1-World Trade Center
Cello Theme 3.43
2-World Trade Center
Piano Theme 4.00
3-New York Awakes 2.29
4-The Drive Downtown 3.52
5-Rise Above The Towers 2.26
6-World Trade Center
Choral Piece 2.41
7-John & Donna Talk
About Their Family 1.25
8-Ethereal 5.24
9-John's Woodshed 1.38
10-Marine Arrives At Ground Zero 2.57
11-Will and Allison
In The Hospital 1.53
12-Allison At The Stoplight 1.07
13-Jimeno Sees Jesus 1.42
14-John and Will Found/
Will Ascends 5.05
15-John's Apparition 2.30
16-John Rescued/Resolution 7.46
17-Elegy 4.39
18-Ethereal Piano Coda 2.09

Musique  composée par:

Craig Armstrong

Editeur:

Sony Classical SK 88057

Album produit par:
Craig Armstrong, Geoff Foster
Producteur exécutif de l'album:
Budd Carr
Montage musique:
Joe E. Rand, Barbara McDermott
Directeur du soundtrack pour
Sony BMG Masterworks:
Paul Cremo
Product Management:
Leslie Collman-Smith

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2006 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
WORLD TRADE CENTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Craig Armstrong
Oliver Stone s’affirme plus que jamais comme un réalisateur à défi. L’auteur de ‘Platoon’, ‘Natural Born Killers’ ou ‘Alexander’ nous revient avec son nouveau challenge, ‘World Trade Center’, mettant en scène les attentats du 11 septembre 2001 sur les deux tours du World Trade Center à New York. Avec le film collectif ‘11/09/01: September 11’, le récent ‘United 93’ de Paul Greengrass et son équivalent télévisé ‘Flight 93’ de Peter Markle, le cinéma semble décidément s’intéresser plus que jamais à cet événement tragique qui a marqué à jamais le peuple américain. Cinq ans après les attentats, le film d’Oliver Stone se veut comme une sorte de témoignage des conséquences dramatiques de cet événement sur l’existence de nombreux individus, et plus particulièrement ici de deux policiers américains qui se trouvaient à l’intérieur de l’une des deux tours lorsque ces dernières se sont effondrées. Le sergent John McLoughlin (Nicolas Cage) et son équipier Will Jimeno (Michael Pena) du PAPD (Port Authority Police Department) se retrouvent piégés avec quelques uns de leurs collègues dans l’effondrement de l’une des deux tours jumelles à la suite des attentats. Jimeno, McLoughlin et leur jeune collègue Pezzulo (Jay Hernandez) s’en tirent miraculeusement mais sont coincés sous des tonnes de gravas, de verres et de poutres métalliques brisées, à de nombreux mètres sous le sol. Pezzulo est mortellement blessé et finit par abréger ses souffrances à l’aide de son revolver, tandis que ses deux autres collègues, impuissants, continuent de souffrir, bloqués sous les gravats. Pendant ce temps, leurs épouses respectives s’inquiètent et attendent douloureusement des nouvelles de leurs maris disparus.

