1-Ghostbusters Theme 3.00
2-Library and Title 3.02
3-Venkman 0.31
4-Walk 0.30
5-Hello 1.36
6-Get Her! 2.01
7-Plan 1.25
8-Taken 1.08
9-Fridge 1.01
10-Sign 0.54
11-Client 0.35
12-The Apartment 2.45
13-Dana's Theme 3.31
14-We Got One! 2.02
15-Halls 2.01
16-Trap 1.56
17-Meeting 0.38
18-I Respect You 0.54
19-Cross Rip 1.07
20-Attack 1.30
21-Dogs 0.57
22-Date 0.45
23-Zool 4.12
24-Dana's Room 1.40
25-Judgment Day 1.19
26-The Protection Grid 0.42
27-Ghosts! 2.15
28-The Gatekeeper 1.12
29-Earthquake 0.33
30-Ghostbusters! 1.13
31-Stairwell 1.14
32-Gozer 2.48
33-Marshmallow Terror 1.25
34-Final Battle 1.30
35-Finish 2.13
36-End Credits 5.04

Bonus Tracks:

37-Magic 1.37
38-Zool 3.12
39-We Got One! (Alternate) 2.04

Musique  composée par:

Elmer Bernstein

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 0306-1046

Produit par:
Elmer Bernstein
Album produit par:
Robert Townson
Superviseur montage musique:
Kathy Darning

Artwork and pictures (c) 1984 Columbia Pictures Industries Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
GHOSTBUSTERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elmer Bernstein
Grand classique du divertissement hollywoodien des années 80, ‘Ghostbusters’ (S.O.S. Fantômes) reste à ce jour l’une des plus belles réussites en la matière, alliant fantastique, science-fiction et comédie avec un humour et une efficacité décapante. A l’origine de ce projet, deux acteurs principaux, Dan Aykroyd et Harold Ramis (aujourd’hui plus connu en tant que scénariste et réalisateur de comédie), qui ont écrit le scénario du film et l’ont ensuite proposés aux producteurs de la Columbia Pictures et au réalisateur Ivan Reitman. Le résultat fut incontestablement une réussite sur tous les plans : en plus d’être drôle, spectaculaire et étonnant pour l’époque, ‘Ghostbusters’ remporta un succès phénoménal dès sa sortie en salle aux Etats-Unis, si bien que le budget initial estimé à 30 millions de dollars fut largement remboursé dix fois rien qu’aux USA. Le succès du film d’Ivan Reitman amenèrent les producteurs à créer un cartoon inspiré du film et toute une gamme de jouets dérivés de ‘Ghostbusters’ – une stratégie commerciale typique des années 80. ‘Ghostbusters’ nous compte l’histoire de trois chercheurs en parapsychologie qui, après avoir été virés par le Doyen de la faculté dans laquelle ils opèrent, décident de monter eux-mêmes leur propre société destinée à chasser les fantômes. Peter Venkman (Bill Murray), Ray Stantz (Dan Aykroyd) et Egon Spengler (Harold Ramis) fondent ainsi ‘S.O.S. Fantômes’ et commencent à recevoir petit à petit du travail, alors que la ville semble de plus en plus mystérieusement envahie par des revenants, si bien que le succès est très vite au rendez-vous. Winston Zeddmore (Ernie Hudson) viendra les rejoindre par la suite pour former un quatuor de choc. De son côté, Peter fait la connaissance d’une charmante musicienne nommée Dana Barrett (Sigourney Weaver). Cette dernière est tourmentée depuis quelques temps par d’étranges apparitions spectrales dans le 22ème étage de son appartement luxueux en plein coeur de Central Park West, à New York. Son voisin agaçant et maladroit, Louis Tully (Rick Moranis), est aussi témoin de manifestations étranges. Les Ghostbusters vont ainsi avoir à faire à la plus difficile de leur mission: empêcher le retour sur terre du maléfique Gozer, un ancien démon qui a choisi l’appartement de Dana comme porte d’entrée sur notre univers. Avec ses effets spéciaux impressionnants pour l’époque, ses fantômes animés comme dans un cartoon (le spectre verdâtre et glouton deviendra plus tard la mascotte des ghostbusters dans le cartoon et sera même rebaptisé ‘Bouffe tout’), son célèbre Marshmallow Man (grand final anthologique du film !) et ses quelques gags (Bill Murray semble s’amuser comme un petit fou tout au long du film, multipliant les répliques cocasses à un rythme effréné), ‘Ghostbusters’ avait tout pour être un succès dès le départ, d’autant que l’on avait encore jamais vu auparavant pareille histoire de chasseurs de fantôme dans le cinéma U.S. !

