Musique  composée par:

Trevor Rabin

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 516 2

Réalisé par:
Phil Joanou
Genre:
Drame/Sport
Avec:
The Rock, Xzibit, Leon Rippy

Artwork and pictures (c) 2006 Columbia Pictures Industries Inc. All rights reserved.

Note: ***
GRIDIRON GANG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Rabin
Les américains ont une longue tradition du film de sport, que ce soit le baseball (‘For Love of the Game’, ‘A League of Their Own’, ‘The Rookie’, ‘The Natural’, etc.), la boxe (‘Rocky’, ‘Raging Bull’, ‘Million Dollar Baby’, ‘Cinderella Man’, etc.) ou le football américain (‘Remember the Titans’, ‘Any Given Sunday’, ‘We Are Marshall’, etc.). Que pourra donc apporter de neuf ‘Gridiron Gang’ (‘Rédemption’ en V.F.), nouveau film sur le football américain réalisé par Phil Joanou ? Pas grand chose de neuf. Déjà, il s’agit en réalité du remake d’un téléfilm homonyme datant de 1993, déjà lui même adapté d’un documentaire sur la vraie histoire du tandem Sean Porter/Malcolm Moore, deux entraîneurs de football américain qui prirent sous leur aile des jeunes détenus dangereux en leur enseignant le respect du sport et d’eux-mêmes. A noter que le terme ‘Gridiron’ sert à désigner le terrain de football américain. On a donc pris l’habitude d’appeler ‘Gridiron Football’ le football américain, pour pouvoir le différencier de toutes les autres variantes européennes/extra européennes. C’est cette fois-ci l’acteur The Rock qui se colle au rôle principal, enseignant l’art du football américain à une bande de détenus réputés pour leur comportement dangereux et difficile. Malgré l’hostilité grandissante de ses supérieurs et des autres coaches, Sean Porter va se battre pour mener à bien son projet et faire admettre aux gens que même les criminels les plus endurcis peuvent mener à bien un projet aussi noble qu’une partie de football américain jouée dans le respect mutuel. Pour tous ces jeunes détenus, ce match de football sera aussi pour eux l’occasion d’obtenir la rédemption. La date de sortie du film en France est encore inconnue mais vu le succès rencontré par le film de Phil Joanou au box-office U.S. (il aurait même devancé le ‘Black Dahlia’ de De Palma dès sa sortie en salle), il y a fort à parier que ‘Gridiron Gang’ ne devrait plus tarder à sortir chez nous dans les prochains mois à venir. Espérons simplement que ‘Gridiron Gang’ ne sera pas un énième film de sport plein de clichés hollywoodiens et de bons sentiments sur des jeunes difficiles qui se dépassent grâce au sport, et qu’il saura se hisser au dessus du lot!

Trevor Rabin est un spécialiste des musiques de film de sport, puisqu’il a déjà mis en musique quelques productions typiques telles que ‘Remember The Titans’, ‘Coach Carter’ ou ‘Glory Road’. Avec ‘Gridiron Gang’, Rabin nous livre sans surprise une partition orchestrale à la fois majestueuse, intime et optimiste. Comme d’habitude, Rabin nous livre un thème principal fort bien que finalement très peu inspiré et assez passe-partout, que l’on entend dès le début du film (‘Camp Kilpatrick’), et qui sera associé tout au long du film à Sean Porter et son équipe de football. A noter que dès le début, la musique s’impose par son ton résolument intime et retenu, Rabin n’utilisant qu’un piano avec quelques nappes de synthé, quelques cordes et quelques vents. On pense clairement ici aux passages intimes de ‘Remember the Titans’, score vers lequel ‘Gridiron Gang’ se rapproche à plusieurs reprises. La seconde partie de ‘Camp Kilpatrick’ introduit une rythmique de batterie plus entraînante et majestueuse typique de Trevor Rabin comme pour évoquer au premier degré cet univers de football américain. A noter un excellent contrepoint de cordes vers la fin de ‘Camp Kilpatrick’ qui rappelle à quel point le compositeur ne cesse de progresser dans son approche de l’écriture musicale – il reste un autodidacte de formation – même s’il a encore beaucoup à faire pour pouvoir prétendre rivaliser avec les plus grands. On retrouve l’esprit plus rythmé et entraînant du début dans ‘We’re Better Than This’ avec ses percussions et son orchestre essentiellement dominé par les cordes et les cuivres qui prennent ici un ton quasi solennels. ‘A Baddington Game’ introduit même des percussions électroniques plus typiques du compositeur, et qui rappelle bon nombre de ses anciens scores d’action sous la houlette de Media-Ventures. La partie plus intime est dominée quand à elle par un piano, des cordes et quelques synthés comme le rappelle ‘A Training Day’ qui semble malgré tout porter une lueur d’espoir avec le rappel du thème principal associé à l’équipe de Sean Porter, une ambiance que l’on retrouve dans les très jolis ‘Rap Up’ et ‘Flowers’ (et qui semblent déjà confirmer le côté ‘bons sentiments à la pelle’ du film de Phil Joanou).

