1-The Sharkboy 3.47*
2-The Lava Girl 1.28**
3-Max's Dream 1.37***
4-Sharkboy and
Lavagirl Return 1.44***
5-Planet Drool 2.12***
6-Mount Never Rest 2.35+
7-Passage of Time 1.30++
8-Mr. Electric 1.09+
9-Train of Thought 2.01+++
10-Dream Dream Dream Dream
(Dream Dream) 1.54#
11-Stream of Consciousness 1.33+++
12-Sea of Confusion 3.04+++
13-The Lala's 1.09##
14-The Ice Princess 2.51*
15-Sharkboy vs. Mr. Electric 0.56+
16-Lavagirl Sacrifice 2.11**
17-The Light 2.21**
18-Battle of Dreamers 1.21**
19-Mr. Electric on Earth 1.15+
20-Unplugged 1.12*
21-The Day Dreamer 1.29*
22-Sharkboy and Lavagirl 4.07###

*Ecrit par John Debney
et Robert Rodriguez
**Ecrit par Robert Rodriguez
***Ecrit par Robert Rodriguez
+Ecrit par Graeme Revell
++Ecrit par Carl Thiel
et Robert Rodriguez
+++Ecrit par John Debney
#Ecrit par Robert Rodriguez
Interprété par Taylor Lautner
##Ecrit par Aaron Weinstein
Interprété par Nicole Weinstein
###Ecrit par Robert Rodriguez
et Rebecca Rodriguez
Interprété par Ariel Abshire.

Musique  composée par:

Robert Rodriguez/Graeme Revell/
John Debney

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6658

Album produit par:
Robert Rodriguez, Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2005 Miramax Film Corp. All rights reserved.

Note: *
THE ADVENTURES OF
SHARKBOY & LAVAGIRL IN 3-D
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Robert Rodriguez/Graeme Revell/
John Debney
Certains réalisateurs prometteurs opèrent des changements tellement radicaux dans leur carrière qu’il paraît parfois difficile de comprendre leur réelle motivation. Dans le cas de Robert Rodriguez, difficile de voir une quelconque logique dans le passage d’un film d’action culte ultra stylé comme ‘Desperado’ à une production infantile et d’une laideur sans nom comme ‘The Adventures of Sharkboy and Lavagirl in 3-D’. Il faut dire que depuis le succès un brin causant de la trilogie ‘Spy Kids’, le réalisateur n’a eu de cesse de jouer avec sa nouvelle panoplie d’effets spéciaux 3-D et d’offrir à un public plus jeune une bonne dose d’aventures rocambolesques et de gadgets en tout genre. ‘The Adventures of Sharkboy and Lavagirl in 3-D’ ne change guère d’optique puisque Rodriguez renoue avec l’esprit enfantin de ‘Spy Kids’ en tombant dans la surenchère visuelle massive et la naïveté la plus absolue. Il faut néanmoins évoquer le fait qu’à l’origine de ce projet pour le moins curieux, il y a le jeune Racer Rodriguez, le fils du réalisateur tout juste âgé de sept ans, qui a écrit le scénario du film. Dès lors, on comprend mieux pourquoi le film semble constamment plombé par une puérilité triomphante, une niaiserie rare. Pourtant, le film ne manque pas de trouvailles : il raconte les aventures de Sharkboy, le garçon requin et Lavagirl, une jeune fille qui a le pouvoir de maîtriser la lave. Leur univers est né dans l’esprit d’un jeune garçon nommé Max, qui a imaginé ces différents personnages dans ses rêves qu’il note au fur et à mesure dans un livre. Un jour, Sharkboy et Lavagirl arrivent sur terre pour venir chercher Max et l’emmener d’urgence dans leur monde. Ils ont besoin que Max se souvienne de la suite de ses rêves afin de les aider à lutter contre le méchant Mr. Electric et sa horde de prises électriques sauvages. L’avenir de leur monde et de celui de la terre pourrait finalement dépendre des rêves de Max.

Evidemment, ‘The Adventures of Sharkboy and Lavagirl in 3-D’ est avant tout une métaphore du pouvoir des rêves destiné aux enfants. Ici, tout est fait pour échapper le plus possible à la réalité : quel écolier n’a par exemple jamais rêvé de voir un jour un cours ennuyeux brusquement interrompu par un événement incroyable ou l’arrivée de héros imaginaire venant l’emporter pour vivre ensemble de grandes aventures ? Avec son fils, Robert Rodriguez retrouve son âme d’enfant et laisse son imagination débridée faire le reste : on assiste par exemple à des scènes complètement délirantes comme la pluie de cerveaux ou les combats contre un méchant qui se réduit à un visage projeté sur un écran de télévision avec des arcs électriques en guise de membres, et épaulé par une armada de prises électriques guerrières. En bref, du n’importe quoi en barre qui devrait ravir plus particulièrement les enfants mais saouler massivement les adultes, qui auront bien du mal à suivre ce véritable foutoir mal réalisé, aux symboliques simplettes (le message se résume en gros à « rêver, c’est bien ! »), et visuellement extrêmement laid malgré l’utilisation de la 3-D comme dans ‘Spy Kids 3’ (on avait rarement vu des effets spéciaux aussi désagréables et de mauvais goût depuis pratiquement le début des années 90 !).

