1-Little Man Swing 2.13
2-Little Man Lost 6.36
3-With and Without Science 2.16
4-A Walk On The Cool Side 3.12
5-Fred and Dede 4.31
6-Shadowplay 2.01
7-Missing You Too 1.10
8-Clipper Ships 2.04
9-White Iris 1.41
10-Kids and Grownups 2.32
11-The Combustion Bounce 1.00
12-Books, Dreams and Shadows 3.04
13-Home and not Alone 1.23
14-The Little Man Swing - Reprise 2.43

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5343

Produit par:
Mark Isham

Artwork and pictures (c) 1991 Orion Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
LITTLE MAN TATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Pour son premier film en tant que réalisatrice, Jodie Foster évoque dans ‘Little Man Tate’ (Le petit homme) l’histoire touchante de Fred Tate (Adam Hann-Byrd), un jeune garçon de 7 ans qui vit seul avec sa mère Dede (Jodie Foster), qui vit de petits boulots. Un jour, Dede comprend que Fred est un enfant surdoué et un vrai petit génie. Remarqué par une scientifique nommée Jane Grierson (Dianne Wiest), Fred passe une série de test et fascine par son incroyable capacité à ressentir et à comprendre tout ce qui l’entoure. Elle décide de l’envoyer dans l’institut pour enfants surdoués du Dr. Grierson. Mais Fred finit par s’ennuyer alors qu’il n’a toujours pas d’amis et que sa mère commence à lui manquer cruellement. ‘Little Man Tate’ représente donc la première réalisation de Jodie Foster, elle-même véritable enfant surdouée d’Hollywood qui, dès l’âge de 5 ans, savait parfaitement lire un script et avait déjà commencé sa carrière au cinéma à l’âge de deux ans. Ce n’est donc pas un hasard si Jodie Foster a choisi d’évoquer le monde des enfants surdoués dans ‘Little Man Tate’, un récit simple et touchant aux accents indubitablement autobiographiques, porté par l’interprétation sans faille de la réalisatrice/actrice et de celle de Dianne Wiest ainsi que du petit Adam Hann-Byrd, dont il s’agit ici du tout premier rôle au cinéma. Le film raconte donc cette quête du bonheur pour Dede et son petit génie, filmé avec une sobriété et une honnêteté de ton parfaitement admirable. La subtilité et la simplicité de la mise en scène du film forcent le respect, car même si ‘Little Man Tate’ ne révolutionne pas le cinéma, il n’en demeure pas moins très réussi et empreint de poésie et de tendresse. En tout cas, pour un premier passage derrière la caméra, c’est une bien belle réussite!

La musique de Mark Isham dynamise l’ensemble du film en oscillant entre jazz/swing entraînant et morceaux intimes et plus légers. Grand musicien de jazz et trompettiste par la même occasion, Isham se paie du bon temps sur la musique de ‘Little Man Tate’ où il met à profit tout son art pour le film de Jodie Foster. ‘Little Man Swing’ nous entraîne dans l’histoire émouvante du petit Fred Tate avec un swing rétro savoureux confié à un saxophone et une section rythmique habituelle. Plus lent et intime, ‘Little Man Lost’ est un slow jazzy confié à la trompette de Mark Isham accompagné par la section rythmique (batterie, contrebasse, piano). Le morceau évoque les angoisses et les doutes du petit Tate qui, bien que jeune, est déjà atteint d’un ulcère à l’estomac à cause de ses angoisses sur le monde dans lequel il vit. On retrouve du jazz plus rythmé dans ‘With and Without Science’ où la trompette de Isham dialogue avec un saxophone, un trombone et un violon. A noter que le violon est associé dans le film au Dr. Jane Grierson, qui explique à un moment donné qu’elle a fait du violon pendant quelques années lorsqu’elle était plus jeune. Le piano est quand à lui associé au petit génie, qui en joue de temps en temps dans le film. En clair, les instruments solistes reflètent ici les émotions des différents protagonistes principaux avec une grande habileté. Les amateurs de jazz traditionnel pourront ainsi se régaler avec de très beaux passages comme ‘A Walk On The Cool Side’ qui évoque le Cool Jazz façon Art Blakey, Stan Getz ou Chet Baker, ou ‘Fred and Dede’ plus proche quand à lui du Be Bop façon Dizzy Gillespie avec son riff de saxophone et son piano associé dans la scène à Fred et Dede. Le morceau évoque par sa vitalité et sa grande fraîcheur la complicité entre le petit génie et sa mère.

