1-The Murder 0.57*
2-Main Title 1.37
3-Don't Take Me 4.48
4-Mother's Room 4.01
5-It's Not Your Mother 5.11
6-New Furniture 2.04
7-The Cellar 4.02
8-Blood Bath 3.37
9-End Title 4.13

*Ecrit par Bernard Herrmann

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5252

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Préparé à l'édition
pour Varèse Sarabande par:
Robert Townson, Tom Null
Edité avec l'aimable accord
de MCA Records, Inc.

Artwork and pictures (c) 1983 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ****
PSYCHO II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
« Psycho II » est la première et plus réussie des suites du grand chef-d’œuvre indétrônable d’Alfred Hitchcock « Psycho ». Le réalisateur australien Richard Franklin, encore peu connu à l’époque, fut révélé à Avoriaz en 1979 pour le long-métrage « Patrick ». Très vite, Franklin a vu sa renommée s’accroître fortement. Le réalisateur accéda ainsi plus facilement à de grands projets hollywoodiens et envisagea dès cette époque de tourner un vibrant hommage au grand Alfred Hitchcock, qui demeurait pour lui le maître incontesté du film à suspense. « Psycho II » est donc la suite proposée par Richard Franklin, une histoire angoissante avec des rebondissements, des coups de théâtre accentués par une mise en scène intelligente et soignée. L'interprétation est tendue, sobre et raffinée. Anthony Perkins est fidèle à lui-même, traduisant impeccablement le mystère du malade psychopathe en convalescence aidé par la ravissante Meg Tilly interprétant le rôle de Mary Lomis.

Pour cette séquelle, Richard Franklin a repris tous les ingrédients du premier film dont le décor grandiose de la maison Bates créé par Hitchcock lui-même ainsi que le Motel isolé. Les images de la maison Bates sont majestueuses, les couleurs chaleureuses, les clairs-obscurs surprenants et les cadrages très précis. Quoi qu’il en soit et au delà des analyses de puristes en proie, « Psycho II » demeure une suite de grande valeur dotée d’une superbe plastique visuelle. A la fois critiquée injustement et admirée par d’autres, cette singulière suite permis également au réalisateur australien de travailler dans un autre registre avec un autre grand maître qu’il appréciait tout particulièrement : Jerry Goldsmith.

Le maestro Goldsmith, qui avait déjà atteint les sommets de son art au début des années 80, fut donc pour Richard Franklin un choix logique, justifié par la passion du cinéaste pour l’œuvre du musicien. Le film offrit aussi au compositeur l’opportunité de pouvoir enfin marcher sur les traces d’un musicien qu’il admirait profondément mais qui n’était pas aimé de lui : Bernard Herrmann. Cependant, le véritable défi du maestro Goldsmith était ailleurs, habitué à ne pas décevoir son public, cultivant continuellement son goût pour l’excellence, le compositeur devait créer une œuvre musicale originale et surtout nouvelle ! 1983 fut ainsi une année assez exceptionnelle pour Jerry Goldsmith. Effectivement, le maestro fut contacté par les studios d’Universal et le cinéaste australien Richard Franklin pour composer la musique de « Psycho II ». Pour commencer, la firme, qui possédait certains droits musicaux concernant les œuvres de Bernard Herrmann, proposa à Franklin de reprendre des segments de « Psycho », « Marnie » ou bien encore « Torn Curtains » (partition rejetée). C’est au cours des premières projections tests du film que les producteurs et le réalisateur se mirent d’accord sur le fait que « Psycho II » avait réellement besoin d’une nouvelle bande son musicale, tant le film paraissait plus moderne et actuel. Richard Franklin (qui avait déjà une petite idée derrière la tête), proposa spontanément aux producteurs le nom de Jerry Goldsmith, affirmant que ce dernier était le seul compositeur talentueux de l’époque capable de succéder à Bernard Herrmann.

Universal accepta le choix de Franklin sans porter de réserves particulières, et lui demanda de contacter rapidement Jerry Goldsmith. Le metteur en scène proposa au maestro californien de lui montrer les premiers essais de tournage en lui présentant les grandes lignes du script, sachant que le musicien ne lisait que très rarement les scénarios - voire jamais. Pour Jerry Goldsmith, il s’agissait avant tout d’une histoire de feeling avec les metteurs en scène. Goldsmith apprécia particulièrement l’histoire et accepta d’écrire la musique du film. Il fut d’ailleurs le premier à vouloir reprendre des passages de la musique d’Herrmann pour le film d’origine, sachant que le musicien ne portait pas vraiment le « Grand Benny » dans son coeur. Lorsque Richard Franklin émis l’idée de reprendre la pièce musicale de la fameuse scène de la douche, Goldsmith lui rétorqua qu’il avait déjà composé ce genre de musique stridente pour un autre film et qu’il pourrait assurément proposer quelque chose de nouveau voire de meilleur. Quelques jours plus tard, lors d’une première session d’enregistrement, Jerry Goldsmith décida finalement de réutiliser le fameux segment d’Herrmann en début de film afin d’assurer la jonction avec l’oeuvre précédente et d’enchaîner directement sur un nouveau thème plus lyrique qui ferait référence aux relations difficiles entre Norman Bates, sa mère et les souvenirs d’une enfance très perturbée. Ce sera le thème principal de Norman que l’on retrouvera tout au long du film.

