1-Oka no Machi
(Hilly Town) 3.13
2-Neko wo Oikakete
(Chasing a Cat) 3.11
3-Chikyuu-ya
(The Earth Shop) 1.07
4-Erufu no Jyo-ou
(The Elf Queen) 1.00
5-Natsu no Owari
(The End of the Summer) 0.56
6-Uchiake-banashi
(A Confidential Talk) 2.04
7-Densha ni Yurarete
(On the Train) 1.21
8-Oka no Ue, Bifuu Ari
(On the Hill, Breezy) 2.17
9-Engel's Zimmer/
Tenshi no Heya
(Angel's Room) 2.02
10-Violin Tuning 0.09
11-Country Road (Violin Version) 3.06
12-Manten no Hoshizora
(The Stars in Heaven) 2.08
13-Nagareru Kumo, Kagayaku Oka
(Floating Clouds, Shining Hills) 3.21
14-Kimeta! Watashi
Monogatari wo Kaku
(I've Decided! I Will
Write a Story) 2.28
15-Tobou! Jyoushou Kiryuu wo
Tsukamu no da!
(Let's Fly! We'll Catch
the Updraft!) 1.35
16-Furui Mokuhanga
(An Old Woodprint) 0.15
17-Canon 2.33
18-Mayoi no Mori
(The Forest of Doubts) 0.53
19-Tsuioku (Recollections) 4.06
20-Baron no Uta
(The Song of Baron) 2.40
21-Yoake (Daybreak) 1.20
22-Country Road (Theme Song) 4.24*

*Interprété par Youko Honna.

Musique  composée par:

Yûji Nomi

Editeur:

Tokuma Japan Communications
TKCA-72746

Produit par:
Yuji Nomi

Artwork and pictures (c) 1995 Studio Ghibli. All rights reserved.

Note: ****
MIMI WO SUMASEBA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Yûji Nomi
‘Mimi wo Sumaseba’ (‘Si tu tends l’oreille’, aussi connu sous le titre anglais ‘Whisper of the Heart’) est une autre petite merveille du studio Ghibli d’Hayao Miyazaki. Réalisé par Yoshifumi Kondo (animateur pour le compte du studio Ghibli qui signe là son unique long-métrage d’animation), ‘Mimi wo Sumaseba’ évoque les turpitudes d’une jeune adolescente à la découverte de l’amour dans une petite banlieue du Tokyo d’aujourd’hui. Le scénario, écrit par Miyazaki d’après le manga d’Aoi Hîragi, nous plonge dans une histoire pleine de fraîcheur, de douceur de vivre, de tendresse et de romantisme. Shizuku Tsukishima est une jeune japonaise de 14 ans. Pour le moment, sa vie se résume à ses études à l’école, ses amies, ses traductions de chanson et son goût pour la littérature (elle passe une bonne partie de ses journées à la bibliothèque pour lire le plus de livres possibles). Un jour, alors qu’elle emprunte quelques livres à la bibliothèque, Shizuku découvre qu’un certain Amasawa Seiji a emprunté à son tour les mêmes ouvrages qu’elle. Elle décide alors d’en savoir plus sur ce mystérieux individu et mène sa petite enquête. Un jour, elle croise la route d’un chat nonchalant et décide de suivre l’animal jusqu’à sa demeure, une petite boutique où l’on y vend des vieilleries et un objet très rare et précieux, le ‘baron’ à figure de chat. Peu de temps après, Shizuku croisera la route d’un jeune homme énigmatique qui s’avèrera être en réalité le mystérieux Amasawa. Ce dernier travaille en tant que luthier et musicien dans la petite boutique que Shizuku avait visité peu de temps auparavant. Shizuku tombera finalement amoureuse du garçon, mais, complexée face aux ambitions d’Amasawa qui projette de partir en Italie pour parfaire ses connaissances de luthier, elle n’osera jamais lui révéler ses sentiments. Finalement, elle décide de se lancer à son tour dans un grand projet et se met en tête de finir sa traduction de la chanson américaine ‘Country Road’ et d’écrire un grand roman d’aventure.