‘Shadowplay’ se veut quand à lui plus mélancolique avec son piano solitaire sur un rythme à trois temps très lent qui n’est pas sans rappeler par moment les ‘Gymnopédie’ d’Erik Satie. Le morceau évoque ici l’isolement de Fred après qu’il ait été séparé de sa mère, idée qui se répercute de façon plus optimiste dans ‘Missing You Too’ qui reprend les rythmes jazzy du début. ‘Clipper Ships’ met en avant un rythme nouveau plus entêtant avec une mélodie aigue jouée par un saxophone/piano dans un style qui pourrait presque se rapprocher du Free Jazz. ‘White Iris’ développe l’ambiance mélancolique et solitaire de ‘Shadowplay’ joué par un piano intime de toute beauté, comme dans ‘Kids And Grownups’ où règne une certaine émotion assez présente à l’écran. Et le jazz fait son retour triomphant dans le Be Bop joyeux ‘The Combustion Bounce’. A contrario, ‘Books, Dreams and Shadows’ révèle une certaine ambiguïté et une agitation qui contraste sévèrement avec le reste du score. Le morceau accompagne les tourments du petit Fred alors qu’il vit dans ses livres, rêve qu’il se trouve en plein milieu d’une peinture et observe les ombres sur le mur de sa chambre pour essayer de s’endormir le soir. A noter ici l’utilisation d’un petit groupe incluant violon, trompette en sourdine et piano, l’un des rares passages assez sombre du score de ‘Little Man Tate’. ‘Home and Not Alone’ illustre avec beaucoup de poésie et de douceur les retrouvailles entre Fred et Dede à la fin du film, joué par un piano délicat et subtil. Enfin, ‘The Little Man Swing – Reprise’ nous permet de réentendre le swing du petit Fred Tate avec un enthousiasme et une exubérance typique de ce style de musique.

Les amateurs de jazz devraient en avoir pour leur argent avec cette très sympathique partition jazzy/swing de Mark Isham. Le compositeur en profite ici pour nous dévoiler tout son amour pour le jazz à travers ses solos de trompette mais aussi ceux de ses camarades musiciens qui s’en donnent ici à coeur joie. Du coup, le film de Jodie Foster n’est qu’un joyeux prétexte à une série de chorus jazzy tous plus réussis les uns que les autres, tandis que certains morceaux plus intimes et mélancoliques permettent d’aérer la partition et de varier un peu l’ensemble (il en faut pour tous les goûts). A l’écran, la musique apporte une énergie et une poésie indéniable au film de Jodie Foster, et même si elle demeure très présente dans le film, jamais elle n’envahit les images. Mark Isham réussit finalement un habile dosage entre jazz et morceaux de piano intime et ce pour notre plus grand plaisir. La musique, construite assez librement par rapport aux images (ce n’est pas ici de l’underscore conventionnel mais plus une atmosphère musicale globale) s’apprécie autant dans le film que sur l’album publié par Varèse Sarabande. Même si la musique de ‘Little Man Tate’ n’apporte rien de bien neuf à la musique de film, elle n’en demeure pas moins une oeuvre de qualité très attachante, à découvrir en priorité pour tout ceux qui s’intéressent au jazz dans l’oeuvre de Mark Isham!


---Quentin Billard