1-Main Title 4.28
2-"Time Brings All
Things To Light" 1.43
3-"Give Me The Hammer
and I'll NAIL 'EM UP!" 5.57
4-"Bring Down The Lion
and The Rest of The Jungle
Will Quake in Fear." 3.32
5-Conjuring The 'Hick' Vote 3.12
6-Anne's Memories 2.45
7-Adam's World 3.41
8-Jack's Childhood 2.20
9-The Rise To Power 3.15
10-Love's Betrayal 2.52
11-Only Faded Pictures 2.37
12-As We Were Children Once 2.47
13-Verdict & Punishment 5.58
14-All Our Lives Collide 3.21
15-"Time Brings All Things
To Light...I Trust It So." 7.36

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 756 2

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner
Monteurs musique:
Dick Bernstein, Michael Bauer
Producteur pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Direction de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack

Artwork and pictures (c) 2006 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ****
ALL THE KING'S MEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Remake d’un film datant de 1949 (‘All the King’s Men’ de Robert Rossen avec Broderick Crawford dans le rôle clé) et toujours adapté du roman de Robert Penn Warren, ‘All the King’s Men’ (Les fous du roi) est le troisième long-métrage du réalisateur Steve Zaillian à qui l’on doit ‘Searching for Bobby Fischer’ (1993) et ‘A Civil Action’ (1998). ‘All the King’s Men’ évoque l’ascension politique d’un ambitieux idéaliste en Louisiane que la corruption conduira à sa perte. L’idéaliste Willie Stark (Sean Penn) décide un jour de se présenter au poste de gouverneur de l’état de Louisiane. Grâce à son franc-parler et son charisme à toute épreuve, il parvient à obtenir l’adhésion des classes moyennes/populaires et remporte les élections avec une majorité écrasante, promettant monts et merveilles à ses électeurs qui attendent dorénavant de lui du concret (construire de nouvelles écoles, des nouvelles routes, des ponts, etc.). Stark parvient très vite à s’entourer d’une bonne équipe, avec comme principal allié le journaliste Jack Burden (Jude Law) qui finit par quitter son travail pour devenir le principal bras droit de Stark. Profitant de sa notoriété grandissante, Stark va se laisser entraîner par la corruption, entraînant toute son équipe avec lui, à commencer par Jack, dont la destinée sera changée à tout jamais après cette expérience dramatique. ‘All the King’s Men’ évoque ainsi les dangers du pouvoir et de la corruption, révélant le bon (se battre pour rendre un état plus vivant et prospère) comme le mauvais (manipuler les gens par la pression) dans le coeur des hommes, et plus particulièrement dans l’univers très clôt de la politique. Sean Penn reste comme d’habitude exemplaire, nous offrant une leçon d’acteur magistrale (il faut le voir s’élancer les yeux étincelants de conviction lors de ses discours enflammés tout au long du film), entouré d’une pléiade d’acteurs prestigieux incluant Jude Law, Kate Winslet, Anthony Hopkins, James Gandolfini, Mark Ruffalo, Kathy Baker, Patricia Clarkson, le tout servi par une mise en scène classique mais élégante et réussie, des dialogues très soutenus, une intrigue riche et intéressante, etc. Malgré sa longueur (2h20), ‘All the King’s Men’ demeure un drame sombre et captivant, avec un scénario riche et un jeu d’acteur tout bonnement remarquable. Que demander de plus?

James Horner retrouve Steve Zaillian pour la seconde fois après ‘Searching for Bobby Fischer’ (1993). Le compositeur nous livre son nouvel opus symphonique pour ‘All the King’s Men’, dans la lignée de ses précédentes partitions dramatiques, alternant tout au long du film entre lyrisme et intimisme – une spécialité du compositeur! Si vous vous attendiez à ce qu’Horner surprenne sur ce film, vous risquez d’être fort déçu car toutes les recettes et tics habituels du compositeur sont systématiquement passés en revue – utilisation des arpèges de piano dans le grave, crescendo de percussions dans les transitions, thème lyrique aux cordes, etc. Après le très quelconque ‘The New World’, Horner revient à un genre dramatique plus sombre mais toujours aussi lyrique, un lyrisme empreint ici de mélancolie voire de tragédie. Comme d’habitude, James Horner reste fidèle à sa tradition des grands thèmes mélodiques aisément mémorisables, et nous livre un thème principal mélancolique et poignant aux cordes, qui évoque parfaitement le drame de la corruption et de la chute d’un homme politique et de son entourage. A ce thème dramatique ample s’ajoute quelques crescendos de percussions absolument typiques du compositeur comme nous le prouve un ‘Main Titles’ solide mais sans surprise, exposant les percussions avec cuivres sombres, puis le thème au piano repris ensuite aux cordes. ‘Give Me The Hammer And I’ll Nail Em Up’ évoque l’ascension fulgurante de Willie Stark au cours de ses discours enflammés qui passionnent les foules de la Louisiane et déchaînent les passions. Horner illustre parfaitement ici cette idée d’ascension de la côté de popularité du personnage principal, avec une ambiance quasi solennelle et triomphante qui n’est pas sans rappeler par moment certains passages de ‘Apollo13’ ou de ‘Deep Impact’, en particulier lorsque Horner développe un thème solennel et vibrant comme il sait si bien les écrire, dans la seconde partie du morceau (dommage cependant que l’on ait l’impression d’entendre ici toutes les recettes habituelles du compositeur recyclées à la va vite, allant même jusqu’à reprendre un thème de ‘Braveheart’/’Glory’ à la fin du morceau!). ‘Give Me The Hammer And I’ll Nail Em Up’ reste en tout cas l’un des morceaux-clé du score de ‘All The King’s Men’ où l’on retrouve toute la passion habituelle du compositeur dans une envolée lyrique/majestueuse contrastée parfaitement en adéquation avec la scène de l’ascension politique de Stark.