La musique signée Elmer Bernstein apporte à son tour une énergie considérable au film d’Ivan Reitman, même si une partie de son score n’a pas été utilisée et remplacée dans le film par des chansons pop, et que la célébrissime chanson titre ‘Ghostbusters’ signée Ray Parker Jr. a très largement cartonné dans les charts pendant de nombreuses années, éclipsant de ce fait le score de Bernstein tombé par la suite dans l’oubli (pour la petite info, on raconte que la chanson de Ray Parker Jr. fut écrite en seulement quelques heures après que le chanteur ait vu dans le film les spots publicitaires tournés pour les S.O.S. Fantômes et qu’il ait décidé de reprendre le slogan « Who gonna call ? Ghostbusters ! »). Mais cela fait pourtant des années que le public béophile réclamait enfin une édition discographique de cette bande originale signée Elmer Bernstein, et il faudra finalement attendre 2006 pour que Varèse Sarabande décide de s’y intéresser d’un peu plus près en éditant le score original du film sous la forme d’un CD Club en édition limité, présentant l’ensemble de la partition de ‘Ghostbusters’ dans son intégralité, incluant les morceaux alternés ou rejetés. Le score utilise l’orchestre symphonique habituel agrémenté de quelques touches de théremin rétro pour le côté ‘film de fantôme’ à l’ancienne (une touche kitsch totalement assumée ici !) et de quelques synthétiseurs associés eux aussi aux revenants du film. Le thème principal, exposé dès le début du score (‘The Ghosbusters Theme’) possède un côté léger et insouciant renforçant la facette ‘comédie’ du film. Avec son tuba martelant les temps forts comme dans une petite fanfare grotesque, son piano style ragtime et sa mélodie sautillante, le thème principal illustre clairement toute la fantaisie de l’équipe de choc formé par les Ghostbusters’. Avec la scène de la bibliothèque au début du film (‘Library and Title’), Bernstein illustre clairement la présence des revenants à l’aide du théremin et des synthétiseurs, avec au passage une première apparition du motif menaçant de cuivres associé aux revenants en introduction du morceau (qui n’est pas sans rappeler certains passages du ‘Poltergeist’ de Jerry Goldsmith, en plus léger cependant). A noter pour finir que Bernstein utilise son instrument fétiche, les Ondes Martenot, autre célèbre instrument électronique/acoustique du 20ème siècle que le compositeur utilisera massivement par la suite dans des films comme ‘The Black Cauldron’ (1986). Signalons pour finir un intéressant travail de sonorités synthétiques un bien kitsch pour la scène de l’apparition du spectre dans la bibliothèque au début du film, sonorités qui ressemblent ici à des parasites radio. Bref, dès les premières minutes de la musique, Elmer Bernstein témoigne d’une certaine inventivité et semble s’amuser comme un fou en caricaturant au passage les musiques de film de fantôme/maison hantée à l’ancienne.

Les orchestrations sont ici particulièrement soignées comme toujours chez le compositeur, que ce soit dans l’utilisation des solistes, du théremin, des Ondes Martenot ou des synthétiseurs. Les Ghostbusters se rendent dans la bibliothèque pour tenter d’observer le fantôme dans ‘Hello’ et ’Get Her’, permettant à Bernstein de nous offrir un premier morceau de mickey-mousing sautillant et amusant où les instruments se répondent dans un jeu de dialogue un brin humoristique, ce qui n’empêche pas non plus le compositeur de nous glisser quelques dissonances d’usage pour évoquer la terreur associée au spectre maléfique et ses sonorités électroniques étranges. A noter que le final de ‘Get Her’ se conclut sur une reprise du thème principal avec une batterie pop typiquement ‘eighties’ qui a été supprimée dans le film et remplacée par une chanson pop. Le thème des fantômes est repris dans ‘Taken’ suivi d’une très belle mélodie de violoncelle soliste romantique et élégante associée à Dana pour sa première apparition dans le film (à noter que le personnage interprété par Sigourney Weaver est violoncelliste et joue justement dans un orchestre - CQFD). De Dana, il est justement encore question avec le retour des sonorités électroniques étranges et du motif menaçant des spectres dans ‘Fridge’ lorsque la jeune femme découvre que son frigidaire abrite des créatures épouvantables et surnaturelles. C’est Peter Venkman qui est chargé de rendre visite à Dana dans son appartement (‘The Apartment’), scène où Bill Murray s’en donne une fois de plus à coeur joie en jouant le gentil dragueur cynique et un brin fêlé, Bernstein accompagnant cette scène avec de nouvelles touches de mickey-mousing amusantes mais banales. C’est alors que l’on retrouve le très beau et magnifique ‘Dana’s Theme’, qui se compose en réalité de deux phrases : une première jouée par les Ondes Martenot et le violoncelle, et une seconde plus romantique et lyrique d’esprit, joué par les vents, les cordes et les Ondes Martenot, nostalgique et très rêveuse d’esprit. Avec le ‘Dana’s Theme’, Elmer Bernstein apporte une émotion et une poésie inattendue à cette histoire de chasseur de fantôme. Dommage cependant que le thème soit finalement assez mal représenté tout au long du film. A noter pour finir que la mélodie romantique associée à Dana ressemble par moment à certaines mélodies lyriques de John Scott ou de John Barry dans un esprit romantique typiquement rétro et hollywoodien. Signalons que l’on retrouvera une reprise amusante de ce thème sous la forme d’une valse légère dans ‘I Respect You’.

