1-Blood Diamond Titles 1.32
2-Crossing The Bridge 1.41
3-Village Attack 1.52
4-RUF Kidnaps Dia 5.02
5-Archer & Solomon Hike 1.55
6-Maddy & Archer 1.56
7-Solomon Finds Family 2.09
8-Fall of Freetown 4.45
9-Did You Bury It? 1.36
10-Archer Sells Diamond 1.42
11-Goodbyes 2.40
12-Your Son Is Gone 1.21
13-Diamond Mine Bombed 4.31
14-Solomon's Helping Hand 1.11
15-G8 Conference 2.36
16-Solomon & Archer Escape 2.12
17-I Can Carry You 1.30
18-Your Mother Loves You 2.25
19-Thought I'd Never Call? 3.56
20-London 2.38
21-Solomon Vandy 2.11
22-Ankala 4.12*
23-Baai 4.37**
24-When Da Dawgs Come
Out to Play 3.19***

*Interprété par
Sierra Leone's Refugee All Stars
**Interprété par Emmanuel Jal
***Interprété par Bal Burea.

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6780

Produit par:
James Newton Howard, Jim Weidman
Supervision de la musique:
George Acogny
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteur exécutif de l'album:
Edward Zwick
Directeurs de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Doug Franck, Gary LeMel,
Darren Highman

Montage musique:
David Olson
Coordination du score:
Becky Bentham
Designer de l'ambiance sonore:
Mel Wesson
Sound Design:
Alex Kharlamov
Business Affairs pour
Warner Bros. Pictures:
Keith Zajic, Lisa Margolis
Administration musicale pour
Warner Bros. Pictures:
Debi Streeter, Michele Wilcox

Artwork and pictures (c) 2006 Warner Bros Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
BLOOD DIAMOND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Edward Zwick s’est spécialisé dans le drame historique depuis quasiment ses débuts. Dans ‘Glory’ (1989), il évoquait un épisode de la guerre de sécession méconnu avec l’engagement des noirs afro-américains parti défendre la cause de l’union. Dans ‘Legends of the Fall’ (1994), il évoque le destin tragique de trois frères sur fond de première guerre mondiale. Dans ‘Courage Under Fire’ (1996), Zwick évoque l’envers du décor de la Guerre du Golfe en 1991. Avec ‘The Siege’ (1998), Zwick s’essaie au thriller politique dans un véritable brûlot polémique qui reste un échec mais dont l’unique particularité est d’annoncer de façon extrêmement troublante ce qui surviendra quelques années plus tard à New York, un certain 11 septembre 2001. Dans ‘The Last Samurai’ (2002), le réalisateur évoque le destin d’un capitaine américain qui devient conseiller militaire pour le compte de l’empereur du Japon à la fin du 19ème siècle. Dans son dernier film, ‘Blood Diamond’, Ed Zwick revient enfin au genre qui semble dominer ainsi très largement l’ensemble de sa carrière : le drame historique. Cette fois-ci, le réalisateur nous entraîne dans le Sierra Leone de 1999, en Afrique du sud. Le pays est alors en pleine crise humanitaire alors que la guerre civile a éclatée dans la région pour le contrôle des mines de diamant. Les « diamants de la guerre » sont de véritables petits trésors exportés en secret dans d’autres pays. Le trafic des diamants sert ensuite à acheter des armes et à entretenir le conflit qui ravage le Sierra Leone. Danny Archer (Leonardo DiCaprio), un trafiquant de diamant, purge une peine en prison lorsqu’il rencontre par hasard Solomon Vandy (Djimon Hounsou), un modeste pêcheur d’origine Mende. Ce dernier a été arraché à sa famille et forcé à travailler dans les mines de diamants. C’est là où il a trouvé et enterré en secret un diamant rose extrêmement rare et précieux. A leur sortie de prison, Archer passe un pacte avec Solomon : il va l’aider à retrouver sa famille, et en échange, il le conduira là où il a caché le précieux diamant. Ils sont accompagnés dans leur périple par Maddy Bowen (Jennifer Connelly), une journaliste américaine idéaliste qui rêve d’écrire un article dénonçant le trafic de diamant et le drame humanitaire qui sévit au Sierra Leone.