‘Mimi wo Sumaseba’ fait partie de la catégorie des films plus intimistes du studio Ghibli. Porté par une fraîcheur et une douceur de vivre particulièrement agréable et apaisante, le film de Yoshifumi Kondo évoque le passage d’une jeune adolescente dans la vie adulte, face aux responsabilités et aux premiers amours. Shizuku découvre que la vie recèle bon nombre de surprises et que le destin amène parfois certains êtres à se rencontrer inévitablement, comme le prouve la rencontre entre la jeune fille et Amasawa à force d’indices (les livres de la bibliothèque, le chat, la boutique, etc.). Le film regorge de scènes magnifiques, comme les rêves de Shizuku qui se projette dans son roman avec le baron-chat (de la magie typique des productions Miyazaki!), la scène où la jeune héroïne chante ‘Country Road’ (la chanson clé du film) avec Amasawa au violon et un petit orchestre improvisé, la scène de l’horloge avec les deux personnages amants, etc. ‘Mimi wo Sumaseba’ évoque ainsi le parcours initiatique d’une jeune adolescente à la découverte de la vie (l’allégorie de la pierre polie est particulièrement astucieuse) qui cherche à s’accomplir et à trouver sa voie. Le film vaut aussi par l’incroyable qualité de l’animation et des décors d’un réalisme parfois saisissant. A noter que certains éléments visuels comme dans les scènes de rêve avec le baron-chat font appel à l’ordinateur, une première dans une production Ghibli! Au final, ‘Mimi wo Sumaseba’ est porté par une douceur de vivre et une émotion toute en finesse pour ce qui reste un très beau film d’animation produit par le grand Hayao Miyazaki!

La musique de Yuji Nomi apporte à son tour une émotion particulière au film de Yoshifumi Kondo. Utilisant l’orchestre symphonique et quelques synthétiseurs, le compositeur nous offre une musique belle, intime, mélodique et généreuse pour ce magnifique film d’animation. Le thème principal est très vite dévoilé dans le premier morceau du score, ‘Hilly Town’, qui sert à planter le décor : piano, cordes et vents sont utilisés avec une légèreté et une grande fraîcheur typique du style orchestral habituel de Yuji Nomi (qui, quelques années plus tard, écrira une partition du même genre pour ‘Le royaume des chats’). ‘Hilly Town’ illustre parfaitement le côté intime et rafraîchissant du film avec ce très joli thème mélodique qui sera associé tout au long du film à Shizuku. Dans ‘Chasing a Cat’, Nomi utilise les synthétiseurs avec une guitare pour la scène où la jeune héroïne poursuit le chat dans la rue. L’utilisation des synthétiseurs sonne ici très années 90, rappelant certaines anciennes partitions de Joe Hisaishi pour les anciens films d’animation de Miyazaki. ‘Chasing a Cat’ développe lui aussi une ambiance rafraîchissante à la fois enthousiasmante, légère et pleine d’entrain, bref, une ambiance indéniablement associé ici à l’univers de la jeunesse japonaise que décrit ‘Mimi wo Sumaseba’. Dans ‘The Elf Queen’, Nomi dévoile un thème mélancolique joué par un violon et accompagné par un orchestre dominé par cordes et trompette dans un classicisme d’écriture particulièrement savoureux et maîtrisé (l’écriture de la trompette fait parfois penser à certaines pièces baroques allemandes). ‘The End of the Summer’ évoque la fin de l’été et la rentrée pour la jeune Shizuku avec, comme d’habitude, une écriture très classique d’esprit de l’orchestre, le compositeur travaillant chaque pupitre avec une maîtrise certaine, apportant un soin tout particulier aux orchestrations. ‘A Confidential Talk’ s’apparente quand à lui à une petite valse légère pour clarinette, vents associée à la jeune Shizuku et ses amis (avec ici une pointe d’humour et de fraîcheur), tandis que ‘On The Train’ nous permet de réentendre les synthétiseurs lorsque la jeune héroïne prend le train pour rentrer chez elle.

