1-Ju-On 2 2.53
2-Hitan 2.33
3-Gishiki 5.19
4-Higeki 3.25
5-Seme 2.44
6-Hitoribocchi 3.05
7-Bourei 3.36
8-Koukai 3.35
9-Ritsuzen 3.44
10-Shikyo 5.59
11-Akuma 3.50
12-Inochi 5.03

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6771

Produit par:
David Russell, Christopher Young
Co-produit par:
Adam Barber, Scott Burns
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Coordinateur du score:
Remi Dapere
Monteur musique:
Thomas Milano
Assistant monteur:
Cory Milano
Assistant de Christopher Young:
Samantha Barker

Artwork and pictures (c) 2006 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE GRUDGE 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
La malédiction de ‘The Grudge’ débarque à nouveau sur nos écrans pour la seconde fois après un premier volet hollywoodien réalisé par Takashi Shimizu, déjà inspiré de son propre film original tourné au Japon en 2003. Tout commence lorsqu’Aubrey (Amber Tamblyn) apprend que sa soeur Karen (Sarah Michelle Gellar) est hospitalisée à Tokyo au Japon, après avoir incendié la maison dans laquelle elle travaillait, provoquant la mort de son fiancé Doug. Terrorisée et en état de choc, Karen tente d’avertir sa sœur d’une terrible menace mais en vain. Peu de temps après, la jeune femme est attaquée par une chose invisible et terrifiante et tombe du haut du toit de l’hôpital après avoir tentée de s’échapper. Profondément bouleversée par la mort atroce de sa soeur, Aubrey décide de mener sa propre enquête pour savoir ce qui a poussé sa soeur à brûler l’énigmatique maison, lieu de plusieurs meurtres inexpliqués et de mystérieuses disparitions. Elle se fait aider pour cela d’un jeune journaliste japonais qui suit l’affaire depuis près de trois ans déjà. Au même moment, aux Etats-Unis, Jake, un petit garçon introverti, vit avec son père veuf et sa nouvelle femme Trish (Jennifer Beals). La vie du petit Jake s’assombrit le jour où il comprend que son entourage est en train de basculer mystérieusement dans la folie et que ses voisins ont un comportement particulièrement bizarre et inquiétant. Pendant ce temps, à Tokyo au Japon, trois jeunes lycéennes décident de s’aventurer dans la mystérieuse maison incendiée pour se faire quelques frayeurs. Mais au cours d’une mauvaise blague, l’une des trois lycéennes, Allison (Arielle Kebbel), est attaquée par une créature invisible et mystérieuse. Ces trois personnes ont en commun un même élément : une terrifiante malédiction qui les suit à la trace, partout où ils vont, décimant tout ceux qui croisent son chemin. La malédiction de ‘The Grudge’ est toujours là, plus vivante et terrifiante que jamais!

