Act 1 - Spain

1-The Great Sea 1.35
2-Come O Come Emanuel 2.23
3-The Broken Cloud 3.39
4-Never Forget 2.00
5-Spain Defeats The Moors 3.09
6-Houses of Gold

Act 2 - The Sea

7-The Voyage 1.29
8-Mutiny On the Bounty 3.17
9-Remembering Home 1.31
10-Saint Elmo's Fire 4.07
11-The Discovery (Gloria) 3.03

Act 3 - The West Indies

12-The New World 3.22
13-Alvarao's Fatal Act 2.17

Act 4 - The Sea

14-Storm 1.02

Act 4 Part II - Spain

15-The Return 0.41
16-A Hero's Welcome (Epilogue) 7.27

Musique  composée par:

Cliff Eidelman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5389

Produit par:
Cliff Eidelman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur musique:
Robin Eidelman
CD Production Assistance:
Tom Null

Artwork (c) 1992 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
CHRISTOPHER COLUMBUS:
THE DISCOVERY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Cliff Eidelman
En 1992, Hollywood décida de fêter le 500ème anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492. Chose étonnante, deux films concurrents furent mis en chantier sur le même sujet exactement au même moment : il y eut d’abord la version du réalisateur anglais John Glen (plus connu pour avoir réalisé plusieurs ‘James Bond’) avec le français Georges Corraface dans la peau du célèbre explorateur génois, puis la version plus connue de Ridley Scott avec un autre français dans le rôle clé, Gérard Depardieu. A l’origine de ce projet, il y a tout d’abord un célèbre duo de producteurs: Alexander et Ilya Salkind, plus connu pour avoir produit ‘Superman’ en 1978 et d’autres grosses productions à succès du même genre. Le film réunit alors un casting assez prestigieux incluant Georges Corraface, Marlon Brando, Tom Selleck, Rachel Ward, Robert Davi, Catherine Zeta-Jones, Benicio Del Toro, etc. Hélas, si l’ensemble paraissait prometteur sur le papier, il en fut tout autrement une fois transposé à l’écran. A aucun moment le film n’évoque le drame humain qui suivit la découverte du continent américain et le massacre des populations locales. Pire encore, Georges Corraface campe un Christophe Colomb faussement aventurier alors que le personnage réel fut un véritable explorateur (et non un aventurier à la Indiana Jones) qui connu son heure de gloire et finit dans la misère absolue – et ce même si l’Histoire a aujourd’hui retenu son nom à tout jamais. Pire encore, le film traîne en longueur et la découverte du continent américain et les enjeux de pouvoir qui s’installèrent dans la nouvelle colonie chrétienne espagnole furent complètement évincés du scénario, même si la fin du film y fait brièvement référence (d’ailleurs la fin finit de façon abrupte, annonçant une suite beaucoup plus tragique et qui reste injustement en suspend, comme si les producteurs du film n’avaient pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de l’histoire !). A ce sujet, le film de Ridley Scott allait bien plus loin et avait au moins l’audace de traiter son sujet en profondeur. Dans la version de John Glen, tout semble sonner faux, le récit étant constamment figé dans du conventionnalisme hollywoodien rétro à la limite du mauvais goût (le côté héroïque de Christophe Colomb à la fin du film, les bagarres à l’épée de style « swashbuckling » kitsch sur le bateau, le côté ‘film de pirate’ pour Colomb et ses hommes lors de la longue traversée de l’océan, etc.). Bref, pour un film prétendant rendre hommage à ce grand personnage historique, ‘Christopher Columbus : The Discovery’ est une déception insolente et irrespectueuse de son sujet. On préfèrera cent mille fois plus la version de Ridley Scott, filmée avec bien plus d’intelligence et de profondeur!