C’est la très grande fraîcheur de la musique qui attire ici toute notre attention. Pas une ombre de noirceur ici, la musique demeure belle, fraîche et pleine de vie du début jusqu’à la fin, charmant nos oreilles pour notre plus grand bonheur, le tout enveloppé dans des orchestrations très soignées et un style mélodique toujours très soutenu (on nage ici en plein style musical Ghibli!) comme le confirme le très beau ‘On The Hill, Breezy’ lorsque Shizuku se ballade en haut de la colline surplombant la ville, morceau qui nous permet au passage de réentendre le thème principal joué dans toute sa splendeur ici par les cordes. A noter l’utilisation d’une cithare et d’une guitare avec les cordes dans ‘Angel’s Room’ pour un autre morceau magnifique et agréable du score. ‘Violin Tuning’ et ‘Country Road (Violin Version)’ sont quand à eux deux morceaux particuliers puisqu’ils accompagnent la scène où Shizuku chante la chanson ‘Country Road’ accompagnée par le violon d’Amasawa (la chanteuse a une voix volontairement assez passable, comme l’héroïne du film qui chante dans cette séquence) et un petit orchestre improvisé, un arrangement plein de vie et particulièrement entraînant, tout à l’image même du film (et au passage, une magnifique invitation à la musique!). ‘The Stars in Heaven’ développe une ambiance onirique à travers une mélodie nostalgique proche du son d’une boîte à musique et suivi d’un très beau trio de flûtes à bec avec synthétiseur. Idem pour ‘Floating Clouds/Shining Hills’ pour une scène de rêve de Shizuku. A noter ici la reprise d’un autre thème majeur du score, le thème du roman, joué au piano et qui évoque les rêves de Shizuku, qui s’imagine en train d’écrire une grande histoire et de mener un premier grand projet dans sa vie d’adolescente ordinaire. Entraînant, charmant et rêveur à la fois, ‘Floating Clouds/Shining Hills’ témoigne une fois de plus du talent de Yuji Nomi pour les ambiances charmeuses, fraîches et vivantes, qui collent à merveille à l’ambiance du film. On retrouve ce thème associé à l’ambition de Shizuku aux synthés dans l’agréable ‘I’ve Decided! I Will Write a Story’ (à noter ici l’utilisation de son de synthé proche d’un orgue). A noter que l’on retrouve ici l’ambiance entraînante de ‘Chasing a Cat’.

‘Let’s Fly! We’ll Catch the Updraft!’ accompagne quand à lui une autre scène de rêve de Shizuku lorsque cette dernière s’envole dans les airs avec le baron, Nomi soignant plus que jamais ses orchestrations avec un raffinement et une très grande richesse. Le morceau est porteur ici d’un enthousiasme inébranlable, majestueux et plein de fraîcheur, il évoque réellement la détermination de l’héroïne à mener à bien son grand projet de rêve (l’envolée majestueuse et triomphante est ici associée au baron chat, qui représente la source d’inspiration pour la jeune adolescente – cf. ‘The Song of Baron’). Le thème du roman est repris dans ‘Canon’ dans une très belle pièce pour flûte à bec et quatuor à cordes dans lequel le compositeur semble se faire incontestablement plaisir en nous offrant un canon sur la mélodie du thème (encore la preuve de tout le savoir-faire d’un compositeur décidément très influencé par sa culture musicale classique!). ‘Recollections’ illustre quand à lui le tendre tête à tête entre Shizuku et Amasawa vers la fin du film, avec un très beau dialogue entre hautbois, cor anglais, flûte puis violon et violoncelle, le tout accompagné par une harpe délicate. Finalement, l’aventure touche à sa fin dans le très beau ‘Daybreak’ qui reprend une dernière fois le thème du roman dans une dernière touche de douceur, d’optimise et d’intimité pour les retrouvailles finales entre Shizuku et Amasawa lorsqu’ils se décident enfin à s’avouer leur amour mutuel. Le film se termine avec une reprise de la chanson clé ‘Country Road’ chantée par Youko Honna dans une version japonaise entraînante et particulièrement savoureuse, idéale pour conclure le film et la partition en beauté!

On ressort finalement complètement comblé et enthousiasmé par l’excellente partition orchestrale rafraîchissante de Yuji Nomi pour ‘Mimi wo Sumaseba’, sans aucun doute l’une des plus belles oeuvres d’un compositeur talentueux mais hélas encore trop discret (il n’a que deux musiques de long-métrage d’animation à son palmarès ainsi que la musique de deux courts-métrages d’animation de Miyazaki, bref, c’est très peu!). Si vous ne connaissez pas Yuji Nomi, ruez vous sur l’album de ‘Mimi wo Sumaseba’, émotion et fraîcheur garantie, un score agréable et plein de vie à consommer sans modération, avec une autre BO incontournable du compositeur, ‘Le royaume des chats’. Bref, un score incontournable!


---Quentin Billard