Takashi Shimizu renoue avec les recettes du premier opus pour un second volet bien plus intense et terrifiant mais sans grand génie. Là où le scénario devient plus dense et complexe, la mise en scène continue de s’appauvrir, le réalisateur accumulant les scènes clichées à outrance avec son lot habituel de sursauts faciles et de séquences prévisibles au maximum. Curieusement, certaines critiques se sont accordées à dire que le premier ‘The Grudge’ était l’un des films d’épouvante les plus terrifiants du début du 21ème siècle. Il faut croire que le public de maintenant a le frisson facile, car ‘The Grudge’ est tellement bourré de stéréotypes et autres effets poussifs et artificiels qu’il paraît peu concevable de considérer ce film comme réellement terrifiant (on atteint même pas le niveau d’un ‘Ring’ ou d’un ‘Dark Water’). Shimizu s’inspire sévèrement de tous les clichés du genre en recyclant bon nombre d’idées empruntées à ‘Ring’ (l’histoire de la malédiction qui poursuit les victimes, le lieu hanté, l’esprit démoniaque d’une jeune fille assassinée, etc.). Hélas, ce constat sévère mais ô combien réaliste se confirme à nouveau sur ‘The Grudge 2’, preuve que la franchise n’a de toute évidence rien de bien passionnant à nous offrir et n’apporte réellement rien de neuf au genre, et ce à l’inverse de ‘Ring’ qui avait su renouveler intelligemment le cinéma d’épouvante asiatique en son temps. La seule véritable bonne idée de ‘The Grudge 2’ provient du scénario qui tourne ici autour de trois intrigues parallèles qui finissent par se rejoindre à la fin, évoquant les multiples méfaits de l’épouvantable malédiction qui traque ses victimes partout où elles vont. Cette fois-ci, l’action ne se situe plus seulement dans une maison maudite mais dans la rue, dans un appartement, dans un bureau, dans une pièce isolée, dans un hôpital, etc. Shimizu multiplie les lieux, de la Californie jusqu’au Japon pour évoquer le pouvoir incommensurable de la malédiction qui s’étend comme un virus. Hélas, la mise en scène accumule les longueurs et on finit par décrocher rapidement, les nombreuses scènes de sursaut n’apportant rien de bien passionnant à une intrigue dense mais bancale. Dommage aussi que le film n’apporte pas grand chose de plus à l’histoire qui, finalement, finit par tourner un peu en rond par rapport au premier opus. Restent quelques scènes choc assez intenses mais un film d’épouvante pas vraiment passionnant et qui finit par provoquer l’ennui plus que le frisson.

Christopher Young signe à nouveau la musique de ce second opus plein de rage et de terreur. La partition de Young pour ‘The Grudge 2’ ne s’éloigne guère du premier volet et prolonge le style horrifique/atonal cher au compositeur, qui ajoute ici quelques instruments aux sonorités japonaises pour évoquer l’univers nippon du film. Comme d’habitude, le score surprend par son intensité, son côté envoûtant et ses nombreux morceaux de terreur pure absolument inspirés et digne du grand maître des musiques de film d’horreur. A l’orchestre symphonique habituel s’ajoute un piano avec quelques synthétiseurs atmosphériques, une voix féminine, un choeur et les sonorités japonaises mystérieuses associées à la malédiction. Le thème principal est toujours présent, entendu dans une nouvelle variante aux cordes pour le générique de début (‘Ju-On 2’) renforcé ici par un choeur sombre et inquiétant qui nous fait clairement comprendre que la malédiction a pris une plus grande ampleur. ‘Hitan’ nous rappelle que le drame humain derrière la malédiction avec un morceau pour cordes et piano lent, sombre et mélancolique, auquel s’ajoute quelques sonorités électroniques et la voix soliste, un morceau calme et envoûtant typique du compositeur. Le score s’élève enfin avec ‘Gishiki’, premier morceau de terreur pure de l’album (dommage qu’entre temps, les premiers morceaux de terreur du score n’aient pas été retenus pour l’album) dans lequel Young expérimente quelques mélanges de sonorités particulièrement intéressants, en particulier dans l’alternance entre cordes dissonantes, voix féminine fantomatique, sonorités électroniques héritées de ‘The Exorcism of Emily Rose’ et sonorités asiatiques expérimentales. Le morceau maintient une tension permanente durant une scène où l’esprit de Kayako harcèle une nouvelle victime. L’utilisation de sonorités japonaises nous rappelle parfois ce que Chris Young avait déjà fait sur ‘Rapid Fire’ en 1993 ou dans sa pièce expérimentale ‘Koku-Ryû (Black Dragon)’ que l’on pouvait entendre sur l’album de ‘Max and Helen’, et dans lequel Chris Young expérimentait déjà un habile mélange de sonorités asiatiques déjantées. Idem pour ‘Seme’ qui accompagne avec une intensité rare la séquence où Vanessa (Teresa Palmer) est harcelée par l’esprit démoniaque dans le bureau de la directrice du lycée. Sursauts de percussions, clusters stridents de cordes, sonorités japonaises déjantées, effets de cordes en tout genre, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ‘Seme’ un pur morceau de terreur dans la lignée des précédentes partitions horrifiques de Christopher Young, toujours très à l’aise dans ce registre. Les élans de percussions métalliques vers la fin du morceau, lorsque Vanessa s’élance au dehors pour échapper au fantôme, sont absolument typiques eux aussi du compositeur, qui fait clairement référence ici aussi au style atonal/chaotique de ‘The Grudge’ et ‘The Exorcism of Emily Rose’ (à noter les effets de chuchotements terrifiants eux aussi typiques du compositeur).