‘Blood Diamond’ est dans la lignée de films comme ‘Glory’ ou ‘Courage Under Fire’. A travers un spectacle typiquement hollywoodien et divertissant, Edward Zwick en profite pour faire passer un message politique fort sur le drame de la guerre du Sierra Leone en 1999 pour le contrôle des mines de diamant. Le film va même plus loin et traite un second sujet lié au précédent : le drame de l’enrôlement forcé des jeunes enfants soldats à qui on apprend à haïr et à tuer dès l’aube de leur vie. Avec un sujet aussi fort, Edward Zwick ne pouvait qu’accoucher d’un film fort et difficile, qui, bien que typiquement hollywoodien dans sa forme (scènes d’action speedées et massives, personnages un brin caricaturaux par moment, etc.), adopte un discours provoquant sur un sujet particulièrement grave qui ne pourra laisser personne indifférent – en tout cas, après la vision du film, difficile de regarder les boutiques de diamantaires du même oeil ! Evidemment, l’ensemble est traité de façon un peu simpliste (les gentils contre les méchants, le propos gentiment humanitaire, etc.) mais malgré tout, Zwick évite de porter des jugements et adopte un point de vue journalistique assez saisissant, même si le fond du problème aurait certainement mérité d’être traité d’une façon différente, plus réaliste et moins hollywoodienne. A noter que le personnage principal campé par Leonardo DiCaprio reste ambigu d’un bout à l’autre du film, ce qui rend le personnage plus riche et profond dont les motivations paraissent confuses et contradictoires. Une fois encore, DiCaprio prouve qu’il a l’étoffe d’un grand acteur et nous livre une composition magistrale, aux côtés de Djimon Hounsou et de Jennifer Connelly. Sincère dans sa démarche, Zwick nous offre donc un spectacle mêlant scènes d’action extrêmes et violentes (le massacre du village au début du film, l’affrontement dans les quartiers de la ville vers le milieu du film, l’évasion de Solomon et Archer à la fin, etc.) et réflexion sur un drame humain largement occulté à l’époque par les médias. Emouvant, révoltant et divertissant : tels pourraient finalement être les trois adjectifs qui permettraient de résumer le très beau film de Edward Zwick, à ne surtout pas manquer!

On se serait attendu à ce que James Horner soit à nouveau de la partie sur ‘Blood Diamond’, étant donné qu’il avait déjà écrit la musique de trois films précédents du réalisateur : ‘Glory’, ‘Legends of the Fall’ et ‘Courage Under Fire’. Mais c’est finalement James Newton Howard qui a été choisi pour la musique du nouveau film de Zwick. Le score de JNH pour ‘Blood Diamond’ s’inscrit dans la tradition des musiques orchestrales/électroniques à grand renfort de sonorités africaines/orientales comme Hollywood nous en balance régulièrement à toutes les sauces de nos jours. Autant dire d’emblée que les allergiques aux fusions orchestral/world music devraient prendre soin d’éviter soigneusement la partition de ‘Blood Diamond’. Pour les autres, le score demeure efficace et très réussi d’un bout à l’autre du film sans pour autant révolutionner le genre. La musique, comme le film, se décompose en deux axes majeurs : d’une part, la partie de type plus rythmiques et sonorités africaines/world music avec quelques gros morceaux d’action entraînants, et d’autre part, une partie plus intime et mélancolique largement dominée par un magnifique thème principal poignant à souhait. ‘Blood Diamond Titles’ annonce d’emblée la couleur: une flûte, des nappes de synthé, une voix africaine lointaine, aucun doute possible, nous sommes bel et bien transporté ici dans l’Afrique du sud traditionnelle! ‘Crossing The Bridge’ confirme sans équivoque l’orientation africanisante de la partition de JNH avec instruments aux couleurs locales à l’appui (on pourrait aussi citer ‘Archer Sells Diamond’ avec ses chants africains traditionnels interprété par le chanteur sénégalais Youssou N’Dour). Le morceau dévoile aussi brièvement le thème principal aux cordes qui deviendra plus présent dans la seconde partie du film. L’action démarre enfin avec ‘Village Attack’ accompagné par des percussions tribales barbares et un orchestre dominé par cordes/cuivres/percus avec une guitare électrique et un motif d’action de 4 notes. Dommage ici que l’on ressente trop clairement l’influence de Hans Zimmer et plus particulièrement de sa BO pour ‘Black Hawk Down’ (autre film qui traitait d’un drame lié à l’Afrique). On sait que James Newton Howard et Hans Zimmer sont de grands amis et qu’il est arrivé au compositeur allemand de prêter du matériel à son collègue américain, mais jusqu’à présent, les styles de l’un comme de l’autre étaient toujours restés parfaitement distincts et personnels. Il est donc somme toute assez étonnant de constater que pour une fois, JNH s’est laissé inspirer par son collègue teuton dans certains morceaux du score de ‘Blood Diamond’. Idem pour un autre morceau d’action comme ‘Diamond Mine Bombed’ qui, malgré ses rythmes frénétiques, trahit l’influence trop flagrante de Hans Zimmer, surtout dans l’écriture des rythmiques de cuivres, des percussions et de la guitare électrique (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si une partie de la musique a été enregistrée au studio de Hans Zimmer en Californie!). Si le morceau apporte une certaine fureur aux images (scène du bombardement de la mine de diamant vers la fin du film), tout comme le très intense ‘Fall of Freetown’ pour la scène ahurissante de la fusillade dans le centre ville à grand renfort de percus tribales, il est regrettable d’en arriver à se demander si JNH est vraiment l’auteur de ces morceaux dans lesquels ne transparaissent quasiment pas son style habituel (influence des temp-tracks probablement ?).

