alive!’ souligne clairement le côté diabolique de la maison qui prend vie, avec l’utilisation d’un son de théremin à l’ancienne durant la seconde partie du morceau. L’utilisation du théremin (déjà entendu dans ‘Awesome Kite’) est ici très intéressante, l’instrument nous renvoyant clairement au style des musiques de film de maisons hantées à l’ancienne, tendance années 50. Puis, l’aventure démarre véritablement avec ‘The Plan/Dummy Feed’ où apparaît un thème plus héroïque qui sera associé par la suite aux exploits de nos trois jeunes héros. Les quelques touches martiales soulignent ici le moment où nos héros montrent un stratagème un peu idiot censé endormir la maison à l’aide de sirop pour la toux. Le morceau s’oriente clairement vers une ambiance à suspense plus sinistre, avec toujours un second degré sous-jacent dans la musique de Pipes, bien que le caractère ‘suspense’ du morceau soit ici assez sinistre et intense (on ressent clairement le côté ‘film d’épouvante’ du film). Ce côté ‘film horrifique’ se confirme clairement dans le macabre ‘Trapped/Constance’s Tomb/Escape’, le morceau le plus long de la partition de ‘Monster House’, lorsque les trois héros sont piégés à l’intérieur de la maison et qu’ils découvrent la tombe de Constance au fond de la cave de la bâtisse diabolique. Pipes joue clairement ici avec ses différentes couleurs instrumentales de façon très inventive, alternant atmosphère atonale dissonante et passages plus agités et agressifs évoquant le danger permanent à l’intérieur de la maison enragée.

La dernière partie du score est sans aucun doute la plus réussie et la plus excitante. Elle débute avec l’entraînant et massif ‘Chowder To The Rescue’ pour la longue séquence de l’affrontement final contre la maison dans le chantier en construction, et qui regroupe les deux morceaux d’action suivants – en plus de ‘Chowder To The Rescue’ - ‘House Chase’ et l’enragé ‘The Battle’. ‘Chowder To The Rescue’ nous permet de réentendre le thème héroïque cuivré associé aux jeunes héros pour la scène où Chowder retient la maison à l’aide d’un bulldozer. A noter que l’écriture orchestrale – très maîtrisée – du compositeur fait très clairement penser ici à du John Debney, influence majeure sur le score de ‘Monster House’ (en plus de Danny Elfman, par moment). Idem pour les excitants et massifs ‘House Chase’ et ‘The Battle’ dans lesquels Douglas Pipes déploie à nouveau la grosse artillerie lourde dans un style orchestral rentre-dedans qui évoque là aussi l’écriture orchestrale de John Debney. A noter une très excellente utilisation des percussions au début de ‘The Battle’, qui nous plonge d’emblée dans l’ambiance musicale de la bataille finale (on pense aussi à du Alan Silvestri par moment niveau rythmique – probablement du à la présence de Robert Zemeckis à la production, pour lequel Silvestri a composé la musique pour la majeure partie de ses films). ‘The Battle’ nous permet aussi de retrouver une série de superbes reprises du thème héroïque dans toute sa splendeur, le morceau reprenant au passage le motif sombre associé à la maison avant une coda massive et énergique pour la fin de la bataille. ‘We’re Back’ et ‘The Dance’ ramènent finalement le calme pour la fin du film, avant le traditionnel ‘End Credits’ qui reprend le motif de la maison une dernière fois, sans grande surprise.

Pour un premier gros score hollywoodien, ‘Monster House’ est une partition de qualité mais qui s’oubliera certainement très vite. Comme la plupart des jeunes compositeurs d’aujourd’hui qui débutent à Hollywood ou dans le cinéma en général, Douglas Pipes n’a pas encore acquit une maturité et une personnalité musicale nécessaire pour en faire un musicien de choix capable de jouer dans la cour des grands. Il lui manque encore cette petite étincelle de folie, d’imagination que certains grands maîtres ont (parfois), et surtout, il lui manque une vraie personnalité musicale, car le score de ‘Monster House’ trahit une somme d’influences trop évidentes, celles de Danny Elfman, John Debney ou bien encore Alan Silvestri. La musique apporte néanmoins une énergie considérable et une excellente ambiance d’aventure/frisson/comédie au film d’animation de Gil Kenan, mais sans aucune originalité particulière, sans aucune idée mémorable ou digne d’être retenue. Le constat peut paraître un brin sévère, mais il est hélas révélateur d’une production hollywoodienne formatée décidément peu flatteuse pour la créativité des compositeurs d’aujourd’hui (surtout pour les jeunes musiciens qui débutent, comme Douglas Pipes – dans un genre similaire, on pourrait aussi parler de Dario Marianelli, qui, bien qu’avec quelques gros projets à son actif, continue d’écrire des musiques sans personnalité, formatées et parfois très ennuyeuses). Néanmoins, saluons l’entrée du gladiateur Douglas Pipes dans la grande arène des compositeurs hollywoodiens, qui signe une première oeuvre correcte et soignée mais un peu décevante de la part du duo Zemeckis/Spielberg, qui nous a pourtant habitué à mieux d’un point de vue musical!


---Quentin Billard