La partition se développe avec une intensité sans cesse renouvelée tout au long du film. Le mixage généreux de la musique dans le film et son abondance tout au long de l’histoire permet au spectateur de s’immerger de façon plus fébrile dans le récit du film. Le retour du thème dans une excellente variante aux cordes dans ‘Hitoribocchi’ nous rappelle l’univers si mystérieux et envoûtant de la malédiction, toujours agrémenté ici de sonorités asiatiques, tandis qu’un morceau plus atmosphérique comme ‘Bourei’ est plus typique de la représentation musicale de la tension qui est omniprésente tout au long du film. On retrouve dans ‘Koukai’ l’entêtant motif de 5 notes qui introduisait déjà la musique du premier opus, et qui reste toujours associé ici aux sinistres secrets entourant la malédiction. ‘Ritsuzen’ nous replonge à nouveau dans le cauchemar pour la scène de la mauvaise blague faite à Allison au début du film, et qui tourne à la catastrophe. A noter ici d’impressionnants glissandi descendants de cordes et des effets stridents qui soulignent admirablement à l’écran la terreur inspirée par le fantôme de Kayako. Le cauchemar s’amplifie avec ‘Shikyo’, qui alterne suspense et terreur avec une efficacité redoutable jusqu’à un final chaotique aboutissant au nom moins terrifiant ‘Akuma’ où Young expérimente une dernière fois tous ces mélanges pour un ultime morceau de terreur pure, assez fascinant à l’écran, passant en revue toutes les recettes principales du score: effets divers de cordes dissonantes/stridentes incluant jeux divers avec le bois de l’archet, glissandi, tremolos, harmoniques, clusters, effets percussifs, etc. C’est dans ce genre de passage que Christopher Young se révèle être un compositeur de génie, maniant les sonorités instrumentales comme pas un, proposant des sonorités parfois inédites et souvent hors des normes hollywoodiennes. On appréciera finalement une nouvelle reprise inédite du thème principal dans ‘Inochi’ qui conclut le score sur une touche sombre et mystérieuse, typique de l’ambiance générale de la musique de ‘The Grudge 2’.

Aucune grande surprise à l’horizon si ce n’est un plaisir d’écoute sans cesse renouvelée grâce à l’alternance entre morceaux mystérieux à suspense et passages de terreur pure d’une intensité et d’une violence typique du compositeur. La musique apporte un punch ahurissant aux images du film de Takashi Shimizu, nous prouvant d’ailleurs à quel point le réalisateur compte énormément sur sa musique pour accroître la puissance évocatrice des images de son film (n’en déplaise aux détracteurs du genre, le film d’horreur reste avec le thriller et le polar le genre cinématographique dans lequel la musique occupe bien souvent une place généreuse). Seule ombre au tableau, le film contient beaucoup de musique et le CD de Varèse Sarabande n’en contient que très peu, à peine 46 minutes sur les quelques 90 minutes écrites par Chris Young pour ‘The Grudge 2’, soit seulement la moitié de ce que l’on entend dans le film. C’est peu, d’autant que certains passages majeurs du score ne sont pas présents sur l’album (on aurait par exemple aimé réentendre les passages que Young a repris de son premier score à certains passages du film). Mais en définitive, même si ‘The Grudge 2’ n’apporte rien de neuf malgré la présence de sonorités japonaises et d’un choeur, la nouvelle partition horrifique du grand Christopher Young nous prouve une fois encore à quel point le compositeur est plus que jamais l’un des chefs de l’avant-garde hollywoodienne d’aujourd’hui, un grand maître qui mène sa carrière avec talent et intelligence, plus particulièrement dans le cinéma d’horreur et de suspense. Fans de Chris Young, procurez-vous rapidement ‘The Grudge 2’: adhésion immédiate et frissons garantis!


---Quentin Billard