The Star Chamber (1983)

1-Main Title 2.26
2-Andujar Trial 0.56
3-Monk and Coombs 0.53
4-Star Chamber 0.51
5-Judged 1.22
6-Another Little Boy 1.11
7-Hardin 3.09
8-Dawson Tried 1.58
9-The Chamber 1.09
10-Flowers 0.58
11-Lowes and Hardin 1.44
12-What Happened? 1.40
13-Shafts of Light 0.41
14-Hardin Kicks Coombs 0.24
15-Warehouse Run 3.36
16-Rescue 1.48
17-Revision 0.39
18-End Credits 2.26

The Driver (1978)

19-No Names 5.37
20-The Man 2.29
21-The Woman 1.35
22-The Detective 3.36
23-Mercedes Prelude 1.01
24-The Challenge 3.17
25-The Driver 2.55
26-Sucker's Game 5.51
27-Cat and Mouse 2.06
28-Finish 3.37

Musique  composée par:

Michael Small

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.33


Artwork (c) 1983/2006 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
THE STAR CHAMBER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Small
Dans ‘The Star Chamber’ (La nuit des juges), Peter Hyams s’intéresse de plus près aux dérives de la justice américaine et aux limites du système légal. Le juge Hardin (Michael Douglas) est jeune et idéaliste. Mais il se retrouve face à une affaire difficile de meurtres en série dans laquelle il est contraint de libérer un criminel pour vice de forme. Peu de temps après, il se retrouve à juger une autre affaire encore plus difficile: le meurtre d’un jeune garçon d’une dizaine d’années. La police a appréhendé deux suspects, Monk (Don Calfa) et Cooms (Joe Regalbuto), qui roulaient à l’intérieur d’une camionnette contenant une chaussure ensanglantée ayant appartenue au jeune enfant assassiné. Hélas, les deux suspects n’ont pas été appréhendés dans le respect strict du protocole d’arrestation et le juge Hardin se voit à nouveau dans l’obligation de libérer les deux accusés pour vice de forme. Dégoûté par ce système judiciaire qui libère les coupables et détruit les vies des innocents, Hardin décide d’en référer à son mentor le juge Caulfield (Hal Holbrook), qui nourri exactement les mêmes sentiments à ce sujet. Caulfield a crée avec huit autres confrères une sorte de tribunal clandestin qui rejuge les affaires classées et dispense sa propre justice, et il invite son jeune confrère à le rejoindre. Hardin finit par accepter jusqu’au jour où retombe sur la table de ce tribunal clandestin le dossier Monl/Cooms. Alors que la police a arrêté les vrais meurtriers du petit garçon assassiné, Hardin comprend que les deux hommes sont en réalité innocents et qu’il ne peut se résoudre à laisser ce tribunal les exécuter pour un crime qu’ils n’ont en réalité pas commis. Hardin se retrouve alors face à un terrible cas de conscience dans lequel il va tout faire pour tenter de sauver son âme.

Le film de Peter Hyams est un réquisitoire particulièrement provocant (et un brin extrémiste) sur les dérives de la justice américaine. Impossible de rester insensible à ce débat toujours autant d’actualité dans un pays particulièrement concerné par les limites du système judiciaire. Michael Douglas est très convaincant dans la peau de ce jeune juge idéaliste qui voit ses croyances bousculées par la réalité d’un système embourbé dans les failles. La mise en scène de Peter Hyams est quand à elle archi conventionnelle, bien que le réalisateur joue ici assez efficacement avec les éclairages pour renforcer le ton obscur et pessimiste du film. Il est cependant regrettable qu’Hyams se soit senti obligé de glisser une scène de poursuite en voiture – très inspirée de Bullitt – en plein du film alors que la scène en question n’apporte rien à l’histoire et demeure purement et simplement gratuite (les producteurs ont du penser que le rythme du film était lent et qu’il manquait un peu d’action). En tout cas, quelque soit ses défauts, ‘The Star Chamber’ n’en demeure pas moins un thriller provocant et remuant qui incite à la réflexion.

La musique a été confiée non pas à Jerry Goldsmith qui venait de signer la musique du précédent film de Peter Hyams ‘Outland’ (1981) mais à Michael Small, compositeur américain qui fut particulièrement actif dans les années 70/80. Sa partition orchestrale pour ‘The Star Chamber’ renforce la noirceur et le pessimisme ambiant du film avec un certain doigté, sans jamais en faire de trop. Le compositeur utilise sa musique avec parcimonie tout au long de l’histoire, intervenant par petite touche pour faire monter la tension jusqu’à l’explosion finale pour la poursuite dans l’entrepôt. Le thème central de la partition est exposé dès le générique de début du film (‘Main Title’), un thème qui se caractérise par son ambiguïté sous-jacente, sa tension palpable, sa basse quasi obstinée martelée par un mélange piano/timbale pesant sur fond de cordes sombres et de quelques vents. L’utilisation des cuivres pourrait presque symboliser ici le pouvoir de la justice, mais une justice tourmentée, limitée, à bout de souffle, d’où ce sentiment de tension sous-jacente. Small reprend ce motif dans ‘Adujar Trial’ pour souligner l’échec de la justice. Le suspense devient quand à lui carrément palpable dans ‘Monk and Coombs’ qui se distingue par ses sursauts de cordes/piano particulièrement inquiétants, associés aux deux crapules du film. ‘Star Chamber’ illustre de son côté la création du tribunal clandestin, à l’aide d’une trompette plus solennelle et de quelques cordes comme pour évoquer une sorte de nouvel ordre de la justice, un mince espoir que le bien triomphe à nouveau. Mais ‘Judged’ vient immédiatement contrarier ce portrait faussement idyllique en installent une certaine tension à l’aide des cordes, des bois et des cuivres. On notera ici l’utilisation de dissonances qui permettent au compositeur de maintenir le suspense jusqu’à un final atonal et explosif (absent du film). A noter qu’une partie de la musique composée par Michael Small n’a malheureusement pas été retenue dans le film, une constante chez Peter Hyams puisqu’il arrivera par la suite la même chose à Bruce Broughton sur ‘Narrow Margin’ (1990).