Mais les morceaux d’action du score de ‘Blood Diamond’, aussi impersonnels soient-ils, apportent une intensité et un rythme saisissant à la partition de JNH, sans pour autant marquer particulièrement les esprits. En revanche, ce sont les moments d’émotion plus intimes qui attirent ici toute notre attention, comme le très beau ‘Maddy & Archer’ pour une scène où les deux personnages échangent quelques mots au sujet de leur passé douloureux. JNH utilise ici des cordes douces avec quelques synthétiseurs cristallins et un piano rêveur pour l’un des plus beaux morceaux du score, simple, subtil et vraiment poignant sur les images, un rare moment d’intimité et d’humanité entre les personnages de Leonardo DiCaprio et de Jennifer Connelly. On retrouve une variante poignante de ce thème mélancolique dans ‘Goodbyes’ lorsque Maddy quitte le pays pour revenir aux Etats-Unis et fait ses adieux à Solomon et Archer, ou dans ‘Thought I’d Never Call?’, qui reprend le thème principal dans une version déchirante d’une grande beauté. Le thème principal est enfin exposé dans son intégralité dans ‘Archer & Solomon Hike’ qui évoque le pacte entre Archer et Solomon. Le thème est ici soutenu par de très belles harmonies de cordes sur fond de synthé, guitare et sonorités africaines légères. On ne pourra évidemment pas passer ensuite à côté de deux reprises magistrales et grandioses du thème dans toute sa splendeur : ‘I Can Carry You’ pour commencer, lorsque Solomon décide d’aider Archer blessé à la fin du film, où le thème est très vite rejoint par un choeur africain majestueux (idem pour ‘London’), sans oublier le grand final, ‘Solomon Vandy’ où le choeur africain et le soliste principal s’unissent pour un véritable hymne à l’Afrique. Nous n’oublierons pas non plus de signaler un autre grand moment d’émotion avec le thème familial qui apparaît dans deux morceaux du score, joué par un violoncelle soliste dans ‘Solomon Finds Family’ puis aux cordes dans ‘Your Mother Loves You’. Ce dernier accompagne la scène où Solomon essaie de raisonner son fils vers la fin du film et de le ramener dans sa famille. JNH utilise ici des cordes chaleureuses et les voix africaines qui illustrent la détermination de Solomon à ramener son fils dans la vraie vie – un formidable moment d’émotion absolument typique du compositeur, simple, subtil et efficace!

‘Blood Diamond’ demeure au final un très bon cocktail entre action et émotion comme James Newton Howard les affectionne tout particulièrement. Seule ombre au tableau : un côté résolument impersonnel dans les morceaux d’action et une facette ‘world music’ particulièrement banale et usée jusqu’à la moelle. Mais le résultat demeure parfaitement convaincant dans le film et JNH remplit parfaitement le cahier des charges, sans pour autant révolutionner le genre. Sa musique épouse à merveille les contours du film d’Edward Zwick en apportant son lot d’action et d’émotion à ce drame historique intense et révoltant. Les fans de JNH pourront donc se délecter de ce nouvel opus aux couleurs africaines tandis que les autres risquent fort d’être quelque peu déçu par le côté banal et passe-partout de la nouvelle composition de JNH.


---Quentin Billard