Richard Franklin, qui était passionné de musique de film et désirait travailler depuis bien longtemps avec le maestro, ne s’opposa jamais aux choix musicaux du compositeur, sachant que Jerry Goldsmith était un grand professionnel et qu’il allait pertinemment trouver le ton juste pour l’ambiance musicale du film. Le réalisateur laissa ainsi carte blanche au musicien aux cheveux d’argent, et ce à quelques détails près. Lorsque Goldsmith entama son travail sur la musique du film, il dut très vite se confronter à une bande son temporaire que le monteur Steve Levingston avait préparé avec des extraits de « Alien », « Outland » et « Coma ». Cette initiative perturba quelque peu le maestro qui, comme à son habitude, n’aimait pas réentendre ses travaux antérieurs sur ses nouveaux films. Jerry Goldsmith travailla très vite en 4 à 5 semaines durant lesquelles il composa l’intégralité de la partition de « Psycho II ». C’est au cours d’une session particulière où le maestro enregistrait la musique d’une séquence à suspense que Jerry Goldsmith proposa au metteur en scène d’utiliser des instruments peu courants comme les cowbells et les gongs. Très inquiet et plutôt réservé, Franklin demanda au compositeur si ces instruments seraient bien en adéquation avec la scène…rapidement, le maestro joua la section en question et le réalisateur fut épaté par le résultat final et l’impact de ces instruments sur la musique de cette scène : ainsi, Franklin adhéra totalement à ce concept en affirmant que cette façon de faire était tout simplement « un effet musical 100% Jerry Goldsmith » ! Ajoutons que c’est au cours d’une autre séance d’enregistrement de la musique de « Psycho II » que Jerry Goldsmith confia au réalisateur qu’à l’époque où il travaillait à la télévision et plus particulièrement à la CBS, ses relation avec Bernard Herrmann étaient plus que tendues. Herrmann l’accusait continuellement de lui voler ses idées et son style, allant même jusqu’à affirmer que le jeune Goldsmith n’irait pas bien loin dans sa carrière. Heureusement, le « grand Benny » se trompa sur toute la ligne : malgré toute l’admiration que Jerry Goldsmith avait pour le travail du compositeur attitré d’Alfred Hitchcock, « Psycho II » fut quelque part sa plus belle revanche !

Jerry Goldsmith a composé pour « Psycho II » une musique orchestrale impressionnante, dotée d’un thème principal particulièrement mélancolique, entendu dès le « Main Title » du film. Confié au piano avec une mélodie jouée au synthétiseur et repris ensuite par les cordes et le piano, ce thème décrit l'amertume et la souffrance morale de Norman Bates, hanté par un cauchemar et une psychose qui remontent déjà à une vingtaine d'années et qui a complètement anéanti sa vie. Ce thème permet d’amorcer la partie émotionnelle de la bande originale du film de Richard Franklin, permettant à Jerry Goldsmith de nous offrir une fois de plus une de ses plus belles mélodies dont lui seul a le secret. L’ensemble de la partition de « Psycho II » est constitué d'une série d'ambiances musicales sombres et oppressantes, oscillant entre terreur et suspense avec quelques touches synthétiques aux sonorités macabres qui viennent agrémenter la partie orchestrale du score de Goldsmith, apportant une certaine intensité aux images du film. « Mother's Room » est sans aucun doute l’un des morceaux les plus représentatifs de l’atmosphère glaciale et noire du score de « Psycho II », suggérant une sorte de menace omniprésente, l’ombre dévorante de la mère de Norman Bates. La musique de Jerry Goldsmith demeure imperturbablement sombre, latente et menaçante, lui permettant ainsi d'être redoutablement efficace à l'écran. « The Cellar » est un autre magnifique exemple de musique à suspense ténébreuse et dissonante dans laquelle Jerry Goldsmith excelle, grâce à une écriture musicale très riche, une atonalité complexe et révélatrice d’un grand savoir-faire.

Tantôt menaçante - effets titubants et sursauts musicaux - tantôt chaleureuse et légère - parsemée d’effets synthétiques volatiles - la partition du maestro s’avère riche et particulièrement belle. Le thème principal apporte une émotion sincère et véritable qui permet à la bande son du film de respirer, chose qui faisait d’ailleurs plutôt défaut dans la partition de Bernard Hermann pour le premier épisode. « Psycho II » demeure donc une partition suspense riche et solide d’une noirceur incroyable, mais qui dissimule en réalité une certaine sensibilité à fleur de peau, le tout apportant un plus indéniable au film.


---Quentin Billard