Oliver Stone s’est toujours intéressé à l’histoire de l’Amérique, et plus particulièrement à des sujets sensibles/polémiques, que ce soit son triptyque sur la guerre du Viêt-Nam (‘Platoon’, ‘Born on the 4th of July’, ‘Heaven & Earth’), l’assassinat de Kennedy (‘JFK’) ou les déboires de la présidence de Richard Nixon (‘Nixon’). Avec ‘World Trade Center’, Stone ajoute une pierre à son édifice en évoquant de façon puissante et bouleversante l’histoire de deux officiers de police au cours des attentats du 11 septembre. Loin de tout aspect politique, le film d’Oliver Stone se veut avant tout comme un drame intimiste contenant quelques moments particulièrement forts, comme la reconstitution de l’effondrement des deux tours, vécus dans le film par les policiers à l’intérieur même des deux tours jumelles. Ici, point d’exhibitionnisme sensationnaliste de mauvais goût (le crash des deux avions n’est que très vaguement suggéré à travers le passage furtif de l’ombre d’un avion dans la rue principale), Stone a tenu à rester le plus respectueux possible de cet événement tragique. Ainsi, les 20 premières minutes créent un véritable choc, la reconstitution est tellement fidèle que l’on croirait être en train de visionner un reportage filmé en direct sur le 11 septembre. Techniquement, le film est donc irréprochable - la scène où la tour s’effondre sur les policiers est d’une violence rare, et que dire de ces sons de fracas terribles qui proviennent des corps de personnes qui se sont jetés du haut des tours en s’écrasant tout en bas dans la rue, probablement l’un des aspects les plus traumatisants de ces attentats. Arrive alors toute la seconde partie, bien plus lente. Le film vire alors au ‘survival’ avec de longues scènes où la caméra claustrophobique d’Oliver Stone semble être prise au piège des milliers de gravats à l’instar des deux policiers campés par Nicolas Cage et Michael Peña. Le réalisateur joue volontairement ici sur la lenteur monotone de sa mise en scène et de certains plans, avec cependant quelques effets discutables et parfois un peu incongrus par rapport au style du film (scène où le pistolet de Pezzulo se met à tirer tout seul, scène ‘très décriée’ de l’apparition de Jésus Christ, etc.). Stone voulait nous faire ressentir toute la souffrance et l’isolement terrible de ces deux policiers, et le cauchemar qu’ils ont pu vivre pendant de nombreux jours avant d’être sauvés miraculeusement par un marine qui passait dans le coin à la recherche de survivants. Point d’aspect politique ici ni de manichéisme, si ce n’est une vague allusion à un moment donné à des sentiments revanchards de la part du dit marine (il fallait bien montrer aussi cet aspect là pour rester crédible!). Aucune allusion aussi aux terroristes islamistes, bref, pas de grosse prise de risque de la part d’Oliver Stone qui préfère se concentrer sur l’aspect purement humain du film en délaissant tout le côté politique de la chose. Dommage, du coup, le film s’apparente davantage à un film catastrophe hollywoodien dramatisé qu’à une réelle reconstitution honnête des attentats du 11 septembre. Oliver Stone nous avait pourtant habitué à mieux que ça. Cependant, sans posséder l’impact extraordinaire de ‘United 93’, ‘World Trade Center’ n’en demeure pas moins un film fort et bouleversant. Dommage cependant que le réalisateur n’ait pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de son sujet!

La musique de Craig Armstrong reste sans aucun doute l’un des atouts majeurs du film d’Oliver Stone qui, décidément, aime changer de compositeur sur chaque nouveau film qu’il met en scène. Le score de ‘World Trade Center’ est écrit pour orchestre, choeurs et quelques touches d’électronique, le tout baignant dans une atmosphère inévitablement mélancolique, élégiaque et intime. Deux thèmes sont ici en présence, le magnifique ‘World Trade Center Cello Theme’ que l’on entend dans le générique de fin du film et le ‘World Trade Center Piano Theme’ qui fera office de thème principal. Comme toujours chez Armstrong, le compositeur apprécie l’utilisation d’instrument soliste, ici un violoncelle, un piano et une soprano soliste. Fidèle à son habitude des thèmes interprété par un instrument soliste (‘The Clearing’ et son thème au violon, ‘The Quiet American’ et son thème de piano, etc.), Craig Armstrong nous offre avec ‘World Trade Center Cello Theme’ l’un des plus beaux thèmes qu’il ait écrit à ce jour pour une oeuvre cinématographique, mélangeant un fond de cordes mélancoliques avec une harpe, quelques choeurs et un violoncelle plaintif et éthéré touché par la grâce, une musique vibrante idéale pour se souvenir des innocents décédés au cours des attentats du World Trade Center. Même sentiment pour ‘World Trade Center Piano Theme’ qui expose le thème de cordes/piano associé tout au long du film aux deux policiers piégés dans les gravats des deux tours. La seconde partie du thème fait intervenir une rythmique électro légère pour un passage plus rythmé et optimiste évoquant avec beaucoup d’émotion le sauvetage final des deux policiers tout en illustrant l’idée que la vie doit continuer malgré tout. Dommage cependant que le thème principal soit au final assez banal et sans grande surprise (même si à la longue, il finit par marquer durablement l’esprit). Pour finir, signalons la présence du magnifique ‘World Trade Center Choral Piece’, pièce pour soprano, chœur et orchestre qui n’a malheureusement pas été utilisée dans le film (un choix très étonnant et regrettable!) mais qui dégage une émotion là aussi caractéristique de la facette musicale mélancolique chère à Craig Armstrong. Impossible de ne pas sentir un très gros pincement au coeur à l’écoute de ce véritable requiem pour les victimes du 11 septembre que représente ‘World Trade Center Choral Piece’.