La musique symphonique de Cliff Eidelman pour ‘Christopher Columbus : The Discovery’ est à l’image du film de John Glen : conventionnelle et rétro au maximum! Eidelman nous prouve avec ce score qu’il maîtrise complètement l’écriture orchestrale dans un style fièrement estampillé ‘Golden Age hollywoodien’. Point question ici d’envolées hispanisantes, de choeurs et de synthé new age comme dans la (fabuleuse) partition de Vangelis pour le ‘1492’ de Ridley Scott : au contraire, la musique de ‘Christopher Colombus : The Discovery’ se veut à l’opposée exact de la voie suivi par Vangelis sur ‘1492’. Assumant complètement son symphonisme flamboyant et élégant, Cliff Eidelman illustre le grand explorateur Christophe Colomb à travers deux thèmes majeurs, un thème ample, héroïque et majestueux pour la traversée et la découverte du nouveau monde (‘The Great Sea’) et un autre tout aussi majestueux et héroïque pour Colomb lui même, entendu dès l’ouverture du film. Eidelman soigne plus particulièrement ici ses orchestrations, privilégiant tous les pupitres de l’orchestre avec une qualité d’écriture bien rare de nos jours. Cordes, bois, cuivres, percussions, tout y est, que ce soit la fanfare héroïque du thème de ‘The Great Sea’ évoquant l’immensité de l’océan et de l’héroïsme de Colomb et ses hommes, ou bien encore les chants liturgiques anglais du magnifique ‘Come o Come Emanuel’ qui reprend le thème de la découverte dans un véritable hymne religieux pour choeur et orchestre (n’oublions pas que l’histoire se déroule dans l’Espagne de la fin du 15ème siècle, alors très largement dominé par la chrétienté et l’inquisition). L’écriture très ‘Golden Age hollywoodien’ du compositeur n’est pas sans rappeler ici quelques grands modèles du genre, que ce soit Korngold (on pense inévitablement ici à ‘The Sea Hawk’) ou Rozsa. A noter que ‘Come o Come Emanuel’ est l’hymne religieux qu’entonnent les marins lorsqu’ils croient avoir découvert pour la première fois le nouveau monde, la musique illustrant ici toute la magie de la scène (filmée avec une platitude agaçante!). Un peu d’action avec le très mouvementé ‘The Broken Cloud’ pour une scène de bagarre avec le traître à bord du bateau.

Le score de Cliff Eidelman nous offre une variété d’émotion parfaitement agréable autant dans le film que sur l’album publié par Varèse Sarabande. Ainsi, ‘Never Forget’ nous offre quand à lui du romantisme typiquement hollywoodien avec violons sirupeux et lyrisme flamboyant, pour évoquer la romance entre Colomb et sa femme Beatriz (Catherine Zeta-Jones). ‘Houses of Gold’ nous offre un beau moment d’aventure et d’héroïsme. ‘The Voyage’ reprend le thème associé à Colomb pour la traversée de l’océan avec un héroïsme largement mis en valeur par le pupitre des trompettes et des percussions. Cliff Eidelman développe ensuite une atmosphère plus sombre et agitée dans ‘Mutiny on the Bounty’ qui évoque la mutinerie sur le navire de Colomb, tandis que ‘Remembering Home’ se veut plus réconfortant et chaleureux avec sa très jolie reprise du thème dominé par cordes/bois et cuivres avec un soupçon de nostalgie et d’émotion alors que le voyage se poursuit. A noter une phrase de trompette dans le très solennel ‘Saint Elmo’s Fire’ qui semble avoir été manifestement inspirée du thème de ‘JFK’ de John Williams (similitude inconsciente ou influence des temp-tracks du film ?). On retrouve des traces de musiques religieuses dans le magnifique ‘The Discovery (Gloria)’ qui accompagne la découverte du nouveau monde avec un Gloria triomphant interprété par un choeur avec orchestre.

La partie illustrant la découverte du nouveau monde se veut à la fois lyrique, émerveillée et sombre en même temps. Si les orchestrations de bois et de cordes foisonnent dans ‘The New World’ avec quelques tambours et flûtes évoquant le monde des indiens d’Amérique, ‘Alvaro’s Fatal Act’ bascule dans l’action et le tragique dans un style similaire à ‘The Broken Cloud’ pour évoquer la folie de Alvaro (Benicio Del Toro) qui déclenche l’hostilité et l’agressivité des indiens qui décident de se rebeller contre les occupants espagnols. Finalement, l’aventure touche à sa fin avec ‘The Return’ qui reprend le thème principal de façon toujours aussi majestueuse, puis la coda glorieuse, ‘A Hero’s Welcome (Epilogue)’, idéal pour conclure la partition en beauté. C’est au final une très belle partition symphonique de facture classique que nous offre Cliff Eidelman pour ‘Christopher Columbus : The Discovery’, une partition qui, à l’instar du film de John Glen, fait de Christophe Colomb un véritable héros de film d’aventure et nous rappelle le côté purement hollywoodien de toute cette entreprise finalement fort décevante. Reste de ce navet pathétique une musique solide dans la lignée du ‘Golden Age hollywoodien’, et qui permet à Cliff Eidelman de prouver toute l’étendue de son talent dans le registre de la musique symphonique flamboyante à l’ancienne!


---Quentin Billard