Fort du succès de son association avec John Debney et Graeme Revell sur ‘Sin City’, Robert Rodriguez reforme le trio gagnant sur ‘The Adventures of Sharkboy and Lavagirl in 3-D’. Mais si ‘Sin City’ se démarquait par une certaine inventivité sur le fond, cette nouvelle collaboration déçoit totalement par son manque d’ambition et sa pauvreté musicale étonnante. Pour commencer, il a été choisi – probablement pour des questions de budget – d’avoir recours exclusivement à des synthétiseurs et autres samples orchestraux, ce qui donne à la musique du film un ton très ‘score de série-B à petit budget’ assez déplaisant. Curieusement, le recours aux synthétiseurs ne semblent avoir aucune cohérence esthétique ou musicale sur ce film, et alors que l’on se serait attendu à une partition inventive, onirique et déjantée à la Danny Elfman, le trio nous offre un score fonctionnel d’une banalité insupportable, et qui plus est affreusement kitsch. Le score s’articule autour d’une série de thèmes, un thème plus fort et musclé pour Sharkboy et un thème plus mélancolique pour Lavagirl qui se distingue par son utilisation d’une voix féminine (interprétée par Christina Rodriguez - on reste en famille!) associée à l’énigmatique héroïne, illustrant sa quête d’identité. Enfin, le troisième thème est associé aux rêves de Max et se distingue par son côté plus tendre, mystérieux et rêveur, entendu dans ‘Max’s Dream’, caractérisé par son utilisation d’un son de boîte à musique relié au monde des rêves du jeune héros. Les compositeurs évoquent l’univers de Sharkboy et Lavagirl de façon plus sombre et mystérieuse dans ‘Planet Drool’ comme ‘Mount Never Rest’ où les musiciens utilisent des samples de cordes/cuivres/percussions samplés de façon assez kitsch une fois encore (on a clairement l’impression d’entendre ici une démo écrite en post-production du film, et destiné aux orchestrateurs, comme si le travail n’avait pas été achevé !). Des chœurs samplés font même leur apparition dans le morceau d’action ‘Train of Thought’ pour la scène délirante du train de la pensée. ‘Mr. Electric’ – écrit par Graeme Revell - évoque alors le grand méchant du film avec des cuivres sombres et un motif plus sombre et menaçant pour le personnage.

Impossible de passer à côté de la chanson-clé du film, ‘Dream Dream Dream Dream’ interprété dans le film par Sharkboy et écrit par Robert Rodriguez, incitant Max à rêver pour sauver la planète Drool. La chanson se distingue par son rythme plutôt rock un peu sombre et extravagant, écrite sans grand talent (et aussi interprétée de façon assez atroce par le jeune acteur qui campe Sharkboy dans le film, et qui aurait mieux fait d’être doublé par un vrai enfant chanteur !), sans oublier la deuxième chanson du score, ‘Sharkboy and Lavagirl’, chanson pop/rock de Robert Rodriguez clairement destinée aux ados et particulièrement irritante elle aussi. A noter qu’un morceau comme ‘Stream of Consciousness’ se distingue par son côté mystérieux et planant traversé par moment de quelques légères touches de mickey-mousing ultra prévisible, tout comme ‘Sea of Confusion’ qui illustre avec des chœurs samplés l’univers grandiose de la mer de la confusion sur la planète Drool, où Max, Sharkboy et Lavagirl vont vivre leur grande aventure. Rien de bien surprenant dans l’ensemble, et surtout rien de bien croustillant à se mettre sous la dent. Pire encore, on tombe dans du puéril de mauvais goût avec ‘The LaLa’s’ pour la scène des petits visages en forme de bulle qui fredonnent des ‘la la la’ lorsque les héros se retrouvent en prison, accompagnés par une clarinette synthétique atrocement kitsch. Si ‘The Ice Princess’ paraît plus majestueux et élégant avec son orchestre samplé illustrant la beauté de la princesse de glace, ‘Sharkboy Vs. Mr. Electric’ nous ramène à de l’action pure et dure lors d’un premier affrontement entre Mr. Electric et Sharkboy, suivi de l’agité ‘The Light’ lorsque Lavagirl laisse exploser ses pouvoirs, ou ‘Battle of the Dreamers’ (morceau signé ici aussi Graeme Revell) pour l’une des premières confrontations finales contre le méchant jeune garçon, à grand renfort de percussions et d’envolées mickey-mousing grotesques (scène où Max fait gonfler la tête du méchant, séquence visuellement laide et de très mauvais goût), sans oublier le frénétique ‘Mr. Electric on Earth’ pour l’affrontement final contre Mr. Electric sur la terre, alors que ‘Unplugged’ et ‘The Day Dreamer’ ramènent la paix dans la musique et le film.

Difficile de conclure d’une façon positive sur un score aussi peu enthousiasmant, prévisible et à la limite du mauvais goût. Le principal problème de la musique de ‘The Adventures of Sharkboy and Lavagirl in 3-D’ provient de son manque d’ambition flagrant : utiliser du synthétiseur et des samples orchestraux pour un film hollywoodien aussi délirant, c’est une idée bien curieuse qui n’apporte pas grand chose au film, bien au contraire. La musique ne semble pas toujours coller au mieux aux images et pire encore, elle semble desservir un univers visuellement très riche mais déjà suffisamment laid comme cela (dommage que la musique en rajoute finalement une couche !). En bref, si le trio Graeme Revell/John Debney/Robert Rodriguez avait fonctionné sur ‘Sin City’ (sans pour autant faire des étincelles), c’est l’échec musical le plus total sur ‘The Adventures of Sharkboy and Lavagirl in 3-D’ tant l’ensemble demeure constamment plombé par un manque d’idée et d’ambition et une pauvreté musicale/sonore assez désarmante. Dommage, car certaines idées thématiques paraissaient intéressantes et auraient mérités d’être développées par un vrai orchestre et de vrais instrumentistes. En bref, une déception solide pour un projet qui, de toute façon, n’était franchement pas très attendu !


---Quentin Billard