Si les parties plus cool comme celle des rythmes pop de ‘We Got One!’ pour la première victoire des Ghostbusters paraît aujourd’hui affreusement kitsch et démodé (le morceau n’est pas utilisé dans le film lui aussi !), ‘Halls’ conserve son charme grâce à une utilisation plus inventive et recherchée des instruments pour la scène de la confrontation contre le spectre verdâtre dans l’hôtel. Bernstein joue ici sur une atmosphère mystérieuse et surnaturelle à l’aide du théremin, des Ondes Martenot, des synthétiseurs et des instruments de l’orchestre pour une partie tour à tour sombre et atonale et par moment plus légère et sautillante comme pour rappeler que tout ceci n’est pas à prendre au sérieux et qu’il s’agit avant tout d’une joyeuse comédie décapante. La dernière partie du film se veut plus sombre, tout comme le score d’Elmer Bernstein, qui illustre la progression des spectres dans l’appartement de Dana, préparant le retour du terrifiant Gozer le destructeur. C’est ainsi que l’on retrouve le motif des fantômes dans ‘Cross Rip’ et qu’Attack et ‘Dogs’ se veulent plus agressifs et tonitruants pour la scène où Louis est poursuivi par le chien démon, mettant en avant ici les cuivres, les vents et les cordes. Dommage cependant que le score soit constamment entrecoupé sur l’album de morceaux kitsch comme ‘Zoul’ qui reprend (dans une version absente du film) le thème de Dana joué par une flûte sur fond de synthé démodé durant la scène où Dana envoûté par Zoul invite Peter à le rejoindre. Heureusement, la seconde partie du morceau est bien plus intéressante avec un nouveau travail de sonorités instrumentales inventif avec les synthétiseurs et les Ondes Martenot soliste (idem pour ‘Dana’s Room’). ‘Ghosts !’ quand à lui se distingue par un côté très ‘musique de film d’épouvante de film hollywoodien des années 50’, un côté rétro ici aussi pleinement assumé pour la scène où les fantômes sont libérés du réservoir des Ghostbusters et envahissent toute la ville. Le thème des fantômes revient dans le puissant ‘Gozer’ pour la confrontation finale contre le démon suivi de l’inévitable séquence anthologique du bibendum géant dans ‘Marshmallow Terror’, accompagné ici aussi sur un ton symphonique très rétro aboutissant au sombre ‘Final Battle’ et à l’inévitable happy-end qui reprend le magnifique thème de Dana dans toute sa splendeur aux cordes (‘Finish’) suivi du retour du thème principal. A noter que le ‘End Credits’, qui réutilise des éléments ‘eighties’ kitsch, a été remplacée dans le film par la chanson de Ray Parker Jr. Heureusement, on constate à la longue que ce sont finalement tous les morceaux les plus connotés ‘années 80’ qui ont été virés dans le film et remplacés par des chansons, étant donné que ces passages du score sont loin d’être les plus brillants de la part d’Elmer Bernstein.

Voilà au final une partition fraîche et inventive pour l’un des grands succès cinématographique U.S. de l’année 1984, que l’on pourra enfin apprécier dans son intégralité grâce à la récente édition en CD Club chez Varèse Sarabande. Elmer Bernstein s’amuse tout au long du film à caricaturer la musique des films d’épouvante/film de fantôme à l’ancienne, assumant complètement son côté résolument rétro et ironique tout en illustrant le mélange entre fantastique et comédie. Certes, comparé à quelques anciens chef-d’oeuvres du compositeur, ‘Ghostbusters’ fait bien pâle figure tant la partition demeure résolument mineure dans l’immense carrière de ce grand vétéran de la musique hollywoodienne. Mais il serait néanmoins dommage de passer à côté de cette joyeuse partition rafraîchissante et mystérieuse, qui colle parfaitement à l’univers du film d’Ivan Reitman et accompagne les plus célèbres chasseurs de fantôme jusqu’au bout de leurs aventures.


---Quentin Billard