‘Bring Down The Lion & The Reste of the Jungle Will Quake In Fear’ renforce le côté plus sombre et dramatique de la partition avec des ambiances contrastées, tour à tour sombre, brièvement brutales (on retrouve ces habituelles crescendos de percussion typiques d’Horner), apaisées (passage avec un très beau trio de piano/clarinette/violoncelle) et toujours mélancolique, comme ce passage vers 2.31 où le compositeur utilise une très belle partie de cordes suivi d’un thème de piano mélancolique associé au personnage de Jack (Jude Law) et à son pacte passé avec le diable. A noter un morceau bien plus sombre et percussif, ‘Conjuring The Hick Vote’, évoquant la corruption de Stark et de ses acolytes. A noter ici l’utilisation de cuivres graves, des enclumes (percussion qu’Horner utilise très souvent dans ses scores) et des pizzicati de cordes graves, avec une pulsation de synthétiseur renforçant la tension du morceau, qui devient alors très palpable à l’écran (la musique évoque le côté inexorable du drame à venir pour Stark et ses amis – un compte à rebours avant l’inévitable chute du politicien véreux. Le thème de Jack revient dans le très beau ‘Anne’s Memories’ alors que Jack se souvient des jours passés auprès d’Anne Stanton (Kate Winslet), qu’il aimait mais avec laquelle il n’avait jamais osé franchir le premier pas de peur de perdre à jamais tous les précieux moments qu’il conserve d’elle. Horner nous propose ainsi une nouvelle variante de ce très beau thème mélancolique, joué tour à tour par le piano, les cordes et la clarinette. ‘Adam’s World’ se propose quand à lui de reprendre le thème principal dans une variante plus sombre avec comme toujours ces très brefs crescendos de percussions qui renforcent la tension dramatique de la musique tout au long du film (et qui servent aussi de transitions musicales entre deux scènes).

Continuant dans sa lancée, Horner nous propose dans ‘Jack’s Childhood’ une magnifique reprise du thème de Jack joué ici par un piano solo tandis que ‘The Rise To Power’ reprend le thème principal dans une magnifique version pour alto soliste avant une reprise de ‘Conjuring The Hick Vote’ pour une énième scène évoquant l’ascension de Stark au pouvoir (à noter une fin particulièrement sombre et torturée, avec une reprise extrêmement tourmentée et agressive du thème principal, toute à l’image du personnage de Sean Penn, mélangeant ambition, espoir, manipulation et corruption). Avec ‘Love’s Betrayal’, le compte à rebours vers une fin inévitablement tragique a déjà commencé. Le thème de Jack revient ici dans une forme amère évoquant la trahison d’un ancien amour (Anne), avec une reprise quasi funèbre du thème principal et une autre particulièrement poignante de la mélodie mélancolique de Jack. Idem dans le dramatique ‘Only Faded Pictures’ (scène du suicide du juge Irwin – Anthony Hopkins) qui évoque les dégâts humains des méfaits de Stark pour l’un des plus beaux passages dramatiques du score, dans la lignée de scores comme ‘Braveheart’ ou ‘Legends of the Fall’. ‘Verdict and Punishment’ accompagne la tragédie finale du film pour un nouveau passage dramatique solide de la partition de ‘All The King’s Men’ dominé par une reprise tragique du thème principal aux cordes, débouchant sur ‘Our Lives Collide’ qui conclut le film sur une dernière touche de mélancolie et d’amertume avant une reprise du thème à l’alto et au piano dans la coda de la partition d’Horner, ‘Time Brings All Things To Light…I Trust It So’, coda poignante et magistrale reprenant les principales idées de la partition de ‘All The King’s Men’ (le morceau accompagne le générique de fin du film).

Se pourrait-il que le talent de James Horner n’ait pas encore complètement disparu ? ‘All The King’s Men’ semble répondre à cette question par l’affirmative. Si le score déçoit à la première écoute par son manque cruel de surprise et d’originalité de la part d’un compositeur qui semble avoir depuis longtemps laissé son envie d’expérimenter au vestiaire (préférant opter pour le recyclage fainéant de ses traditionnelles formules musicales), on se laisse néanmoins agréablement emporter par la beauté d’une musique poignante et finalement très honnête de la part d’un Horner que l’on avait pas connu si inspiré depuis très longtemps. Visiblement, le compositeur a su tirer le meilleur de lui-même pour illustrer musicalement le film de Steve Zaillian, pour lequel il avait déjà écrit un score remarquable pour ‘Searching for Bobby Fischer’ en 1993. On y retrouve une certaine passion pour le lyrisme et les envolées dramatiques que l’on n’avait pas réentendu chez Horner depuis des partitions telles que ‘Braveheart’, ‘Legends of the Fall’ ou bien encore ‘Titanic’. Si le score use à répétition des formules habituelles du compositeur, ‘All The King’s Men’ délaisse pour une fois les emprunts et citations habituelles d’Horner même si l’on retrouve un thème à la fin de ‘Give Me The Hammer And I’ll Nail Em Up’ repris de ‘Braveheart’ et ‘Glory’. Entre lyrisme dramatique et douces touches de mélancolie intime, la musique de ‘All The King’s Men’ permet à James Horner de revenir enfin sur le devant de la scène avec une partition symphonique de qualité brillante et émouvante servi par deux thèmes mémorables, inspirée par un film d’une qualité similaire déjà considéré comme un solide prétendant à la course aux Oscars 2006. Incontestablement l’une des surprises de ce mois de novembre 2006, signée de la main d’un compositeur que l’on n’attendait plus, comme quoi, rien n’est jamais perdu!


---Quentin Billard