Le reste du score développe sans surprise ces deux thèmes tout en évoquant avec toujours cette même lenteur et ce ton amer la tragédie des attentats sur les existences humaines. Si les âmes s’éveillent paisiblement dans le pourtant déjà très mélancolique ‘New York Awakes’ au début du film (incluant un piano éthéré sur fond de cordes et de nappes de synthé), ‘The Drive Downtown’ possède une gravité impressionnante alors que les policiers et les pompiers traversent la ville en direction des deux tours à la suite du crash du premier avion. Armstrong met continuellement l’accent sur des cordes pesantes avec quelques nappes de synthé, le tout dans un style s’apparentant à ce que le compositeur avait déjà pu faire sur ‘The Bone Collector’, ‘Ray’ ou bien encore ‘The Quiet American’. La gravité pesante de ‘The Drive Downtown’ est particulièrement impressionnante à l’écran, le sentiment de tragédie se développant de façon subtile sans aucune effusion mélodramatique. L’apport de l’électronique renforce ici le climat d’urgence et de danger. Même chose pour le douloureux ‘Rise Above The Towers’ mettant en avant des cordes élégiaques et pesantes rappelant le ‘Cello Theme’ dans une version orchestrale particulièrement poignante et pleine d’amertume, de tristesse et de souffrance. A noter quand même que la musique reste relativement discrète tout au long du film, n’empiétant jamais sur les images tout en conservant continuellement cette même atmosphère d’amertume, de tristesse, de souffrance et de respect. La musique se veut ainsi très intime et retenue, comme nous le prouve ‘John & Donna Talk About Their Family’ avec son utilisation légère du piano et d’une guitare évoquant les flash back de la vie de famille de McLoughlin, ‘Allison At The Stoplight’ évoquant l’attente insoutenable de l’épouse de Will Jimeno ou ‘John’s Woodshed’ avec sa très belle reprise du thème principal joué par un piano solitaire sur fond de cordes.

‘Marine Arrives At Ground Zero’ évoque la désolation durant la scène où le marine cherche des survivants dans les ruines des deux tours, probablement l’un des morceaux les plus sombres du score de Craig Armstrong (ajoutons aussi le très amer ‘John’s Apparition’), avec une utilisation discrète mais judicieuse de sonorités électroniques sombres et atmosphériques. On pourra aussi noter certains passages atmosphériques aux ambiances éthérées comme ‘Ethereal’ (qui porte bien son nom) avec une utilisation là aussi discrète des choeurs avec piano et orchestre, ou ‘Jimeno Sees Jesus’ pour la fameuse scène de l’apparition du Christ, accompagné d’une voix avec guitare, choeur et orchestre. L’espoir renaît finalement avec ‘John & Will Found/Will Ascend’ pour le sauvetage de Jimeno, puis ‘John Rescued/Resolution’ qui nous permet de réentendre le thème principal au piano dans une longue conclusion pleine d’espoir et d’émotion faisant intervenir une soprano soliste et un choeur pour finir en beauté. Armstrong ajoute pour finir deux petits bonus, une très belle reprise du thème principal aux cordes dans ‘Elegy’ et une autre reprise au piano du ‘Cello Theme’ joué cette fois-ci au piano dans ‘Ethereal Piano Coda’ (interprété par le compositeur lui-même), idéal là aussi pour conclure la partition sur une ultime touche d’émotion et de respect.

‘World Trade Center’ s’apparente donc sans surprise à une énième partition mélancolique/intime de Craig Armstrong, dans la lignée de ses précédents travaux (‘The Clearing’, ‘Ray’, ‘The Bone Collector’, ‘The Quiet American’, etc.) avec une émotion omniprésente et un sentiment de profond respect pour les victimes du 11 septembre. On est loin ici aussi du choc musical de ‘United 93’ de John Powell mais l’émotion y est quand même, et c’est tout ce que l’on était en droit d’attendre d’une telle oeuvre. La musique d’Armstrong accompagne le film d’Oliver Stone avec discrétion tout en étant néanmoins très présente. Elle installe une émotion et un sentiment de gravité qui suivront le film du début jusqu’à la fin. Entre tristesse, recueillement et espoir, la musique remplit parfaitement le cahier des charges et accomplit en même temps l’inévitable tâche du devoir de mémoire indissociable de ce type de production cinématographique, optant ici pour une approche orchestrale intime, lente et sans aucun élan dramatique. Les fans de Craig Armstrong ne pourront que se régaler avec cette nouvelle très belle partition d’un compositeur visiblement inspiré par son sujet (qui ne le serait pas?), signant une oeuvre de qualité bien que sans surprise ni réelle originalité!


---Quentin Billard