C’est donc sans surprise que l’écoute se prolonge en oscillant entre morceaux intimes plein d’optimismes et passages d’action entraînants et majestueux dans l’esprit des musiques de films de sport hollywoodiens. Après quelques morceaux courts plus mineurs, ‘Celebration Epilogue’ annonce le début d’un grand match avec une superbe reprise du thème principal exposé dans toute sa puissance pour ce qui reste incontestablement l’un des meilleurs morceaux du score de ‘Gridiron Gang’. L’orchestre impose ici un ton ample et majestueux typique du Trevor Rabin des musiques de film de sport (on pense une fois de plus à ‘Remember the Titans’), avec un sentiment de solennité que l’on associe volontiers sans grande difficulté à ce type d’événement sportif, surtout lorsqu’il s’agit d’un défi humain fort (associer des détenus dangereux à un match de football exécuté dans les règles de l’art). Ce ton entraînant et ample se prolonge avec ‘We’re Better Than This’ Part 2 et 3 qui développent le thème principal autour de deux morceaux d’action aux envolées héroïques elles aussi héritées de ‘Remember the Titans’ et qui illustrent l’idée du dépassement de soi à travers le sport. On y retrouve par moment les rythmes issus d’anciens scores action du compositeur, tels que ‘Enemy of the State’ ou ‘Bad Company’. Idem pour l’héroïque et déterminé ‘Calvin Gets Shot’ et ‘We’re Better Than This Part 3’ qui se conclut sur un final héroïque illustrant parfaitement là aussi l’idée du dépassement de soi. ‘Forgiveness’ évoque l’idée du pardon et du rachat des fautes avec un ton toujours très tendre et intime, mettant en avant le piano, les cordes, les vents et quelques synthés paisibles.

Au final, du bon travail de la part de Trevor Rabin même s’il n’y a pas franchement de quoi sauter au plafond. Le compositeur exécute une partition de bonne facture mais laisse son imagination au placard (pour peu qu’il en ait déjà eu une seule fois dans sa carrière de compositeur hollywoodien). Sa musique évoque parfaitement l’idée de la rédemption à travers le sport mais feint à marquer les esprits en particulier à cause de son thème principal très peu mémorable et d’une écriture orchestrale banale et héritée de certains précédents scores du compositeur. Dans un genre similaire, ‘Remember the Titans’ paraissait bien plus inspiré et mémorable, sans être pour autant un chef-d’oeuvre du genre. Bref, si vous vous lassez des scores d’action made in M-V du compositeur avec des synthés et des rythmes rock à tous les étages, ‘Gridiron Gang’ devrait quand même vous réconcilier pendant un temps avec Trevor Rabin, au moins le temps de prendre votre respiration avant de pouvoir passer à autre chose, car aussi sympathique qu’il soit, le score de ‘Gridiron Gang’ ne marquera certainement pas les esprits. On espère simplement que le travail de Trevor Rabin sera bien plus efficace dans le film de Phil Joanou!


---Quentin Billard