1-Ghost Rider 3.16
2-Blackheart Beat 3.06
3-Artistry In Death 4.13
4-A Thing for Karen Carpenter 2.01
5-Cemetery Dance 5.31
6-More Sinister Than Popcorn 5.40
7-No Way To Wisdom 2.15
8-Chain Chariot 6.18
9-Santa Sardonicus 3.36
10-Penance Stare 5.26
11-San Venganza 3.22
12-Blood Signature 2.08
13-Serenade to a
Daredevil's Devil 1.53
14-Nebuchadnezzar Phase 5.52
15-The West Was Built
On Legends 3.59

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 789 2

Produit par:
Christopher Young, Flavio Motalla
Producteur exécutif pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Co-produit par:
David Russell, Martin J St. Pierre,
Richard Temple

Monteur musique:
Thomas Milano
Assistant de Christopher Young:
Samantha Barker

Artwork and pictures (c) 2007 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ****
GHOST RIDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Décidément, la mode des films de super-héros n’a pas fini de nous divertir à Hollywood. Cette fois, c’est au tour du ‘Ghost Rider’ de chez Marvel d’être adapté au cinéma, sous la caméra de Mark Steven Johnson, réalisateur de ‘Daredevil’. Johnny Blaze (Nicolas Cage) est un as de la moto spécialisé dans les cascades spectaculaires. Mais lorsqu’il apprend que son père est mourant, il décide de pactiser avec le diable, Mephistopheles (Peter Fonda), à qui il vend son âme. Humain le jour, Johnny Blaze devient le Rider la nuit, un chasseur de prime qui traque les âmes échappées de l’enfer. Mephistopheles charge alors Johnny de combattre Blackheart (Wes Bentley), son propre fils et aussi son pire ennemi, qui projette de renverser son père et de devenir à son tour le maître des enfers. Mais le jour où Roxanne (Eva Mendes), la femme qu’aime Johnny est menacée, notre héros décide d’utiliser ses pouvoirs et de se retourner contre son maître. Au programme de ce gros divertissement pop-corn calibré : avalanche d’effets spéciaux non-stop et scènes d’action toutes plus énormes les unes que les autres. Passionnés par ce projet dès le début, Mark Steven Johnson et Nicolas Cage souhaitaient porter à l’écran un Rider diabolique et déchaîné comme on ne l’avait encore jamais vu au cinéma. Sur ce point, le film est assez réussi, mêlant fureur et excitation avec une intensité remarquable. Seule ombre au tableau : le scénario est un ramassis de clichés vus et revus 1000 fois (le héros qui doit sacrifier son amour, le méchant qui kidnappe la fiancée du héros, l’affrontement contre le boss final comme à la fin d’un jeu vidéo, etc.). Pire encore, la succession quasi non-stop d’effets spéciaux énormissimes finit par fatiguer le spectateur. Les scènes d’action sont alors trop nombreuses et bourrées de longueurs. Et malgré tout, l’ensemble demeure spectaculaire et divertissant de bout en bout, avec un Nicolas Cage ordinaire mais tout de même assez convaincant dans la peau du Rider au service d’un Satan incarné avec brio par un Peter Fonda vieillissant. Wes Bentley campe le traditionnel méchant de service avec brio, volant par moment la vedette à Nicolas Cage. En bref, voilà un choc des titans assez jouissif bien que très abrutissant à la longue. A consommer avec modération!

Pour sa première partition écrite pour un film de super héros, Christopher Young nous revient en pleine forme et nous offre son dernier petit chef-d’œuvre, un score solide et extrême écrit pour un orchestre symphonique gigantesque auquel s’ajoute un très impressionnante pupitre de chœurs et une petite formation hard rock dominée par deux guitaristes du groupe Nine Inch Nails. Autant dire que le compositeur a sorti ici l’artillerie lourde, et ce pour notre plus grand plaisir! Et pour se faire une petite idée de la très spectaculaire taille de l’orchestre qui interprète la musique de Young, rien de tel qu’une petite énumération du puissant instrumentarium mis à disposition du compositeur pour ‘Ghost Rider’: 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 8 cors, 3 trompettes, 4 trombones, 1 tuba, 4 percussions, 1 harpe, 1 piano, 52 cordes et un chœur de 32 voix. Le score de ‘Ghost Rider’ nous emballe d’emblée par sa thématique puissante, un thème principale ample, solide et malgré tout très tourmenté pour le Rider (‘Ghost Rider’), illustrant le générique de début avec des cuivres massifs et des choeurs puissants et épiques à souhait (le thème principal associé au Rider et à sa malédiction reviendra tout au long du film). On trouve aussi un motif plus sombre associé à Blackheart et à son côté inévitablement infernal. Mais l’introduction attire aussi notre attention grâce à l’utilisation de guitares qui évoquent le monde du western, et de ses fameuses légendes dont parle le narrateur dans le prologue du film. A noter que cette touche ‘western’ sera particulièrement présente dans la dernière partie du score de Young.