La tension semble monter inexorablement dans ‘Another Little Boy’ qui évoque le nouvel assassinat d’un jeune enfant, suivi du tourmenté ‘Hardin’ qui évoque les doutes et les craintes du jeune juge campé par Michael Douglas. Les cordes deviennent ici plus tourmentées, plus sombres et dissonantes, avec comme toujours la présence de vents graves (clarinette basse, basson, etc.) et de timbales. ‘Dawson Tried’ évoque le jugement de l’un des criminels par le tribunal clandestin. On retrouve une atmosphère de tension forte à travers l’utilisation de cordes dissonantes, d’un motif obsédant de trois notes et de vents graves. Les orchestrations, comme toujours très soignées chez Michael Small, retranscrivent parfaitement l’atmosphère sombre du film de Peter Hyams, ce qui nous amène d’ailleurs à nous interroger sur le choix plus que douteux du réalisateur d’avoir écarté une bonne partie de la musique de Michael Small dans le film. On retrouve le thème principal dans ‘Star Chamber’ toujours associé au tribunal secret tandis que ‘Flowers’ crée un sentiment d’inquiétude à l’aide de cordes/vents sombres et pesants, tout comme ‘Lowes and Hardin’ et ‘What Happened’. L’ombre de Bernard Herrmann semble planer sur ces passages de suspense, Herrmann restant une fois encore une influence majeure pour tous les compositeurs lorsqu’il s’agit de créer une partition thriller typiquement hollywoodienne. On entre finalement dans la dernière partie du film avec ‘Shaft of Light’ lorsque Hardin se rend à l’entrepôt pour y avertir Monk et Coombs du sort qui leur est réservé. Le suspense est ici à son paroxysme, débouchant sur la poursuite finale en deux temps, l’agressif et terrifiant ‘Hardin Kicks Coombs’ (le jeune juge réussit à semer les deux criminels) avec ses clusters de cordes et ‘Warehouse Run’ pour la poursuite dans les couloirs de l’entrepôt, à grand renfort de cuivres massifs et de cordes dissonantes pour ce qui demeure le morceau d’action incontournable du score de ‘The Star Chamber’ (lui aussi partiellement présent dans la scène). L’écriture très contrapuntique de Michael Small permet de mettre en valeur les différents pupitres de l’orchestre, que ce soit le piano, les cordes, les bois ou les cuivres. Finalement, le thème principal revient dans ‘Rescue’ tandis que ‘Revision’ ramène la trompette solennelle de la justice déjà entendue dans ‘Star Chamber’, avant une conclusion en bonne et due forme sur un ultime rappel du sombre thème principal pour le générique de fin (‘End Credits’).

Pas de grande originalité en vue pour ce score thriller/suspense typique de Michael Small (on pense dans le genre à ‘Consenting Adults’, ‘Black Widow’ ou ‘The Driver’), avec un soupçon de Bernard Herrmann pour l’écriture très froide des cordes ou même Jerry Goldsmith pour l’utilisation caractéristique du piano ‘thriller’. Small nous prouve une fois encore avec ‘The Star Chamber’ qu’il sait écrire des partitions thriller à l’efficacité redoutable, soignant plus particulièrement ses orchestrations à la manière des grandes partitions thriller d’antan. C’est d’ailleurs pour cette raison que le score n’apporte aucune surprise particulière, il demeure imperturbablement ancré dans les conventions hollywoodiennes du genre avec un respect immuable pour les règles de la musique à suspense instaurés par les grands musiciens du Golden Age. Le score de Michael Small pour ‘The Star Chamber’ apporte donc son lot de suspense et de tension au film de Peter Hyams, même s’il est parfaitement regrettable que le réalisateur ait finalement décidé de n’utiliser qu’une mince partie du score dans le film, un choix sans aucun doute maladroit et finalement peu respectueux du travail effectué par le compositeur. Voilà en tout cas un score thriller conventionnel mais prenant à redécouvrir grâce à la récente édition chez Intrada, couplée avec un autre score thriller du compositeur pour le film ‘The Driver’ de Walter Hill datant de 1978.


---Quentin Billard