De l’enfer, il est justement question à travers les nombreux morceaux d’action qui parsèment l’ensemble du score, déferlant à une vitesse hallucinante. ‘Blackheart Beat’ est ainsi très représentatif du style du score avec ses rythmes rock effrénés associés à l’univers de cascade et d’action du film (superbe partie de batterie et guitares rock frénétiques !) et son orchestre résolument massif. Young nous rappelle ici son goût pour la musique avant-gardiste du 20ème siècle et parsème l’ensemble de ses morceaux de nombreux effets de dissonances et autres jeux instrumentaux aléatoires (notamment dans les clusters stridents de cordes ou de flûtes et autres glissendi). Le morceau évoque l’une des scènes de combat entre Blackheart et le Ghost Rider, avec une intensité typique du compositeur. Les choeurs sont ici très présents – peut être même trop par moment aurait-on envie de dire – pour renforcer la dimension apocalyptique de certains morceaux de la partition de ‘Ghost Rider’. Dès lors, des morceaux comme ‘Artistry in Death’, ‘Cemetary Dance’, ‘More Sinister Than Popcorn’, ‘Santa Sardonicus’, le très apocalyptique ‘Nebuchadnezzar Phase’ ou le totalement déchaîné ‘San Venganza’ (affrontement final dans le village de San Venganza contre le Rider et les sbires de Blackheart) sont autant de tours de forces orchestraux que de preuves évidentes du talent d’un compositeur toujours au sommet de son art, apportant une passion évidente à sa musique, même si l’ensemble ne révolutionnera certainement pas la musique de film. Ici, l’association chœur/orchestre/rock demeure impeccable de bout en bout et totalement maîtrisé, et l’écriture orchestrale/chorale massive se rapproche beaucoup quand à elle du style de ‘The Core’, autre chef-d’oeuvre spectaculaire du compositeur.

On appréciera au passage quelques moments plus romantiques et intimes dans ‘A Thing for Karen Carpenter’ où Young utilise une guitare sèche intime, ou les jolis ‘Penance Stare’ et ‘No Way to Wisdom’ qui permettent de respirer entre deux gros déchaînements orchestraux hystériques et apocalyptiques. Ces morceaux plus calmes développent une autre mélodie, le traditionnel ‘Love Theme’ qui évoque ici la romance entre Johnny Blaze et Roxanne. Dommage cependant que ces passages romantiques soient curieusement bien moins intéressants sur un plan purement musical, comme si l'on sentait le compositeur nettement moins à l'aise dans les passages romantiques du film. A noter pour finir une petite surprise dans la première partie de ‘San Venganza’, une phrase de trompette qui semble faire clairement allusion ici aux musiques de western hollywoodiennes, et qui rappelle aussi le début de l’ouverture du score (le morceau accompagne la scène typiquement ‘western’ où Johnny arrive à San Venganza en compagnie du fossoyeur incarné à l’écran par un Sam Elliott toujours aussi charismatique). Et comme si cela ne suffisait pas, le compositeur se paie carrément le luxe de nous sortir d’énormes choeurs épiques religieux chantant en latin pour ‘The West Was Built on Legends’. Le morceau semble à son tour faire référence à l’univers du western américain. A noter que ‘The West Was Built on Legends’ accompagne la séquence où Johnny Blaze se transforme en Ghost Rider pour la toute première fois, le morceau apportant une intensité dramatique/religieuse cruciale pour cette scène. Dommage cependant que le principal défaut de la musique dans le film soit son mixage que l’on peut aisément considérer comme catastrophique ! Ici, la musique n’est plus traitée comme une production artistique en soi mais comme une sorte de bruitage indifférencié du reste de la bande son. Le résultat est tout proprement honteux et irrespectueux du travail effectué par Chris Young sur ce film, une tendance hélas assez inquiétante mais quasiment constante de nos jours dans le cinéma hollywoodien!

Pour son premier rendez-vous très attendu avec l’univers du film de super-héros, Christopher Young ne nous déçoit pas et nous livre un score tout bonnement énorme pour un film tout aussi énorme et spectaculaire. Young nous sert une partition massive, apocalyptique et redoutable dans la lignée de ‘The Core’ et de sa musique additionnelle pour ‘Spiderman 2’. Si le gigantisme orchestrale ne vous fait pas peur, si les gros chœurs apocalyptiques vous enchantent et si en plus vous adorez le hard rock et les petites touches western, ‘Ghost Rider’ est manifestement fait pour vous ! Amateur de subtilité, passez votre chemin : ‘Ghost Rider’ fait définitivement dans la démesure et les explosions orchestrales! Encore un grand coup de maître de la part de l’incontournable Christopher Young!


---Quentin Billard